A partir des années 60, le sigle TI (puis ti), signifiant Turismo Internazionale, est apposé sur les modèles sportifs de BMW. Disparu en 2004 avec la fin de la 325ti compact, la marque bavaroise a décidé récemment de ressusciter le blason historique, en parallèle de la griffe M déjà existante. La petite BMW 128ti vient ainsi se positionner en sportive accessible, en face d’une Golf GTI ou d’une Cupra Leon. Moins radicale que la M135i, elle promet une expérience de conduite plus orientée plaisir que performance. Alors cette BMW 128ti, réel retour aux sources ou tour de passe-passe marketing ? Essai BMW 128ti : il faut sauver le soldat ti.
BMW 128 ti : la carte de la discrétion
Au premier regard sur cette BMW 128ti, on voit une Série 1 classique avec quelques éléments de carrosserie M Sport. Et bien c’est le cas. Seul le badge « ti » apposé sur les bas de caisse, juste avant les roues arrières, ainsi qu’à l’arrière, permet clairement de distinguer cette Série 1 d’une autre. Le bouclier avant est tout de même légèrement différent de celui de ses homologues, avec une calandre noire pleine et des ouïes ouvertes. Dans l’ensemble, cette BMW 128ti est plutôt discrète. Enfin c’est sans compter sur la très belle teinte « Melbourne Red » qui fait tourner nombre de têtes, mais supprime les touches de rouge sur l’extérieur de la carrosserie.
Mais ne vous y méprenez pas, on retrouve tout de même quelques attributs sportifs qui permettent à cette BMW 128ti d’exhiber son caractère. Les jantes 19 pouces 552 M bicolores (660€, 18 pouces de série), la suspension rabaissée de 10mm, les phares fumés (300€), le becquet arrière M (260€) ou encore le diffuseur avec les deux sorties d’échappement sont de la partie. Cette BMW 128ti s’annonce donc pour le moment comme une Série 1, visuellement assez sage, voire timide sans les options, cachant je l’espère sa vraie nature. Seuls les observateurs les plus pointilleux sauront reconnaître sa vraie identité. Si ça peut être un avantage dans un monde autophobe, c’est surprenant de la part de BMW, surtout face à une Renault Mégane R.S. plus affutée visuellement (diffuseur, prises d’air, sortie d’air, ailes larges, capot, etc).
Bienvenue à bord d’une… Série 1
A l’intérieur, on continue dans le registre de la discrétion puisque l’on retrouve là encore l’intérieur d’une Série 1 bien équipée. La finition est qualitative mais manque de personnalité. Les matériaux sont sombres et classiques et le style global est vu et revu. Cependant, vous pouvez également aller sur un intérieur marron du plus bel effet en option. En même temps, la remarque s’applique à l’ensemble de la gamme Série 1, mais on aurait apprécié une touche spécifique apportée par cette déclinaison ti. Il y a bien la broderie ti apposée sur l’accoudoir mais c’est là la seule différence. Quelques surpiqûres et éléments de style M Sport sont cependant présents. Il est tout de même dommage de voir de belles pièces travaillées, comme les molettes des aérateurs centraux ou les poignées de portes, côtoyer d’autres pièces bien plus classiques, comme les commandes de climatisation.
Une fois installé à bord, on se sent tout de même bien dans cette BMW 128ti. L’assise est confortable, la prise en main du volant est bonne malgré un énorme tour de jante (je sors d’une Peugeot avec le petit volant ). L’écran central est tactile, en plus de pouvoir être pilotable via la molette joystick en console. Notre BMW 128ti d’essai profite également d’un affichage tête haute, ce qui est plaisant à voir sur ce segment. En revanche, notre modèle d’essai n’est pas équipé des aides à la conduite aux standards actuels. Positionnement dans la voie et régulateur de vitesse adaptatif sont aux abonnés absents, même en option.
Au volant de la BMW 128ti
La BMW 128ti est une traction équipée du 4 cylindres essence 2.0L TwinPower délivrant 265ch. C’est une révolution pour une BMW dynamique. Le tout est couplé à une boîte de vitesses automatique Sport à huit rapports. Un différentiel mécanique à glissement limité Torsen ainsi qu’une direction M Sport font également partie de la fiche technique. Sur le papier, on a tous les éléments pour faire de cette BMW 128ti une petite bombinette fun et jouissive, au comportement annoncé comme très différent de celui de sa grande sœur M135i.
