La Mercedes-Benz Classe E est une institution. Nous prenons aujourd’hui le volant de la sixième génération, sortie à la fin de l’année 2023. Toujours plus moderne, toujours plus technologique, mais surtout toujours aussi statutaire. La nouvelle Mercedes Classe E se modernise, comme à chaque génération, sans renier ses origines. Elle atteint désormais un niveau de prestations, sur le papier, surréaliste. Il y a de quoi faire pâlir une Classe S rien qu’à lire la fiche technique. Mais est-ce aussi le cas au volant et à bord ? C’est ce que nous avons voulu savoir, en prenant le volant d’une berline E220d AMG Line pendant quelques jours. Essai Mercedes Benz Classe E 220d : la mini Classe S !
Toujours plus statutaire et réussie
Extérieurement, la Mercedes Classe E est reconnaissable entre toutes. A la fois plus grande que la nouvelle C et moins visible que la sculpturale Classe S, la berline se distingue bien dans la gamme. La ligne générale est modernisée toute en restant imprégnée des codes du segment. Ainsi on retrouve un long capot, un empattement généreux et un habitacle légèrement décalé vers le train arrière. La Mercedes Classe E récupère des proportions quasi parfaites, mises en avant par des lignes modernisées, légèrement agressives. Côté dimensions, la berline assume son rang et ses ambitions avec 4.95 m de long, 1.88 m de large et 1.47 de haut. Cependant, le gris Alpin uni Manufaktur de notre modèle d’essai lisse quelque peu silhouette et proportions.
Sur la face avant, les optiques sont travaillées de façon à affiner la voiture et la rentre moins large qu’elle ne l’est. Les effets 3D des phares, traités en transparence semblent tout en légèreté. La calandre étoilée est un petit peu enfoncée derrière un jonc chromé et rétroéclairé qui en fait le tour. Cela permet une nouvelle fois d’être moins ostentatoire et en plus de bien intégrer la caméra avant. La grosse étoile centrale permet de cacher le radar nécessaire aux nombreuses aides à la conduite. Les fausses prises d’AMG s’agrémentent d’un canal pour l’écoulement de l’air afin de réduire l’impact de ce dernier.
Les roues en 20 pouces de notre modèles d’essai sont en options (à 1.449 €). En plus d’être plutôt jolies, elles sont travaillées d’un point de vue aérodynamique. On y retrouve dans les parties noires des petites ailettes pour limiter l’impact de la roue sur l’écoulement d’air. Toujours dans cette maitrise du deuxième élément, nous pouvons parler des rétroviseurs. Ces derniers semblent dessinés par le vent et dimensionnés au plus juste.
La partie arrière est plus discrète, tout en assumant le côté « voiture large ». La Mercedes Classe E inaugure des feux incorporant directement l’étoile du Logo. Les étoiles dans les feux sont travaillées en 3D, à la façon d’un serpentin infini. C’est absolument superbe. Enfin, comment ne pas évoquer les faux échappements. Je comprends qu’on est sur une finition AMG Line, mais mettre un bout de plastique pour évoquer l’échappement donc la sportivité, sur une classieuse berline diesel…. Bon vous avez compris mon avis, cela dénote un peu…
Un intérieur de première classe !
Waouh, quelle claque en ouvrant la porte ! C’est absolument superbe ! Ce sera peut-être une histoire de goût, mais force est de reconnaître que j’adore cet intérieur marron clair. Cuir Tonka de son petit nom, à vous contre 1.449 €. Cet ensemble se marie à la perfection avec la planche de bord noire et la console en bois effet marine. Les surpiqures claires contrastent élégamment avec le marron des sièges, alors que les touches de gris aluminium texturé amènent un peu de légèreté. Tout est traité à la perfection, jusqu’à la moquette dans le vide poche. J’ai l’impression de retrouver le soucis du détails des Mercedes des années 80-90. Je ne suis pas du tout objectif, mais bon, c’est superbe, et ça fait plaisir à voir. Surtout, on est bien plus qualitatif que les dernières Classe C et GLC que nous avions essayées, pourtant dans des tarifs similaires.
