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Essai Abarth 595 EsseEsse : Rauque & Roll

Forte de 70 ans, la marque Abarth a remis dans la gamme une version EsseEsse. En 2008 cela désignait le kit qui portait à 160ch les 500 Abarth, associés à des freins plus puissants, suspensions raffermies et jantes spécifiques. Récemment, Julien essayait dans nos colonnes la version d’entrée de gamme, la 595. Avec 145 ch, elle offrait son lot de sensations pour un budget plutôt raisonnable mais avec une déception concernant la sportivité réelle de l’auto. L’arrivée de cette nouvelle Abarth 595 EsseEsse et ses 180ch était donc l’occasion pour nous de vérifier si ce n’est qu’une simple augmentation de puissance ou s’il y a tout ce qu’il faut autour !

Abarth 595 EsseEsse : Bambina rallye ! 

Visuellement, peu d’indices trahissent cette nouvelle version, si ce n’est le logo « EsseEsse » à l’arrière. En effet, le logo 595 peut concerner aussi bien une 145 ch, 160 ch qu’une 180 ch (Turismo, Competizione, Pista ou notre EsseEsse). L’appellation 695 est quant à elle réservée aux éditions spéciales : Rivale, Biposto, XSR ou encore 70° Anniversario.

La teinte Grigio Campovolo de notre exemplaire est la plus historique qui puisse être choisie sur une Abarth. A l’époque, Carlo Abarth, fondateur de la marque éponyme, récupérait les fonds de peinture de la base aérienne voisine. Il les ramenait ainsi à ses ateliers pour peindre ses autos. Cela donnera le nom de cette teinte qui met parfaitement en valeur les courbes et détails sportifs de l’auto.

Le reste de la configuration montre un bel exemple de ce qui existe pour façonner son exemplaire. On y retouve un coté Rallye-car plaisant (mais, je le concède, pas forcément discret) :

  • Jantes 17’’ Supersport Racing White, reprises des « anciennes » 500 EsseEsse
  • Stickers latéraux, inserts de pare-chocs et coques de rétroviseurs blancs
  • Logo « 70th » sur les ailes pour fêter le 70-ème anniversaire
  • Une légère pointe de couleur avec les étriers et cabochons rouges 

Evidemment, les Scorpions sont partout ! L’emblème d’Abarth est liée au signe astrologique de Carlo Abarth. Et pour des voitures qui ne manquent pas de piquant, c’est parfaitement adapté. On en retrouve jusque sur le toit, l’antenne étant remplacée par un bouchon gravé. Autre élément qui attire l’oeil : les deux énormes sorties d’échappement Akrapovic, sur mesure pour l’Abarth 595 EsseEsse. Elles stimulent la vue seulement à l’arrêt. En effet, dès le démarrage, c’est l’ouïe qui va être servie ! Les plus observateurs verront enfin les freins Brembo perforés et ventilés.

Piqûre de rappel !

En ouvrant la porte, on découvre de superbes baquets Sabelt en cuir/tissu à coque en carbone. Même si la position de conduite reste haute, on est clairement mieux assis que dans les sièges standard. Étonnamment, sur long parcours, ils se révèlent plus confortables malgré leur épaisseur relative : merci au très bon maintien. Le levier de vitesses tombe parfaitement sous la main. Même si les mauvaises langues diront « comme dans un monospace ou un SUV », on dira nous « comme dans une voiture de Rallye ». Les commandes sont plutôt intuitives dans l’ensemble.

On démarre et là, c’est un bruit sourd et rauque qui nous entoure. C’est surréaliste sur une auto de type ! Et fort prometteur. Les premiers tours de roues sont agréables. La direction est légère, le confort est ferme mais ça reste correct. Le progrès est dingue par rapport aux suspensions du lancement en 2008 ! Enfin, chose très appréciable, en manœuvre la voiture met toute seul un léger coup de gaz pour ne bouger qu’avec l’embrayage.

C’est grave docteur ?

Avec 3,54m, le gabarit contenu est parfait pour se faufiler partout. Les 180ch aident aussi ! Se garer en ville est aisé, mis à part le rayon de braquage digne d’une immense berline. Cependant, il est nettement dégradé par rapport à une 500 classique. Après tout, quand on voit comment l’ensemble est compacté sous le capot, on comprend pourquoi ! C’est peut être aussi une explication sur l’absence d’une 6ème vitesse qui aurait été bienvenue sur voies rapides. Autre manque regrettable, pas de limiteur ou de régulateur (même en option) alors que là aussi une « simple » 500 peut l’avoir… Frustrant, d’autant qu’à ce niveau de puissance, la vitesse légale est très, très vite atteinte (on a pas le droit de dire dépassée ?)

