Dans la mythologie grecque, Clio est la muse de l’histoire. Ça tombe bien, puisque la Renault Clio marque l’histoire Automobile depuis plus de 30 ans avec des millions d’exemplaires vendus et des versions emblématiques (RS, V6, Initiale…). C’est une des meilleures ventes des citadines du segment B, qui se bat férocement et depuis toujours avec sa rivale au lion. La cinquième génération étant commercialisée depuis 2019, l’heure est venue à un rafraichissement de mi-carrière. C’est l’occasion pour nous de l’essayer dans sa version la plus puissante : l’hybride de 145 ch. Car oui, la Clio est devenue sage ! Elle a renoncé au sport pour l’hybride… Sauf pour le nom, puisque la RS-Line est remplacée par l’esprit Alpine, notre version d’essai (on vous épargnera le nom complet « Renault Clio E-Tech Full Hybrid 145 esprit Alpine »). Essai Renault Clio E-Tech 145 esprit Alpine : la reine des citadines ?
Chrysalide
Sage côté motorisation, la Clio 5 l’était aussi par le style au lancement. C’était d’ailleurs une critique qui revenait souvent, disant que Renault avait été trop timide et que la voiture ne semblait être qu’un restylage de la Clio 4. Surtout qu’en face, la ‘copine’ 208 sortait le grand jeu avec un style sportif et reconnaissable de loin. Malgré des ventes très bonnes, la marque au losange a écouté les remarques et le bistouri n’a pas chômé : fini l’anonymat !
Tout l’avant est nouveau, avec des phares plus froncés et des feux de jour en demi-losanges qui descendent jusqu’en bas du pare-chocs. Ce dernier est plus ouvert et la calandre est beaucoup plus large et faite de petites lignes chromées horizontales. A l’arrière, les feux sont modernisés avec un effet cristal et deux échancrures sont ajoutées dans le pare-chocs. Les poignées arrière sont toujours masquées dans le montant. Enfin, comme sur les dernières nouveautés le nouveau logo Renault est présent.
Spécifique à notre version esprit Alpine, une lame F1 gris Schiste satin traverse le pare-chocs et ajoute une touche de sportivité supplémentaire à cet ensemble qui n’en manque pas. Les baguettes latérales et le bas de pare-chocs arrière adopte la même teinte. Les jantes diamantées 17 pouces ‘La Flèche’ avec centres de roue bleu sont aussi spécifiques à l’esprit Alpine, tout comme les monogrammes Alpine bleu sur les ailes avant et le diffuseur arrière plus travaillé. Etonnamment, la version hybride 145 n’a pas droit à la sortie d’échappement visible de sa petite sœur 100% thermique TCe 90… On dira que c’est pour la conscience écologique.
Notre Gris Schiste ne met pas en évidence, la lame F1 mais elle va bien à la Clio et ajoute une touche d’élégance. Les amateurs de couleur pourront se tourner vers les Orange Valencia, Rouge Flamme ou Bleu Iron.
Moderne, mais pas trop
Passé le bruit qui résonne à la fermeture des portes, on constate que l’intérieur n’a pas trop changé avec le restylage. On retrouve toujours le compteur numérique de 10 pouces ainsi que l’écran tactile de 9,3 pouces en position portrait. Le pommeau de vitesse à l’ancienne, avec des crans, n’a pas été modernisé et l’éclairage d’ambiance à 8 couleurs n’est présent qu’autour du levier.
Tout est bien assemblé et on apprécie l’insert en tissu sur la planche de bord (avec drapeau Français brodé) ainsi que le pavillon en tissu gris anthracite chiné qui agrémentent l’ambiance. La dotation de l’esprit Alpine suit la même logique qu’à l’extérieur avec des touches de sport et du bleu. En premier lieu, on ne peut pas manquer les sièges Sport avec sellerie tissu/TEP surpiqués de bleu et avec logo Alpine sur le dossier. Les ceintures aussi ont droit à des liserés bleus et le volant sort le grand jeu avec des surpiqures bleues, blanches et rouges. Autre détail sympa, des drapeaux Français brodés sur le côté des sièges.
Côté praticité, les rangements sont nombreux et pratiques avec un vide poche sous l’écran central (ici avec recharge par induction), un vide poches avec porte-gobelet au centre, l’accoudoir central avec un espace profond et de grands bacs de porte complétés par la boite à gants. Le coffre annonce 301 L, dans la moyenne du segment et les places arrière sont correctes et plutôt faciles d’accès.
Que demander de plus ?
Rassurante, c’est le maître-mot à bord de cette Clio. Toutes les commandes tombent bien en main et sont logiques d’utilisation. La climatisation avec accès direct est efficace en plus d’être simple avec l’affichage des informations dans les molettes et les sièges/volant chauffants s’activent en un seul clic. Un exemple d’ergonomie !