L’environnement est connu, on est dans une Mercedes et on ne peut pas se tromper. On retrouve le volant à jante fine et double branches désormais typique. Les fauteuils se montrent extrêmement confortables, agréables à l’assise et réglables selon vos souhaits. Ils sont chauffants et ventilés, mais intègrent également une fonction dont on parlera plus bas. La planche de bord est à assimiler à un cockpit de canot italien, comprenant un éclairage d’ambiance et les aérateurs très fins, venant entourer le Superscreen (le petit frère de l’Hyperscreen de l’EQS).
Cet immense ensemble se compose de deux écrans. Un écran central de 14.4 pouces et un écran passager de 10,25 pouces. Cet Superscreen est en option à 1.850 €, sinon un écran en position portait unique est proposé. Le combiné d’instrumentation est un écran 3D de 12 pouces. Bien qu’apportant modernité et légèreté à la plupart des contenus, c’est difficilement lisible pour les contenus compliqués comme une carte de navigation. De plus, c’est statistique, une personne sur trois n’est pas capable de voir les contenus 3D sans avoir mal au crâne. Vous pouvez le désactiver dans les menus. Enfin, un affichage tête haute de bonne qualité et d’une belle dimension complète cette synthèse d’écrans.
La Mercedes Classe E est devenue ultra technologique au fur et à mesure des années. Après nos essais de Classe C les années passées, nous nous demandions comment la Classe E allait se positionner. Et bien elle en fait encore plus. En plus du Superscreen, du combiné 3D et de l’affichage tête haute, nous pouvons également parler au choix du système hifi ou de l’éclairage d’ambiance. Ce dernier est évidemment personnalisable mais intégré absolument partout dans la voiture. On le retrouve dans absolument tous les éléments de la voiture, permettant de les rendre quelque peu flottant. Concernant le système de son, ce dernier est 4D. Il spatialise le son dans la voiture et y ajoute une fonction vibrante dans les sièges.
Notons enfin la présence de 2 ports USB C à l’avant, ainsi qu’une zone de recharge à induction et une prise 12V. Dernier petit point, montrant le dévouement de Mercedes pour ses clients : lorsque vous mettez un objet ou que vous approchez votre main de la zone passager (vide) depuis la place conducteur, la voiture allume directement la liseuse passager pour vous permettre de trouver ce que vous cherchez. C’est naturel, c’est bien fait, bravo !
Avec son empattement de 2.94 m, la Mercedes Classe E 2024 offre une bonne place pour les passagers arrière. Les sièges sont très confortables sur les place gauche et droite, alors que la place du milieu sera à réserver aux petits trajets. Pour une fois, les passagers ne sont pas relégués en seconde division : c’est aussi bien fini qu’à l’avant ! On retrouve les même petites attentions et surtout, les même matériaux utilisés. Pour occuper les passagers, on retrouve des lampes de lecture et deux ports USB. Avec espace et luminosité, voyager à l’arrière n’est plus un soucis. En véhicule assez apprécié des commerciaux, ces derniers n’ont pas été oubliés. On retrouve par exemple 4 crochets pour les cintres des costumes ! Enfin, le coffre de la berline est très profond et bien large et offre 540 L de chargement !
Mercedes Classe E 2024 : gamme et motorisations
Si vous trainez un peu sur les configurateurs des constructeurs, vous avez probablement remarqué les larges différences d’un site à l’autre. Si certains se cantonnent à un ou deux ensembles moteur/boîte, chez Mercedes, on laisse encore beaucoup le choix ! C’est simple, vous avez à l’heure actuelle 7 motorisations possible et deux types de transmission. Avec les différentes finitions disponibles (Avantgarde, AMG Line, Exclusive Line et AMG), ce sera au final 28 solutions possibles ! On retrouve la E200 essence en propulsion, les E220 d, E300 e et E300 d e en deux et quatre roues motrices. Puis les E450 e, E450 d et E 53 AMG en quatre roues motrices uniquement. Les motorisations essence s’échelonnent de 204 à 585 ch. Côté diesel, cela ira de 197 ch à 367 ch.
