Il y a un peu plus d’un ans, je prenais le volant du premier modèle 100% CUPRA du catalogue, le Formentor, en version haut de gamme VZ. Premier modèle dédié à CUPRA oui, mais moteur et chaîne de traction commune à bon nombre de modèles déjà essayés sur le site. La recette, bien qu’efficace, m’avait laissé sur ma faim. Hormis son look spécifique qui le fait sortir du lot, le CUPRA Formentor VZ n’apportait que peu d’originalité et surtout manquait cruellement de caractère. Aujourd’hui, je prends le volant de la nouvelle version VZ5, qui cache en son cœur le tant attendu 5 cylindres emprunté à Audi. Mais cette nouvelle greffe d’organe rend-elle le Formentor VZ5 plus excitant à conduire ? Ou est-ce un énième coup marketing cher au Groupe Volkswagen ? Essai CUPRA Formentor VZ5 : dopage en règle.
La pépite esthétique
Esthétiquement, ce CUPRA Formentor est toujours aussi plaisant à regarder. Avec son look de crossover bodybuildé et son long capot, il sort clairement du lot. Depuis la disparition de l’Infiniti QX70 sur le marché européen, le Formentor semble être le seul à perdurer ce look si particulier. Une singularité esthétique qui fait tout son charme, à l’instar du Mini Clubman.
Pour différencier le Formentor VZ5 des autres versions, il faut ouvrir l’œil. Sur la face avant, très peu de changements, si ce n’est le passage au carbone pour la lame avant. C’est subtil, mais c’est dans l’ADN de CUPRA et de ce Formentor VZ5, orienté sur la performance pure. C’est joli donc, mais c’est aussi très fragile. Dommage qu’elle soit déjà pleine d’impacts de gravillons sur notre modèle d’essai. Cette lame avant en carbone, que l’on retrouvera également sur la face arrière, se marie très bien avec la teinte de carrosserie Gris Magnétique Mat.
Si la différence de teinte sur le précédent modèle essayé (carrosserie Bleu Pétrol Mat et appendices gris brillant) rehaussait la caisse et renforçait le côté statutaire, ici c’est beaucoup moins marqué. Les éléments en carbone et les éléments en gris brillant se fondent presque dans le gris de la carrosserie, pour davantage assoir la caisse et donner un look plus posé au sol, plus agressif au Formentor VZ5.
Le passage en jantes 20 pouces (19 sur le Formentor VZ) Supreme Black Copper renforce également l’agressivité du Formentor VZ5. Elles permettent de dévoiler les énormes disques et étriers peints de couleur bronze. A l’arrière, le Formentor VZ5 se voit doté d’un nouveau badge sur le hayon permettant de distinguer la version. Mais l’élément qui est sans doute le plus distinctif, c’est le diffuseur arrière en carbone et les quatre sorties d’échappement disposées en trapèze, comme sur une Lexus GS F ou une Abarth F595. Cette disposition, un peu particulière, promet-elle une véritable sonorité ? C’est ce que nous allons vérifier.
CUPRA Formentor VZ5 : peu mieux faire à l’intérieur
Mais avant de passer à la partie conduite, faisons un petit détour par l’intérieur. Sur le Formentor VZ5, rien ne change par rapport au VZ précédemment essayé. Rien, ou presque rien pour être plus précis. Le Formentor VZ5 reçoit des sièges baquets Cup Bucket en carbone et cuir noir qui lui sont propres, mais c’est en option à 2.320 €.
Indéniablement, ils sont magnifiques et maintiennent extrêmement bien. Cependant, et si vous êtes un petit gabarit comme moi, qui conduit assez rapproché du volant, ces sièges peuvent vite devenir contrariant à utiliser. Chaque entrée/sortie du véhicule est un véritable parcours d’obstacles. Je dois enjamber le bourrelet extérieur de l’assise, sans exploser mon genou dans le volant, tout en me hissant pour passer mon buste au dessus. J’aurais vraiment apprécié une électrification de ces sièges et l’ajout d’un système easy entry, mais non. Pour les plus grands gabarits dans l’équipe, c’est beaucoup moins problématiques.
Aux places arrières, ces sièges baquets font à nouveau défaut. Vous aurez une très belle vue sur le carbone c’est vrai, mais c’est tout ce que vous verrez. Comme sur les sièges baquets du CUPRA Ateca, ils masquent quasi intégralement la visibilité frontale depuis les places arrières. C’est assez dérangeant et c’est malheureusement récurrent à de plus en plus de voitures… Le voyage aux places arrières se fera donc soit en se décalant au centre de la voiture, soit depuis les vitrages latéraux. Malgré la configuration de l’habitacle, ces fenêtres conservent heureusement une taille raisonnable.
