Lorsque l’on imagine un roadtrip, chacun voit midi à sa porte. Certains imaginent le roadtrip en Mustang V8 sur une certaine route 66. D’autres l’imaginent à travers tous les recoins de l’Australie ou de la Nouvelle Zélande, en combi Volkswagen. Mais certains sont de vrais afficionados du voyage avec leur voiture personnelle, et réalisent l’ensemble de leurs roadtrips depuis la même base. C’est le cas de Charles et Céline qui tiennent la page Facebook Un Taxi pour l’Aventure. Nous avons rencontré Charles pour qu’il nous parle un peu de leur page, leur philosophie de voyage, et leur voiture. D’ailleurs, quel est leur moyen de transport ? Une, plutôt rare, Mercedes AMG SLK 55, qui a atteint, à la fin 2020, près de 350.000 km !
Un taxi pour l’aventure : tout a démarré avec un album photo !
Oui, cela paraît difficile à croire, mais à la création de leur page, Céline et Charles ne visent qu’à partager leurs photos de voyage, pour leurs proches. « La page s’appelle d’ailleurs « Un Taxi pour les Balkans » à sa création, puisque c’est là que nous allions. Nos proches et nos potes ne croyaient pas trop en ce voyage et aux pays traversés. Il y avait notamment ce passage en Bosnie, qui n’était d’ailleurs pas le préféré de Céline », raconte Charles. Une fois le parcours fini, un autre voyage s’annonce, puis un autre, et encore un. Et au final, la page se transforme pour raconter absolument tous les voyages réalisés avec cette voiture ! Les deux voyageurs profitent également de cet outil pour partager des infos sur les destinations, des articles sur les endroits extraordinaires qu’il faut voir, etc. La page est aujourd’hui un guide de voyage, centré sur la Mercedes SLK 55 AMG et remplie de l’humour de nos deux voyageurs.
Quand on demande à Charles ce qui lui plait le plus à travers ses voyages, c’est sans hésitation aucune qu’il répond : « La découverte des pays, et rencontrer les gens à travers toute l’Europe. Mais aussi les opportunités offertes par ce projet ». Si l’Union Européenne comprend 27 pays, la voiture en a parcouru tout autant, bien que certains ne soient pas dans l’UE. Le ‘planning’ des idées est bien rempli lorsqu’on discute avec Charles. Mais n’attendez pas que les idées soient simplement ‘aller dans tel pays’, non. Charles et Céline étant passionnés d’Histoire et des cultures du monde, les idées sont un peu plus complexes. Je n’en dirai pas plus, ce sera à découvrir dans les mois qui viennent !
La voiture : une Mercedes-AMG SLK 55
Exemplaire datant de 2006, ce véhicule acheté d’occasion a réalisé 260.000 km entre les mains de Charles. Des roadtrips à travers la France et l’Europe essentiellement, mais aussi quelques sorties circuits. Seulement, une fois arrivé à la barre des 300.000 km, les problèmes arrivent et deviennent sérieux, malgré l’entretien régulier. Il est prévu de refaire le V8 5,5 L mais une fois le bloc démonté, la sentence tombe : ce n’est pas récupérable. C’est alors à contre cœur que le cœur de la bête quitte la voiture. Cependant, il trône toujours dans le salon de nos hôtes. Il a été transformé en une inévitable table basse / porte bouteilles du plus bel effet.
Retrouver un V8 de SLK 55 n’est pas une mince affaire, du fait de la relative rareté du bloc. Une fois le bon bloc trouvé, il part à son tour en restauration, histoire d’être remis à neuf et de repartir pour au moins autant de kilomètres. Le nouveau bloc moteur sera d’ailleurs optimisé par les ingénieurs MKB. Une fois le bloc moteur remis à neuf, c’est la boîte de vitesses qui fait peau neuve. « Mécaniquement, la voiture est neuve, il n’y a que l’esthétique qui prouve son âge ». Je m’étonne d’apprendre, au fil de notre discussion, que la voiture est entièrement d’origine. Elle n’a subi aucune modifications pour rehausser la voiture ou protéger des gravillons lors des passages sur les « chemins » d’Europe et d’ailleurs.
Pratique, la SLK 55 AMG ?
