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Essai Jaguar F-Pace : Et si le vrai luxe, c’était l’F-Pace ?

Quand on cite « Jaguar », la première chose qui viendra en tête ne sera pas forcément un SUV, mais plutôt une berline. Si possible vert Anglais avec l’intérieur beige et du bois à profusion. Les plus nostalgiques puiseront quant à eux dans le passé de la marque, rempli de modèles mythiques avec, évidemment, la Type-E en tête ! Malgré quelques errances ces dernières années, la marque est, à mes yeux et peut-être à tort, une réelle alternative aux sacro-saintes Allemandes. C’est pour ça que je ne me suis pas fait prier pour essayer ce Jaguar F-Pace, qui pourtant cumule le fait d’être SUV et Diesel ! J’entends déjà les puristes hurler… Mais qu’en est-il ? Est-ce vraiment l’alternative que j’ai en tête ?

À noter que cet essai a été réalisé mi-septembre, seulement quelques jours avant la présentation de la version restylée. Cette dernière promet de corriger certains points, même si l’essentiel et les sensations de conduite devraient rester proches.

Le vrai félin

D’un point de vue personnel, je trouve que ce Jaguar F-Pace a bien vieilli malgré ses 5 ans, voire 7 si on compte le concept CX-17 qui le préfigurait. C’est probablement un des SUV les plus réussis visuellement, avec une vraie identité et de belles proportions. On évite ainsi le côté pataud ou sur-joué de certains concurrents.

Les phares effilés lui donnent un côté racé, tandis que les feux arrière rappellent la F-Type. Le tout efface en partie les dimensions, qui sont vraiment conséquentes : 4,73 m de long et quasiment 2 m de large ! Notre configuration est élégante et sportive, avec une robe « Eiger Grey » associée à des jantes 20’’. Le tout est relevé par un intérieur noir et rouge « Pimento ». Cette version Chequered Flag n’est plus disponible sur la version restylée, mais elle se basait sur la version R-Dynamic avec quelques badges et équipements en plus.

Jaguar F-Pace : Pattes de velours

On découvre un habitacle globalement bien fini, avec du cuir jusque sur le haut de la planche de bord et des placages alu et noir laqué qui jouent sur le registre de la modernité. Les bagues chromées autour des comodos, mais surtout l’intégralité du pavillon recouvert en simili-Alcantara donnent un cachet en plus. Un examen plus approfondi ne jouera pas en sa faveur. Certains plastiques mal ébavurés par endroits, voire assez cheap même à portée de main, sont assez décevants. Le communiqué de presse de la version restylée nous assure que c’est corrigé… On ne demande qu’à vérifier !

Une fois installés, on s’étonne de la fermeté des sièges, surtout dans une Jaguar… Même si la sellerie est vraiment belle, à l’œil comme au toucher, cela reste étonnant. Il faudra voir à l’usage.

Contact mis. On apprécie le spectacle de la commande de boîte rotative qui sort de la planche de bord (même si objectivement, cela n’apporte rien) et on navigue dans les divers menus de l’écran tactile. Il est assez intuitif mais la sensation est peu agréable, on a l’impression que le doigt « s’enfonce » dans l’écran. De toute façon il y a désormais un nouvel écran tactile capacitif de 11,4’’ qui arrive.

On en profite pour personnaliser les compteurs numériques de 12,3’’ qui proposent une très belle qualité d’image et on règle la sono Méridian 380W qui offre de son côté un son correct avec des basses bien présentes. Les éclairages d’ambiance sur les contre-portes et sur la planche de bord diffusent une lumière bleue claire reposante et plaisante à regarder.

Je parlais plus haut des dimensions. Elles sont clairement au bénéfice de l’habitabilité : vous ne risque pas de jouer des coudes avec votre passager ! Heureusement, le rang 2 et le coffre permettront une utilisation familiale sans arrière-pensée.

Garfield de jour…

Pour être honnête, je ne savais pas réellement à quoi m’attendre avec ce Jaguar F-Pace. Le félin étant apprivoisé à l’arrêt, il devait désormais montrer de quoi il était capable en mouvement. Le démarrage est une bonne surprise tant le diesel reste discret et peu vibrant, même vitres et toit ouvert. Avant même de partir, on se surprend à détailler le volant : la jante est épaisse, le cuir est d’une douceur formidable et en plus il est joli à regarder… Pour compenser un manque de précision de la direction ?

