Lorsque l’on parle d’Alpine A110, on imagine très aisément une route de col où les virages s’enchaînent les uns après les autres. Des sorties de courbes sur routes un peu enneigées avec une berlinette toute bleue complètement de travers. Oui, c’est un peu ça l’esprit Alpine : une voiture agile à tout point de vue. Sauf que tous les clients n’ont pas vocation à aller arpenter les routes de cols et de rallyes. Non, certains clients veulent profiter de leur Alpine comme on profite d’une Porsche Cayman : tous les jours, en toutes circonstances, dans un confort suffisant. Et c’est ainsi qu’est née l’Alpine A110 GT. Essai Alpine A110 GT : des vacances en Alpine, c’est possible ?
Alpine A110 GT : ce qui change ?
Lorsque Alpine a présenté l’A110 de production à la fin de l’année 2018, la berlinette était disponible en version Pure ou Legend. La différence entre les deux provenaient pour l’essentiel des jantes spécifiques et des sièges. De purs et parfaits baquets dans la Pure, ils devenaient sièges réglables dans la Legend. Nous avions pris le volant de l’A110 Pure, qui s’était révélée être une fantastique machine. L’Alpine A110 a par la suite élargi sa gamme avec l’arrivée des A110 S , Legend GT, A110 R et l’A110 GT qui nous intéresse aujourd’hui. Et en tant que passionnés automobile, lorsque les lettres GT sont accolées à une voiture, cela rime avec Roadtrip, avec voyage. Nous avons donc pris la décision de partir une semaine en Alpine A110 GT à la découverte de la vallée de la Loire, du marais poitevin et de la côte rhétaise.
Et autant vous le dire tout de suite, la première partie du voyage consiste à planifier ce que vous allez emporter. En effet, malgré son nom, l’A110 GT ne dispose pas de plus de rangements que ses sœurs plus radicales. On retrouve un petit coffre à l’avant, et un tout aussi petit à l’arrière. Comptez sur une valise cabine et un sac souple à l’avant, et deux sacs à dos et quelques bricoles à l’arrière. Attention, pas la peine d’emmener quoi que ce soit de frais dans le coffre arrière, il fait globalement très chaud dans cet espace collé au moteur et au système d’échappement. L’intérieur ne profite pas de plus de rangements non plus, à l’exception du rangement derrière vous entre les sièges. C’est qu’une Mazda MX-5 serait presque logeable à côté. Autant vous dire qu’une Porsche Cayman fait office de déménageur en comparaison.
Roadtrip de Paris à La Rochelle
Une fois la voiture chargée, nous partons de la région parisienne en direction d’Orléans, afin de pouvoir y suivre la Loire. Le trajet autoroutier se fait tout en douceur. Dans ces conditions, le moteur se fait presque oublier mais les suspensions vous rappellent que la file de camions de la voie de droite a bien défoncé la route. On sent tous les défauts du revêtement de l’autoroute. De son côté, l’insonorisation est plutôt bien gérée. On est bien au-dessus d’une Mazda MX-5 RF par exemple, mais un peu moins qu’un Cayman. Enfin le principal défaut du monde automobile actuel saute aux yeux : qu’est-ce que les autres voitures sont hautes avec leurs feux de jours toujours trop puissants.
Une fois sortis de l’autoroute, nous prenons la route des châteaux de la Loire, en commençant par Chambord. L’Alpine A110 GT nous fait profiter de son couple châssis suspensions un peu plus souple que la S ou la R en restant tout à fait agréable sur les petites routes secondaires. Les 300 ch du moteur 1,8L turbo n’ont aucun mal à propulser les 1.119 kg de la berlinette. Elle s’envole d’un virage à l’autre avec une aisance déconcertante. Le couple distribué par le moteur permet de quasiment tout faire en quatrième. Cela permet vraiment d’accentuer le côté GT de la voiture par rapport à la Pure qui nécessitait un peu plus de jouer avec les palettes.
La différence principale des versions Legend / GT Legend et GT par rapport aux autres versions est la présence de sièges réglables et d’un intérieur cuir. Pour le cuir marron de notre modèle d’essai, c’est très joli, vraiment élégant et assez qualitatif. Les surpiqures bleues qui sont appliquées sur le cuir marron contrastent à la perfection. C’est vraiment très bien exécuté. En ce qui concerne les sièges réglables, je ne sais qu’en penser. Ils offrent plus de latitudes de réglages et permettent au passager de s’allonger un peu sur les longs trajets. Cependant ces sièges semblent plus fermes que les baquets des Pure et S que j’ai pu essayer. De plus là où le baquet permet d’être réglé au plus bas de la berlinette, les sièges réglables dans la position au plus bas restent assez hauts.
Enfin, notons quelques incohérences au niveau du choix des matériaux. On retrouve du cuir marron, des plastiques noirs plus ou moins grainés, des plastiques effet aluminium ou encore du carbone brillant…. C’est un peu chargé.
La route nous emmène jusque Niort avec des passages via Blois, Amboise, Villandry, Tours, Azay-Le-Rideau, Chinon, avant une longue descente vers Niort. Le lendemain, nous démarrerons les routes du Marais poitevin. Avec les mêmes modes de conduite que la Pure ou la S, l’Alpine A110 GT ne surprend pas trop à la conduite. On retrouve ainsi le mode Normal, Sport et Track. Là où la Pure avait été essayée sur le mouillé et les routes grasses de fin Novembre, la GT est essayée sur la semaine la plus chaude de septembre. Quasiment 35°C tout le long. De quoi ne jamais laisser les pneus glisser sur une route bouillante.
