L’histoire d’Opel, c’est un peu compliqué. Constructeur automobile allemand né à la fin du 19ème siècle, la marque à l’éclair est rapidement passée sous le giron de General Motors. Depuis 1929, General Motors utilise la marque Opel pour diffuser sur le marché européen bon nombre de ses modèles aux travers des marques Opel mais aussi Chevrolet. Il faudra attendre 2017 et le rachat par le Groupe PSA (désormais Stellantis) pour qu’Opel retrouve la sainte terre germanique. Groupe automobile multimarque oblige, l’Opel Grandland dernière génération bénéficie des organes de ses cousins français. Ainsi il est basé sur la plateforme des Peugeot 3008 et Citroën C5 Aircross. Alors, coup de génie industriel ou pâle copie ? Essai Opel Grandland Hybride Rechargeable : le pragmatique.
Coup de lifting bien mérité
Comme expliqué dans l’introduction, l’Opel Grandland a vécu le tournant de la vie d’Opel. Mis sur le marché en 2017 sous le nom d’Opel Grandland X, il est, avec le Crossland, le premier produit issu du rachat par le Groupe PSA. L’héritage de General Motors est encore présent et l’Opel Grandland devient alors un mélange entre un Chevrolet Captiva (ou Opel Antara) et un Peugeot 3008. Le restylage intervient en 2021 et donne un véritable coup de jeune au Grandland. Il efface au passage quelques résidus esthétiques de l’ère américaine. La phase 2 incorpore les éléments de la nouvelle identité Opel et place le Grandland dans la lignée du Mokka, tout en l’éloignant de son cousin sochalien.
L’Opel Grandland que nous avons à l’essai se présente donc comme un gros bébé de 4,47 m tout en rondeurs. C’est sans doute ce qui le différencie le plus de ses cousins les Peugeot 3008 et Citroen C5 Aircross. Notre modèle d’essai bi-ton Blanc Arktis et toit noir offre la combinaison qui met le plus en valeur les attributs esthétique du Grandland. A l’avant, la calandre plutôt classique intègre dans un bandeau noir brillant la signature lumineuse nouvelle génération d’Opel. Dénommée Vizor, elle est ici déclinée en version Matrix IntelliLux Pixel Light. Un bien grand nom pour signifier un éclairage adaptatif. Les jantes 19″ Ironman (oui oui, comme le super-héros de Marvel) introduites sur le Mokka sont très originales et rajeunissent à elles seules le style du Grandland.
A l’arrière, c’est beaucoup plus sobre. On retrouve une face arrière très épurée qui met l’emphase sur le sigle Grandland situé au centre du hayon pour un style beaucoup plus moderne. Pour résumer, le style est plutôt passe-partout. L’Opel Grandland est clairement moins tape à l’œil qu’un 3008 par exemple, mais a l’avantage de rester plus intemporel. Il vieillira donc mieux.
Un intérieur et des équipements en demi-teinte pour l’Opel Grandland
A l’intérieur, c’est là aussi un mélange de l’ancienne génération avec des éléments plus modernes. Le restylage a fait un bien fou. Terminé l’intérieur triste et les compteurs à aiguilles, place à la nouvelle génération avec le Pure Panel. Sous ce nom commercial se cache la nouvelle génération de cockpit de la marque, à savoir un double affichage numérique de 12 et 10 pouces avec info divertissement tactile connecté. Ce Pure Panel est un élément central du cockpit, aussi bien visuellement que fonctionnellement. Même si ce n’est pas parfait, les deux écrans semblent ne faire qu’un et plongent le conducteur dans la modernité. Malheureusement, d’autres éléments nous ramènent dans le passé.
La boutonnerie sur le volant, en plastique, est simple à utiliser mais n’est franchement pas qualitative. Idem pour les commandes de climatisation physiques sous le rangement central. Il est très plaisant de retrouver des commandes directes pour régler le confort thermique de l’habitacle. Mais à l’ère du tactile et de la digitalisation, cette boutonnerie renvoie le Grandland dans le passé. C’est là tout l’avantage de l’Opel Grandland. Sa conception, en partie conservée de l’ère General Motors, le rend très simple à utiliser. Pour ceux qui ne seraient pas à la recherche du dernier cri, l’Opel Grandland est un SUV idéal.