Après avoir fait un tour dans la voiture pour aller réaliser quelques photos, j’ai été abasourdi par le bruit de la SLK 55 à certains régimes. Je demande ainsi à Charles si des fois, il se dit que ce n’est vraiment pas la voiture adaptée pour ce genre de voyage et qu’il faudrait changer de voiture ? « Alors, on n’en a jamais ‘ras le cul’ de la voiture. Mais il est vrai qu’on peut en avoir un peu marre du bruit sur une certaine plage d’utilisation. Voici une bonne réponse de politicien. Autour de 70-80 km/h, on ne s’entend plus parler. La voiture est à un régime moteur dont le son fait caisse de résonance avec le châssis. C’est assez chiant, mais pas suffisant pour vendre la voiture ! La traversée de la Norvège a été vraiment longue ! Après, ce n’est pas ma voiture de tous les jours, et heureusement… Quant à changer, ce serait plutôt pour une AMG GT, encore moins pratique pour les roadtrips !«
Que prendre quand on part en vacances 2 ou 3 semaines dans une voiture qui n’a que deux places et un petit coffre ? Est-ce que l’on prend de quoi faire un peu de mécanique ? Ou est-ce que tu ne prends que des bagages classiques de simples touristes ? La réponse, une nouvelle fois, arrive du tac au tac : « Ah non non, je fais confiance au réseau Mercedes à travers l’Europe. J’ai juste une poulie d’accessoire, une bombe anti crevaison et un bidon d’huile. Je n’ai besoin de rien puisque je suis une bille en mécanique. Je ne sais rien faire ». Vu comme ça, c’est plus simple, et ça pousse l’aventure un peu plus loin encore. « On a une valise qui rentre au millimètre près dans le coffre. Elle comprend vêtements d’été et vêtements d’hiver pour pallier à toute situation. »
Quel est le pays qui t’as le plus marqué ?
« La Bosnie parce que c’est le pays le plus ‘exotique’ dans lequel nous sommes allés. Enfin ‘exotique’, ça veut tout et rien dire à la fois. Tout simplement la Bosnie parce qu’ayant fait des études d’Histoire, ce pays m’a toujours marqué ! Je voulais aller un jour dans ma vie à Sarajevo, parce que l’histoire s’est écrite plusieurs fois à Sarajevo. C’est véritablement un choix pour l’Histoire, celle avec un grand H. Pour Céline, aller en Bosnie, c’était plus une idée complètement incongrue. Elle était allée en vacances en ex-Yougoslavie et l’image qu’elle avait de Sarajevo, c’était une ville pas vraiment remise de la guerre. C’est un peu comme si on disait aujourd’hui ‘tiens, allons en vacances à Beyrouth dans deux ans après ce qui s’est passé l’été dernier’.
Au final, ce fut magnifique. Notre seul regret, c’est de ne pas y être retourné cet été. On a longé la frontière bosnienne en descendant en Croatie. Comme il n’y avait pas d’avions et que personne ou presque ne descend en voiture, c’était désert. C’était fantastique pour nous. On a voulu faire escale à Sarajevo, mais on a été coincé à la frontière… On a voulu aller jusqu’à Dubrovnik pour ensuite aller au Monténégro (en Croatie donc), mais on n’a pas pu non plus y aller. Il faut d’abord traverser un bout de Bosnie… »
Y-a-t-il un ‘pire’ souvenir, ou l’un où la situation vous a parue le plus improbable ?
« Alors oui, dans un endroit insoupçonné où on ne pensait pas pouvoir être aussi laissés à nous même à ce point-là et finir en garde à vue toute la journée … la Bavière ! » Quand je demande pourquoi, Charles éclate de rire et reprend. « On se fait arrêter par la police en Allemagne. Je venais d’allumer sévèrement juste avant, je me suis dit que c’était pour ça, et je sais qu’ils ne plaisantent pas trop. Mais non, ce n’était pas pour ça qu’ils m’arrêtaient. Ils me demandent de les suivre jusqu’au poste de police pour des vérifications. Une fois sur place, ils nous ont enfermé la voiture à double tour en nous disant qu’à partir de maintenant, la voiture était sous scellés.
