Audi e-tron Sportback. Sous ce nom de navette spatiale se cache le joyau technologique de la gamme Audi. Arpentant nos routes depuis 18 mois sous sa forme classique, je n’en avais encore jamais pris le volant. Une erreur que je voulais corriger, tant ce SUV, entièrement électrique, se veut moderne et technologique. En concurrence directe avec le Mercedes EQ C (dont on espère aussi faire l’essai), l’e-tron va d’abord devoir se mesurer à 5 jours en région parisienne ! Et pour bien faire, nous avons pris la dernière mouture, en carrosserie coupé. Audi e-tron Sportback 55 Quattro : Parfaite, mais pour quoi ?
Un style bien connu
L’Audi e-tron Sportback ne joue pas sur la carte de la rupture stylistique. Il est clairement affilié à la marque aux anneaux, sans aucun doute possible. Très proche de son frère Q8, il s’intègre donc parfaitement à la gamme. Le style général se montre acéré, taillé à la serpe. Il faut reconnaître que visuellement, la voiture fait plus petite que ce qu’elle n’est, et c’est plutôt très sympa à regarder. Je suis surpris de découvrir une calandre single frame traditionnelle et non pas quelque chose de plus différenciant. Comme elle est majoritairement pleine, pour l’aérodynamique, j’aurais bien vu quelque chose de moins conventionnel. Notre couleur Beige Siam, en option à 1.250 euros, se montre surprenante au soleil, manquant parfois de profondeur. Pour autant, elle se montre plus agréable à regarder…sous le ciel gris.
La couleur jaune des étriers de freins contraste avec ce beige, pour un rendu mixant bon goût et sportivité. J’adore. Les disques, parlons-en, ils sont énormes pour une voiture électrique. Le dessin des projecteurs Matrix LED avant et arrière est toujours aussi marqué et impressionnant. Si j’aime beaucoup la finesse du dessin des phares, j’ai plus de mal avec les feux et le bandeau qui parcourt l’ensemble du coffre. Une histoire de goûts. Les jantes en 20 pouces sont de série (plusieurs options en 20 et 21″ s’offrent à vous).
Reste le design des rétroviseurs, ou plutôt des caméras, en option à 1.850 euros. Plutôt fins et élégants, les bras de supports de caméras se montrent jolis. Ils permettent également de combler l’espace de vide qu’impliquerait une caméra plus cachée dans la carrosserie. Une sorte de transition en douceur pour les clients. Quoi qu’il en soit, c’est une des voitures essayées qui a le plus fait tourner les têtes pendant un essai.
A l’intérieur : on ne sait pas trop où en remettre
Wouahou ! C’est réellement la première impression en rentrant dans l’Audi e-Tron Sportback ! Cela faisait un moment que je n’étais pas monté dans un haut de gamme Audi, depuis l’essai de Julien du Q8 ! Et bien, ça m’avait manqué. Bien que je ne sois pas un fan boy Audi, bien au contraire, j’ai été réellement bluffé ! Le choix des matières est cohérent et très qualitatif. Les yeux et les mains jonglent du cuir aux assez élégants placages effet bois. Il y aura bien un peu de plastiques plus durs, surtout en bas de l’habitacle, mais cela passe carrément inaperçu ! Les sièges, sont évidemment réglables dans tous les sens, chauffants et ventilés. Les places arrières ne sont pas en reste. Véritable salon roulant, et chauffant, c’est une véritable invitation au voyage, quelle que soit la place !
Mais le gros point visible de l’intérieur concerne les écrans. Ils sont au nombre de sept. Oui, vous avez bien lu. Six d’entre eux sont situés dans le champs de vision du conducteur. Cela comprend une dalle numérique 12 pouces pour le combiné d’instrumentation. Il y a également un écran 10 pouces en guise d’écran central. Mais on ajoute également un troisième écran dédié à la climatisation de l’habitacle et des sièges, à vos raccourcis, et à la reconnaissance d’écriture. C’est d’ailleurs le premier dispositif d’écriture, qui, par sa taille, permet d’écrire le nom des villes en entier. Ces deux écrans disposent d’un retour haptique vibratoire lorsqu’on appuie dessus, c’est agréable !
On continue avec nos écrans et l’affichage de vision tête haute (VTH, HUD en anglais). D’une dimension remarquable, elle permet d’afficher en superposition sur la route la vitesse, une partie de la navigation, la musique, les panneaux, etc. Une des, si ce n’est LA, meilleure HUD du marché à l’heure actuelle. A l’avant, le tour des écrans se terminent avec les deux rétroviseurs numériques. Ils permettent de retranscrire ce que voient les caméras extérieures. Si l’usage est quelque peu perturbant au début, on s’y fait assez bien, tellement l’image est fluide et retravaillée en temps réel pour ne jamais nous éblouir. L’écran de rétrovision, côté conducteur, aurait pu être positionné plus selon l’angle de planche que l’angle de la portière, cela aurait facilité la lecture. Enfin, un dernier écran de contrôle permet de gérer la climatisation et les sièges chauffant à l’arrière.
