Avec les Peugeot 308 et DS 4, Stellantis frappe fort dans le segment des berlines compactes. Ce n’est pas sans compter sur la petite dernière, l’Opel Astra. Se voulant comme la porte étendard du renouveau de la marque, la nouvelle Opel Astra sort le grand jeu avec un caractère fort. Mais est-ce que cela va suffire à sortir la marque de l’ombre ? C’est ce que nous avons voulu savoir en prenant le volant de la version hybride rechargeable. Essai nouvelle Opel Astra : la reconquista ?
L’Opel Astra, toute une histoire
Au fil des générations, l’Opel Astra a toujours su rester un best seller. Avec pas moins de 15 millions d’exemplaires vendus en trente ans, la berline de la marque à l’éclair plaît. Cependant, elle ne s’est jamais vraiment démarquée par son style et est toujours restée dans l’ombre, dans l’anonymat général. A mi-chemin entre une Renault Mégane, une Ford Focus et une Mazda 3, les Opel Astra H, J et K (3, 4 et 5ème générations) ne sont pas vraiment les plus belles auto qui soient. Cependant, elles ont répondu à toutes les attentes de leurs clients, et ce sur tous les continents.
Exportée en Australie et Nouvelle Zélande sous la marque Holden, en Europe, Asie de l’Ouest et Afrique du Nord sous les marques Opel, Vauxhall et Chevrolet, en Chine sous la marque Buick, en Amérique du Nord sous la marque Saturn et même en Amérique du Sud sous l’appellation Chevrolet Vectra, l’Astra a laissée son empreinte partout où elle est passée. Cette suprématie s’est cependant un peu essoufflée ces dernières années. La faute notamment à un modèle vieillissant et un parc automobile toujours plus concurrentiel sur tous les marchés. 600 000 unités sortaient chaque année des usines dans les années 2000, tandis que moins de 100 000 unités étaient produites en 2020.
La sixième génération de l’Opel Astra (Astra L) s’annonce comme le renouveau du modèle emblématique. Née et développée sous l’empire automobile Stellantis, la nouvelle Opel Astra table sur deux objectifs : sortir de l’anonymat avec un style et une image forte, identifiables au premier coup d’oeil, et reconquérir le marché automobile en proposant une offre pour tous les goûts et pour tous les besoins. Alors, la réponse est-elle au rendez-vous ?
Modern German, le nouveau style Opel
Pour être honnête, la nouvelle Opel Astra ne semblait pas, sur le papier, avoir grand intérêt à sa présentation. Cependant, après avoir essayé la nouvelle DS 4, la nouvelle Peugeot 308 et la Citroën C5 X, nous étions curieux de prendre en main la quatrième cuvée de ce millésime Stellantis. Toutes basées sur la même plateforme EMP2 V3, elles offrent cependant des interprétations et des prestations bien différentes. L’Opel Astra de sixième génération présente un style bien plus marqué que les générations précédentes. Plus marqué, mais moins ostentatoire que ses cousines 308 et DS 4.
La nouvelle itération de la signature stylistique Vizor inaugurée sur le Mokka et reconduite sur le Grandland est ici plus marquée. A l’extérieur, on distingue la nouvelle Opel Astra par des teintes de carrosserie osées et assumées, comme le Jaune Kult, le Rouge Kardio ou le Bleu Kobalt. Des teintes qui favorisent le contraste avec les éléments noirs qui parsèment la carrosserie. Les lignes sont également plus franches et géométriques. Un style moderne en parfaite adéquation avec l’image de la marque, voulant rajeunir et dynamiser un blason vieillissant.
La face avant se caractérise par une rigueur très prononcée. Trois lignes horizontales et trois lignes verticales, voilà la recette du design Opel d’aujourd’hui. Le Vizor se caractérise par cette « cible » formée par l’arrête centrale qui court du capot jusque sous le blason de la marque, et par sa perpendiculaire qui rejoint les deux optiques avant. De profil, c’est là encore très horizontal pour asseoir la berline compacte et lui donner un côté dynamique. Seule une ligne diagonale très prononcée détonne et attire l’œil. A l’arrière, la recette du Vizor est la même avec la ligne horizontale formée par les optiques et la ligne verticale formée par un subtil et bien intégré feux stop au sommet du hayon. Un détail original sur une voiture de tous les jours. Il fait le lien avec le côté sportif de la marque, emmené par la Corsa-e en championnat Rally Electric.
