Vivre avec son temps… Cela paraît si simple et pourtant c’est si compliqué. Être en tête des ventes ou à la pointe sur un sujet ne protège pas de l’avenir, qui avance à marche forcée et à une vitesse effrénée. Et pour y arriver, les échecs peuvent devenir une aide précieuse. Et c’est précisément le cas de la 500 ! L’ancienne génération de Fiat 500 a existé en 100% électrique, et si vous n’en avez jamais vu c’est normal. Elle n’était vendue qu’en Californie, Etat précurseur dans les voitures électriques. De l’aveu de son ancien directeur, chaque voiture vendue faisait perdre de l’argent à la marque et les ventes étaient limitées, d’où l’absence de ce modèle en Europe. Mais cela permettait de faire connaitre la marque aux US… Et surtout d’acquérir une vraie expérience dans ce domaine. Alors, cette nouvelle Fiat 500e est-elle dans la course ? Les défauts de l’ancienne ont-ils été gommés ? Est-ce une citadine pure et dure ? Essai Fiat 500e La Prima : Dolc-e vita!
e-Storia
La Fiat 500 pour l’Italie, c’est comme la 2CV en France : un mythe. Ultra populaire à partir de 1957, elle était simple, peu puissante mais avec une bouille d’enfer. Et il y avait surtout son prix bas la rendant accessible au plus grand nombre. Ce n’est pas pour rien que plus de 4.000.000 d’exemplaires furent produits !
Malgré ce succès, Fiat tourne la page et la remplace par la 126. Plus moderne, elle aura également connu un grand succès. Mais la marque reste consciente que la 500 reste dans le cœur des clients. D’où le lancement en 1991 d’une 500 qui ne s’assumait pas entièrement : la Cinquecento. L’époque n’était pas encore au néo-rétro, la carrosserie est donc typique de ces années : ultra-carrée, à l’opposé de son ancêtre ! Mais comme elle, ce modèle souhaitait offrir un maximum de place dans un minimum d’encombrement et motoriser les ménages les moins aisés. Elle se transformera en Seicento quelques années plus tard.



Et en 2004, c’est le moment tant attendu. Surfant sur les renaissances des Coccinelles et Mini, Fiat présente le concept-car Trepiùno, qui reprend et modernise les lignes de la 500. L’engouement est tel que la décision de la commercialiser est prise.
Cela nous amène en 2007. Tout juste 50 ans après le lancement de la 500 est lancé… la 500. Le style inimitable est modernisé mais l’esprit est là. Surtout, la 500 devient un objet de mode, avec un positionnement Premium. Et pour répondre aux exigences des clients, la gamme est large. Essence, diesel, berline ou cabriolet et d’innombrables teintes et stickers qui permettent d’avoir une 500 unique ! Enfin, n’oublions pas les multiples séries spéciales (plus de 40 !) et les versions sportives Abarth plus ou moins puissantes.

Les ventes ont explosé dès le départ, avec parfois des délais d’un an ! Ce succès n’est jamais réellement retombé, la 500 continuant sa route en haut des classements de ventes malgré ses 15 ans ! La voiture aura certes évolué avec son temps, adoptant entre autres un bicylindre, un compteur numérique, un écran tactile ou un régulateur de vitesse, mais la base reste la même depuis 2007. Un sacré exemple pour les écoles de marketing !
Tout ça pour nous ramener à notre sujet principal. La 500 a toujours su évoluer et s’adapter à son époque et aux envies des clients. Aujourd’hui, la 500 se renouvelle enfin, et tout change ! La base est inédite, le moteur est 100% électrique et les équipements sont à la pointe. Reste l’essentiel : son style et son nom.
Fiat 500e : Topolino
Cette nouvelle Fiat 500e gagne 6 cm en longueur et 4 cm en largeur et hauteur par rapport à l’ancienne. Le style est plus abouti et plus travaillé mais reste élégant et sans arrête, avec une calandre fermée (sans logo Fiat, uniquement « 500 » !), des poignées de portes escamotables ou encore des signatures lumineuses à LED, embarquée dans le capot. Les répétiteurs latéraux sont finement ciselés et les chromes se font plus discrets même si les moustaches perdurent. Le tout est complété par une ceinture de caisse et de vitrage sur cette version « La Prima ». Les jantes bi-ton diamantées sont de série.



Mais pour avoir le très joli Celestial Blue de notre essai, il faudra débourser 2.000 €. C’est une somme élevée, mais qui permettra d’avoir la seule couleur vive du nuancier (en dehors du rouge, disponible uniquement sur les versions RED avec petite batterie). Pour ce prix, vous aurez une teinte nacrée tri-couche, avec des reflets poudrés, qui s’inspirent des teintes célestes.



