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Essai Alfa Romeo Tonale e-Q4 : mieux vaut tard que jamais ?

Alfa Romeo et les SUV compacts, c’est une histoire compliquée. Revenons en 2002. Une année où la marque présente le Kamal, un (superbe) concept-car de SUV du segment C. Des mulets de développement avaient roulé puis… plus rien sur ce créneau. Mais ça y est, plus de 20 ans après, le Tonale est là ! Première Alfa du segment C-SUV, première Alfa électrifiée, premier vrai lancement depuis les Giulia et Stelvio… Mais est-ce une vraie Alfa ? Presque. Pas de Stellantis ou de PSA dedans, mais un partage de composants avec le Jeep Compass, pourtant plus orienté tout-terrain que sportif. Il a intérêt à avoir de solides arguments, surtout vu le plaisir que procure un Stelvio. Essai Alfa Romeo Tonale e-Q4 : mieux vaut tard que jamais ?

Trilobo

Une Alfa Romeo, c’est avant tout un style. Si d’aucun trouvent le Tonale un peu fade, il est en fait élégant et simple : pas de lignes dans tous les sens, pas d’arêtes vives et pas de sur-dessin. Le SUV se montre à contre-courant des nouveautés actuelles ! C’est reposant pour les rétines et on peut apprécier chaque courbe. De plus, il devrait nettement mieux vieillir que certains concurrents.

Toujours est-il que les ingrédients Alfa sont tous présents. L’emblématique calandre « Trilobo », les superbes jantes téléphone à 5 trous ou encore les proportions équilibrées. Le porte-à-faux avant est court, l’arrière est assez puissant et le vitrage rappelle la forme de celui de la 8C. Les feux ont tous 3 modules qui font écho aux SZ/RZ des années 90. Cela apporte également une réelle cohérence entre l’avant et l’arrière. Le Tonale cède quand même à la mode du bandeau lumineux à l’arrière. Le double échappement rond est spécifique pour cette version hybride rechargeable, tout comme le serpent électrifié coté prise de recharge. Dommage, il ne s’éclaire pas quand on charge la batterie. Touche finale, de discrets drapeaux italiens sur les rétroviseurs. Ça tombe bien, l’Alfa Romeo Tonale est made in Italy.

Notre Gris Vesuvio (en option à 980 €) mise sur l’élégance, tout juste rehaussé d’étriers rouges. Mais d’autres coloris nettement plus percutants sont disponibles : Bleu Misano, Vert Montréal ou encore l’incontournable Rouge Alfa, qui en plus est gratuit.

Noir c’est noir

L’intérieur suit la même logique : pas de surenchère de style ou de technologie. Ecran multimédia de 10,25 pouces et sélecteur de boîte à l’ancienne, c’est simple mais suffisant au quotidien. Les amateurs de nouvelles technologies se tourneront plutôt vers un Mercedes GLA, qui en mettra plein la vue entre les écrans côte à côte et les nombreux éclairages d’ambiance. Sur ce dernier point, le Tonale se contente d’un éclairage d’ambiance intégré sous les placages avec 5 couleurs possibles. Cependant, c’est dommage de ne pas pouvoir en profiter aussi le jour.

L’héritage Alfa Romeo est saupoudré à l’intérieur. Malgré des compteurs numériques de 12,3 pouces, on retrouve les fûts « Cannocchiale » et un affichage historique est proposé, reprenant le graphisme des compteurs Alfa des années 70. Le volant sport à 3 branches a une prise en main parfaite et il embarque le bouton de démarrage ainsi que de superbes et grandes palettes tout en aluminium. La molette pour les modes de conduite est en accès direct. Pas besoin d’aller chercher dans des menus perdus dans l’écran tactile. Trois modes sont disponibles : NATURAL, le mode par défaut, DYNAMIC pour le sport avec plus de réponse à l’accélérateur et une direction plus ferme et enfin ADVANCED EFFICIENCY pour privilégier l’électrique. Un bouton supplémentaire au centre permet de raffermir la suspension.

Les assemblages sont corrects malgré une console centrale en plastique dur. On regrettera les selleries noires ou… noires. Pas de rouge ou de Havane qui se marierait pourtant à merveille avec un extérieur Vert Montreal par exemple! Il est loin le temps de la 159 qui proposait jusqu’à 7 cuirs différents et 3 planches de bord. Notons tout de même la nouvelle édition spéciale « Tributo Italiano » qui propose une sellerie noire avec perforations rouges. C’est déjà ça.

L’espace à l’arrière et le volume de coffre sont bons (500 dm3 pour le coffre) et on apprécie le grand vide poches central, l’accoudoir central et les grands bacs de portes. La recharge des téléphones ne sera pas un problème avec un chargeur par induction, deux USB à l’avant (A et C) et un USB-A à l’arrière.

On trouve très vite une bonne position de conduite et les commandes sont facilement accessibles. Cependant, un bémol sur l’écran central avec des caractères assez petits, un CarPlay sans fil pas infaillible (de toute façon l’induction ne recharge pas assez le téléphone) et des menus plutôt complexes. Un exemple concret même si ce n’est pas le plus utilisé : changer la luminosité et la couleur de l’éclairage d’ambiance nécessitera de passer par deux menus différents.