Nous pouvons en dire autant de l’écran tactile. L’implantation verticale étonne au départ, la concurrence nous habituant à de l’horizontal. Mais à l’usage, c’est pratique et permet d’avoir des blocs d’information et de mieux appréhender les prochaines étapes lors de la navigation. En plus les menus sont limpides et bien organisés, pas besoin de menus et sous-menus comme chez certains autres constructeurs Français… Pour couronner le tout, la qualité et la résolution sont très bonnes et l’ensemble est réactif. La remarque vaut également pour le combiné, de très bonne définition, pas surchargé d’informations et avec 4 affichages possibles. La hifi Bose de notre voiture d’essai est facturée 600€ et propose un son plaisant.
La position de conduite est correcte, avec la possibilité d’être très bas. En revanche, dommage de ne pas pouvoir régler les lombaires, l’inclinaison ou encore le nez de coussin car on manque de maintien sous cuisse avec une impression d’être incliné vers l’avant, même si on s’y fait avec le temps. C’est d’autant plus regrettable qu’on est assis confortablement et avec beaucoup de maintien pour l’assise et le dos et que la préhension du volant est parfaite avec sa jante épaisse.
Un poisson dans l’eau
Première bonne surprise au démarrage : on est en mode électrique ! Certains concurrents MHEV nous ont habitué à un démarrage en thermique (en premier lieu chez Stellantis) ce n’est pas le cas chez Renault. Il y a même un bouton ‘EV’ pour bloquer la conduite 100% électrique, dans la limite des 1,2 kWh de la batterie.
A la conduite, la voiture essaiera d’être toujours autour des 50% de charge, quand d’autres vont jouer sur toute la plage de la batterie. Cela n’empêche pas une possibilité de rouler en électrique 80% des trajets en ville et peut même jusqu’à 130 km/h.
Côté motorisation, Renault utilise un 4 cylindres atmosphérique avec une cylindrée d’1,6 L associé à deux moteurs électriques : un pour les déplacements et l’autre comme démarreur haute tension. Le couple maximal est de 160 Nm avec un 0 à 100 km/h annoncé en 9,3 secondes, des performances appréciables pour une utilisation quotidienne. La boîte automatique est étonnante puisqu’il s’agit d’une boîte à crabots, comme en compétition. Sans mode Manuel et sans palettes, elle dispose de 4 rapports mais croisé avec les moteurs thermiques et électriques c’est jusqu’à 15 modes de fonctionnement qui seront gérés automatiquement par la voiture, sans tenir compte des modes de conduite que l’utilisateur aura choisi. Eco, Sport ou My-sense (personnalisé), le conducteur aura le choix et pourra choisir pour chaque mode sa préférence pour la direction : comfort, regular ou sport.
Un mode Brake, qui force la régénération au freinage est facilement accessible en tirant le levier de vitesse vers soi, laissant le choix au conducteur de l’utiliser ou non, contrairement à Stellantis qui l’impose en toute circonstance. Il faudra en revanche être méfiant, car lors d’une grosse descente le mode Brake disparaîtra quand la batterie sera pleine, et laissera filer la voiture ! Un freinage géré automatiquement avec la même force aurait pu pallier ce problème, même si ce cas de figure reste assez rare au final.
La douceur est de mise en ville, avec des transitions électrique/thermique imperceptibles et un habitacle bien insonorisé. Le confort est très bon et la voiture est clairement dans son élément avec de longues phases 100% électriques. Les créneaux et entrées étroites ne seront pas un problème avec les caméras 360° malgré leur qualité d’image très moyenne. D’autant plus regrettable que c’est une option à 600€ (lié avec le parking semi-automatique) mais ça aidera malgré tout.
Esprit Alpine, es-tu là ?
Citadine, certes, mais avec 145 ch sous le capot on a envie d’un peu de sport surtout quand on s’appelle en partie Alpine !
Une grande ligne droite nous incite à accélérer. La bonne surprise c’est que malgré la fiche technique étonnante (on rappelle que c’est un moteur atmosphérique !) la poussée est franche et appréciable jusqu’à 130 km/h. En revanche, le moteur prend des tours et devient nettement moins discret et comme il n’y a pas de palettes il faut attendre qu’un rapport soit passé pour retrouver la quiétude, parfois après de longues secondes. Ce cas arrive fréquemment, même sans appuyer fortement sur l’accélérateur ou sans être dans une grande montée. Passé ce moment, on profite de la bonne insonorisation aussi bien pour les bruits d’air que ceux de roulement ainsi que des aides à la conduite. Le radar de distance est très simple à activer et fonctionne avec douceur, sans piler à chaque occasion. Au rayon des aides, il faut signaler l’extrême simplicité du menu pour les régler et le bouton en accès direct pour tout désactiver d’un seul coup pour ceux qui le veulent. Agaçant cependant de devoir remettre la consigne de distance du régulateur actif malgré un profil d’utilisateur d’activé.