Pour le reste, le Formentor VZ5 coche toutes les cases. Connectivité, aides à la conduite au standards actuels, nombreux rangements, coffre volumineux. Seuls les matériaux choisis sont un peu décevant dans un véhicule à ce tarif. Il y a de trop nombreux plastiques durs contrastant avec les jolis éléments. L’absence de toit panoramique est également dommageable (surtout à l’arrière), d’autant que le plafonnier manque cruellement d’insonorisation dans cette configuration.
5 cylindres : le plaisir retrouvé ?
Au démarrage, le Formentor VZ5 se montre déjà plus expressif, avec un vrombissement davantage présent. Le 5 cylindres 2.5 L de 390 ch, repris de ses cousines Audi RS 3, RS Q3 et TT RS, semble immédiatement vouloir montrer de quoi il est capable. Mais patience, commençons calmement. Le CUPRA Formentor VZ5 possède six modes de conduite : Comfort, Sport, Cupra, Drift (!), Individual et Offroad. En conduite classique quotidienne en région parisienne, le mode Comfort est tout indiqué. Cependant, le traitement spécifique qu’a reçu ce Formentor VZ5 pour agrémenter le côté performance, réduit d’entrée le confort. Amortissement raffermit, direction rigidifiée, pneumatiques plus larges de 10 mm, tout ceci rend les trajets en ville très fermes. Séance de tassement de vertèbres assurée si la route n’est pas parfaitement lisse.
En réalité, le Formentor VZ5 n’est réellement plaisant que dès que la route se dégage et que l’on se lâche un peu. Son terrain de jeu favori ? Les routes avec de longues courbes et enchainements de virages, plutôt que l’interminable labyrinthe urbain. Ainsi, c’est uniquement au sortir de la région parisienne que je découvre vraiment ce Formentor VZ5.
Sur le Formentor VZ « classique », le très efficace mais sans surprise 2.0 L de 310 ch entraînait le SUV dans certaines limites que beaucoup d’autres voitures n’auraient pas atteintes. Avec le 2.5 L et ses 390 ch, le Formentor VZ5 va encore plus loin. Comme sur des rails et sans une once de sous-virage, le Cupra Formentor VZ5 est diablement efficace. Grâce à un différentiel électronique doté d’un Torque Vectoring, qui permet, dans les modes Sport et Cupra, d’envoyer jusqu’à 50 % du couple sur la seule roue arrière extérieure au virage, pas une seule trajectoire ne semble lui échapper. De plus, le Formentor VZ5 est rassurant. Une boite de vitesses réactive, un freinage mordant, une tenue de route hors du commun, tout est fait pour n’avoir à se concentrer sur la route et uniquement la route.
Sur petites routes, à rythme soutenu, c’est à se demander comment un SUV peut être aussi efficace. Les vitesses de passages augmentent alors que la voiture semble toujours dire « c’est tout ? Je peux faire mieux tu sais ». Le petit SUV change d’appui de façon efficace, et il semble aussi à l’aise que bien des voitures pourtant plus basses. Le moteur rageur monte dans les tours sans sourciller et déborde clairement de couple. Pourtant, tout passe toujours au sol grâce aux quatre roues motrices. C’est vraiment plaisant à mener. Cela rappelle vraiment les petites GTI d’époque, en un peu plus simple à mener…
Mais si vous voulez déconnecter un peu votre cerveau et faire joujou, il y a le mode Drift. Sur l’essieu arrière est installé un Torque Splitter. Ce différentiel lui permet, comme sur la RS 3 et la Golf R, de disposer d’un mode Drift. Activable depuis l’écran multimédia, et conseillé uniquement avec un pilotage sur circuit, le mode Drift permet d’envoyer l’intégralité du couple sur une des deux roue arrière pour engager la glissade, puis gère indépendamment et électroniquement le couple à envoyer sur les roues arrières gauche et droite. Cela promet donc de longues glissades. C’est un mode que nous n’avons pas essayé, mais à en lire les autres essais disponibles sur internet, il promet de longues sessions de plaisir. Seulement si vous n’êtes pas en manque d’argent pour régulièrement changer vos pneumatiques et refaire votre plein d’essence.