Audi e-tron Sportback : sur la route
Sur la route, le maître mot est silence. C’est silencieux, à un point où on veut mettre la musique pour avoir un fond sonore. Il y a bien quelques légers bruits liés à la voiture, comme le très léger sifflement des rotors électriques et le bruit de roulement des pneumatiques. Le SUV se veut souple, mais vraiment souple. Ce n’est pas mou, c’est juste souple, proche de la perfection. Evidemment, en mode sport, les suspensions seront plus fermes mais sans jamais être désagréables.
Niveau souplesse, il faudra également revoir votre conduite, si vous venez d’une thermique. Si vous voulez protéger l’autonomie, il faudra repenser la circulation. Le premier fautif est le poids, pachydermique (2.555 kg). Anticiper et profiter des différents modes de recharges sera primordial, si vous ne voulez pas voir l’autonomie imiter la banquise. Ensuite, il est assez simple de vouloir profiter de l’accélération, suffisante, du SUV. Cependant, une grosse accélération (ou un passage sur l’autoroute), bien qu’amusante, fera perdre quelques km à votre autonomie. D’ailleurs, il est assez intéressant de garder l’autonomie restante visible sur le combiné. On se prend au jeu de la faire le moins baisser. Cela permet de profiter d’une conduite relaxante.
Le confort fait de l’e-tron Sportback un réel plaisir. Ce plaisir est agrémenté par la sono Bang & Olufsen 3D. En plus d’être très qualitative, elle est mise en valeur par le cocon silencieux qu’est la voiture.
Le problème de la recharge
Bon, clairement, c’est le problème principal. L’Audi e-tron Sportback 55 offre 95 kWh de batteries. Avec une moyenne lors de notre essai de 24 kWh pour 100 km, nous aurions théoriquement pu réaliser 350 km. Je dis théoriquement car comme en voiture thermique, je n’ai pas cherché à aller au bout du « réservoir ». Si cela semble pas mal, cela reste le double de consommation que la Nissan Leaf que nous avions essayée. Les sept écrans vus plus haut et le poids de la voiture se montrent évidemment fautifs. Gageons qu’une conduite avec moins d’axes rapides permettrait de tabler sur 400 km. Quoiqu’il arrive, 400 km pour un usage quotidien, c’est très souvent largement suffisant.
Mais là où ça devient compliqué, c’est pour sortir de son quotidien. L’Audi e-tron Sportback, par sa taille, est une voiture pour le voyage. Hors, sur l’autoroute, nous l’avons vu, l’autonomie s’essouffle vite. Il faut donc trouver des bornes de recharges. Or en France, en dehors du réseau Tesla, c’est une véritable anarchie ! Les bornes de recharges dépendent de multiples opérateurs, aux abonnements et tarifs multiples, offrant des vitesses de charges plus ou moins rapides. De plus, une fois sur deux, vous vous retrouvez coincés sur une borne non fonctionnelle. Notre SUV du jour accepte des bornes de recharges jusque 150 kWh. Cela permettrait de faire des recharges complètes en 45 min. Or, ces bornes sont quasiment inexistante sur le territoire, même en région parisienne. Bref, nous avons fini par aller nous charger dans une station de recharge Audi, en concession. Il faudra environ 2h sur ces bornes 50 kWh.
Notre avis sur l’Audi e-tron Sportback
Globalement, je n’ai pas trouvé à qui s’adresse la voiture. Le véhicule est cher (120.000 € dans notre configuration), et donc s’adresse à une clientèle aisée. Cette même clientèle est plutôt friandes de petits week-end à gauche à droite. Or, en Audi e-tron Sportback, ce n’est pas possible. C’est d’autant plus difficile que la concurrence interne est fort présente, avec un Q8 qui, finalement, coche toutes les bonnes cases. Le look, le confort, les prestations, l’autonomie, les escapades… A moins d’avoir un de chaque dans son garage, on ne voit pas l’intérêt…
Pour finir, l’e-tron Sportback est probablement la meilleure voiture daily (usage quotidien) que j’ai pu essayer. C’est d’autant plus difficile à admettre que c’est un SUV, Coupé, et électrique. Cela va à l’encontre de ce que j’apprécie et pourtant, c’est une véritable réussite. Avec une bonne facilité de recharge et une autonomie légèrement plus élevée, ce serait la voiture parfaite.
Retrouvez ci-dessous la galerie complète des photos de l’essai :
Texte et photos : Antoine pour Virages Auto
Rejoignez-nous sur Facebook, Instagram et Twitter