Skip links

Essai Audi S3 : Sportive embourgeoisée

D’année en année, l’Audi A3 a grandi au point de passer de la petite citadine dans les années 90, à la compacte cossue que l’on connaît aujourd’hui. Ce changement de gamme s’est accompagné d’un changement tarifaire aussi, à tendance haussière. La S3 a forcément évolué avec l’A3. La précédente version se montrait véloce, sans être transcendante. Ainsi, nous prenons en main la dernière mouture, édition 2021. Que vaut donc cette dernière version ? C’est la question que l’on se pose dans cet essai. Essai Audi S3 : sportive embourgeoisée.

Un extérieur sans prétention

On ne va pas se mentir. Aujourd’hui dans la gamme Audi, pour trouver un look ravageur et différenciant, il faut plutôt tabler sur la gamme RS que la gamme S. Cette Audi S3 ne déroge ainsi pas. Si elle se fait remarquer grâce à sa couleur rouge, les moins attentifs ne saurons pas forcément différencier cette S3 Berline d’une simple A3 avec le pack S-Line. C’est à la fois une force, mais c’est un peu décevant.

Notre modèle d’essai sort tout de même un peu du lot grâce à un package d’options très sympa, mais indisponibles en France. Notre modèle est en effet une version Edition One. Ce pack, facturé 5.910€, apporte des jantes 19’’ Audi Sport, les coques de rétroviseurs ainsi que le becquet de coffre en carbone ou encore les phares Matrix LED. Ces derniers renforcent le côté « agressif » de la face avant. Le Rouge Tango (en option à 900€) associé au toit noir brillant (à 500€) et au toit panoramique (1.400€) lui donne une ligne très sympathique.

La coupe berline, on aime ou on n’aime pas. Personnellement, j’ai tendance à la trouver plus sportive dans cette définition que dans la livrée Sportback. Cette dernière est un peu trop classique et encore plus passe partout. En pleine vue arrière, le becquet carbone fini la ligne et surligne bien les 4 pots d’échappements en bas de pare-choc.

Audi S3 : Un intérieur de qualité

A l’intérieur, on ne change pas une équipe qui gagne. C’est simple mais propre et bien fait. La qualité des différents écrans est tout simplement superbe en plus d’être réactifs. Notre modèle d’essai est équipé des sièges gainés de cuir nappa estampillés S avec surpiqûres rouges du plus bel effet. On retrouve également le Virtual Cockpit similaire à ceux que j’avais pu essayer dans l’A1 40TFSI, le Q8 ou encore la TT RS. Audi frappe cependant une nouvelle fois très fort avec son option audio Bang & Olufsen à « seulement » 610€ qui vous emporte dans une autre dimension.

Côté équipement, on retrouve ensuite un affichage tête haute (980€), des sièges électriques à mémoire (1480€) et massant (550€) en plus des standards de la marque et des diverses aides à la conduite qui sont devenues légions au fil du temps. Pour compléter la planche de bord, celle-ci est ornée d’insert décoratifs en carbone « Atlas Structure » (560€). Ce matériau est une sorte de carbone tissé sans vernis, laissant ainsi le toucher granuleux de la fibre tout en ayant un aspect très qualitatif et sportif.

On ne semble pas avoir énormément d’options mais l’addition finale nous ramène à la raison. Si le prix de base de l’Audi S3 est de 57.290€, notre modèle d’essai coûte la bagatelle de 73.920€… hors malus écologique de 6.375€ pour 182g de CO2 ! Encore pire, en tentant de refaire la configuration sur le site officiel d’Audi, je tombe à 76.145€ soit 18.855€ d’options. De quoi s’acheter une seconde voiture à la place ?

Une auto à double facette

Il est temps de passer au volant. A titre personnel, je roulais au quotidien en Leon Cupra TSI 290. Autant vous dire que le 2.0 TSI je le connais bien. Ma première impression lors du retour de Paris, où j’ai récupéré la voiture, a été que je trouvais la voiture assez lourde. C’est sûrement la faute au système Quattro mais on se demande où se trouvent les 310 chevaux. Les sensations sont complètement lissées au point qu’on se retrouve avec une conduite typée diesel. Pour autant, impossible de descendre sous la barre des 9 litres au 100 km. Etonnant !

Au fil du temps, on apprend à connaître la voiture. Et là où on perd en sensations de conduite en ville et à basse vitesse, on s’y retrouve avec une grande stabilité dans les courbes rapides grâce au travail du Quattro. Une sensation de sécurité qui rassurera sûrement le père de famille qui balade sa troupe dans la S3. Cependant, ça ira au détriment des amateurs de sportivité. On est loin d’une Toyota Yaris GR qui reste la référence actuelle dans ce domaine, ou même d’une Renault Mégane R.S. qui offrira une conduite avec moins de compromis.

Audi S3 : La cavalerie est là !

Dans le titre d’avant, j’évoque la double facette de l’Audi S3. En effet, après avoir appréhendé la voiture en mode « Comfort », je me suis amusé en mode « Dynamic ». Étonnamment, la voiture réagit de manière vraiment différente au point que l’on pense essayer une nouvelle auto. La voiture semble libérée, la boîte de vitesses est plus rapide, la direction plus ferme et surtout on a enfin l’impression de retrouver les 310 chevaux. Est-ce la gestion de traction qui envoie plus de puissance sur les roues avant pour couper l’effet Quattro ou est-ce un simple effet placebo ? J’ai encore du mal à savoir tant ce changement de tempérament m’a surpris.

Ce mode Dynamic rajoute aussi un faux son à l’échappement qui semble pour une fois plutôt bien calibré. En effet, on pourrait presque se laisser avoir en croyant que la voiture est équipée de clapets dans le silencieux. Malheureusement, la présence du FAP ne laisse l’ombre d’un doute. Les voitures de série avec un son bien rauque et des pétarades au rétrogradage, c’est fini.

C’est également dans ce mode « Dynamic » qu’on s’amuse réellement. J’en profite pour passer sur la commande manuelle avec palettes au volant pour booster encore un peu le dynamisme, bien que boîte de vitesses S-Tronic à 7 rapports le fait très bien naturellement. Les montées en régime moteur sont vives, la voiture enchaîne les courbes avec brio sans difficulté notable… C’est efficace, mais si on la compare à la concurrence directe, elle manque de fun.

Sportive de ville ou compacte de sport ?

Quelque soit le mode de conduite choisi, il faut avouer que cette Audi S3 est au final une auto bonne à tout faire. Pour autant, c’est assez logique quand on sait qu’elle coûte le prix de deux voitures pouvant chacune permettre une utilisation particulière. Elle concilie la sportivité et le confort tout en étant tournée de manière assez nette sur un côté bourgeois. Pour une version plus sportive, il faudra attendre la nouvelle RS3 qui ne devrait plus tarder à montrer le bout de son nez. Ou alors, il faudra se tourner vers une TT RS, mais celui-ci aura du mal à transporter tout le monde… cruel dilemme !

Retrouvez ci-dessous la traditionnelle galerie photo réalisée pendant l’essai.

Texte et photos : Julien HUET pour Virages Auto
Rejoignez-nous sur Facebook et Instagram