Et si l’extérieur reste fidèle à la 500 précédente, à l’intérieur tout change ! Le clin d’œil se fera avec le combiné d’instrumentation rond (100% numérique de 7’’) et une multitude de détails sympas pour soigner son Italianité ! Et ce n’est pas du flan : la voiture est produite à Mirafiori. L’absence de levier de vitesse (remplacé par 4 boutons) et de frein à main (électrique) libère beaucoup d’espace de rangement, avec un immense fourre-tout entre les deux sièges. Ces derniers sont en simili-cuir beige avec lettrage FIAT brodé (spécifique sur La Prima) et la planche de bord est en eco-cuir tressé (en gros, du plastique recyclé) alors qu’elle est peinte couleur carrosserie sur les autres versions. Le toit panoramique en verre peut devenir ouvrant contre 850€. A l’intérieur comme à l’avant, pas de logo Fiat, uniquement 500 ! Emancipée la petite…
Andiamo!
Si le changement se fait de manière assez subtile et réussie côté style, on espère que côté conduite, le changement sera plus marqué. L’ancienne génération n’était pas un exemple en termes de confort de suspension ou de position de conduite, comptant sur son glamour pour se faire pardonner. Ne tournons pas autour du pot : on est très bien assis dans cette Fiat 500e ! Le côté « chaise » est oublié, on est assis plus près du sol, les sièges sont fermes (le cuir n’aide pas) mais ils offrent du maintien et le volant devient réglable en hauteur et en profondeur. Autre changement notable, les appuie-têtes eux aussi sont confortables !
Bien dans son temps, le combiné numérique est très lisible et d’une bonne qualité, de même que l’écran tactile 10,25’’ qui est réactif et simple à utiliser associé à la commande efficace. C’est plaisant d’entendre sa musique relancée en CarPlay sans fil dès la mise du contact. On regrettera en revanche la qualité du son assez moyenne et pas d’option Beats comme avant.




Coté habitabilité, il ne faut pas attendre de miracle des 3,63 m. La voiture reste une stricte 4 places et le coffre annonce 185 L. De quoi assurer pour le quotidien avec les courses et aller chercher les enfants à l’école ! Etonnamment, le plancher n’est pas plat au deuxième rang, mais il est possible de rabattre les sièges en 50/50 pour atteindre le volume maximum de 500 L. Deux autres façons permettent d’optimiser le chargement.
Premièrement, avec la version cabriolet (+4400€). Comme l’ancienne 500, elle propose un immense toit en toile. En plus de baigner l’habitacle de soleil, cela permet de mettre de longs objets à l’arrière pour quelques kilomètres (déjà testé et approuvé !). A l’inverse, si la priorité est plutôt les places arrière, il existe la version 3+1, à 2000€. Contrairement au concept Trepiùno, la différence se fait au niveau des portes, avec l’apparition d’une toute petite porte inversée côté passager, qui facilite l’accès à bord.

Fiat 500e : e-Taliana
Italienne et fière de l’être, la Fiat 500e va jusqu’à jouer les premières notes d’Amarcord de Nino Rota (difficile de trouver plus cliché Italien !) à l’extérieur de la voiture dès que vous passerez les 20 km/h ! Oui, vous avez bien lu, la voiture diffuse de la musique pour les passants. Ça ne sert à rien, mais ça donne le sourire à coup sûr ! Pour ne pas se lasser, elle ne le fera qu’après un « vrai » démarrage, et pas à chaque feu tricolore ou carrefour.



Une fois la surprise passée, on reprend nos esprits et on se dit que ça doit cacher quelque chose. Manque de confort ? Non, les suspensions font un bon boulot et donnent un confort appréciable même sur les grosses aspérités. Manque de puissance ? Non plus. Les 118 ch sont largement suffisants et le couple de 220 Nm promet un 0 à 100 km/h en 9,0 s. Fiat va même jusqu’à annoncer que le 0 à 50 km/h est fait en 3,1 s. De quoi appuyer encore plus la vocation urbaine, même si la voiture est capable d’aller jusqu’à 150 km/h (autolimité) et que la stabilité est très bonne pour le gabarit.



Côté ergonomie, le bilan est plutôt bon. Les modes de conduite et le volume sont facilement accessibles entre les deux sièges, mais les commodos sont fermes, loin du volant et pas forcément clairs au début (surtout pour les essuie-glaces). Le régulateur se pilote depuis le volant de manière assez claire. Notre exemplaire est équipé du régulateur de distance avec maintien actif dans la voie, efficace malgré un manque de douceur. Pour avoir l’assistant dans les embouteillages, il faudra une rallonge de 300 €. Pour ce prix, la voiture gérera seule les arrêts et ré-accélérations, indispensables dans les grandes villes. La visibilité avant n’est pas optimale, avec de gros montants et un rétro central parfois gênant. Par contre, elle est meilleure vers l’arrière et la caméra de recul 360° est très bonne.
Sprezzatura
Une fois n’est pas coutume, les modes de conduite Normal, Range ou Sherpa sont bien marqués. Ce dernier sera là pour économiser ses forces : climatisation et vitesse seront bridées, avec un maxi à 80 km/h ! Surprenant la première fois… Le mode Range permettra une conduite à une pédale, comme sur la Nissan Leaf. On s’y habitue très vite et c’est très bien géré. Dans tous les cas, la voiture gardera en mémoire le dernier mode utilisé, beaucoup de constructeurs peuvent s’en inspirer !



