Il y a des voitures, c’est comme ça, qui divisent. La Renault Avantime, indéniablement, appartient à cette classe d’automobiles. Sa réputation la précède dans la rue et elle se distingue toujours autant dans le paysage automobile. Look futuriste, plein de technologies (d’époque), innovations là où c’était possible, l’Avantime se veut digne héritier de l’ensemble des produits Matra. 18 ans après sa sortie, nous revenons sur son histoire avant d’en prendre le volant dans un prochain article. Renault Matra Avantime : le futur, c’était hier.
Avantime : la genèse
Retour dans les années 90. Chez Matra, on sait que l’Espace III, fabriqué dans les usines de Romorantin, ne sera pas remplacé à la maison. L’Espace IV est en effet conçu, développé et fabriqué entièrement par Renault, sans l’aide du petit constructeur. Pour que les usines de la petite ville du Loir-et-Cher continuent d’exister, Matra propose alors à Renault la construction d’un nouveau type de véhicule spécifiquement dédié aux propriétaires des premiers Espace. En effet, ces derniers ayant vieilli et leurs enfants étant partis, ils n’ont plus l’usage d’une voiture 7 places. Cependant, selon Matra, les utilisateurs d’Espace se sont habitués à conduire en hauteur. Comme les cinquantenaires rêvent de coupés sportifs et de luxe, le concept même de l’Avantime est né.
Un monospace, luxueux, et coupé. Voilà en quelques mots le cahier des charges de la voiture. Sous les coups de crayon de Thierry Métroz, la silhouette prend forme. Quelques lignes seulement courent le long de la caisse pour un dessin très typique des Concept Car Renault des années 90. Rappelez-vous Initiale et VelSatis, ces deux concept très futuristes de 1995 et 1998. Le show car Z66 transpose les spécificités esthétique des deux concepts sus-cités et les applique au monospace, pour créer un concept dont lui seul sera le représentant: le CoupéSpace.
Présent sur le stand du salon de Genève 1999, le show car étonne. Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est que Renault affirme que nous avons sous nos yeux la version quasi définitive de la voiture, à plus de 95%. Les portes sont sans montant et sans encadrement, la silhouette est inédite, le mélange des genre est lui complètement improbable. La question n’est pas « quels sont les 5% qui ne seront pas conservés » mais plutôt « Vont-ils vraiment garder tout cet ensemble ?«
Evidemment, mettre un concept car en série n’est pas chose aisée. La mise au point de la voiture, et surtout de son électronique embarquée, prendront du temps. La mise au point de la cinématique des portières (à double charnière) sera elle aussi mise en cause dans le retard de sortie du véhicule. Non sans mal, le véhicule sortira courant 2001. La voiture a tout gardé (arches en aluminium, portières sans encadrement, toit panoramique gigantesque, …) à l’exception des sorties d’échappement rectangulaires, des rétroviseurs et du volant. Les jantes gardent le même dessin mais perdent en taille pour revenir à 17″ de série (18″ en option). Le toit panoramique devient également ouvrant avec le passage en série.
Renault Matra Avantime : vraiment luxueux ?
C’est le pari voulu par Renault et Matra. Pourtant, l’Avantime souffrira, tout au long de sa fulgurante carrière, de l’image de son blason. La voiture proposait à sa sortie un coupé, 4 fauteuils de buisness class, un accès à bord aisé via les fabuleuses portes à double charnière, un V6, et tout l’infotainement possible à l’époque. D’apparence luxueuse donc, le coupéspace est pourtant un monstre d’incompréhension.
Régulateur / limiteur de vitesse, GPS couleur, chargeur 6 CD avec chargement en façade sont présents et représentent les indispensables du luxe au début des années 2000. Malheureusement, ils côtoient l’afficheur central à cristaux liquides orange de l’Espace III. L’intérieur mélange allègrement le cuir et le plastique, de plusieurs niveaux de grains. La liste des options permettra de corriger en partie le problème avec les packs PE1 et PE2, permettant de recouvrir plus de pièces de l’intérieur en cuir. Le volant, récupéré de la Safrane se montre vieillot dès la sortie, alors que le dessin de planche est lui criant de modernité. La clé est une simple clé à insérer dans un Neiman alors que la Laguna (deuxième du nom), qui sortira la même année, permet de rentrer et démarrer sans avoir à enlever la clef de sa poche. Les sièges chauffants sont disponibles mais seulement au premier rang, c’est un peu dommage. La finition des premiers exemplaires est à vomir alors que le prix de base dépasse les 50 000 euros actuels.
Niveau mécanique, l’Avantime n’est pas exempt de défauts non plus. Le V6 3.0 participe au côté luxueux mais l’Avantime ne sort, en 2001, qu’en boite de vitesse mécanique, alors qu’une boite de vitesses automatique aurait apporté le confort souhaité dans un grand coupé. Il n’y a pas non plus de motorisation Diesel au programme à la sortie, alors que la voiture se veut voyageuse intemporelle. La ligne de la voiture est résolument moderne, simple et assumée mais l’ensemble des panneaux de carrosseries se pose sur le châssis et train roulant de l’Espace III, qui a déjà de nombreuses années.
Au cours de sa courte carrière, le Renault Avantime recevra une motorisation diesel avec le très peu fiable 2.2 dCi 150 ch mais uniquement accouplé à une boite de vitesse mécanique à 6 rapports. La boite automatique, d’origine Aisin-Warner, viendra s’ajouter à la gamme après presque 1 an sur le V6 et équipera 454 exemplaires uniquement. Enfin, afin de répondre aux critiques des clients vis-à-vis de la consommation, c’est un 4 cylindres essence 2.0 litres de 160 à 183 ch qui viendra épauler la gamme, le fameux F4RT. Il est à noter qu’un poignée d’exemplaires auraient été montés avec ce petit moteur et une boite automatique: on parle de 4 à 5 modèles uniquement. Au total, ce sont à peine 8557 exemplaires qui seront fabriqués par les usines de Romorantin, en moins de deux ans. De quoi placer cet étrange modèle comme le concept car le plus produit au monde.
Texte : Antoine
Photos : Renault