Autre agacement d’un basique de l’automobile : les clignotants. Ils ne s’enclenchent pas par un mouvement mécanique mais par impulsion. C’est la quasi-certitude de ne pas pouvoir les utiliser correctement sur un rond-point. Au-delà de ça, on est bien à bord et on apprécie la qualité de la sono Harman Kardon. Le compteur numérique est d’excellente définition (encore plus que l’écran central) même si on se fait piéger au début par les jauges inversées par rapport à leurs positions réelles sur la voiture.

La plus docile des Alfa Romeo

Alfa pour le style, Alfa pour l’ergonomie mais Alfa aussi pour la conduite ? Au-delà de la plate-forme, la puissance cumulée du moteur 4 cylindre et de l’électrique est de 280 ch et 270 Nm de couple, avec un 0 à 100 km/h atteint en 6,2 secondes (autant qu’une 308 GTi) et une vitesse maximale de 206 km/h. La boîte de vitesses est une classique boîte automatique à 6 rapports et la transmission intégrale se fait via le moteur thermique à l’avant et électrique à l’arrière. La partie électrique annonce 69 km WLTP en 100% électrique via la batterie de 15,5 kWh.

Les premiers mouvements sans bruits sont une première chez Alfa Romeo et c’est bien géré ! Il est toujours aussi appréciable de rouler en électrique en ville. Les suspensions font un travail remarquable pour absorber les différents obstacles. Développées par Koni, elles utilisent la technologie Frequency Selective Damping (FSD) qui adapte automatiquement le débit d’huile dans les amortisseurs afin d’offrir du confort lors d’une conduite classique et de la dureté lorsque les sollicitations deviennent plus importantes. Associées à une direction souple, une position de conduite haute et un gabarit plutôt compact, on tient une voiture parfaitement à l’aise en ville.

Les transitions thermique/électrique sont imperceptibles et l’autonomie électrique annoncée à 69 km est réelle. L’hybridation est discrète à l’intérieur. Seul le serpent dans le combiné passe en bleu lorsque le Tonale se déplace en électrique. Etonnamment, il n’y a pas de mode « Brake » disponible et la fonction « roue-libre » se retrouve par défaut. On est loin des possibilités d’un 100% électrique comme le BMW iX1 avec 4 modes de décélération.

Cuore Sportivo

Notre modèle d’essai reste une Alfa avec 280 ch. Nous sortons de la ville pour rejoindre la campagne et nous appuyons sur l’accélérateur. Et là ? Pas grand-chose. La puissance est correcte mais sans plus et on se demande où sont les chevaux. Comment est-ce possible ? On recommence plusieurs fois et on finit par comprendre. En fait c’est la cartographie de la pédale d’accélérateur qui est coupable. Jusqu’à environ 75% d’enfoncement la puissance est amenée de façon très linéaire et douce. Une fois cette limite passée, la puissance déboule et vous donnera enfin un vrai agrément ! Il faut appréhender ce point mais une fois en tête, le Tonale donnera entière satisfaction et saura procurer du plaisir. Ce constat est vrai pour le Mode Normal.

En mode Dynamic, le problème est globalement corrigé. Volant bien en main, on constate que la direction est très directe et précise. Le comportement est dynamique avec beaucoup de grip et une motricité sans faille malgré les routes glissantes de cette saison. L’avant et l’arrière semblent communiquer ensemble et jamais la voiture n’est piégeuse ou ne semble mise à mal. A l’inverse de la conduite coulée, en conduite soutenue les suspensions sont plutôt fermes. Cependant le Tonale ne rebondit jamais et il est très bien maintenu avec une quasi-absence de roulis.

La boîte de vitesses a beau avoir une fiche technique des plus classiques sans course à l’armement, elle remplit parfaitement sa tâche et égrène les rapports de manière transparente . Si besoin les palettes sont facilement accessibles et gratifient d’un petit bruit métallique à chaque utilisation. C’est d’ailleurs si agréable qu’on en abuse. Le son rauque à l’échappement est plutôt plaisant. Enfin, le freinage évite les travers de certains hybrides et dispose d’un bon ressenti tout en étant facile à doser. En bref, coté dynamique on est servi. Cependant, hiérarchie oblige, nous ne sommes pas au niveau d’un Stelvio pour le plaisir procuré et l’incroyable direction.

Sur des parcours plus longs, les sièges fermes ne sont pas inconfortables. Niveau confort et repos, on peut poser la main sur le pommeau de commandes de boite et apprécier le moelleux des appuie-têtes. La direction est un peu trop vive sur voie rapide. Toutefois, on peut utiliser la conduite autonome de niveau 2 qui est bien calibrée par temps sec (mais qui décroche vite sous la pluie) et qui utilise une détection capacitive dans le volant : plus besoin de donner un à-coup pour que le système continue de fonctionner, une simple caresse du volant suffira.