Opel Astra : un intérieur un peu décevant
A l’intérieur, on retrouve à nouveau la rigueur allemande. C’est très brut et très géométrique. C’est également beaucoup plus triste, à l’opposé de ce que peut offrir l’extérieur avec les teintes originales qui apportent du peps et du dynamisme. Uniquement disponible en noir, l’intérieur est sombre et morose, presque sans originalité. Pourtant il regorge de petits détails. Quelques éléments gris argenté rapportent un peu de chic et de luminosité. Mais le reste des matériaux n’est pas très flatteur. Le noir laqué des accoudoirs de porte, des commandes au volant et de la console centrale est très sensible à la poussière et aux traces de doigts. Le reste des plastiques n’est pas non plus des plus accueillants. Trop nombreux et différents, ils vieillissent tout de suite cet intérieur pourtant moderne en apparence. Seul un peu d’Alcantara sur la garniture des portes rapporte un peu de chaleur et de qualité.
Face à soit, on retrouve à nouveau le Vizor sur le volant avec la cible formée par le jeu des matériaux aux extrémités des commandes et en partie inférieure. Avec son cerclage fin, la prise en main est étonnamment agréable. Comme chez Peugeot, le poste de conduite est orienté vers le conducteur. La nouvelle génération du double écran Pure Panel occupe une place de choix dans l’habitacle et permet de concentrer toutes les infos et les commandes nécessaires à la conduite. Heureusement, certaines commandes comme la climatisation ne sont pas digitalisées. Elles restent accessibles en physique pour une utilisation plus simple et intuitive. La nouvelle génération du système multimédia a fait un bon de géant par rapport à la version précédente. Cependant, ce n’est pas encore au niveau de fluidité et de qualité visuelle du système Renault introduit sur la Megane E-Tech.
Le dessin de la planche de bord est assez… déroutant. On a quelque chose de très massif côté conducteur, avec une surface noire laquée très verticale et très imposante, et quelque chose de beaucoup plus fin et discret côté passager. Le travail sur l’implantation des aérateurs est très réussi côté passager, tandis qu’il est beaucoup plus grossier face au conducteur. C’est dommage. Si l’implantation du Pure Panel est très massive, elle apporte cependant une belle impression d’espace derrière le volant. En console centrale, on retrouve beaucoup de rangements. C’est très pratique et appréciable, mais cela prend de la place. Le conducteur et le passager sont vraiment séparés. Dans l’ensemble, l’habitacle est fonctionnel mais une petite touche de fun aurait été la bienvenue.
Un confort pour tous les goûts
Côté confort, la nouvelle Opel Astra mise sur le bien être à bord. Les sièges, assez fermes au premier abord, se révèlent plutôt confortables et enveloppant après les premières heures de conduite. Ils sont certifiés AGR (Aktion Gesunder Rücken), l’association allemande pour la santé du dos. Outre le fait qu’ils soient réglables dans tous les sens, ils offrent un soutien lombaire réglable et une extension du siège pour les cuisses. Le conducteur est même gratifié d’une cinématique d’accueil pour simplifier l’accès à bord. En option, ils sont également chauffant à l’avant comme à l’arrière. Les sièges avant seront même ventilés et massant sur la version GSe (hybride rechargeable 225 ch) à venir. Pour finir le tout, le volant est lui aussi chauffant en option.
Le toit ouvrant panoramique, en option, est un must have pour l’Opel Astra. Il permet d’apporter de la lumière dans l’habitacle sombre. Les places arrières sont plutôt confortables si vous ne voyagez pas sur la place du milieu. L’espace aux genoux est acceptable, bien que limité si vous êtes d’un gabarit généreux. Deux prises USB permettent aux passagers arrière de recharger leurs appareils. Pour finir, le coffre, d’une capacité de 352 L (422 L sur les motorisations essence et diesel) est plus spacieux qu’il n’y parait. On peut aisément y loger une grosse valise et quelques accessoires ou encore 4 sacs de course et deux packs d’eau. Plutôt réussi pour une compacte. Un espace sous plancher est également disponible pour y dissimuler le câble de recharge.