Appréciable au quotidien et grosse nouveauté, l’allumage automatique des phares et des essuie-glace est disponible ! Par contre, sur notre 595 EsseEsse, c’est une option à 250€. Mais l’intention est louable. Puisque nous abordons les options, le toit ouvrant est à 750€ et éclaire bien cet habitacle monochrome. Tandis que le pack Hi-fi Beats en donne pour son argent (450€) malgré un manque de finesse musicale. Les radars de recul sont à 300€ et paraissent indispensables pour une utilisation urbaine et avec des pare-chocs pas protégés.

Pour les adeptes de spéciales de nuit, des projecteurs Xénon sont aussi disponibles (750€). La navigation avec écran tactile de 7’’, TomTom Traffic et compatibilité CarPlay/Androïd auto est quant à elle livrée de série. Tout ça nous donne une somme assez peu digeste de 35.000€ hors carte grise et malus. Cette somme est-elle justifiée pour notre Abarth 595 EsseEsse ? En l’état non, mais voyons en haussant le rythme et en activant le mode Sport !

Tout en son-sations

Et c’est là que la 595 EsseEsse donne le meilleur d’elle-même. La direction est plus ferme, l’accélérateur plus réactif et l’échappement piloté change de ton. Une fois les bas régimes passés, la voiture pousse avec rage jusqu’à 6000tr/min. On retrouve même un regain de vigueur aux alentours des 3500 tours ! C’est surprenant la première fois, mais ensuite on joue avec cette zone. D’autant plus que l’échappement hurle à partir de 4000 tours, émet des déflagrations au passage de rapport et vibre au lâcher de pied ! C’est purement et simplement jouissif, tout comme voir les passants qui se retournent pensant apercevoir une Ferrari ou une Lamborghini…

Le freinage est mordant et endurant, avec une attaque franche dès le début. Les sorties de virages sont anticipées grâce au différentiel à glissement limité Torsen (1900€, quand même) qui corrige la tendance sous-vireuse de la 595 en resserrant la trajectoire. Il permet de s’extraire des virages très, très rapidement, même si la direction manque toujours de tranchant et de précision. Ce différentiel est tellement efficace qu’il oblige même à ouvrir légèrement l’angle de volant en courbe serrée et rapide !

Attention par contre à ne pas relâcher l’accélérateur sous peine d’un rappel viril aux lois de la physique. Un empattement aussi court donne une voiture certes agile mais assez piégeuse aux limites. L’ESP (non-déconnectable) veille mais ne fera pas de miracles. Les virages s’enchaînent et on prend du plaisir à envoyer l’Abarth 595 EsseEsse sur sa trajectoire et à ne pas l’en faire bouger. Le tout avec une bande son phénoménale et une agilité de baleine. On y ajoutera une touche de sportivité réelle et une efficacité surprenante pour un pot de yaourt !

Abarth 595 EsseEsse, elle rallye tout le monde ?

Il faut déjà et avant tout féliciter Abarth et louer leurs efforts de rendre une 500 sportive. En effet, le châssis de base étant tout sauf adapté à ça ! N’oublions pas qu’elle partage sa base technique avec… la Panda. Certes, il ne reste que la base, mais d’autres constructeurs auraient jeté l’éponge avant d’avoir essayé. Concernant l’idée d’avoir 180ch dans 3,54m , c’est fort plaisant. Et surtout c’est une des seules sur le marché.

Une 108 s’arrête à 72ch. Une Twingo en avait 110 sur les GT mais rien de plus sur le segment. On peut lorgner du coté du segment B, mais on ne peut plus compter sur les Clio RS ou 208 GTi. La Swift Sport toise la catégorie avec 140ch. Il faudra attendre la nouvelle Yaris GRMN qui s’annonce prometteuse pour trouver une sportive de poche. Mais qui n’aura pas l’aura de la 500. Cette dernière a su évoluer et s’améliorer au fil des ans et est désormais hissée au rang d’icône. Plus de 2 millions sont en circulation et elle continue de battre des records !

Cette 595 EsseEsse est la parfaite alliée d’une utilisation quotidienne avec son niveau d’équipements correct et sa docilité en mode « normal ». Mais elle est développée pour une utilisation sportive sur des routes sinueuses. Elle est attachante et possède un supplément d’âme, et croyez-moi, avec un échappement aussi rauque et expressif vous (re)deviendrez un vrai gosse en jouant avec ses borborygmes… Profitez-en, une auto qui chante aussi fort, et bien, ça devient rare ! Et même si ce n’est pas objectif (puisque j’ai eu 3 Abarth), je craque toujours autant pour cette gueule bodybuildée.

Texte et photos : Romain
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