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Essai Mercedes-Benz CLS 53 AMG : auf wiedersehen !

Mercedes CLS. L’association de la marque et du patronyme éveille immédiatement l’intérêt de bon nombre de passionnés automobile. Comment la CLS est-elle devenue en moins de 20 ans une icône de l’automobile ? Trois générations et quelques centaines de milliers d’exemplaires plus tard, la Mercedes CLS s’en va. On sait désormais de façon certaine qu’elle n’aura pas de suite à proprement parlé. L’occasion parfaite pour nous d’en prendre le volant une dernière fois. Un dernier baroud d’honneur pour une auto légendaire. Essai Mercedes-Benz CLS 53 AMG : auf wiedersehen !

Mercedes CLS

Histoire de la Mercedes CLS

Parler de la CLS, c’est parler d’un segment automobile tout entier. La première fois que le Concept CLS fait son apparition dans le monde public, c’est lors du salon de l’automobile de Francfort en 2003. Révolutionnaire comme souvent à l’époque, Mercedes propose un concept de berline quatre portes Coupé. C’est simple, on y retrouve une berline au look de Coupé. On pourrait aussi parler de Coupé avec deux portes en plus. Le concept fait sensation et tout laisse à croire qu’une version de série devrait arriver. Nous sommes dans la période où il est bon de mettre en série des Concepts Car. On retrouve Renaut et son Avantime, Citroën et sa C6, Chrysler et ses Prowler et SSR. Mercedes n’est pas en reste avec la SLR et, évidemment, la CLS.

Ainsi, la Mercedes CLS de série sort en 2004, et reprend quasiment tout du Concept Car. La ligne magnifique, les portes sans encadrure, le long capot et l’arrière ramassé sont repris. C’est simple, c’est beau, c’est incroyable à l’époque. Et ça l’est toujours aujourd’hui. Si il existe des marques ayant tenté de construire des produits similaires, aucune n’a jamais atteint ce niveau de fluidité dans la ligne. Et vous comprendrez pourquoi un peu plus bas. La ligne est d’une pureté qui la laisse encore se démarquer aujourd’hui. Actuelle et première CLS peuvent, extérieurement du moins, cohabiter dans la rue, sans que l’une ne paraisse vraiment datée. Il y a pourtant 20 ans d’écart.

Euphories de cylindres et de puissance

Lorsque Mercedes présente la CLS, nous sommes en plein euphorie des gros moteurs. Les V6 servent d’entrée de gamme, le V8 est un petit le moteur passe partout alors que les V10 et V12 se partagent les hautes finitions. C’est clairement un autre temps mais qui montre à lui seul la démesure de l’époque où est née la CLS. Et cette démesure mécanique s’ensuit évidemment de la démesure des modèles et de leurs dérivés. On voit apparaître dans la même période une VW à 200.000 €, un break BMW à moteur de Formule 1 ou encore un SUV Porsche. Au début des années 2000, on pouvait tout tenter, et c’est dans ce contexte que l’indécente Mercedes CLS a vu le jour. On ne peut le lui reprocher, bien au contraire.

A sa sortie en 2004, la Mercedes CLS offre des motorisations qui ne comprennent que du V6 ou du V8. Le plus petit moteur essence, le V6 3,0 L, développe 228 ch sur la version CLS 350, alors que la CLS 500 propose d’office 2 cylindres et 2 L de plus pour un petit 302 ch. L’offre Diesel n’est pas en reste avec la CLS 320 CDI de 221 ch issus du V6 3.0 L là aussi. Enfin la version 55 AMG offrait 470 ch issus du V8 5.4 L de la SLR… Les ratio ch/L font un peu rire en 2023, mais à l’époque, c’est plutôt très bien !

Cependant pas de soucis, les ingénieurs Mercedes dans la folie des années 2000 ont proposé un restylage en 2006. Et comme « plus » reste le seul mot du cahier des charges, la Mercedes CLS change sa gamme moteur : apparition de la CLS 300 en entrée de gamme, la CLS 350 gagne 60 ch et passe à 288 ch alors que la CLS 550 remplace la 500 pour offrir 382 ch ! En haut de la gamme, la CLS 55 AMG disparaît pour laisser place au mythique (et plus fiable) moteur M156 : la CLS 63 AMG est née ! Elle dispose de 510 ch et offre une sonorité moteur incroyable, qui deviendra pour quelques années la ligne de fabrique de Mercedes AMG !