Pour finir, revenons sur la sonorité. Plutôt décevante sur le Formentor VZ, elle est en légère amélioration sur ce Formentor VZ5. Moteur plus rageur disposant d’un cylindre supplémentaire et échappement différent permettent de sortir quelques décibels de plus. Et en charge et à haut régime, le son devient vraiment plaisant. D’habiles coups de pédale permettront également de libérer quelques « pop » ici et là.
Prix et concurrence, où se situe le VZ 5 ?
Cependant, la réalité des finances le rattrape. Avec une consommation légèrement en hausse (environ 11 L/100 km en conduite souple et aux alentours de 14 L/100 km en conduite plus soutenue), le CUPRA Formentor VZ5 saura vous rappeler que vous roulez en 5 cylindres tous les jours.
Comptez 60.000 € comme tarif d’entrée pour le CUPRA Formentor VZ5, et 64.000 € configuré à l’identique de celui de cet essai. Un CUPRA Formentor VZ5 Taïga Edition est aussi au catalogue. Dans une livrée plus « chic » gris Taïga et sellerie en suédine noire et similicuir brun, accessible pour 63.755 €. Son malus assassin (40.000 € en 2022 pour 231 g/km de CO2 mais rabaissé à 32.000 € car plafonné à 50 % du prix TTC du véhicule), nous ne serons pas nombreux à pouvoir mettre la main sur ce CUPRA Formentor VZ5. Limité à 7 000 exemplaires et avec son tarif exorbitant en France (96.000 € donc), il se classe dans une catégorie inatteignable pour une grande majorité d’entre nous.
Côté concurrence, on pense directement à son cousin l’Audi RS Q3 Sportback. Avec 10 ch de plus mais surtout un prix d’appel à 73.150 €, le badge Audi se paye. Dans une configuration similaire, le prix s’établit à 83.250 € avec un malus sur les émissions de CO2 à 34.224 €. Il échappe au malus au poids pour 10 kg seulement. Le prix s’élève donc à 117.474 € clefs en mains, et 110 kg de plus au quotidien.
Le Mercedes-AMG GLA 45 S 4MATIC+ et son 2.0 L turbo de 421 ch est aussi à mettre sur la table. Il perd cependant le côté coupé. Mais là encore son tarif s’envole avec un prix d’entrée fixé à 79.000 €, avant options et avant malus. Une fois équivalent, le GLA 45 S vous coutera 90.599 € auxquels on ajoutera 33.147 € de malus, pour un total à 123.746 € !
Enfin, un BMW X4 M40i quant à lui n’offrira « que » 360 ch, mais verra son prix d’entrée fixé à 80.750 €. Dans une configuration équivalente, le prix s’établira à 91.150 €. Il faudra ajouter 18.188 € de malus CO2 et 1.950 € de malus d’embonpoint. Le BMW X4 M40i ressort ainsi à 111.288 € !
CUPRA Formentor VZ5 : en conclusion
Que penser de ce CUPRA Formentor VZ5 ? Sur le plan du plaisir et de l’originalité, c’est une vraie réussite. CUPRA semble vraiment chouchouter son Formentor, lui donnant toutes les versions et équipements possibles et imaginables. Et c’est tant mieux ! Il sort du lot dans le paysage automobile et arrive même à se démarquer de ses confrères au sein du Groupe Volkswagen. A l’extrême opposée d’un T-Roc R par exemple. Bête à tout faire, la piste sera cependant son terrain de jeu favori si vous tenez à votre permis de conduire. J’ai trouvé la prestation de confort au quotidien tout juste acceptable pour mon usage personnel. On doit vieillir dans l’équipe ! Mais ses agréments de conduite ont su me redonner le sourire. Raison ou cœur, il faudra choisir. De mon côté, le choix n’est pas encore fait.
Finalement, en voyant tous les chiffres précédents, CUPRA tient avec son Formentor VZ5 une pépite. Sur le papier, elle détrône toute la concurrence. Mais au regard de son tarif exorbitant en France et des prestations, certes intéressantes, mais limitées au quotidien dans notre pays, je me dis qu’un Formentor VZ « simple » suffirait amplement. Si par contre vous êtes adeptes de la montagne ou des Autobahn, alors ce SUV 5 cylindres sera parfait, et probablement le dernier du genre…
| Les + | Les – |
| Look toujours aussi attrayant | Confort au quotidien |
| Précision de conduite | Tarif malus inclus |
| Possibilités fun / mode Drift | Finition intérieure |
Retrouvez ci-dessous toutes les photos réalisées lors de cet essai :
Texte et photos : Anthony
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