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Essai Renault Austral E-Tech : l’outsider

Le nouveau plan produit du groupe au losange, la Renaulution, a du bon. Après une Renault Megane E-Tech réussie et plusieurs concept cars alléchants, Renault continue sa lancée sur le marché de l’électrification. Après la compacte 100% électrique, Renault dévoile ce qui représente sans doute le plus gros de ses ventes, son SUV familial. Pas d’électrification complète cette fois, mais une simple hybridation légère. Sur un marché très chargé des SUV hybrides, l’Austral saura t-il trouver sa place et se démarquer ? Essai Renault Austral E-Tech : l’outsider.

Des débuts mitigés

Après l’arrêt du Kadjar en juillet 2022, le segment du SUV s’est retrouvé bien vide dans la gamme Renault. Plus de Koleos au catalogue et un Arkana qui ne coche pas toutes les cases. La seule option était finalement son ex cousin japonais, le Nissan Qashqai. Renault commercialise donc fin 2022 l’Austral, un SUV compact dans la ligne de son nouveau produit phare, la Megane E-Tech. La recette est semblable : nouvelle motorisation, nouveau style extérieur, nouvelle planche de bord et connectivité omniprésente. Bienvenue en 2023.

Lors de son reveal, la surprise n’était cependant pas au rendez-vous. La Megane E-Tech a été présentée depuis plus d’un an et sa commercialisation déjà lancée lorsque Renault présente l’Austral. Le nouveau logo ? Déjà connu. La nouvelle calandre ? Déjà connue. Le nouveau système multimédia développé en partenariat avec Google ? Déjà connu. Le style global ? Très proche de ce que font les concurrents, Peugeot 3008 en tête. Le best seller sochalien a très clairement servi de benchmark. Finalement, le Renault Austral ne paraît pas si nouveau que ça. Il se présente donc comme un SUV aux dimensions proches de celui qu’il remplace, avec 4,51 m de long, 1,83 m de large et 1,62 m de haut.

renault austral profil

Renault Austral : moderne, discret et efficace

A l’avant, le nouveau logo, massif, trône au centre de la nouvelle calandre. Il cache les capteurs d’aides à la conduite. Les optiques avants sont à mi-chemin entre le C-Shape de l’ancienne génération et la finesse de la nouvelle génération mise en place sur la Megane E-Tech. En partie basse on retrouve le plastron en double empennage et une seconde grille, plus discrète. Le capot, creusé de part et d’autre, renforce le côté musclé de l’Austral.

renault austral avant

De profil, on découvre des lignes étirées, fuyantes, et un profil qui n’est pas sans rappeler celui du Qashqai … ou du Peugeot 3008. Le regard est immédiatement attiré par l’arrête qui quitte les feux avant et qui court sur toute la longueur en s’effaçant en son centre. Il est rattrapé par la seconde arrête en partie basse qui guide les yeux vers les larges jantes 20 » Daytona diamantées noir siglées Alpine. Elles remplissent les passages de roues rehaussés de noir et s’associent bien avec la teinte gris schiste satin de la carrosserie.

renault austral côté

A l’arrière, on retrouve un hayon sans grande nouveauté si ce n’est la signature lumineuse. Elle aussi oscille entre celle de la Megane E-Tech et celle de … la Talisman. La face arrière est tout en horizontalité, avec plusieurs parallèles composées par la signature lumineuse donc, la ligne basse du coffre et le pare-chocs. Un manque d’originalité que l’on pardonne tant le reste du style est cohérent. Et c’est surtout cohérent avec ce que Renault veut transmettre : un style moderne, discret et efficace.

renault austral arrière

Changement de cap à l’intérieur

Continuons le tour du propriétaire par l’intérieur. A peine la porte refermée, l’Austral nous accueille avec une signature sonore spécifique accompagnée d’une animation sur les écrans du cockpit. La cinématique des sièges électriques nous plonge directement dans la modernité. Bien que cette fonctionnalités ne soit pas nouvelle, elle est cependant suffisamment rare sur ce segment pour y être appréciée. Commençons par les sièges justement. Notre modèle d’essai haut de gamme Iconic Esprit Alpine est équipé de la sellerie mixte tissu à maillage effet carbone et alcantara avec surpiqûres bleues. Très beaux, ils arborent également le sigle Alpine sur les appuie-têtes et le drapeau français en étiquetage. On ne serait pas un peu chauvin chez Renault ?