Ainsi en mode Sport ou Track, l’Alpine sort des ronds-points et des virages comme un boulet de canon. La caisse prend un peu de roulis mais les roues sont scotchées au bitume. Impressionnant ! Qu’est ce qu’il est plaisant d’emmener une voiture aussi compacte. On a véritablement l’impression de ne faire qu’un avec la voiture et de ressentir ce que fait chacune des roues. Parfait ! Notre trajet nous emmènera enfin jusque sur l’Ile de Ré et ses petites routes serpentant entre les villages. La fin du périple sera donc plus typée douceur que dynamisme. L’Alpine se montre ici très docile et agréable.
Alpine A110 GT : Plus, mais pourquoi pas moins ?
Après plusieurs jours à bord de l’Alpine A110 GT, une grosse question me vient à l’esprit. Qu’apporte la GT par rapport à la Pure ? Un moteur de 300 ch au lieu de 252 ch ? C’est le cas, mais est-ce bien nécessaire ? Les sièges réglables par rapport aux baquets ? En effet, c’est vrai… Quelques touches de cuir, elle a aussi. Mais ces ajouts sont-ils utiles ?
Reprenons. Le moteur marche du tonnerre mais soyons honnêtes, cela ressemble plus à un argument marketing qu’autre chose. Les 252 ch du moteur de la Pure donnent déjà largement assez pour un usage sur route. Et si 300 ch sur piste vont être utiles, le choix du client dans ce cas irait peut être plus vers une S… Concernant les sièges réglables, après plusieurs jours à bord, ils se montrent moins confortables que les baquets des S et Pure. Pire, le baquet de la R que Julien a essayé sur la même période se sont avérés plus confortables… Il reste évidemment le cuir marron. Il est très beau mais justifie-t-il tout ce qui va autour ? Après réflexion, est ce qu’une Alpine équipée du 1.3L TCE en 163 ch ne serait pas une bonne entrée de gamme, encore plus légère ? Question ouverte, nous n’avons évidemment pas la réponse…
Alpine A110 GT : prix et concurrence
Lorsque l’on cherche une petite sportive 2 places sur le marché actuel, les propositions sont très limitées. Nous retrouvons l’Alpine évidemment, mais aussi la Mazda MX-5 RF, les Toyota Supra et GR86, et enfin la Porsche Cayman. La grille tarifaire du malus changeant à la fin de l’année, nous vous proposons les prix 2023 et 2024. Ce sera un peu plus lourd à lire…
Ainsi, notre Alpine A110 GT démarre à 72.500 €. Pour ce prix là, vous aurez quasiment tout ce qu’il faut, mais quelques options viennent s’additionner. La couleur Acier Métal 079 de l’atelier (5.150 €), la couleur des étriers, et quelques bricoles supplémentaires augmentent le prix. Le tout fait culminer notre berlinette de 300 ch à 80.374 € malus de 2.049 € inclus pour 2023. En 2024 l’Alpine grimpera à 81.243 € suite à l’augmentation du malus (2.918 €).
Du côté des petites sportives moins puissantes, on retrouve la Mazda MX-5 et la Toyota GR 86. Avec ses 184 ch, la MX-5 RF en finition Kazari (43.275€) vous coûtera 45.480 € avec malus en 2023. (46.394 € en 2024). La GR86 sera à vous contre un chèque de 50.850 €, malus inclus également pour 2023. Cependant, la Toyota ne sera plus proposée à la vente en France suite au malus exorbitant de 60.000 € en 2024. Cela ferait grimper à 93.000 € le prix du petit coupé…
Chez Toyota toujours, il existe la Supra qui s’offre avec deux motorisations bien différentes. Un quatre cylindres de 258 ch ou un six cylindres de 340 ch peuvent se trouver sous le long capot. La version 4 cylindres (58.600€) sera à vous contre 62.000 € en 2023. (+1.500 en 2024). La version à 2 cylindres de plus (70.200 €) sera à vous contre 82.000 €. (100.000 € en 2024). D’ailleurs elle existe en boite mécanique… Enfin la Porsche Cayman configurée de façon équivalente (82.500 €) sera à vous contre 115.500 € en 2023. (145.500 € en 2024).
A110 GT : en conclusion
Ce nouveau périple en Alpine A110 nous a permis d’une nouvelle fois être témoin de la côte de sympathie de la petite berlinette. Où que l’on aille, la voiture attire l’œil, attire autant les passionnés que les badauds. Notre semaine de roadtrip nous a permis d’apprécier la polyvalence de l’Alpine. Oui, ce ne sera pas la voiture la plus habitacle, une Cayman fait largement mieux, mais pour autant cela reste relativement logeable. De plus, les sensations sont au rendez vous et ne sont pas en retrait par rapport à la S. Sauf peut-être sur circuit… Le confort reste cependant spartiate et ne se distingue pas assez des versions Pure et S. L’Alpine A110 GT fait donc tout très bien, mais n’apporte pas ce petit plus qui justifierait ce badge synonyme de longs voyages et de Dolce Vita. Ce n’est pas très grave, elle compense largement par ses prestations.
Pour finir, retrouvez ci-dessous la galerie photos habituelle ainsi que le tableau récapitulatif des points les plus marquants :
Les + | Les – |
Touché de route | Esprit GT ? |
Dynamisme | Prix élevé |
Dimensions compactes | Quelques errances de finition |
Texte et photos : Antoine
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