Le Skoda Enyaq est passé plutôt sous nos radars depuis sa sortie. Pourtant, en grande voiture électrique, elle a tout son intérêt à nos yeux. Elle synthétise sur le papier ce que pourrait être la voiture électrique parfaite : autonomie annoncée décente, familiale, prix Skoda attractifs. Comme nous avons à l’essai la version iV 80X, à quatre roues motrices, nous sommes partis en direction des Alpes. Idéal pour illustrer ses aspects pratique et familial ? C’est ce que nous allons voir, après l’essai la semaine dernière du Skoda Kodiaq RS, l’autre très grande voiture de la marque. Essai Skoda Enyaq iV 80X : la familiale électrique ?
Un extérieur au design plus consensuel
Bien qu’on en voit quelques-uns sur la route, les Enyaq ne sont pas encore remarqués. C’est peut-être le point fort de cette voiture, sa discrétion. On a une voiture électrique qui ressemble à une voiture. Pas de design type « jouet » ou délibérément différent. Le Skoda Enyaq se veut à l’opposé de ses cousines Volkswagen ID, des Renault Zoé, Jaguar I-Pace, Hyundai Ioniq 5 ou KIA EV6. Peut-être, quand même, que la calandre éclairée Crystal Face (option à 680€) fera un peu gadget « plein ta gueule » une fois sur la route de nuit. A savoir que la version coupé de ce SUV / monospace familial vient d’être dévoilée, jouant encore plus sur l’aspect dynamique que notre modèle d’essai, et rendant la voiture un poil moins discrète (surtout via la teinte vert citron de présentation).
Nous avons donc affaire à une jolie voiture, surfant à la fois sur la folie des SUV tout en se rapprochant un peu des monospaces de l’ancien temps. Les dimensions sont généreuses avec 4,65m en longueur, 1,88m en largeur et 1,62m en hauteur. Les arrêtes sont saillantes et vives, offrant un peu d’agressivité à l’Enyaq. La teinte rouge Velvet (à 1.055 €) de notre modèle d’essai met très bien en avant les détails de la finition Sportline. Le trois quart avant a fait l’unanimité durant tout notre voyage auprès de toutes les personnes rencontrées. De son côté, l’arrière plus massif et plus « carré » a un peu plus divisé.
Notons les optiques très bien travaillées aussi bien sur la face avant qu’arrière, donnant du dynamisme à l’Enyaq. Enfin, comment ne pas parler des jantes Vega en 20 », très belles et de série. Une monte en 21 » existe en option, pour ceux qui préfèreraient.
Skoda Enyaq iV 80X : vie à bord !
En ouvrant la porte avant du Skoda Enyaq, on remarque avant tout les très jolis sièges en tissu. Englobant d’une pièce le dossier et l’appui-tête, ils se montrent cependant un peu massif. L’espace à bord semble bien présent. Ce sentiment est accentué par le côté dépouillé de la planche de bord. En effet, cette dernière n’offre qu’un tout petit combiné 5 » en face du conducteur, encapsulé dans la planche de bord, alors que seule trône au centre la tablette tactile de 13 ».
Bien que la planche de bord et l’ensemble du cockpit fasse nouveau, on se sent comme dans une Skoda du reste de la gamme. On retrouve un volant très similaire à celui de l’Octavia RS, ainsi que la même impression de qualité. Des plastiques durs et grainés sont présents sur les portes et la console central. Ce n’est pas très beau, mais c’est facilement nettoyable, idéal pour une familiale ! Seules les jolies commandes effet argent d’ouverture de porte et celles de la console centrale dynamisent un peu l’ensemble. Notons cependant, à l’avant, le très bel insert « effet carbone », ainsi que le mélange de cuir et tissu sur les sièges et la planche de bord.
Revenons un petit peu sur les sièges avant. Bien que très confortables (et heureusement, nous le verrons plus bas), ils sont un peu massifs. Si cela ne dérange pas lorsque l’on est dedans, il est cependant difficile, pour les personnes de moins d’1,75m, de pouvoir voir en tournant la tête pour surveiller les enfants assis derrière. Pourtant, il y aura de quoi surveiller les enfants avec autant de place à l’arrière. On n’atteint pas le niveau de la très grande Kia EV6 essayée récemment mais il y aura tout de même largement de quoi faire pour trois enfants. 3 adultes auront également de la place, bien que la largeur d’épaules sera peut-être juste selon votre gabarit.
En bonne voiture à vivre, il y a des rangements partout. Dans les portes, la boîte à gants (plutôt petite), la console centrale. Les possibilités de perdre vos effets personnels sont nombreuses. Le coffre ne dispose pas de l’ouverture et de la fermeture électrique, dommage, il est un peu haut et lourd. Cependant, il offre 585 L de chargement, que vous pouvez pousser jusque 1.710 L une fois la banquette rabattue. Un vrai déménageur.