Pourtant, une fois au volant, ce ne sont pas vraiment les attributs qui viennent à l’esprit. En conduite classique et en mode Normal, la BMW 128ti souffre de sa suspension raffermie et rabaissée et de ses jantes 19 pouces. La notion de confort peut se montrer toute relative, surtout en ville ou sur des routes mal carrossées. Alors certes, c’est un peu mieux qu’une Mégane R.S. ou qu’une ProCeed en ville, mais ce n’est pas la polyvalence d’une Cupra Leon. Sur les axes plus roulants, la voiture se montre à son aise, offrant un comportement tout à fait sain, sans rebonds.
En conduite un peu plus soutenue et avec le mode Sport enclenché, la BMW 128ti se réveille un petit peu. Les relances sont bonnes mais pas explosives. La voiture semble se plaire sur les grandes courbes, avec une conduite plus « coulée » que « couteau entre les dents ». Cet effet me vient de la boîte de vitesses. Son réglage semble typé pour des relances souples plus que pied au plancher. Dans le cas où vous mettriez la pédale contre le tapis, la boîte fera sauter 2 ou 3 rapports avec la vitesse et la délicatesse d’un Panzer.
Malgré le différentiel Torsen censé aider la voiture, le train avant peine à trouver sa motricité, surtout dans les sorties de ronds points et épingles. Il faut dire que les virages serrés et les routes grasses de début décembre n’aident pas, mais c’est dommage car sur le sec cela doit être plaisant. La direction se montre pour autant plutôt bonne, remontant pas mal d’information et permettant de bien comprendre quelle roue adhère et laquelle n’adhère pas. Sur le sec (ou sur le papier), cela permet d’être précis dans ce qu’on demande, et de comprendre ce que fait la voiture.
Les différentes phases de conduites de cet essai m’ont toutes confortées dans mon ressenti. La direction est très précise et permet d’enchaîner les virages sans difficultés alors que les trains roulants seront souvent en difficulté avec nos températures basses (moins de 5 °C tout le long de l’essai). Le moteur a du répondant et ne semble jamais s’essouffler, jusqu’en haut du compte tours. Par contre, il souffle de façon continue, sans le petit coup de boost à mi parcours mettant le sourire sur votre visage. En revanche, la boîte de vitesses souffre d’un réel manque de réactivité et de douceur, et ce même avec les palettes et quelques soient les phases de conduite. Enfin, comme pour bon nombre de constructeurs, le système audio émet un affreux faux son de moteur. On aurait très bien pu s’en passer, bien que l’échappement ne soit pas réellement très expressif malgré l’ouverture des clapets.
Notre avis
La BMW 128ti est donc une compacte dynamique et discrète. Cependant, elle n’est pas hyper fun et n’apporte pas grand chose en plus au quotidien si ce n’est un moteur puissant et une direction ultra-précise. On est loin du sourire aux lèvres d’une Mégane R.S. par exemple. On se retrouve ainsi face à une voiture qui a du potentiel mais qui ne semble pas s’exprimer jusqu’au bout, en tout cas sur chaussée humide. On s’interroge sur la place de la 128 ti dans la gamme… Moins polyvalente et confortable qu’une 120i, moins agressive et performante qu’une M135i, la BMW 128ti se positionne en tant que Série 1 « débridée » sans pour autant procurer un plaisir intense. Une version ti venue combler un « vide » de puissance sans pour autant créer un outil mémorable comme l’était la 130i E87.
Proposée à partir de 46 550€ et affichée à 55 490€ dans notre configuration d’essai, la BMW 128ti souffre enfin de son prix. Avec 164g/km, le malus 2022 s’élève à 2 918€. Côté concurrence, on peut citer la Hyundai i30N, pas plus confortable mais plus charismatique. Notons également la CUPRA Leon VZ, un peu plus originale, ou encore la Ford Focus ST, plus puissante mais aussi plus accessible. Mais, personnellement, si je devais réellement jeter mon dévolu sur une petite compacte / citadine dynamique, je choisirais plutôt une Suzuki Swift Sport, bien plus amusante à conduire malgré une centaine de chevaux en moins et une catégorie inférieure. Ou une Toyota GR Yaris, plus nerveuse et étonnamment polyvalente, mais plus petite également.
Retrouvez l’habituelle galerie photo de l’essai ci-dessous :
Texte et photos : Anthony
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