Opel Astra, très surprenante sur la route
Une fois sur la route, on se surprend à retrouver une auto très différente de ses cousines de chez Stellantis. Conduisant une nouvelle Peugeot 308 au quotidien, la différence est là. La direction est très souple tout en gardant de la consistance et de la précision. C’est très plaisant. En ville, c’est très agréable pour se faufiler dans le trafic et à plus vive allure c’est très rassurant. En terme de précision de conduite, l’Opel Astra est un cran au dessus de la Peugeot 308. Le traitement réalisé par Opel sur la plateforme commune est remarquable. La compacte urbaine révèle même des envies de dynamisme. La calibration de la direction, la fermeté de la suspension, la consistance du freinage nous donnent envie de hausser le ton.
Et l’Opel Astra le rend bien. Avec ses 4,37 m de long et malgré son poids de 1,7 T (1,4 T pour les autres motorisations), l’Astra semble plutôt à l’aise. La prise de roulis est maîtrisée et le freinage est mordant. Les petites routes de campagne sont une vraie partie de plaisir. Seule l’accélération est un peu décevante, la faute à une motorisation qui préfère la souplesse au dynamisme. La motorisation hybride de notre modèle d’essai combine un moteur essence 1.6 Turbo de 150 ch et un moteur électrique de 110 kW associé à une batterie de 12,4 kWh.
Idéale à basse et moyenne allure, la motorisation et la boîte de vitesses e-BVA8 sont un peu à la peine plus hautes vitesses. Les changements de rapports perdent en souplesse et l’énergie électrique additionnelle perd en efficacité. Ainsi, le moteur thermique préfère monter dans les tours plutôt que combiner habilement les deux sources d’énergie.
Opel Astra : Chiffres et concurrence
Au quotidien, l’Opel Astra est donc très plaisante et se révèle même assez polyvalente si une envie de brûler du carburant vous prends. En ville, batterie pleine, la consommation est égale à 0. Le mode 100% électrique est activé par défaut dès lors qu’il y a suffisamment d’énergie pour rouler. Sur un trajet mixte ville / périurbain, la consommation s’établit sous les 4 L/100 km. Sur la totalité de l’essai, soit 1200 km alternant entre autoroute, campagne et ville, la consommation moyenne s’affiche à 4,8 L/100 km. Avec une batterie rechargée fréquemment, la consommation est tout à fait acceptable. Dans un usage où la batterie ne serait rechargée que rarement, la consommation devrait grimper aux alentours de 6 L/100 km.
Côté concurrence, le marché n’est pas à la peine. Voici un échantillon de berlines compactes hybrides rechargeables disponibles à la vente. Nous vous donnons le prix d’entrée ainsi que le prix une fois optionnée au plus proche de l’Opel Astra essayée.
- Opel Astra Berline Hybride Rechargeable GS 180 ch à partir de 42 050 € (modèle essayé à 47 640 €)
- Peugeot 308 Berline Hybride Rechargeable GT 180 ch à partir de 44 210 € (optionné à 46 750 €)
- Volkswagen Golf Style 1.4 eHybrid 150 ch à partir de 46 775 € (optionné à 51 280 €)
- CUPRA Leon V 1.4 e-HYBRID 204 ch à partir de 45 390 € (optionné à 48 905 €)
- KIA XCeed Hybride Rechargeable Lounge 141 ch à partir de 40 640 € (optionné à 43 290 €)
- Audi A3 Sportback S line 40 TFSI e S tronic 204 ch à partir de 47 780 € (optionné à 55 410 €)
- Mercedes Classe A 250 e Progressive Line 218 ch à partir de 48 399 € (optionné à 55 349 €)
Conclusion sur la nouvelle Opel Astra
L’Opel Astra se place comme une nouvelle concurrente sérieuse sur le marché des berlines compactes. Au style original et aux options haut de gamme, l’allemande a tout pour reconquérir le cœur des acheteurs. Seul une finition intérieure en demi-teinte et un confort de conduite un peu sec à basse vitesse pourraient venir entacher une carrière sur le papier toute tracée. Disponible en versions essence, diesel, hybride rechargeable, en carrosserie berline ou break, l’Opel Astra de sixième génération ressuscite grâce à Stellantis et compte bien rajeunir une marque presque tombée dans l’anonymat en France. La reconquête est en marche, sans aucun doute.
Pour finir, retrouvez ci-dessous notre tableau récapitulatif ainsi que la traditionnelle galerie de photos de l’essai :
Les + | Les – |
Style extérieur fort et assumé | Qualité des plastiques intérieurs |
Confort de conduite | Intérieur sombre et peu accueillant |
Caractère dynamique |
Texte et photos : Anthony
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