En revanche, dès que la route tourne on découvre un autre visage de la Clio. Les relances sont dynamiques et le comportement est… Parfait. C’est un peu plus ferme qu’une 208 mais jamais inconfortable, avec un compromis confort/tenue de route de haut niveau. La direction, autrefois un point faible chez Renault propose une bonne précision avec un train avant tranchant et accrocheur qui informe de l’état de la route et donne envie de rouler à rythme soutenu. Et en plus la jante épaisse du volant offre une très bonne préhension. La confiance est totale. Seul bémol, le freinage qui, comme quasi tous les hybrides, est assez spongieux et dur à doser malgré une endurance qui semble bonne. Mais pas de quoi refroidir notre enthousiasme pour continuer à se faire plaisir à chaque virage !
A la fin de l’essai, les consommations sont dans l’idée qu’on se fait d’une hybride. En cas de conduite en ville et sur nationale il faudra compter 5,0 L/100 km. Des phases autoroutières feront augmenter la moyenne à 5,5 litres.
En quête de la couronne…
Avec un prix catalogue de 29.400 € avec toutes les options, on prend conscience de l’inflation des voitures ces dernières années. Mais cela reste dans la moyenne pour une hybride et la Clio reste une la plus puissante du segment. Ceux qui veulent avant-tout une hybride sans la présentation de l’esprit Alpine peuvent opter pour une version Evolution qui démarre à 23.800 €.
Incontournable et en concurrence frontale, la Peugeot 208 qui propose depuis son restylage une version hybride. Elle a recours à un 3 cylindres Turbo et propose une puissance de 136 ch avec 230 Nm de couple. L’impression de puissance est meilleure que la Clio et le 0 à 100 km/h est plus rapide avec 8,1 s. La boîte à double embrayage et 6 rapports montera moins dans les tours et propose des palettes au volant au cas où. En revanche pas de possibilité de bloquer l’électrique comme sur la Clio, une douceur en ville beaucoup moins évidente et des démarrages à froid qui se feront toujours en thermique.
Côté équipement, pas de pack hifi comme la Clio, alors que Peugeot communique très largement sur son partenariat avec Focal mais en revanche elle propose un toit panoramique en option. Malgré une longueur strictement égale, l’accès et les places arrières sont plus compliqués mais le coffre est un peu plus grand avec 352 L. Une version GT avec quelques options, équivalente à notre Clio esprit Alpine, est affichée à 28.230 €.
Sœur jumelle de la 208 pour la partie mécanique, l’Opel Corsa a un style plus classique et démarre à 27.800 € avec un équipement équivalent à la Clio. Et en plus elle peut avoir en option un toit panoramique et des projecteurs Matrix-LED.
Autre concurrente de taille proposée par le maitre de l’hybride depuis des décennies : Toyota. La Yaris GR Sport est un peu plus chère puisqu’elle coute 30.450 €. Le 3 cylindres atmosphérique développe 130 ch avec 185 Nm de couple et annonce des performances proches de la Clio avec un 0 à 100 km/h en 9,2 secondes. Il faudra composer avec une boîte à variateur mais il y a en série une sellerie Alcantara et des jantes de 18 pouces. Le pack hifi JBL est en option à 1200 € (lié avec la clé digitale et l’affichage tête haute, pas dispo chez Renault) et comme la voiture est plus courte (3,94 m) le coffre est plus petit avec 286 L. Mais elle sera encore plus maniable et facile à garer.
La Hyundai i20 propose de l’hybride mais n’est pas vraiment concurrente puisqu’elle ne propose pas de version N-Line et dispose de « seulement 100ch », en plus d’un dessin et d’un intérieur très classiques. Ford avait une offre Hybrid sur la Fiesta mais a tué sa citadine et VW ne propose carrément pas de MHEV sur la Polo.
Reine menacée ?
Au final, cette Clio aura été une belle découverte. Sortie de sa timidité, son plumage est désormais à la hauteur de son ramage avec un comportement dynamique de haut vol mais jamais inconfortable. La consommation est maitrisée et les aides à la conduite dont bien calibrées et les écrans sont pratiques et logiques à utiliser, sans menu et sous-menus interminables. Évidemment, tout n’est pas merveilleux. La boîte de vitesses monte parfois trop (et trop longtemps) dans les tours sans pouvoir prendre la main, le freinage n’offre pas une consistance rassurante et la caméra 360° n’est pas d’une bonne définition. Encore un énorme défaut à nos yeux : pas de version RS ou une « vraie » Alpine, surtout avec un châssis pareil…
Ce n’est pas pour rien que la Clio a largement dominé la 208 sur les ventes 2023 en Europe ! Avec 262.384 exemplaires livrés, elle occupait la deuxième place du marché total (derrière la Tesla Model Y) et renvoie la Lionne dans son panier avec 64.339 exemplaires de moins… On verra si le restylage de cette dernière change aussi la donne. Le match est relancé, mais en attendant la Clio est une valeur sûre qui mérite très largement son succès.
Les + | Les – |
Compromis confort/tenue de route de haut vol | Boite de vitesses |
Caractère du restylage | Consistance du freinage |
Facilité d’usage | Pas de sportive au programme… |
Texte et photos : Romain
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