Dans la vie d’essayeur automobile, il y a des voitures que l’on prend plaisir à essayer et même a réessayer. Certaines poussant même à tester toutes leurs configurations tant on se sent bien à leur volant. Parmi celles-ci, on retrouve l’Alpine A110. Et après les versions Pure, S et GT, il nous fallait tester la plus extrême, celle qui chapeaute la gamme, l’A110 R. C’est elle qui est censée être à l’opposée de la version GT essayée en même temps par Antoine. Alors, trop radicale cette version R ? C’est ce que nous allons essayer de déterminer. Essai Alpine A110 R : l’évolution ultime ?
L’Alpine A110 R et son look sans compromis

On ne va pas refaire le tour complet de la voiture. Si vous nous lisez régulièrement, vous avez déjà eu la description en large et en travers de la petite berlinette, aux dimensions si compactes. Et vous savez déjà qu’on l’aime, cette Alpine A110. Que ce soit sa silhouette générale, son gabarit… elle respire fort l’automobile passion, celle qui anime le cœur des bagnolards.




Pour la version R, Alpine a décidé de jouer la carte de la radicalité. On retrouve un package aérodynamique complet composé de diverses pièces en carbone. Capot, toit, lame avant, jupes latérales, diffuseur, lunette arrière, aileron ou encore les jantes dépareillées entre l’avant et l’arrière. Tout y passe ! Oui, même la lunette arrière qui devient complètement occultée.

Chacune de ces pièces a été étudiée pour apporter un gain de poids, de Cx ou bien les deux. Ainsi, le résultat se veut démoniaque visuellement parlant. Si l’Alpine A110 de base est déjà sympathique, celle ci est juste extraordinaire et vraiment très peu discrète. La teinte optionnelle Bleu Racing Mat (6000 €) directement récupérée des Formule 1 de l’écurie BWT Alpine F1 Team n’y est pas pour rien. Elle souligne à la perfection les différentes lignes de style de la voiture, et contraste avec les éléments en carbone..
Des performances améliorées

Toutes ces optimisations ne sont pas là pour rien. Elles permettent à la voiture de gagner 34 kg par rapport à une A110 S . Ainsi, l’A110 R devient la plus légère des Alpine modernes avec un poids de seulement 1082 kg. Un exploit pour une voiture moderne. Dans le créneau des sportives plaisir, seule la Mazda MX-5 est un peu moins lourde, mais n’a ni turbo, ni boîte automatique pour être plus légère.
La garde au sol de l’A110 R est abaissée de 10 mm par rapport à une A110 S et 14 mm par rapport une A110 « classique ». La garde au sol peut encore s’abaisser de 10 mm supplémentaires pour une utilisation circuit. Couplé au gain de 29 kg d’appui par rapport à une A110 S équipée du pack Aéro, elle en devient l’Alpine la plus rapide en courbe. Mais pas uniquement. En effet, la berlinette offre également une vitesse de pointe de 285 km/h et un 0 à 100 km/h qui tombe à 3,9s. L’A110 R rentre aussi dans le club très select des sportives passant sous la barre des 22s au 1000m DA.

Tout ces chiffres sont bien beaux, mais qu’a fait Alpine sur le moteur pour obtenir ces performances ? Rien … absolument RIEN ! Si c’est un peu dommage d’un côté, cela montre aussi le savoir faire de la marque en optimisation du châssis et des trains roulants d’un véhicule déjà existant. Comment aller chercher des records sans tout refaire. Cela garde aussi l’avantage d’une fiabilité déjà éprouvée et de consommations qui s’annoncent aussi basses que le reste de la gamme. Mieux encore, grâce au poids gagné, l’A110 R est sur le papier l’A110 qui rejette le moins de CO2/km avec seulement 156g de C02 / km. (Malus 2023 : 2370€ / Malus 2024 : 3331€).
Alpine A110 R : un intérieur dans la lignée

A l’intérieur les changements sont « minimes » si l’on ne prend en compte que le nombre de pièces nouvelles. Pourtant, le cockpit est transformé grâce aux sièges baquets en carbone Sabelt Track. Véritables pièces d’orfèvrerie, ces sièges sont couplés à des harnais 6 points en lieu et place des ceintures de sécurité pour un esprit course sans faille. Il est à noter que ces harnais sont homologués pour la route et qu’aucune ceinture de sécurité n’est proposé en parallèle, comme très régulièrement dans la concurrence, même très haut de gamme. La voiture gagne ainsi 5 kg sur la balance uniquement avec ces sièges et ces harnais.


Outre la plaque numérotée spécifique à l’A110R, on retrouve également comme petite différence l’adoption d’une lanière en tissu rouge pour fermer les portes. Dommage cependant d’avoir conservé la poignée de porte d’origine. Chez Porsche sur le Cayman GT4 par exemple, c’est la lanière qui tire sur le mécanisme. Certes ça ne change en rien le poids, mais cela contribue à l’ambiance très racing de ce genre d’automobiles.


Hormis un garnissage microfibre, le reste de l’intérieur est inchangé. On y retrouve (malheureusement) l’écran central en totale rupture avec les véhicules actuels. Que ce soit par son interface, sa taille ou par son absence de fluidité, vous ferez un bon de plusieurs années en arrière. Le compteur voit son interface mise à jour pour afficher le logo A110 R tout en gardant le visuel d’une A110 basique, dommage.
Start engine !