En fait une fois en route, la quiétude à bord sera juste rompue en cas de revêtement granuleux, les bruits de roulement devenant sensibles. La rançon des pneus sportifs avec du grip… La conduite de nuit sera plaisante avec un éclairage d’ambiance discret mais plaisant et des phares Matrix LED très efficaces, nettement plus que ceux d’un DS 7 par exemple. Cela fait vraiment partie des aides à la conduite qui apparaissent comme indispensables aujourd’hui, contrairement à beaucoup d’autres.

La fin de l’essai nous apportera une autre bonne surprise : une consommation moyenne de 6,3 L. Un très bon score pour 280 ch et le peu de recharges effectuées lors de l’essai.

Concurrence

La gamme du Tonale PHEV Q4 démarre à 52.600 € avec la version Sprint déjà correctement équipée. Notre version Edizione Speciale, désormais remplacée par la finition Veloce, avec toutes les options telles que le toit-ouvrant, les phares Matrix LED, la sono Harman Kardon ou encore la sellerie cuir est facturée 65.640 €. A ce prix, la concurrence généraliste est lâchée et la concurrence premium est féroce avec des positionnements très différents en fonction des marques. Les incontournables constructeurs Allemands sont en force, notamment avec les Audi Q3, BMW X1 et Mercedes GLA.

L’Audi est très proche en dimensions et la version TFSIe propose 245 ch et 400 Nm de couple. Le 0 à 100 km/h est en retrait avec 7,3 secondes et l’autonomie 100% électrique est de 51 km WLTP. Etonnamment il n’est plus disponible à la configuration, il faut impérativement choisir un véhicule déjà en stock. Dans les tarifs officiels, il démarre à 51.700 € mais le jeu des options peut très vite faire grimper la note.

Même dimensions pour le BMW X1 mais des hybrides rechargeables qui entourent celle du Tonale : le X1 xDrive25e fait 245 ch et démarre à 54.800 € ou le X1 xDrive30e de 326 ch et qui débute à 57.800 €. Dans tous les cas, le BMW donnera un grand plaisir de conduite mais il faudra recourir aux options (et donc gonfler la facture) pour s’aligner.

Dernier Allemand, le Mercedes GLA n’est pas vraiment en concurrence. Il est plus court de 12 cm et ne distillera pas le même plaisir au volant et n’est qu’en traction. En revanche, il est nettement plus technologique et avec un intérieur qui en met plein la vue ! La seule version hybride rechargeable débute à 54.849 € en version Progressive Line et dispose de 218 ch.

Du coté des marques « exotiques », dur de trouver une concurrente frontale. On écarte le Japonais Lexus NX 450h qui est plus long de 10 cm, sera plus orienté vers le confort mais qui sera surtout facturé 10.000 € de plus que notre version d’essai. Exclu également, le Volvo XC40 qui n’est plus disponible en hybride rechargeable ainsi que le Cupra Formentor qui certes privilégie le plaisir de conduite mais qui est plus petit de 10 cm, moins puissant (245 ch) et n’est qu’en traction.

So British et avec un style inimitable, le Range Rover Evoque. La version PHEV cumule 309 ch et les possibilités de personnalisation sont plus grandes que pour le Tonale. Et il a beau être plus compact de 15 cm, son prix est plus grand puisqu’il démarre à 61.200 €.

Enfin, à titre d’information le cousin technique Jeep Compass 4xe démarre à 47.750 € avec la même motorisation dégonflée à 240 ch. L’équipement sera moins complet et la saveur sera plus aventurière que sur le Tonale.

Alfa et Romeo

Ces quelques jours à bord de l’Alfa Romeo Tonale Q4 nous ont avant tout rassuré. Rassurés sur le fait qu’une transition vers l’électrique pour une marque qui privilégie le plaisir de conduite est possible, même si on attendra l’imminent Milano (qui sera 100% électrique) pour se prononcer plus précisément. Cependant nous sommes pouvons espérer le mieux lorsque l’on regarde ce qu’ont fait Porsche et BMW, qui ne sont pas les derniers côté plaisir de conduite.

Rassurés également que même en utilisant une base de Compass 4xe, qui est tout sauf sportif, avec une bonne modification, de bons réglages et de bons pneus on peut avoir une voiture aboutie. Le positionnement tarifaire est pile entre les généralistes et les premiums, dans un vide qui pourrait être une bonne opportunité pour la marque.

Le Tonale est à l’opposé de la surenchère technique d’un Mercedes GLA et respecte l’ADN de la marque italienne. On se sent vite à l’aise à bord et on n’est pas dépaysés, tout en prenant du plaisir dès que les conditions s’y prêtent. Et si lesdites conditions se dégradent, la transmission intégrale sera rassurante. Pour une première dans le segment des C-SUV et pour un premier hybride rechargeable c’est un beau résultat et… ça reste une Alfa. On lui pardonne volontiers quelques défauts tant elle est attachante. A voir si les mois prochains nous amèneront une version Quadrifoglio !

Les +Les –
Compromis confort/tenue de route de haut niveauIntérieur tout noir
Puissance agréable avec excellente motricitéAides à la conduite qui se désactivent sous la pluie ou avec un soleil rasant
Style élégantBruits de roulement sensibles au revêtement

Texte et photos : Romain
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