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Datsun : sayonara Fairlady

Aujourd’hui nous vous proposons un focus sur l’histoire de Datsun, petit constructeur japonais qui défraya les chroniques dans les années 60 avec le célèbre roadster Fairlady, puis dans les années 70 avec la sportive 240Z.

Au pays du soleil levant

C’est en 1913 à Tokyo au Japon que Masujiro Hashimoto fonde une petite compagnie automobile au nom de Kaishinsha Motorcar Works avec 3 investisseurs. Les quatre compères changent l’année suivante le nom de la compagnie pour DAT en références aux noms des investisseurs : Kenjirō Den, Rokurō Aoyama et Meitarō Takeuchi. Mais « dat » signifiant « s’enfuir comme un petit lapin effrayé » en japonais, les quatre fondateurs décident de revenir au nom original Kaishinsha Motorcar Co. en 1918. Nouveau changement en 1925 puisque la compagnie est à nouveau renommée DAT Motorcar Co.

datsun history

Après de nombreux aller-retours dans le choix du nom de leur compagnie, DAT Motors commence la production dans les années 20 de camions et utilitaires à destination de l’armée japonaise principalement. Mais le marché étant en décroissance, DAT Motors doit s’associer à un autre constructeur pour continuer d’exister. DAT Motors s’associe donc à Jitsuyo Motors qui n’est autre que l’ancêtre de Nissan. En 1926, DAT Automobile Manufacturing Co. arrive sur le marché et produit des petits véhicules à trois ainsi qu’à quatre roues, très prisés des japonais.

En 1930, le gouvernement autorise les japonais à posséder et conduire sans permis des véhicules jusqu’à 500cc. DAT Automobile profite de cette opportunité pour produire et commercialiser la première « vraie » voiture, nommé la Datson. Ce marché étant fleurissant et ce modèle très apprécié des japonais, DAT Automobile est, à nouveau, renommé, pour prendre son patronyme final en 1933, Datsun, en référence au modèle phare de la marque et aux origines du constructeur.

Datsun produit donc la Datson et, entre 1931 et 1937, fait évoluer son modèle en passant de la Type 10 à la Type 11, puis la Type 12s. Datsun exporte même certaines de ses voitures en Australie. Mais en 1938, le Japon entre en guerre contre la Chine, puis la seconde guerre mondiale éclate dans le pacifique et toute la production est à nouveau centralisée sur des modèles destinés à approvisionner l’armée japonaise. Ce n’est qu’en 1955, après la guerre donc, que Datsun se remet à fabriquer ses propres voitures, et commence à produire la 110 saloon: berline abordable et fiable, symbole du savoir faire japonais.

On the road again

Dans les années 60, Nissan Motor Corporation in U.S.A., branche américaine du géant japonais, exporte et badge quelques modèles Nissan sous le nom de Datsun. La Fairlady roadster fait son apparition et ce petit cabriolet, légèrement sportif, fait un carton sur la côte ouest. Face à ses homologues britanniques, les MG B, Triumph Spitfire et autres Austin-Healey, la petite japonaise étonne et attire. Avec un peu moins de quatre mètres de longueur et 150 ch avec sa motorisation la plus puissante, le petit roadster typé sixties n’en reste que très intéressant. Avec ses courbes nées du coup de crayon d’Akio Yoshida, le style est affirmé et la prise d’air sur le capot ainsi que les jantes chromées donnent la touche chic et sport à ce roadster produit au pays du soleil levant.

Bien plus abordable et fiable que ses cousines anglo-saxonnes, c’est sur le marché américain que Datsun va faire sa renommée. En produisant et vendant par la suite la Bluebird, berline deux ou quatre portes, coupé et même break, Datsun augmente sa renommée et conquit le sol américain.

Z comme zportif

En 1968, Datsun introduit la 240Z, déclinaison sportive de la Fairlady. Terminé le roadster, place au coupé. Les lignes sont acérées et la calandre fend l’air. Résolument sportive, ce modèle au prix abordable et à la fiabilité reconnue devient vite un best seller.

En remportant une première fois le East African Safari Rally en 1970, Datsun confirme son côté sportif et l’appellation « Z » devient le symbole de véhicules tournés vers la compétition. Avec son moteur 2.4L de 151 ch, la 240Z est agile et précise. Grâce à un modèle spécialement préparée pour la course, le coupé japonais remporte plusieurs victoires en championnat américain SCCA ainsi que deux nouvelles victoires en championnat du monde des rallyes en 1971 et 1973.

Datsun participa même à la célèbre course des 24 heures du Mans en 1975 et termina 26ème du classement général et première de sa catégorie, devenant la première GT japonaise à terminer la mythique boucle mancelle. Elle réitérera sa participation quelques années plus tard mais sans succès.

Tout au long des années 70, Datsun a fait évoluer sa mythique 240Z en commercialisant en 1974 la 260Z, équipée d’un 2.6L de 162 ch puis, l’année suivante, la 280Z avec son 6 cylindres 2.8L développant 170 chevaux.

Avec l’arrivée de la Z, le marché américain des voitures de sport a changé du jour au lendemain.

Yoshihiko Matsuo

Mais en 1981 tout s’effondre. Nissan décide de supprimer l’appellation Datsun du marché et la marque disparait et ses icônes avec elle. Cette décision va coûter à Nissan quatre années et 500 million de dollars pour supprimer du marché les badges Datsun des modèles en commercialisation. La célèbre Fairlady roadster finira sa carrière en 1970 avec la Sports 2000, la sportive Z en 1980 avec la 280ZX qui sera cependant poursuivie par Nissan jusqu’à l’actuelle 370Z, et enfin la berline Bluebird en 1983 elle aussi poursuivie par Nissan jusqu’en 1986.

La renaissance

C’est en 2013 que Carlos Ghosn, ancien patron de l’alliance Renault-Nissan, décide de faire renaitre de ses cendres la marque Datsun. Mais à l’instar de Dacia, Datsun est vouée à devenir une des marque low-cost du groupe. Terminés donc les petits roadsters ou les sportives affirmées. Datsun produit désormais des compactes, berlines et mini-van basés sur des plateformes Nissan ou Lada. Encore aujourd’hui, six modèles sont commercialisés pour les marchés émergents comme l’Inde, le Liban, l’Indonésie, la Russie ou encore le Kazakhstan.

Datsun aura donc tiré sa renommée d’une alliance avec Nissan qui lui aura permis de conquérir le marché américain avec ses modèles iconiques, tout en gardant l’âme d’un savoir faire japonais, jusqu’à tirer sa révérence sous le joug d’une mondialisation prolifique en devant une marque ayant perdu de son charme.

Texte: Anthony
Photos: Z Car Home Page et Datsun Official Website