La planche de bord est épurée et résolument moderne. On a du mal à croire que l’on se trouve à bord d’une Renault qui nous a pourtant habitué par le passé à des intérieurs insipides et bourrés de plastiques durs en tout genre. Ici on retrouve du plastique moussé (on ne change pas une recette ancestrale…) mais à cela s’ajoutent quelques touches de chrome, d’éléments noirs laqués assez chics ou encore de bois ou de tissus en habillage de planche selon la finition du véhicule. Une ambiance très nordique en somme, presque comme dans une Polestar ou une Volvo. L’habitacle invite immédiatement au voyage. On retrouve également une forme de planche de bord côté passager qui n’est pas sans rappeler celle … du Peugeot 3008.

renault austral intérieur

A trop vouloir en faire…

Face à nous on retrouve donc le nouveau dessin du volant, introduit par la Megane E-Tech. Venant personnellement de l’univers Peugeot et son petit volant, il me faut toujours un petit temps d’adaptation avec les volants « normaux ». Celui de Renault n’échappe pas à la règle. La partie supérieure est très (trop) grande et semble prendre de la place pour rien. La partie centrale où sont concentrées les commandes aux volant est plutôt pratique et accessible. On regrette cependant la trop grande quantité de commandes affichées au premier plan. Cela manque de simplicité à la lecture et à l’usage. Enfin, la partie inférieure du volant est soignée avec un revêtement alcantara très appréciable.

volant

Passons derrière le volant avec un exemple de ce qu’il ne faut pas faire dans l’automobile. A gauche on retrouve le levier des commandes de clignotants ainsi que l’éclairage. Bien. En revanche à droite, ça se complique. On retrouve en haut le levier de commande de la boîte de vitesses. En dessous se trouve le levier des commandes d’essuyage et lavage. Puis en bas on retrouve l’ensemble historique de commandes media, volume, source et précédent/suivant. Histoire de compliquer encore plus la chose, Renault propose en face arrière du volant deux petites palettes pour gérer le freinage régénératif. Celle de gauche permet de l’augmenter et celle de droite de le réduire. Ajoutez encore la commande Multi-Sense sur l’avant du volant et vous avez 6 niveaux de commandes sous la même main. Après concertation (rapide), on s’est tous mis d’accord pour dire que c’est à l’inverse de la tendance actuelle de minimalisme. Une explication Renault ?

Renault Austral : ces petits détails qui font la différence

Devant nous se trouve l’élément phare de l’Austral et des futurs produits de la marque au losange, le cockpit en L horizontal. Entendez par là que les deux écrans qui composent le tableau de bord, le combiné d’instrumentation et l’écran central tactile, ne semblent faire qu’un. Cet ensemble est reprise de la Megane. Cette large dalle noire cache deux écrans séparés par un aérateur. Ce dernier semble sortir tout droit des années 70 avec son look de lecteur de disquettes. La qualité des écrans est cependant spectaculaire. Les noirs sont profonds, les couleurs vibrantes et les animations graphiques qui y sont jouées sont très fluides.

écrans

Le combiné d’instrumentation propose différentes configurations d’affichage, avec plus ou moins de contenu affiché. A chaque fois les informations sont affichées sur un fond très graphique, qui évolue selon le mode de conduite sélectionné. La couleur peut aussi varier selon l’heure de la journée si cette option est activée par l’utilisateur. C’est un petit détail mais qui amène un peu de vie. En option, un affichage tête-haute est également présent. Il permet d’avoir quelques informations, notamment la vitesse, sous les yeux en permanence. Ce genre d’équipement est très pratique et est toujours un plus.

Google me voilà

Au centre du véhicule se trouve un écran au format portrait, très vertical, porté par la collaboration entre Renault et le géant américain Google. Une collaboration de longue allène qui a mené Renault à être le second constructeur automobile à proposer les produits Google directement en embarqué. Au programme, Google Maps en tant que système de navigation, Google Assistant pour la reconnaissance vocale et Google PlayStore en tant que store d’applications compatibles automobile. Ce partenariat a du bon. Il permet au conducteur d’être « comme à la maison », dans un environnement numérique connu. Le Google Maps embarqué est sensiblement le même que celui que l’on peut retrouver sur son smartphone ou son ordinateur. Une fois son compte Google synchronisé, on y retrouve même ses adresses favorites, son historique, ses rappels etc.

widgets

Google Assistant permet à Renault de remonter drastiquement le niveau de performance de son système de reconnaissance vocale. La plupart des commandes énoncées sont comprises malgré quelques défaillances. La performance est au rendez-vous. Il est par exemple possible de demander au système, en plus des demandes basiques de média ou de navigation, de définir un température de climatisation, d’ouvrir ou fermer les fenêtres ou tout un tas de questions de culture générale. Google étant à la manœuvre, de nouvelles fonctionnalités arriveront au fur et à mesure via des mises à jour. Pratique.

