La Porsche Cayman a souvent été décriée, n’étant soi-disant qu’une 911 en moins bien. Tiens, ça rappelle légèrement les fameuses PMA (924, 928, 944 et 968), ou encore le Boxter, à leurs sorties respectives. Pourtant, le Cayman, lorsqu’il est sorti, avait le droit à un 6 cylindres et un avantage non négligeable avec 2 coffres. Son équilibre général l’a hissé au rang de référence, tant par la ligne que par le comportement. Et lorsque Porsche a enfin osé faire un Cayman puissant, les ingénieurs ont sorti la version GT4, sur la deuxième génération. Or aujourd’hui, nous prenons en main la 3ème génération, équipée d’un moteur 4 cylindres turbo. Hérésie ? Sacrilège ? C’est ce que nous avons voulu savoir. Essai Porsche 718 Cayman S : 6 cylindres, pourquoi faire ?
Porsche 718 Cayman S : un look inimitable
Commençons par un petit tour de la voiture. L’avant du coupé se montre relativement pointu. C’est surement lié aux normes de chocs piétons. Cependant, cette proue en pointe, ce long capot aux lignes tendues et ces ailes avant rebondies donnent un résultat très réussi. La bulle de l’habitacle, très caractéristique sur les Cayman, voit les contours de vitrages peints en noir brillant. Elle surplombe la prise d’air latérale, assez discrète sur notre version. Les ailes arrières, rebondies également, semblent sculptées et assoient la voiture par terre. La teinte rouge Indien (d’origine) n’est pas la plus belle du catalogue mais met tout de même bien en valeur les formes de la voiture.
Notre exemplaire est équipé (en option à 3.198 €) des jantes de 911 Turbo, en 20 pouces. Si les jantes sont superbes, elles sont tout de même un peu grosses et chargées pour notre Cayman. A l’arrière, on retrouve un becquet présent en permanence, en plus de l’aileron mobile. Ce becquet permet d’avoir le lettrage Porsche, ainsi que le logo 718, sur fond noir. Le bouclier est complété par la double sortie d’échappement centrale. Globalement, notre exemplaire se veut simple et sans excès. Mais pour ceux qui souhaitent un Cayman plus ostentatoire, il reste les modèles GTS et GT4…
A l’intérieur : esprit Porsche, qualité et praticité
A l’intérieur, c’est du classico classique Porsche. Pas besoin de chercher dans quelle voiture on vient de s’asseoir, on sait que c’est une Porsche. Les 3 gros compteurs (2 à aiguilles avec les fond de compteurs rouges et un écran), la console centrale et le sélecteur de vitesses. Non, vraiment aucun doute, on se retrouve dans une Porsche. La position de conduite très basse qu’offre le Cayman s’avère parfaite, offrant un très bon compromis entre confort et maintien. Le volant en cuir, trois branches, se montre agréable au toucher et ses deux zones de boutons sont réalisées de manière assez aérienne, et plutôt jolies. On retrouve en plus le petit rotari pour la sélection des modes de conduites (Normal, Sport, Sport + et Individual).
La console centrale fait, elle, un peu datée, surtout face aux productions actuelles. L’écran est lisible mais l’usage n’en est pas toujours des plus aisés, surtout en conduisant. Le sélecteur de vitesses, bien que peu utilisé, se prend bien en main. Enfin, sur le haut de planche, on retrouve la montre, traditionnelle. La qualité perçue est excellente et une nouvelle fois, rappelle que l’on est bien chez Porsche. Par contre, il faudra piocher dans les options pour rendre sa voiture au gout du jour : rétroviseur intérieur anti éblouissement (492€), intérieur cuir noir (3.222€), régulateur de vitesse adaptative (1.560€), assistance d’angles morts (588€), caméra de recul et avertisseur sonore avant/arrière (1.548€), climatisation bi-zone (768€), et la liste continue… Enfin, en tant que Porsche plus utilisable que la 911 à sa sortie, cette troisième génération de Cayman ne déroge pas à la règle en offrant deux coffres, permettant 425L de chargement !
La Porsche 718 Cayman S tous les jours
Un quart de tour de clef à gauche du volant, et le moteur démarre dans un grondement sourd. Une fois le Cold Start terminé, le régime moteur redescend et le son devient assez basique, bien que bruyant. En ville, la voiture se montre assez raide, au niveau du confort, mais le moteur et la boîte automatique se montrent dociles et idéaux. Pas de montée brusque dans les tours, pas d’à-coups. On se surprend à remarquer que la boîte de vitesses est en 6ème à 50 km/h. Globalement, vous l’aurez compris, la 718 Cayman S se montre idéale en ville. Enfin, idéale, il manque un système de lift pour remonter l’avant à l’approche des ralentisseurs. En effet, la voiture a tendance à vouloir frotter à chaque ralentisseur croisé. C’est encore plus fréquent avec le PASM (1.680€), abaissant la voiture de 2.5 cm.