Le style, la marque de fabrique des nouvelles CL !

Si avec le temps les CLS se sont intégrées à la gamme, il n’en fut point le cas au début dans la tête des passionnés. En effet, la CL jusqu’à présent, c’était l’immense coupé CL, basé sur la classe S. Là le patronyme récupérait le S de la classe S tout en se basant sur la Classe E. Sacrilège ! Cependant le temps est passé et la silhouette CLS est devenue iconique.

CLS Shooting Brake Concept Car

La deuxième génération de CLS a inauguré une version Shooting Brake. Et si l’utilisation initiale de ce terme concernait les déclinaisons break sur base de coupé, ici nous conservons tout de même les quatre portes de l’habitacle. C’est une nouvelle fois la création d’une silhouette inédite pour l’automobile. Et l’accueil fut très positif ! La CLS Shooting Brake se voulait au moins aussi élégante que le coupé, si ce n’est encore plus.

CLS Shooting Brake de série

Les années 2010 sont, pour Mercedes, une époque bénite ! Les silhouettes se multiplient et rien ne semble arrêter le rouleau compresseur. Ainsi, puisque le concept du coupé 4 portes fonctionne avec la CLS, pourquoi ne pas réitérer avec des modèles d’entrée de gamme ? Mercedes cartonne avec sa Classe A, autant tenter l’expérience. C’est ainsi qu’apparaissent les CLA et CLA Shooting Brake. Ces petites versions reprennent tout ou presque de la CLS : lignes fuyantes et tendues avec seulement quelques rares arêtes vives. Une nouvelle fois, le style prime sur la praticité, mais c’est assumé ! En 2023, le terme CL revient avec la CLE, un coupé deux portes se positionnant entre la Classe C et la Classe E. L’histoire est un éternel renouvellement.

Mercedes CLS : troisième et dernière du nom

La troisième génération de CLS revient de loin. Premièrement, comment justifier sa place à côté de la plus démoniaque mais similaire AMG GT 4 Portes ? Deuxièmement, la version Shooting Brake qui représentait une bonne partie des ventes n’est pas reconduite. Enfin, les berlines traditionnelles, basses, tendent à laisser à la place à d’énormes SUV, parfois même Coupé 4 portes. Il est difficile pour la CLS de se faire sa place dans ce segment Premium sursaturé. Heureusement pour elle, elle profite de deux énormes avantages : sa ligne toujours aussi incroyable, et une gamme de moteurs toujours très intéressante.

Mercedes CLS

La CLS troisième du nom reprend absolument tout ce qui a fait la beauté du premier modèle : la ligne ! Les portes sans cadre, la ligne de toit fuyante, le grand porte à faux arrière, le capot immense, tout est présent ! La CLS représente la quintessence de ce qu’une équipe de Design peut produire aujourd’hui : du style plus que de l’usage. Les designers n’ont pas joué avec les plis de carrosseries et les artifices inutiles.

Mercedes CLS

D’un point de vue motorisation, la CLS actuelle, mais bientôt sortante, continue d’offrir une large palette de choix. L’entrée de gamme démarre avec un quatre cylindres 2.0L turbo de 300 ch sur la CLS 350, alors que la CLS 450 récupère un nouveau six cylindres en ligne turbo de 367 ch. Enfin côté essence, il reste la version 53 AMG, de notre essai, utilisant le même moteur avec 435 ch.  Du côté diesel, les puissances s’étalent de 209 ch à 340 ch.