Enfin, le PlayStore permet de télécharger et d’installer des applications comme sur son smartphone. Le catalogue est encore un peu pauvre mais de plus en plus d’éditeurs semblent intéressés. Certaines sont compatibles tout le temps, d’autres uniquement à l’arrêt. C’est le cas par exemple du navigateur internet, qui permet d’accéder librement à vos sites préférés lorsque vous êtes à l’arrêt. Netflix, YouTube ou Twitch par exemple ne sont pas encore disponibles. Mais on imagine qu’une mise à jour future viendra corriger cela.

Outre l’aspect modernité, l’intégration de Google apporte un vrai plus d’un point de vue usage. Les pages et fonctionnalités principales du système semblent connues et la prise en main du Renault Austral est vraiment simple. Le reste du système se révèle intuitif et vraiment fluide. Renault, qui n’était pas le mieux placé dans ce domaine, a vraiment fait un bon de géant avec cette génération. Avoir Google Maps d’affiché directement face à soi dans le combiné d’instrumentation est très agréable. Waze sera bientôt compatible, pour une expérience encore meilleure ?

Des équipements et options indispensables

Le reste de l’intérieur et des équipements n’est pas en reste. Le système audio Harman Kardon 12 haut-parleurs de 485W diffuse un son de qualité. Les aiguës sont cristallins et les basses puissantes. Le toit en verre panoramique est, pour une fois, vraiment panoramique. Il apporte beaucoup de luminosité bienvenue dans l’habitacle. Nous ne pouvons que vous conseiller de cocher l’option tant il illumine l’intérieur du Renault Austral.

Les feux de route adaptatifs Matrix Led Vision sont également très appréciables et permettent une vraie bonne visibilité de nuit. Enfin, le système 4Control Advanced (4 roues directrices) apporte un confort et une précision de conduite inédite. Nous y reviendrons. Tout ceci est bien, mais ça a un prix. Pour l’ensemble des options citées ci-dessus, comptez 4 350 €. Rajoutez à ça 700 € pour l’affichage tête haute et vous avez la panoplie complète de ce qui se fait de mieux sur ce segment.

Mais il n’y a pas que le conducteur qui est choyé. Les passagers arrières ne sont pas en reste avec une banquette assez confortable. Sa dureté se fera cependant sentir sur le long terme. La luminosité du rang 2 est très satisfaisante grâce au toit panoramique. La place centrale est acceptable avec une bonne place aux genoux. Côté rangements, l’énorme console centrale n’est pas volumineuse pour rien. Certes elle crée une frontière physique entre les deux places avant, mais elle permet de ranger une grande quantité de petits objets. Le tout permet de dégager l’habitacle.

Pour finir sur l’aspect pratique, parlons du coffre offrant un volume de 500 L très acceptable. A noter que la banquette arrière coulissante permet de faire grimper le volume à 570 L. Cependant, elle n’est pas disponible sur la version full hybride de notre modèle d’essai. Le volume du coffre de cette dernière se cantonne à seulement 430 L. Un peu limite.

Renault Austral : la ville est son élément

Une fois sur la route, le Renault Austral se conduit comme une citadine. La direction est très souple et l’hybridation permet des accélérations franches et directes. A basse vitesse, c’est un vrai régal. Dans le flow urbain, l’Austral est à sa place. L’option 4Control Advanced disponible sur notre modèle d’essai ajoute un vrai plus. Un peu déroutant au début, les roues arrières directrices semble nous faire rouler sur un tapis volant. Inauguré en 2008 sur la Laguna GT, la nouvelle génération permet à basse vitesse de faire braquer les roues arrières jusqu’à 5° dans le sens inverse des roues avants. La manœuvrabilité et le dynamisme sont accrus pour un plaisir de conduite au rendez-vous. Entièrement réglable par l’utilisateur dans le Multi-Sense, ce système permet de piloter l’Austral du bout des doigts.

renault austral

A plus haute vitesse, ça se dégrade pour l’Austral. La boîte de vitesses montre ses premiers signes de faiblesse. Avec l’impossibilité de forcer le passage des rapports manuellement (les palettes étant dédiées au freinage régénératif), on se retrouve – trop – souvent avec un temps mort qui semble durer une éternité, puis une montée en régime soudaine et bruyante. Les reprises sur voie rapide pour dépasser ou s’insérer sont ainsi très désagréables et font perdre tout son confort au Renault Austral. Petite consolation, le Multi-Sense permet de gommer ce manque de réactivité en passant en mode Sport, mais le résultat n’est pas vraiment là.