« Notre » Mercedes Classe E en motorisation E220d utilise un 4 cylindre diesel de 197 ch accouplé à une boîte de vitesses à 9 rapports et une micro-hybridation légère en 48V. Ce moteur développe un total de 440 Nm de couple. Il y a donc très largement de quoi déplacer notre berline de 1.900 kg. Le 0 à 100 km/h s’effectue en 7.6 secondes et la vitesse maximale est fixée à 238 km/h.
La reine de la route
Trêve de bavardage, il est temps pour nous d’enfin prendre la route. Notre essai nous emmènera dans la région mancelle pour un parcours parsemé de voies rapides, de petites routes dégradées et de passages en ville. Après une courte pression sur le bouton de démarrage, le quatre cylindres diesel démarre et se fait oublier. L’insonorisation est très appréciable. En ville et en Ile de France au global, après avoir récupéré la voiture, on ne peut qu’apprécier le travail fait par les ingénieurs allemands sur le confort.
Les suspensions et les pneus travaillent de concert pour lisser les raccords, les plaques d’égouts et même les ralentisseurs. Alors attention tout de même, on ne supprime pas le ralentisseur comme sur une vieille Citroën, ou plus récemment la C5X par exemple. Non par contre la montée et la descente sont beaucoup plus douces que nombre de véhicules. Globalement, le confort sera le maître mot de cet essai.
Le rayon de braquage est lui aussi très bien maitrisé. Les 4.95 m de la voiture s’oublient tant la voiture tourne sur elle-même. C’est simple, c’est une des rares voitures de plus de 4m qui tourne dans mon parking en une seule fois. Remarquable. Le système de Stop&Start se montre plutôt discret à l’usage. Bien que ce ne soit pas le plus rapide à redémarrer le moteur thermique, ce système lisse la mise en mouvement via le moteur électrique. Le tout allié à la bonne isolation et vous finirez par oublier le Stop&Start.
Finalement il n’y a qu’un seul défaut en ville, les petites bavettes aérodynamiques situées devant les roues avant. C’est bien simple, elles frottent sur absolument TOUS les dos d’âne. Si il y a surement une raison aérodynamique, c’est tout de même dommage d’avoir l’impression d’abîmer son pare chocs à tous les dos d’âne… Surtout que ce dit pare chocs est enfin positionné à hauteur « normale » ne touchant pas partout…
Une fois sur route plus roulante, on se met à d’autant plus apprécier le confort. Le bon en avant par rapport à la génération précédente est impressionnant. On se rapproche encore un peu plus de la Classe S, à l’instar des Serie 5 et des Serie 7 chez BMW. Sur les grands axes, la voiture flotte sur ses suspensions, sans détériorer la précision de la direction. On se sent toujours en maitrise, et à aucun moment on ne sent un effet flottant justement. Le petite 4 cylindres de notre Mercedes Classe E 220d est juste suffisant. Avec 197 ch (+23 ch de la micro hybridation), il suffit à notre voiture. Ce n’est pas un foudre de guerre évidemment, mais il existe la version AMG pour qui souhaite être le premier au feu. Non, ce petit moteur suffit pour un usage raisonnable et une utilisation quotidienne.
D’ailleurs, sa consommation est ridiculement faible et tout à fait raisonnable. Sur les 650 km de notre essai, nous avons consommé la bagatelle de 4.3 L/100km. Mais sur le trajet Le Mans Versailles par nationale, nous n’avons consommé que 3.9 l/100 km ! Mieux encore, la consommation à 80 km/h une fois stabilisé, ne dépassant pas les 2.0 L/100 km. Très clairement le Diesel Gate a fait un tort énorme au monde automobile, désormais poussé dans une course effrénée à l’électrification. Et pour les ayatollah de l’autonomie des voitures électriques, sachez ici que les 66L de réservoir vous permettrons de faire plus de 1.500 km avant de refaire le plein !
En Mercedes moderne, vous imaginez bien que les aides à la conduite n’allez pas être oubliées. Evidemment, la panoplie désormais assez classique se retrouve embarquée à bord. Limiteur de vitesse, régulateur de vitesse adaptatif, reconnaissance des panneaux, maintien dans la voie avec lecture des lignes sur la route, aides au stationnement, positionnement GPS pour ralentir dans les courbes serrées, anticipation du trajet via le GPS pour s’adapter automatiquement aux limitations de la prochaine intersection, passage automatique en roue libre lorsque possible, etc. C’est assez bluffant de voir à quel point la voiture maitrise son environnement et la conduite pour optimiser à la fois le confort et l’efficience énergétique.