Ce n’est pas (encore ?) une Abarth, mais on hausse le rythme hors de la ville. Le comportement reste sain, avec une bonne absorption des défauts de la route, même si l’arrière à tendance à rebondir un peu par moment. Le freinage est très bon, y compris en feeling de pédale. Suffisamment rare pour être signalé, surtout sur une électrique ! Les 118 ch donnent l’impression d’être plus nombreux et on se surprend même à faire enrouler l’arrière, qui ne rechigne pas même si l’ESP viendra mettre fin à toute volonté sportive. Cela reste de toute façon une citadine avant tout confortable, il faut le garder en tête. La direction ultra assistée est là pour le rappeler. Même au-dessus des 100km/h, les bruits d’air et de roulement restent assez discrets.
La nuit tombée, les projecteurs full LED font un boulot efficace surtout en plein phare (avec une gestion auto réussie), malgré une coupure du faisceau marquée et avec un décroché en croisement. La conduite autonome s’adapte à la nuit et fera carrément clignoter le combiné si vous n’êtes pas attentif. Idéal pour reprendre de l’attention !


Enfin, côté consommation, avec 15,4 kWh aux 100 km sur l’essai, cette Fiat 500e sera restée raisonnable malgré une bonne partie de voies rapides. La batterie de 42 kWh (37,3 utiles) annonce une autonomie maximale WLTP de 320 km, qui sera plus proche des 280 km dans la vie réelle. Et si vous souhaitez partir en vacances avec, aucun problème pour utiliser les super-chargeurs, mais la puissance sera limitée 85 kW ! Ça reste toujours mieux qu’une Mini Electric (50 kW) mais ça reste en deçà d’une Peugeot e-208 (100 kW).
Fiat 500e : Chère Bambina
Reste qu’à 36.900€ (hors bonus) pour notre exemplaire, la facture peut paraître salée. C’est malgré tout à relativiser vu la richesse d’équipement de cette « La Prima » et les 2.000 € rien que pour la peinture ! En série, on retrouve notamment les jantes 17’’, la conduite semi-autonome, les caméras 360°, l’accès/démarrage sans clé, l’écran tactile 10’’ avec GPS, la climatisation automatique ou encore la jolie sellerie en simili-cuir beige. Ne manque à l’appel que le toit ouvrant (au lieu de vitré fixe) à 850€, les vitres arrière surteintées (150€) ou encore l’assistant pour les embouteillages (300€) cité plus haut et les sièges chauffants à 500€.


Deux possibilités pour baisser le prix d’accès : rogner sur les équipements et/ou sur la puissance. En effet, la Fiat 500e existe avec 70 kW (95 ch) et une petite batterie de 23,8 kWh. L’autonomie baisse à 180 km et la vitesse maximale à 135 km/h mais le tarif baisse aussi, avec un démarrage à 25.400€, hors bonus. Cette motorisation n’est disponible qu’avec les 3 premières finitions, les autres plus huppées étant réservées aux 118 ch de notre essai. Et en bonne 500, déjà deux séries spéciales existent. Cette La Prima, qui devait être la série de lancement mais qui au final perdure et la RED, la seule Fiat 500e qui peut être habillée de rouge avec un distributeur de gel hydroalcoolique dans la boîte à gants.
Et à part elle ?
La plus évidente sera évidemment la Mini Electric. Plus puissante avec 184 ch et plus longue de 23 cm (3,86m), la Mini jouera sur le même registre glamour et sera également en 3 portes. Disponible à partir de 33.900€, mais avec un prix grimpe en flèche avec le jeu des packs et options ! L’autonomie se situera entre celles des 500e, avec 200 km (batterie de 32,6 kWh).
Autre alternative, la toute mignonne Honda e. Plus longue aussi avec 3,89m, elle se distinguera surtout par ses 5 portes et ses écrans à bord : pas moins de 6 ! Elle propose deux niveaux de puissance (136 ou 154 ch) et un équipement complet, à partir de 36.670€. En revanche la batterie de 28,5 kWh utiles limitera l’autonomie autour de 180 km…
Fiat 500e : conclusion
Au final, il est important de souligner que cette Fiat 500e est une bonne surprise. Elle corrige même la plupart des défauts de l’ancienne version. Plus mature, aussi bien en style qu’à la conduite elle sera une bonne alliée au quotidien.



C’est aussi et surtout une des électriques les plus cohérentes. Ultra-équipée, avec un petit gabarit idéal pour la ville, une autonomie correcte et de bonnes prestations au global en font un cocktail plaisant ! Et toujours son coté glamour inimitable et une Italianité poussée. Grandiosa!
Les + | Les – |
Style toujours aussi inimitable | Tarif |
Progrès par rapport à l’ancienne | Suspension sur les grandes aspérités |
Une des meilleures citadines électriques | Peu de teintes vives |
Texte et photos : Romain pour Virages Auto
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