En conduite plus soutenue, l’Austral n’est pas fainéant. Si les poussées ne sont pas fulgurantes, la puissance est tout de même là avec 200 ch sous le capot. La direction est presque trop franche et fait virer la caisse trop brutalement. Etant de petit gabarit, le siège ne me maintient pas suffisamment. Même en anticipant au maximum les changements d’appui et les transferts de masses, je me « balade » dans mon siège, ce qui rend les portions de routes sinueuses assez éprouvantes. On retentera l’essai avec quelqu’un de l’équipe d’un peu plus charpenté pour apprécier, ou non, les changements de cap du Renault Austral.

Terminons la conduite par le freinage. Bien qu’intéressante, la fonctionnalité de freinage prédictif est encore trop perfectible. Elle est malheureusement à désactiver d’urgence, sous peine de se faire une frayeur au premier virage rencontré. Le système, sensé anticiper la décélération à chaque rond-point ou virages, se déclenche trop souvent de manière intempestive. L’esprit Alpine n’est donc là que pour le marketing.

logo esprit alpine

Chiffres et conclusion

Sur les 800 kilomètres réalisés durant cet essai, constitué à 50 % d’autoroute et à 50 % de conduite urbaine, la consommation s’est établie à 7,1 L / 100 km. Plutôt satisfaisant pour un véhicule de ce gabarit et d’un peu moins d’1,7 T. En conduite urbaine, l’Austral est vraiment dans son élément et la consommation se positionne à 4,9 L / 100 km. Sur autoroute, avec les sauts de régime évoqués précédemment et malgré l’hybridation, la consommation grimpe à 8,2 L / 100 km. Pour une utilisation familiale, le Renault Austral n’est pas le plus frugal. La technologie hybride E-Tech a encore besoin d’un peu d’optimisation pour les trajets sur autoroute afin de proposer un quasi sans faute.

austral e-tech

Avec la nouvelle génération de véhicules, portée par la Megane E-Tech 100% électrique et cet Austral E-Tech Full Hybride, Renault franchit un véritable cap. Terminés les intérieurs insipides et le système multimédia d’une lenteur sans nom, bienvenue dans la nouvelle génération. Et quelle nouvelle génération ! Sur le papier, le Renault Austral coche toutes les cases et a de quoi faire trembler ses concurrents. Avec son design contemporain et sa dotation d’options et d’équipements technologiques haut de gamme, le Renault Austral pourrait se positionner comme une référence sur le marché généraliste des SUV. Le système 4Control Advanced transcende le comportement et la conduite tandis que le système multimédia OpenR nous fait nous sentir comme à la maison. Cependant la motorisation est encore trop perfectible et semble avoir été lésée durant le développement de l’Austral. Avec une hybridation précise et une boîte de vitesses souple, le Renault Austral côtoierait la perfection.

Après un Kadjar qui ne s’est jamais vraiment imposé comme une référence, Renault débarque en force avec cet Austral qui a tout pour plaire. Sa motorisation hybride simple saura satisfaire tous ceux encore réticents à l’hybride rechargeable qui inonde pourtant le marché. Sur le critère très subjectif du style, le Renault Austral reste en retrait. Sur tous les autres points, il talonne de près le haut du panier des SUV généralistes familiaux confortables et économiques.

Avec un tarif fluctuant de 34 000 € en version Equilibre mild hybrid Advanced 130 à 58 000 € en version Iconic esprit Alpine E-Tech full hybrid 200 de notre modèle d’essai, le Renault Austral trouvera preneur peu importe la bourse. Le Peugeot 3008, sorti en 2016 et toujours leader de la catégorie, a désormais du souci à se faire pour les mois à venir en attendant la nouvelle version. De plus, la concurrence coréenne à désormais un nouvel ennemi.

renault austral

Retrouvez notre tableau récapitulatif ainsi que notre traditionnelle galerie de photos réalisées pendant l’essai :

Les +Les –
Style moderneConfort sur le long terme
Dotation technologique haut de gammeMotorisation et boîte de vitesses
Simplicité d’usage de l’hybrideConsommation sur autoroute

Texte et photos : Anthony
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