Mercedes CLS : place à l’essai

Vous l’aurez compris, essayer la CLS pour nous, c’est avant tout essayer une ligne. Le capot n’est pas immensément long comparé au reste la voiture, il n’est reste pas moins d’une belle dimension. La face avant semble revenir en arrière à la façon d’une BMW des années 80. L’habitacle reculé permet de conserver une côte de prestige importante, augmentant d’autant plus l’aspect coupé. La ligne de toit fuyante tout en arrondi donne à la Mercedes CLS un vrai look de coupé. Le tout est appuyé par un panneau de carrosserie comprenant à la fois l’arche de toit et l’aile arrière. Sacrée pièce technique illustrant une nouvelle fois la volonté de Mercedes d’offrir le meilleur à la CLS.

Mercedes CLS

Cependant, la ligne la plus caractéristique de la Mercedes CLS, et ce depuis la première génération, c’est cette grande arche ralliant le haut des deux optiques. Cette courbe dessine à la fois le capot, la ceinture de caisse et l’aile arrière. C’est, je trouve, absolument superbe. Elle est également soulignée par une seconde courbe presque parallèle reliant le bas des optiques cette fois-ci. Le tout sculpte le profil, pour un résultat musclé, mais incroyablement élégant.

Qu’en est-il à bord ?

A l’ouverture de la porte, on retrouve un univers connu, façon cocon. Les sièges se révèlent très agréables et confortables, malgré la finition AMG. Une fois installé à bord, la première pensée qui me vient en tête est « mince on est plus dans un coupé que ce que je pensais ». Il faut dire qu’avec un siège plutôt haut par rapport au plancher et la ligne de toit basse, on pourrait vite être à l’étroit. On voudrait être assis encore plus bas, comme dans un coupé finalement. La console centrale massive et bien finie nous rappelle que la génération sortante de Mercedes est probablement la plus qualitative. Quel plaisir de trouver des matériaux qui ne sonnent pas creux, qui semblent très solides. C’est moins bon pour la chasse au poids, mais c’est vraiment agréable.

Mercedes CLS

A l’arrière, les places sont étonnement spacieuses. Les dossiers se montrent un peu fermes mais les assises profitent d’un bon moelleux. La garde au toit est assez limitée, mais pas autant qu’attendu. Cependant, les places manquent de réglages. Pas d’inclinaison du dossier, pas de réglage longitudinal, pas de siège chauffant ou massant. C’est un peu dommage à ce niveau. Le coffre dispose d’une belle dimension grâce au porte à faux arrière. Avec 490 L, il y aura largement de la place pour les affaires de tout le monde !

Mercedes CLS : un vrai coupé sur la route ?

Les premiers tours de roues effectués illustrent encore plus le ressenti à l’assise. Cette Mercedes CLS fait plus coupé que berline à la conduite. Le long capot avant, le toit très proche et la visibilité arrière quasi nulle, tout pousse à se croire dans une AMG GT. Et ce n’est pas le son et la réactivité de notre 6 cylindres qui feront la différence. En ville, la Mercedes CLS 53 AMG se montrent un peu plus raide qu’imaginé. Nous ne sommes pas sur un bout de bois mais une nouvelle fois, la ressemblance avec les coupés de la gamme est flagrante : très bien géré mais un poil ferme. Il est évident que la CLS n’a pas été conçue pour passer d’un dos d’âne à l’autre comme une Classe S. La cavalerie reste discrète, le look AMG aussi. Seul la ligne générale très caractéristique ne nous fait pas passer inaperçus.

Mercedes CLS

Comme pour bon nombre de véhicules de Grand Tourisme, la Mercedes CLS est bien plus à son aise sur nos départementales qu’en ville. Le berline coupé surfe sur la route mais ne nous en déconnecte pas. On remerciera les suspensions communicatives. A l’avant, la berline quatre portes se montre très agréable. Les sièges sont suffisamment enveloppant pour les virages alors que la position des sièges dans la voiture se montre quasi parfaite. En effet ils sont plus proches des roues arrière que des roues avant. Cela aide à la fois à la répartition des masses mais surtout au ressenti de conduite. Cependant les passagers arrière sont eux sur les roues arrière. Et la faible dimension des fenêtres imposera au conducteur de rester soft si il ne veut pas rendre tout le monde malade derrière lui.