Il reste tout de même quelques défauts de lecture de panneaux cependant, ou disons d’interprétation de la route. Par exemple, sur certaines portions où la limitation ne lui semble pas cohérente, la voiture ajuste elle-même la vitesse. Sur une autoroute à trois voies limitées à 90 ou 110 km/h, après quelques minutes sans une confirmation de la vitesse et si il n’y a personne devant, la Mercedes Classe E se remet automatiquement à 130 km/h. Il faut donc rester attentif, sous réserve de potentielles mauvaises surprises. Par exemple sur l’autoroute A12 en région parisienne limité à 110 km/h, la voiture décide d’elle-même de relancer jusqu’à 130 km/h… juste avant le radar automatique. Cependant, vous pouvez empêcher la voiture de s’adapter d’elle-même aux limitations dans les menus de la voiture.
Mercedes Classe E 220 d : prix et concurrence
Nous entrons dans la partie un peu compliquée d’un tel essai. La voiture que nous avons essayée profite d’énormément de qualités et de relativement peu de défauts. Mais lorsque l’on s’attarde sur le prix, c’est une autre histoire. Notre Mercedes Classe E 220 d démarre à 73.850 €. Une sacrée somme, nous en conviendrons tous. Cependant, il faudra encore ajouter 27.800 € d’options ! Oui, cela fait un total de 101.650 € !
Et on arrive une nouvelle fois dans un constat désormais habituel mais toujours aussi surprenant : le prix des voitures est horriblement cher. Les concurrents que nous allons citer juste en dessous suivent la même fâcheuse tendance. Vendre moins, et encore, mais gagner beaucoup plus par voiture. Et en ce qui concerne la Classe E, mais aussi la Serie 5 ou l’A6, il faut se rendre à l’évidence : nous n’en verrons plus ou presque sur les routes. En effet à plus de 100.000 € la voiture, vous entrez dans une sphère ou vous pouvez imaginer la Classe S ou la Série 7 d’occasion faiblement kilométrée, qui vous en offrira autant, et même plus.
Une BMW Série 5 20d (197 ch) M Sport démarre à 69.450 €. Dans une configuration équivalente à la Mercedes Classe E, la bavaroise revient à « seulement » 90.350 €. Une Audi A6 S Line 40 TDI (204 ch) démarrera à 64.700 €. Il vous faudra débourser 95.150 € pour un modèle s’approchant de notre modèle du jour. Notons l’existence de la Volvo S90, sur le marché de l’occasion récente uniquement.
Mercedes Classe E 2024 : notre avis après quelques jours
La Mercedes Classe E est une institution que Mercedes a su améliorer au fur et à mesure du temps. La berline est devenue toujours plus réussie, toujours plus belle et toujours plus technologique. Désormais dans l’antichambre de la Classe S, la E montre qu’un format plus petit ou différent ne veut pas dire moins bien. Nous commencions à en douter avec les Classe C, GLC, EQE et EQS qui manquaient cruellement de qualité perçue. Les équipes Mercedes avaient laissé des choses étranges (plastiques durs, pièces qui sonnent creux, impression de fragilité). C’est ici quelque chose qui semble derrière la marque à l’étoile, pour notre plus grand plaisir. Ajoutez à cela une consommation moindre qu’annoncée, et vous complétez les bonnes surprises.
J’adorais les Classe E, et bien c’est toujours le cas avec cette sixième génération. Evidemment la question du prix restera, et il faudra voir si la clientèle traditionnelle restera. Entre l’avènement des SUV, la montée des prix du neuf et la décote des berlines sur le marché de l’occasion, ce sera intéressant à suivre.
Les + | Les – |
Le confort | Le prix |
La qualité perçue | Des aides à la conduite prenant parfois de mauvaises décision |
La consommation |
Texte et photos : Antoine
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