Pied sur le frein, appui sur le bouton de démarrage, la moteur démarre et nous projette dans une ambiance sportive avec un « cold start » très sonore. Si le moteur n’a pas été modifié, l’échappement a été revu. Une canule d’échappement spécifique à double parois réalisée en impression 3D pour isoler les gaz d’échappement et éviter de bruler les pièces environnantes a été rajoutée. Une fois sur la route, cela ne permet pas de changer le son qui semble identique à l’A110 S. Mais visuellement, ces canules s’insèrent à la perfection dans le gros diffuseur en carbone.

Installé dans le siège baquet avec les harnais, je prends d’abord plaisir à redécouvrir la voiture. Celle ci est étonnamment confortable. Très confortable même. Au point qu’elle est même plus confort que l’A110 GT essayée sur la même période et également plus souple en suspension. Pour autant, elle n’en perd pas son coté « coursifié » avec une direction très directe qui lui confère un comportement de karting.

Pour une utilisation quotidienne, on sera vite gêné par les harnais qui empêchent certains mouvements, comme badger à une barrière de parking par exemple. De même, le retrait de la rétrovision arrière est assez perturbant et la caméra de recul propose une qualité d’une autre époque. Dommage de ne pas avoir utiliser le système numérique de la Mégane. En conduite soft, l’Alpine A110 R propose cependant un véritable appétit d’oiseau. Si je n’ai pas réussi à réaliser le score d’Antoine lors de son essai de l’A110 GT, la moyenne de consommation est tout de même vite tombé sous les 8 litres pour 100 km. Plus que correct pour une voiture de 300 ch.
Mode track engagé

Plus encore qu’une A110 classique, cette A110 R tient le R de son nom de son coté Radical. Si nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de l’essayer sur circuit, son comportement sur route est absolument incroyable. Les réglages de suspensions la transforment en véritable voiture de course, associés aux Michelin Pilot Sport Cup 2 qui proposent des flancs très rigides. On découvre une voiture qui passera dans chaque virage à des vitesses inavouables sans pour autant être arrivé aux limites de celle ci.

Le freinage Brembo, identique en apparence est mordant et endurant. Aucune communication d’Alpine sur un changement de garnitures ou autre. Il est assez difficile de réellement comparer mais sachez qu’il ne vous mettra pas en défaut. De même, Alpine n’a pas communiqué sur des modifications au niveau de la boite de vitesse. Pourtant l’étagement semble différent : elle présente moins de peps à bas régime mais une plus grande allonge. Simple ressenti ou réelle modification ?
En mode Track, la voiture se conduit uniquement aux palettes et désactive les aides à la conduite. Pour autant, si la voiture fait corps avec la route elle ne m’a jamais mise en défaut ou fait peur. La tenue de route est réellement exemplaire. La voiture ne prend aucun roulis et se placera sur la route au millimètre près à l’endroit que vous souhaitez. L’essai a été réalisé en septembre bien sec et chaud, ce qui pourrait expliquer le grip phénoménal. Il est certain que l’histoire pourrait être différente si la route était humide et grasse comme en ce moment…
Des concurrentes ?

L’Alpine A110 R court dans une catégorie vraiment spécifique : celle des voitures de piste homologuées pour la route. Dans cette optique, il n’est pas évident de lui trouver de réelle concurrence surtout dans le budget initial.
Certes, à 118.000€ optionnée on ne peut pas dire que ce soit réellement cadeau. Cependant, la seule voiture qui me vient à l’esprit pour se placer en face est la Porsche 718 Cayman GT4 en l’optionnant dans un esprit radical. Si le prix de départ est proche, la qualité de fabrication, la puissance et tout un tas d’autres détails en font des fausses amies. Et une fois les options appliquées et la malus payé, la différence sera encore plus flagrante.
Pour ceux qui veulent tout de même comparer, le Cayman GT4 se négocie au même prix qu’une A110 R si l’on prend de l’occasion récente. Il faut toutefois faire l’impasse sur des spécificités exclusives comme les jantes carbone proposées par Alpine.
Et si sa vrai concurrente était au final elle-même ? Une A110 S Pack Aéro avec les sièges racing, le toit carbone et quelques options se négocie à 88.000€. Une différence de prix de 30.000€ non négligeable même si l’on perd le coté collector qui lui assurera une valeur de revente haute au même titre que la gamme Trophy R sur les Mégane.
Alpine A110 R : un bonheur sans limite

Vous l’aurez compris au fur et a mesure de la lecture de l’article ainsi qu’au titre de la conclusion, cette voiture est juste géniale et incroyable. Je retrouve le ressenti des Pure et S, de façon encore plus poussée et plaisante. Certes, c’est un budget qui limite cette voiture passion à une clientèle « fortunée », mais je n’avais encore jamais pris autant de plaisir sur un essai. C’est le cœur brisé que j’ai du rendre la voiture au parc presse.
Retrouvez juste après notre tableau récapitulatif ainsi que notre traditionnelle galerie photos regroupant l’intégralité des clichés réalisés pendant l’essai :
Les + | Les – |
Look ravageur | Prix élitiste |
Plaisir de conduite | Pas d’évolution moteur par rapport à la S |
Consommation raisonnable | Equipements en retard technologiquement |
















































Texte et photos : Julien HUET pour Virages Auto
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