Technologiquement moderne !
Le Skoda Enyaq se la joue résolument technologique et moderne, tant à l’extérieur (avec sa belle calandre lumineuse) qu’à l’intérieur. Tous les artifices sont là pour aller chercher la clientèle Tesla, dont les véhicules sont bourrés de petits gadgets et d’un immense écran central. Et autant le dire tout de suite, même si certains éléments sont là, la marque américaine est encore en avance.
Commençons par le petit combiné, placé sur la planche et intégré sous une « casquette ». Plutôt discrète, cette dernière autorise une bonne visibilité sur ce petit écran en toute circonstance, et évite les défauts des cousines VW et leur petits écrans « flottants » sur la colonne de direction. Ce petit combiné d’à peine 5 pouces suffit à afficher les informations de bases de l’Enyaq. On retrouve la vitesse, les aides à la conduite enclenchées, la lecture de panneaux et l’autonomie restante en kilomètres. Pour ce qui est du pourcentage de la batterie, du kilométrage total ou des réglages, vous les retrouverez dans l’écran central.
Cet écran central se la joue tablette tactile ultra moderne, façon Tesla, en semblant vraiment trôner au milieu de la voiture. L’intégration somme tout basique (un écran posé là) lui confère une bonne accessibilité. Cependant, quel dommage que le contenu de l’écran soit si complexe. Il n’est pas facile de s’y retrouver tout le temps, rien n’est vraiment intuitif. Cela ajouté à la lenteur du système et son manque de réactivité ne plaide vraiment pas en la faveur du tout tactile. Pour les fonctions de conduite (modes de conduite et réglage de l’ESP) ainsi que pour les fonctions réglementaires (dégivrage, détresse), quelques boutons physiques existent et simplifie un peu la navigation dans ces modes-là.
Quelques défauts tout de même à notre véhicule, l’absence de l’affichage tête-haute. Ce dernier dispose d’une fonction d’affichage « neige » qui change l’interface de couleur pour percevoir la route. Nous aurions bien essayé à la vue des endroits traversés, ce sera pour une prochaine fois. Enfin, technologique mais horrible à utiliser, le toit ouvrant et le volet de toit à commande tactile en option à 1.010 €. La commande est capricieuse et soumise au changement de température. Dommage. Cependant c’est une fonction obligatoire (le toit panoramique) pour garantir une belle luminosité à intérieure.
Skoda Enyaq iV 80X en quelques chiffres
Les chiffres du Skoda Enyaq iV 80X sont plutôt très intéressants sur le papier. Disposant d’une batterie de 82 kWh, le tchèque peut en théorie effectuer jusqu’à 502 km sur une seule charge, soit une consommation moyenne de 16.3 kWh/100 km. Cependant avec l’ajout de nos options, l’autonomie « tombe » à 493 km. Le poids se montre comme à l’accoutumée pachydermique sur les électriques : 2.201 kg ! En ville, l’autonomie pourrait s’envoler jusque 609 km sur une charge. Peut-être en été.
La batterie peut encaisse des charges maximales de 125 kW sur les bornes rapides. Ce n’est clairement pas rapide à la vue de la taille de cette dernière. De plus, cette capacité de recharge n’est disponible que sous 40% de batterie. Bref, la charge est, de base, plutôt lente lors des longs trajets mais largement suffisante pour qui ne fait pas 200 km d’autoroute tous les jours.
Question motorisation, le Skoda Enyaq iV 80X dispose de 4 roues motrices et deux moteurs électriques. L’ensemble développe 265 ch et 465 Nm de couple. C’est suffisant pour réaliser le 0 à 100 km/h en 6,9 secondes, et obtenir une vitesse maximale limitée à 160 km/h.
Usage
Une fois à bord, la voiture détecte qu’on est là, à l’image de ses cousines ID. On s’installe, on passe le levier de sélection de vitesse en Drive, et c’est parti. En premier lieu, en ville, la voiture se montre un peu ferme. C’est la grosse tendance de ces pachydermes électriques et c’est un défaut récurrent que l’on retrouvait aussi sur la Kia EV6 ou sur la Hyundai Ioniq 5. Pour maîtriser les mouvements de caisses, les suspensions sont toutes réglées plus fermes que ce que l’on connait avec les thermiques. Nous avions pourtant les suspensions pilotées DCC (dans le pack Drive Sport + à 715 €) censée corriger un peu le phénomène. Heureusement, nous n’avions pas les jantes en 21 » optionnelles.