En plus, on est confortablement assis dans cet Opel Grandland. La sellerie cuir certifiée AGR (Aktion Gesunder Rücken = association allemande pour la santé du dos) est vraiment très confortable, aussi bien à la place conducteur qu’en passager. Réglables électriquement dans tous les sens, avec réglage lombaire et soutien pour les cuisses, chauffants et ventilés, les sièges offrent un vrai plus sur l’Opel Grandland. Ils sont la promesse d’un confort sur le long terme, permettant d’enchainer les kilomètres seul ou en famille.
Sur l’aspect voyageur justement, les places arrières sont un peu raides. L’espace aux genoux est par contre suffisant et la place centrale sera utilisable car la console centrale n’empiète pas trop sur l’espace aux pieds. Pour finir, le coffre, d’un volume de 390 L, est un peu juste. On ne peut y faire rentrer qu’une seule grosse valise et la hauteur sous tablette permet difficilement d’empiler plusieurs sacs. Voyager oui, mais léger donc.
Hybride Rechargeable, réellement efficace ?
Au volant, c’est plutôt mitigé. La motorisation hybride rechargeable 225 ch (1.6 Turbo 180 ch 2 roues motrices + moteur électrique 81kW intégré à la BVA8) peine un peu. En conduite urbaine et extra urbaine, cela se passe plutôt bien. Sous réserve d’avoir suffisamment de charge, les moteurs thermique et électrique s’alternent sans à-coups et dans un silence plutôt agréable. En revanche à plus haute vitesse, l’insonorisation trop juste de l’habitacle rend le moteur thermique trop présent. De plus, et bien que couplé à la boîte de vitesses, le moteur électrique n’arrive pas à soulager suffisamment le moteur thermique lors des reprises. On a donc un mélange assez désagréable de moteur thermique grimpant dans les tours avec le son du moteur électrique qui semble ne pas faire son affaire.
Pour ce qui est du reste, c’est dans la lignée des autres modèles de Stellantis. Hormis l’insonorisation qui est trop faible, les autres prestations sont tout à fait à la hauteur. L’Opel Grandland est spacieux et confortable. Les sièges tout confort, évoqués précédemment, sont un atout majeurs, de même que l’éclairage adaptatif Pixel Light. La conduite de nuit est très sécurisante, tant l’éclairage adaptatif fonctionne bien. L’Opel Grandland est même équipé en option de la vision nocturne, pour encore plus de sécurité. Des équipements haut de gamme sont ainsi présents. Dommage que l’emballage soit lui plus conventionnel.
Quelques chiffres sur l’Opel Grandland Hybride Rechargeable
La conduite en électrique est possible mais ne vous emmènera pas bien loin. L’autonomie électrique est annoncée à 65 km WLTP. Chargé à 100%, l’autonomie électrique annoncée dans le tableau de bord par l’Opel Grandland est de 32 km. En réalité, il ne suffira que d’une vingtaine de kilomètres pour vider la batterie. C’est assez décevant. Nous avions eu le même constat lors de l’essai du Jeep Wrangler 4xe. On a plutôt l’impression que ce Grandland est un MHEV rechargeable qu’un véritable hybride permettant des roulages en 100% électrique. Oui car même en mode de conduite Electric, afin de forcer l’usage du seul moteur électrique, le moteur thermique intervient. Parfois là où il ne semble pas y avoir besoin, parfois à l’arrêt, son comportement semble assez aléatoire.
Sur voie rapide, le moteur thermique entre en jeu et devient la principale source d’énergie. La consommation mixte homologuée est de 1.3 L/100km. Autant vous dire que c’est très ambitieux et que malheureusement nous sommes loin du compte. Lors d’un premier trajet autoroutier, batterie vide dès le départ, la consommation s’est établie à 8.1 L/100km. Sur ce même trajet, batterie pleine et donc conduite hybride véritable, la consommation s’est cette fois établie à 6.1 L/100km. Sur la totalité de l’essai, soit 2000 km mêlant autoroute, ville, région parisienne et bouchons, la consommation moyenne s’est établie à 6.7 L/100km. En conduite purement urbaine et extra urbaine, en ayant toujours de l’énergie électrique en stock pour prendre le relais, on peut facilement supposer que l’Opel Grandland offre une consommation sous les 5 L/100km.