Je me suis retrouvé un dimanche dans une ‘petite pièce avec des fenêtres de 15 cm d’épaisseur’ à attendre que le substitut du procureur décide quoi faire de notre voiture et de nous-mêmes. On avait eu le malheur de mettre un sticker du Monténégro sur le F de notre plaque d’immatriculation. C’est un délit de classe 2 donc quand on a demandé ce qu’on risquait. ‘Oh, bah ça peut aller jusque 10.000 €’. Ca faisait cher le sticker… En leur montrant la page pour leur prouver qu’on ne faisait pas de trafic de drogue, on s’en est quand même sorti avec une amende à 4 chiffres… On pensait vraiment qu’avec nos voyages, on se ferait plumer au fin fond d’un pays peu touristique ou autres, mais non, ce fut la Bavière! »
Est-ce que tout est planifié, ou est-ce que, des fois, vous partez « à l’arrache »?
« On aimerait bien, mais on ne peut pas avec les enfants. Il faut planifier un minimum. Après, l’été dernier, on savait qu’on avait deux semaines. On est parti en Croatie, mais on est passé par la Bavière (encore) avant de rejoindre la Slovénie. Une fois en Croatie, on a décidé d’aller sur un coup de tête en Serbie. Le lendemain, on était à Belgrade. On s’est retrouvé sur des routes où l’on a failli rester planté… Donc une fois le créneau du roadtrip, c’était un peu à l’arrache cet été. En plus, avec le Covid, c’est un peu délicat avec les hôtels. Ils n’avaient aucune réactivité, il fallait payer en avance alors qu’on ne savait pas dans quelle ville on allait être. Mais partir à l’arrache, c’est quelque chose qui nous plairait ! »
Quand on part avec une voiture deux places et que la famille comporte 4 personnes, comment choisit-on qui part en roadtrip ?
« J’ai fait des voyages avec ma fille avant de rencontrer Céline. On a pas mal vadrouillé tous les deux. Aujourd’hui, c’est elle qui me demande quand est ce que l’on repart. Cependant, si on veut partir à 4, on prendra la voiture balais. Et puis, entre nous, quand tu fais 10 heures de voitures, ça peut vraiment être long à cet âge-là. Et si jamais ils en ont marre du voyage quand tu es à Athènes ou à Saint Petersbourg, c’est assez emmerdant. Le retour ne se fait pas en deux heures… Donc maintenant, on voyage surtout tous les deux avec Céline si c’est le SLK, ou tous les 4 dans une voiture passe partout. »
Est-ce que la page « Un taxi pour l’aventure » vous a permis de rencontrer des personnes que vous n’auriez jamais rencontrées sinon ?
« Je vais encore parler de ce pays. Mais lorsqu’on était en Serbie, j’ai posté une photo sur notre page Instagram, comme souvent. Une personne avec qui j’échangeais un peu m’a contacté en me disant « c’est marrant, vous êtes passés dans mon village ». Du coup, en rentrant de Belgrade, on s’est arrêté, on a pris un café, et on a discuté un bon moment. De la même façon, on se fait contacter de temps en temps parce que les gens ont vu notre voiture dans la rue, à travers l’Europe ».
On a plusieurs messages et échanges avec le Mercedes-Benz Museum. A priori, ils trouvent vraiment sympa la façon dont on voyage, dont on communique autour. On a échangé sur le fait que j’avais remis la voiture en état pour la transmettre à ma fille plus tard. Ils ont vraiment adoré, et ont trouvé ça normal. En France, ce n’est vraiment pas la même culture. On me demande pourquoi j’ai restauré la voiture alors qu’elle ne valait plus rien… »
Si il n’y avait plus qu’un roadtrip à réaliser ?
« Ah, pas évident celle-ci… Je pense que pour nous, avec Céline, ce serait la route 66. Mais pas la route 66 de Monsieur Madame tout le monde, en Mustang Cab’. Non, on ferait le truc le plus économique du monde. On mettrait la voiture sur un bateau, et on ferait la route 66 avec notre voiture ! De Chicago à San Fransisco, décapotés, à travers ce pays aux paysages incroyables. C’est un peu tôt, mais je pense qu’on finira par le faire, un jour ! Après, de façon réaliste, on fera l’Ecosse. Céline adore, et je ne connais pas. Il parait que c’est magnifique. »
Merci à Charles pour son accueil, et le partage de sa passion pour les voyages ! Pour suivre Un Taxi pour l’Aventure, c’est sur leur page Facebook et sur leur page Instagram.
Texte et retranscription : Antoine
Photos : Un Taxi pour l’Aventure