Sur autoroute, un semblant de souplesse revient et on apprécie d’autant plus le confort proposé par les sièges. On se fait vite au gabarit pourtant conséquent, bien aidé par la bonne visibilité avant et arrière. Si le confort de roulement est excellent jusqu’à 80/90 km/h, on entend un peu plus les pneumatiques et les bruits d’air à 130 km/h. Rien de choquant certes, mais ce phénomène s’accentue toujours sans le bruit d’un moteur thermique pour compenser. L’autoroute est le meilleur endroit pour tester les différentes aides à la conduite. Ici, on retrouve la même chose que dans le Kodiaq RS récemment essayé : régulateur adaptatif, lecture de panneau et maintien dans la voie.
Une fois en montagne, le Skoda Enyaq s’est, à mes yeux, montré le plus à l’aise. La consommation reste maitrisée, merci les longues descentes, et les montées ne sont pas des plus assassines. Globalement, l’autonomie annoncée restante est fiable, sauf à 130 km/h sur autoroute où elle semble fondre comme neige au soleil. C’est d’ailleurs le gros soucis de cette voiture familiale: l’autoroute. La consommation de la voiture, à 130 km/h au régulateur et sous nos températures hivernales s’est établit à 29 kWh /100 km ! C’est énorme ! L’EV6 que nous avions essayée sur le même trajet et sur des températures encore plus froide n’avait fait « que » 24 kWh/100 km. Pour égaler ce score avec l’Enyaq, il ne faudra pas dépasser 115 km/h. En ville, le Tchèque se positionne à 18 kWh en plein hiver, avec chauffage (sans mise en température en étant branché), équivalent à l’EV6.
L’autoroute donc, ne sera pas son meilleur terrain de jeu. Vos enfants apprécieront eux les terrains de jeu sur les aires, puisque la recharge est assez longue. Comptez 40 min pour recharger de 15 à 80% sur les bornes Ionity. En effet, la charge à 125 kWh ralentit passé 40% de batterie, et chute progressivement jusqu’à 50 kWh lorsque vous êtes à 75/80% de batterie. Et si vous restez branchés, cette vitesse de charge continue de descendre, comme tout appareil sur batterie. Les pauses seront donc nombreuses et longues lors des longs trajets, puisque 65% de la batterie (entre 15 et 80 %) vous permettront de faire seulement 200 km sur autoroute en hiver …
Prix et concurrence
Alors, abordable le Skoda Enyaq ? Dans ses configurations les plus faibles, il démarre à 37.930 €. Mais dans notre version assez haut de gamme Sportline 80X, le prix de départ passe à 54.540 €. Avec les quelques options de notre modèle d’essai, cela s’élèvera à 59.525 €. En face, la concurrence est peu nombreuse pour le moment. On retrouve évidemment l’ID.4 GTX, son cousin légèrement plus petit, mais également le duo Hyundai Ioniq 5 et Kia EV6, ainsi que le dernier Tesla Model Y.
La Volkswagen ID.4 GTX commence à 54.450 € et s’affichera dans une configuration équivalente à 58.550 €. Un peu moins cher, mais un peu moins pratique. Le duo coréen Hyundai / Kia offre deux possibilités de style bien particulières. Dans les deux cas, la praticité sera moindre mais les autonomies seront plus importantes, profitant en plus des recharges très rapide grâce à l’architecture 800 V. La Kia EV6 s’offre à 60.240 € alors que la Hyundai Ioniq 5 demandera 60.300 € dans des configurations équivalentes. Enfin, le petit dernier de Tesla se montrera lui aussi plus petit mais offrira quelques arguments : le réseau de recharge rapide et fiable, et l’expérience de Tesla sur le domaine électrique. Prix de départ à 59.990 € avec un prix à options équivalentes à partir de 64.190 €.
Skoda Enyaq iV 80X : notre avis
Globalement, le Skoda Enyaq s’est montré à la hauteur des attentes que j’en avais, surtout concernant la vie à bord. On est dans un monde jusque-là ignoré par les constructeurs de voitures électriques : la voiture familiale et pratique. Entendez par là grande et avec du coffre: ce qui manque beaucoup à la concurrence. A la conduite, l’Enyaq se montre agréable et plaisant, bien qu’un peu ferme en ville. Le confort de roulement est appréciable et on appréciera l’ensemble même sur les longs trajets. Par contre, il faudra se montrer patient sur ces même longs trajets, peu aidés par les recharges fréquentes et les vitesses de charges assez lentes. Sur une voiture aspirant à être une voiture familiale, l’architecture 800V ou la charge à plus de 200 kW devrait être une règle d’or pour les constructeurs…
Retrouvez ci-dessous l’ensemble des points positifs et négatifs relevés sur le Skoda Enyaq, ainsi que la galerie de photos associée :
Les + | Les – |
Confort sur la route | Absence de vraie charge rapide |
Vie à bord | Consommation |
Rapport qualité / prix | Contenu multimédia compliqué à utiliser |
Texte et photos : Antoine
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