Mercedes CLS

Les quatre roues motrices se font discrètes et rendent la voiture très stable. Les sensations de sous ou sur virage ne se font pas sentir. Il faut dire qu’avec des pneus en 245/35 R20 à l’avant et 275/30 R20 à l’arrière, la voiture est bien agrippée à la route. L’accélération est franche et rapide, mais l’esprit GT reprend le dessus. Nous ne sommes jamais plaqué au fond du siège à nous en rendre malade. Nous sommes très loin des surpuissantes GT électriques, et c’est tant mieux. Le 6 cylindres en ligne regorge de couple à en faire pâlir un rotor de centrifugeuse, tout en y apportant son caractère sauvage. Il n’est pas discret, il chante, il souffle, il grogne et il crépite. Oui, mais c’est cela que l’on attend d’une GT

La Mercedes CLS 53 AMG permet probablement d’abattre le 0 à 100 km/h en un temps incroyable, mais ce n’est pas ce que l’on attend d’elle. Aller vite d’un virage à l’autre de manière coulée, sans jamais en faire trop et en profitant du crépitement à l’échappement au levé de pied, ça par contre…

Mercedes CLS : souvent copiée, jamais égalée

Nous le disions au début de ce long hommage à la CLS, elle a inauguré un segment automobile. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que personne n’a réussi à égaler Mercedes. En effet, la CLS c’est avant tout un style, donc l’ensemble de la voiture est travaillé pour respecter ce style. Et dans la concurrence, le choix a toujours été fait de conserver une bonne habitabilité, faire une variante « coupé » pas trop chère, etc.

Mercedes CLS

Audi, BMW, Volkswagen mais aussi Peugeot ont essayé d’aller chercher la CLS, ou du moins son concept. Audi a sorti l’A7 puis l’A5 Sportback. Les deux pâtissaient clairement leur lien mécanique avec les plateformes du groupe. Evidemment l’A7 s’en est mieux sorti d’un point de vue style du fait de la plateforme partagée avec l’A8, plus élancée que la petite plateforme. BMW a également tenté sa chance à plusieurs reprises avec les Série 6 et 8 Grand Coupé, mais aussi les Série 4 et i4 Grand Coupé. Si les premières font déséquilibrées, les dernières en deviennent difficile à différencier d’une… Série 3. Finalement, seul Mercedes-Benz a réussi le tour de force d’offrir une concurrente à la CLS avec … l’AMG GT 4 Doors.

Et il y a évidemment ceux qui ne pouvaient jouer que sur les plus petits segments, tout en conservant l’idée. On y retrouve Peugeot avec la dernière 508 et Volkswagen avec les Passat CC puis Arteon. Dans les deux cas, la beline a été suivie d’un break plus réussi. Tiens, à la manière de la … CLS Shooting Brake. Enfin, la seule à avoir vraiment surpassée la CLS à tout point de vue (sauf les ventes) nous vient d’outre-Manche. Il s’agit de la magnifique Aston Martin Rapide, berline « coupé »  dérivée de la non moins réussie DB9.

Mercedes CLS : auf wiedersehen meine liebe

Vous l’aurez compris, cet article retraçant l’histoire de la CLS, ses versions et sa dernière déclinaison n’a pas spécialement besoin de conclusion. La Mercedes CLS a marqué l’histoire de l’automobile. Voulue comme un Concept Car, elle est devenue une icône de l’automobile. Il s’agit bien de la première berline coupé, et probablement de la plus réussie, hormis quelques élitistes propositions. La sensation de conduire un coupé au volant de la CLS n’est pas comparable, l’habitabilité non plus, et la ligne encore moins. C’est véritablement une proposition unique.

Mercedes CLS

A titre personnel, je suis évidemment triste de voir la plus belle Mercedes de la gamme ne pas être remplacée. D’un autre côté, il ne faudrait pas la faire survivre à tout prix et oublier le pure aspect stylistique. L’AMG GT 4 Doors en a déjà un peu fait les frais, il n’aurait pas fallu dénaturer la CLS. Un immense merci à Mercedes pour nous avoir donné l’occasion de redécouvrir, une dernière fois, la CLS.

Texte et photos : Antoine
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