Même pas ! Dès les premiers tours de roue, la direction fait preuve de précision et de tranchant. Presque étonnant vu la taille des pneus en 20’’. Le rayon de braquage est aussi étonnant tant il parait raisonnable. Les accélérations en revanche ne sont pas évidentes à cerner. Le moteur est très mou à bas régime mais devient ensuite puissant passé 2000 tours/min. Cela impose de s’adapter, sous peine d’à-coups et de régime qui ira (trop) haut avant de passer le rapport supérieur assez brutalement.

Une fois ces plages d’utilisation en tête, le moteur saura donner toute sa puissance et ses 430 Nm de couple lors des dépassements ou en conduite dynamique. Il fera preuve d’une très grande douceur en conduite coulée, ce F-Pace sachant jongler sur les deux tableaux de manière assez fine.

Coté confort, l’espace à bord sera une base importante, mais pas seulement. Les suspensions préservent un bon confort, l’insonorisation est excellente aussi bien pour les bruits d’air, de roulement ou du moteur qui restera discret même en accélération.

… ou Bagheera la nuit ?

Coté dynamique, la direction ne décevra jamais mais c’est surtout du châssis que vient la plus grande surprise ! Agile, efficace, jamais piégeur, il cache bien son jeu ! Sous ses airs de gros matou se cache en réalité un Jaguar agile et précis. En tout cas au regard de sa stature, on ne lui demande pas d’être une F-Type… Dans ces conditions, le moteur relancera toujours avec force, donnant l’impression d’avoir plus de chevaux que les 180 annoncés et la motricité sera toujours optimale avec les 4 roues motrices. La boîte suivra le rythme sans problèmes et avec douceur.

A regretter par contre, le freinage qui manque d’attaque et les palettes dont je n’ai toujours pas compris l’utilité ! Elles sont inactives en mode Drive (qui en plus n’affiche pas le rapport engagé par la boîte 8) et je n’ai jamais réussi à enclencher le mode Manuel, que ce soit en tournant la commande de boîte, en appuyant dessus ou en mettant le mode Sport… L’ergonomie impose un recours à la notice ! Chose que je n’ai pas eu le temps de faire. Et au risque de paraitre insistant, il faut bien garder le gabarit en tête dans les rues étroites ou si vous croisez quelqu’un sur une route qui pourtant parait normale.

Et pour couronner le tout, de manière très positive, la moyenne de consommation sur l’essai était aux alentours des 6 L/100 km ! Pas mal du tout pour un SUV de 2 tonnes et 4 roues-motrices.

Jaguar F-Pace : les allemands Chat-hutés ?

Châssis dynamique, comportement plaisant, insonorisation poussée et confort global de bon niveau font de ce Jaguar F-Pace un compagnon de route qui sait jouer aussi bien la carte ronronnante qu’agile. Comme souvent avec les marques « alternatives », il possède un charme, un truc en plus qui lui font pardonner ses quelques défauts.

Cet essai m’aura ouvert l’esprit : une Jaguar peut être autre chose qu’une berline ou qu’une sportive intemporelle. Ce F-Pace est une option à ne pas négliger si vous cherchez une voiture confortable, bien insonorisée, avec beaucoup de place et une consommation maitrisée. La version restylée apporte en plus une mise à niveau bienvenue sur l’infotainment, la finition et les motorisations. Ce restylage amène également une version hybride rechargeable, qu’on ne demande qu’à essayer pour vérifier l’étendue des modifications ! Ça fait une bonne excuse, non ?

Par contre, à trop vouloir viser les Allemands, la politique d’option est calquée sur eux, avec par exemple un passage automatique en plein phares facturé 157€ quand la plupart des citadines actuelles le proposent en série, ou encore une roue de secours à… 1000€. Au final, notre version d’essai pleine d’options sortait à 75.600€. Le prix d’accès du Jaguar F-Pace est à 55.000€, soit au final très proche d’un BMW X3 M Sport ou d’un Mercedes GLC AMG Line. Même si le Jaguar restera mieux équipé à prix équivalent.

Outsiders au même titre que le F-Pace, les Volvo XC60 et Alfa Romeo Stelvio proposeront chacun deux visions opposées : cocon Suédois ou sportivité Italienne, là où le Jaguar placera le curseur entre les deux. Et quitte à casser les codes traditionnels, on fait quand un bon vers le futur en essayant un i-Pace ? Après tout elle a été élue voiture de l’année 2019…

Texte et photos : Romain
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