1959 Caroll Shelby gagne les 24h du Mans sur une Aston Martin DBR1. Il revient en héros sur le continent américain. Malheureusement, la maladie le privera de ses autres rêves de pilotes. C’est ainsi qu’il deviendra créateur d’automobiles. Il a un rêve qui est de gagner des courses avec des voitures 100 % américaines. Il trouvera un moteur et un châssis, qui n’auraient jamais dû se croiser. La Cobra était née !
Naissance de la Shelby Cobra
La Cobra n’est pas la première tentative de création de voitures de courses de Caroll Shelby. Et oui, dès 1958, le texan voulait modifier des Lister Jaguar pour y mettre un V8 Chevrolet. La compagnie anglaise ayant arrêté ses activités, le projet tombe à l’eau. Ensuite, il y aura aussi la modification de trois Chevrolet Corvette. Ces dernières seront allégées de près de 200 kg chacune, et recevront une carrosserie profilée. La carrosserie est faite en Italie, chez Scaglietti, et les voitures ressemblent à s’y méprendre à des Ferrari (voir ci dessous). Face aux bons résultats des tests, GM stoppera l’aventure pour préserver l’avantage en course de ses Corvette le dimanche, et ainsi favoriser les ventes du lundi matin.
Shelby va ensuite se tourner vers Austin Healey. Une fois les négociations en cours, Shelby entend parler des problèmes d’approvisionnement du moteur Bristol à AC. Il convainc rapidement les anglais de le laisser monter des V8 Chevrolet dans le roadster britannique. Les premiers châssis sont envoyés dès 1961. Mais le temps que les châssis arrivent, la Ford Fairlane était sortie avec un V8 260ci, soit 4,2 litres. La particularité de ce V8 ? Il est en aluminium et pèse beaucoup moins lourd que le V8 Chevrolet. Le choix se fit donc sur ce moteur. La Shelby Cobra était en route.
La Cobra 289
La voiture est présentée sur le stand Ford en 1962, lors du salon de New York. La voiture fait sensation, mais les commandes ne décollent pas. D’ailleurs, Shelby fera repeindre la voiture entre chaque salon et entre chaque essai presse pour faire croire que c’était un nouveau modèle. 75 exemplaires de Cobra 260 verront le jour. Elles sont donc équipées de ce petit V8 4,2 litres, développant 260 ch. Ensuite, Shelby fera installer un V8 4,7 litres de 271 ch, ainsi est apparue la Cobra 289.
La carrosserie sera similaire, mais le châssis sera modifié à grand coup de renforts. En effet, le couple est beaucoup plus important et la tenue de route des premières Cobra plutôt aléatoires. 580 exemplaires de Cobra 289 seront fabriqués, aussi bien civiles comme de course. C’est une voiture difficile à mener mais au look collant bien à la Jet Set. Les versions de routes ne connaissent pas l’engouement espéré. En face, Mustang et Corvette se veulent plus pratiques, plus confortables, et bien moins chères. La réputation de la Cobra se fera donc via la compétition.
Les Cobra sur les circuits
La Cobra 260 se révélera très vite une bonne concurrente pour les courses de l’USRCC (United States Road Racing Championship). Les Cobra gagneront le championnat d’ailleurs en 1963, 64 et 65 ! Mais la Shelby Cobra 289 va se révéler très, très compétitive. Les voitures sont engagées en compétition, aux Etats Unis comme en Europe. Les victoires s’enchaînent devant les Ferrari et les Aston Martin, mais également les Corvette aux Etats Unis. Cependant, la voiture manque de finesse aérodynamique pour aller gagner sur les circuits de Spa ou du Mans. Il existera bien une version avec hardtop, nommée Le Mans, mais cela ne suffira pas. Ainsi naitra la Shelby Daytona Coupé.
La Daytona, c’est avant tout six modèles. Les véhicules se révéleront très performants, et viendront truster la première victoire de Shelby aux 24h du Mans, en 1964. La voiture finira première de la catégorie GT, devant les Ferrari 250 GTO. Les victoires se font nombreuses, comme les 12h du Nurburgring, les 24h du Mans, les 12h de Reims ou les 24h de Daytona. En parallèle, AC Cars, voulant surfer sur le succès des Cobra, lance son propre coupé, A98. Celui-ci ne se révèlera jamais compétitif face aux Daytona. Pour l’anecdote, les six Cobra Daytona se sont retrouvées pour la seule et unique fois en un même lieu lors des 50 ans de la voiture, à Goodwood Revival. C’est d’ailleurs de Goodwood que sont extraites nos photos de ce paragraphe (ainsi que du très bon reportage d’Arthomobiles).
La Shelby Cobra 427
Les Cobra 289 sont peu connues. Les Daytona le sont un peu plus. Mais celle qui a fait la renommée de Shelby, c’est la Cobra 427 ! Officiellement, c’est une évolution de la 289. Mais réellement, c’est un nouveau châssis échelle, dont les poutres de sections principales font plus de 10 cm de diamètres ! La carrosserie est tout en rondeurs et se montre très extravagante. Le moteur est le meilleur moteur de Ford à l’époque, soit un V8 de 427 Cubic Inch. 7,0 litres ! (Oui, vous avez bien lu). Le bloc délivre 415 ch dans sa configuration civile, homologuée route !
Les performances sont au rendez-vous pour qui sait maîtriser la bête. Le 0 à 100 km/h prend seulement 4 secondes et la vitesse de pointe flirte au-dessus de 260 km/h ! Pour autant, la tenue de route reste, là encore, aléatoire. Très vite, elle sera surnommée « faiseuse de veuve ». Seul 350 exemplaires seront fabriqués dans les années 60 avec le moteur 427, alors qu’une petite trentaine d’exemplaires sera fabriqué avec le look de la 427, mais avec le « petit » moteur de la 289. La Cobra 427 représente un mythe absolu, un fantasme pour bien des amateurs d’automobiles.
Shelby Cobra : les répliques
Qui dit fantasme automobile dit réplique. Dès les années 70, les premières répliques apparaissent. Aujourd’hui, la Cobra 427 est toujours copiée, parfois même égalée, souvent surpassée. En effet, les Cobra 427 se sont multipliées, tout comme les bases techniques ou les moteurs. Il y a des répliques de chaque modèle. Les 427 évidemment, mais également les 289, 289 FIA et Daytona. On pourra citer, dans un désordre qualitatif, Pilgrim, Backdraft, Schamrok, Superformance, Kirkham, Hawk, Aurora, mais également Shelby et AC.
Quoi, des répliques par Shelby et AC ? Et bien oui. AC a sorti la MKIV, dans les années 90. La recette était très similaire avec un châssis vieillot, un moteur V8 et une carrosserie en fibre de verre. Il y a ensuite eu la MKV, avec un V8 Chevrolet, fermant ainsi le cercle. Shelby a aussi créé des « Continuation » (qui a dit réplique ?). Il s’agit, globalement, des versions Kirkham revendues officiellement par Shelby… Caroll Shleby le disait lui-même : « J’ai fabriqué un petit millier de Cobra, il en reste 10 000 aujourd’hui ».
Nous nous retrouverons prochainement pour l’essai d’une réplique de Cobra 427, sur les routes sinueuses d’Afrique du Sud. L’histoire ci-dessus n’est pas complète, manque de détails, mais nous aurions pu rédiger plusieurs dizaines de pages. Si les sujets d’histoire vous plaisent, nous en referons, avec grand plaisir.
Texte : Antoine – Photos : Archives Shelby, Antoine, Arthomobiles.fr, Ultimatecarpage.com
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