La concurrence
Le marché des SUV hybrides est de plus en plus encombré, alors attention, la liste est longue. Comme évoqué dans l’introduction, l’Opel Grandland Hybride Rechargeable est conçu sur la même base que ses cousins Peugeot 3008, DS 7 et Citroën C5 Aircross. A motorisation équivalente hybride 225 ch, l’Opel Grandland s’échange à partir de 45 850 €. Le Peugeot 3008 suit en démarrant à 45 890 € en version Active Pack. Le Citroën C5 Aircross fait grimper légèrement la note en démarrant à 47 980 € en version Feel Pack. Enfin, le DS 7 fraichement restylé clôture le quatuor en démarrant à 53 900 € en finition Bastille. Stellantis oblige, n’oublions pas le Jeep Compass 4XE qui s’affiche à 49 250 € en version Limited Hybride rechargeable 240 ch.
Du côté des autres marques, on retrouve le Ford Kuga hybride rechargeable, également en motorisation 225 ch, en finition Titanium à partir de 43 900 €. Le Hyundai Tucson Plug-in 265 HTRAC Creative débute lui à 45 650 €. Son cousin le KIA Sportage Active et son 1.6 T-GDi 265 ch Hybride Rechargeable est affiché à 45 290 €. Chez Volkswagen, on retrouve le Tiguan Life Plus 1.4 eHybrid 245 ch mais ce dernier s’envole à plus de 48 000 €. Comme souvent, CUPRA représente une bonne alternative au sein du groupe VW. Ainsi on retrouve le Formentor V EHYBRID 204 ch à partir de 45 950 €.
Autre alternative encore trop méconnue, la Lynk & Co 01 et son tarif imbattable de 44 500 € toutes options. Enfin, le petit dernier de la famille Renault, l’Austral, serait un choix alternatif intéressant pour ceux qui voudraient débuter dans l’hybride sans se poser de questions. Débutant à 41 500 € en version techno E-Tech full hybrid 200, il est moins puissant que ses concurrents précédemment cités. Bien que non rechargeable, il offre cependant des prestations équivalentes voire supérieures à un tarif moins élevé. La version haut de gamme iconic esprit Alpine E-Tech full hybrid 200 est affichée à « seulement » 45 300 €, soit moins cher que presque tous les concurrents cités ci-dessus, tous annoncés dans des finitions entrée ou milieu de gamme. Si la recharge domestique est problématique pour vous, l’Austral est sans doute la meilleure option actuellement sur le marché.
Comme vous pouvez le voir, il y a l’embarras du choix. Le marché des SUV hybride de 200 ch et plus et en constante croissance. Il ne reste plus qu’à vous y frayer votre chemin.
Conclusion sur l’Opel Grandland Hybride Rechargeable
La fin de cet essai nous met un peu dans l’embarras. L’Opel Grandland n’est ni le plus original, ni le plus performant, ni le plus moderne, ni le plus habitable des SUV du marché. Les stigmates de l’ère GM sont encore là, ce qui ancre l’Opel Grandland dans l’ancien temps. Même si le restylage dont bénéficie notre modèle d’essai lui fait un bien fou, il ne rivalise pas face à ses concurrent, que ce soit en terme de style qu’en terme d’équipements et de prestations. Cependant, l’Opel Grandland saura satisfaire les clients à la recherche de simplicité d’usage et d’intemporalité, et le confort à bord est sans doute son point fort.
Retrouvez notre tableau récapitulatif ainsi que notre traditionnelle galerie de photos réalisées pendant l’essai :
| Les + | Les – |
| Restylage bénéfique | Intérieur dépassé |
| Sellerie très confortable | Motorisation hybride peu performante |
| Simplicité d’usage | Manque d’originalité |
Texte et photos : Anthony
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