Revenons sur ce moteur, le fameux 4 cylindres. Offrant tout de même 2,5 litres de cylindrées, soit une cylindrée respectable, ce flat 4 délivre 350 ch et 420 Nm de couple. L’ensemble passe aux roues arrières via une boite PDK (option à 2.850€) et un différentiel mécanique (1.320€). Si ce moteur n’est pas un 6 en ligne, il donne toute satisfaction, mécaniquement parlant. Il est cependant dommage de n’avoir que le bruit de la turbine du turbo qui nous souffle dans l’oreille et ne pas profiter d’une vraie bande son moteur. Et ce même avec les clapets de l’échappement ouverts…
Conduite sportive en 718 S
Le dernier Cayman que j’ai conduit, avant ce 718 S, est un Cayman GT4, de première génération. Si cela remonte à des années, je n’en ai jamais oublié le feeling de conduite et le caractère ultra précis de son châssis. Les deux ne sont pas comparables en terme de positionnement et pourtant, j’ai retrouvé un peu de ce feeling dans ce 718 S, alors que je ne l’avais jamais retrouvé dans aucune autre voiture avant. En conduite sportive, le Cayman S se transforme, et redevient une vraie sportive. La direction se montre idéalement précise, d’une consistance juste parfaite et remontant les informations de manière assez directe.
L’amortissement est exempt de défauts, lui aussi. Piloté, et donc changeant de réglages entre les modes Normal, Sport, et Sport +, il s’adapte à vos envies. Si en mode Normal, il peut y avoir un petit côté bateau, comme une Citroen BX, le réglage en mode Sport se montre parfait ! On sent absolument ce que font les quatre roues de la voiture. Si la voiture n’est pas une grosse catapulte façon Mercedes-AMG CLA 45 S, l’aiguille du tachymètre s’envole aisément. Cependant, pour 350 ch, on en aurait aimé un peu plus ! Ou alors est-ce lié au manque de caractère sonore de ce moteur ? En forçant un peu, l’arrière vous rappellera que la Porsche 718 Cayman S est une propulsion. Mais en conduite rapide, sans forcer, l’équilibre général vous donnera toute confiance, un petit peu comme l’Alpine A110S essayée au début de l’été.
Trop de concurrence ou sans concurrence ?
Parlons de la concurrence d’ailleurs. Si, à la création du Cayman, il n’y avait que les Nissan 350Z et les BMW Z4 M comme rivales, aujourd’hui, cela a un peu changé. La Porsche 718 Cayman S vient boxer dans une catégorie plus large, beaucoup plus large. D’un côté, on retrouve les petits coupés que sont les Nissan 370 Z, en fin de vie, ou la Toyota Supra, qui démarre. L’Alpine A110 vient également dans cette catégorie, quoi que bien moins logeable au quotidien. On la retrouve également dans sa version S avec 50 ch de plus et une efficacité plus proche de la Cayman. D’un autre côté, on retrouve les compactes musclées que sont les Mercedes-AMG A 35 ou A 45 S, sur-vitaminées, mais utilisables tous les jours et aux prix similaires (100.000 €).
Et, fut une époque ce n’était le cas, la 718 S voit en concurrence une certaine 992 Carrera, qui offre, elle, l’accès au mythe 911, pour environ le même budget. Globalement, la vraie question est : est ce qu’un acheteur de Cayman S ira voir la concurrence ? C’est une question ouverte…
Porsche 718 Cayman S : au son près
Cette Porsche 718 Cayman S est, sans aucun doute, une véritable Porsche ! Tenant son rôle d’entrée de gamme avec brio, elle se montre d’ailleurs bien plus intéressante qu’une simple entrée dans le monde Porsche. Elle offre le ressenti de conduite des Porsche mais aussi la qualité de Stuttgart. Ce Cayman représente le choix raisonnable de celui ou celle qui roule avec sa voiture tous les jours, et qui veut une voiture légère, simple. Ah, si seulement il y avait le lift à l’avant. Globalement nous n’avons que peu de défauts à signaler, puisque la voiture se montre à la hauteur dans toutes les situations. Elle en serait presque parfaite, si seulement il y avait une bande son digne du nom…
Retrouvez ci-dessous l’ensemble des photos prises pendant l’essai :
Texte et photos : Antoine
Rejoignez-nous sur Facebook et Instagram