Six cylindres. Boîte de vitesses mécanique. Propulsion. Plaisir de conduire. Tiens, voilà un paquet de mots qui ne semblent plus dans l’air du temps lorsque l’on parle automobile en 2023. Une fois deviendrait presque coutume, c’est bel et bien de Toyota que nous parlons. Oui, la même entreprise qui fait aussi les RAV 4, Prius et Yaris ne faisant pas frissonner le moindre passionné. Cependant Toyota devient le seul groupe industriel à encore proposer au milieu de la pléthore de modèles électrifiés quelques pépites sacrément réjouissante. Yaris GR, GR Supra ou encore GR 86, Toyota conserve quelques modèles parmi les plus réputés de leur catégorie. Et 3 ans après le retour de la Supra au catalogue, voici l’ajout de la boîte de vitesses mécanique ! Essai Toyota GR Supra manuelle : plus lent, mais bien plus sympa !
Extérieurement, rien ne change
Evidemment, si vous suivez nos essais, vous vous souviendrez des Toyota GR Supra en six cylindres et GR Supra en quatre cylindres. Si jamais ce n’est pas le cas, il suffit de cliquer sur les liens. Sans refaire le tour de la voiture puisque rien n’a changé, profitons quand même de quelques minutes pour observer cette espère rare dans le monde automobile : le petit coupé sportif. Même en y intégrant les versions roadsters, il ne reste que les Mazda MX 5, Toyota GR 86, Alpine A110, Porsche Cayman ou BMW Z4. On attend l’arrivée en Europe de la Nissan Z mais pour l’instant elle ne semble pas pressée de fouler le sol français.
Ainsi, la Toyota GR Supra en boîte mécanique reprend tout de ses sœurs en boîte automatique. Un nez plongeant et agressif flanqué de trois grosses prises d’air rend la voiture reconnaissable à tout point de vue. Deux fausses entrées d’air se situent en extrémité de pare chocs avant. Les fausses canalisations d’air sont d’ailleurs nombreuses : ailes avant, ailes arrière, pare chocs arrière… La lame avant, les jupes latérales et le diffuseur sont toujours dans le même plastique noir très peu qualitatif. C’est sûrement peu cher, pratique à changer et à considérer comme du consommable sur les ralentisseurs, ça n’en reste pas moins très peu attirant. Les même éléments en carbone ou en noir brillant auraient été parfaits.
L’habitacle repoussé vers les roues arrière permet de loger sous l’immense capot le superbe moteur 6 cylindres et la fameuse boîte de vitesses. On y reviendra. L’arrière se montre ramassé, à l’image de feu le BMW Z4 Coupé. Les feux arrières font toujours un peu manga, mais se prête très bien au caractère de la voiture. L’aileron en bec de canard, le diffuseur, les deux grosses sorties d’échappement et le feu de recul façon Formule 1 procurent un look très caricatural mais très sympa à la Supra. Comme sur les précédents essais cependant, la même sensation fait son apparition. J’ai l’impression que l’avant et l’arrière n’ont vraiment pas été dessiné par la même équipe.
Notre exemplaire est fini en Bleu métallisé. La couleur contraste très agréablement avec les jantes gris foncé et l’intérieur marron. Beaucoup de retours positifs sur la configuration de ce modèle en particulier tout au long de l’essai de la part des personnes croisées dans la rue. C’est la première fois avec une Toyota Supra. Comme quoi les couleurs peuvent tout changer. Ici, la voiture assume son côté GT : classe et sobriété.
Toyota Supra manuelle: deux petits éléments en plus
A l’intérieur, la Toyota Supra à boîte mécanique se distingue par deux éléments qui semblent presque incongrus aujourd’hui : une pédale d’embrayage et un levier de vitesse. Je vous vois sourire en vous disant que les revues automobiles ne sont plus ce qu’elles étaient mais clairement cela devient tellement rare sur une voiture neuve que je m’en suis étonné. Alors même que c’était justement le but de l’essai.
Si l’ajout d’une pédale a eu tendance à rapprocher la pédale de frein de celle de l’accélérateur, ces deux dernières semblent encore un peu loin. On verra pour le talon pointe mais cela paraît difficilement faisable au premier abord. La commande de boîte provient de la GR 86 et fait un peu fine au milieu de la console centrale. La commande semble précise et directe, avec un faible débattement. Cela s’annonce très prometteur.
Pour le reste, nous sommes une nouvelle fois sur quelque chose de connu. Cependant, l’emplacement des commandes autour du levier de vitesse ait été légèrement revu. L’intérieur de couleur marron offre un caractère et un charme très appréciable à la GT germano-japonaise. Le volant dispose d’une jante quasi parfait mais hérite d’un horrible cache airbag. En ce qui concerne le reste du spartiate habitacle, c’est issu de l’univers BMW. Et ce n’est pas une critique. C’est bien pensé et cela permet à la voiture d’exister (et au Z4 par la même occasion). L’une sans l’autre, ce n’était pas possible. Un point de déception concernant le coupé, son système audio. Il est toujours aussi banal voir mauvais. Le coffre est par contre toujours aussi grand, mais toujours aussi désagréable à ouvrir en ne le faisant que via un petit bouton dans la porte conducteur.
Prise en main de la Toyota Supra manuelle
Comment dire. Je n’ai pas eu de grosses voitures en boîte mécanique entre les mains depuis très longtemps. La dernière est une Porsche 997 Turbo dont on vous fera un jour l’essai (mais vous pouvez relire celui de la 991 GT2 RS en attendant). Dans les voitures modernes, la boîte automatique est devenue reine, et même sur les véhicules lambda. Forcément, l’électrification pour être efficace ne peut se faire que via les boîtes automatiques.
Et même avec de simples motorisations thermiques, les aides à la conduite toujours plus sophistiquées imposent aussi une boîte automatique. Avec des boîtes toujours plus efficaces, douces et réactives, les clients se tournent également de plus en plus vers les véhicules à deux pédales. Si en plus en France vous ajoutez les questions de malus, comme la version automatique dispose de plus de rapports, les émissions sont maîtrisées et ainsi le choix des clients quelque peu orienté.
Pourtant, la boîte mécanique n’a pas dit son dernier mot sur les modèles sportifs. En effet, on retrouve un levier et une pédale d’embrayage dans quelques rares modèles. Mazda MX5, Toyota GR Yaris et GR 86, mais également Porsche 992 GT3 et GT3 Touring, Lotus Emira, et enfin de rares Ford Mustang choisies avec cette boîte de vitesses. Et cette Toyota Supra donc, qui a devancé de quelques mois l’arrivée sur le marché de la BMW M2 équipée de la même boite de vitesses. Et puis c’est tout, globalement. Mamie fait de la résistance, mais est-ce bien utile ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre.
Dès les premiers tours de roues, et les premières manipulations de leviers, on retrouve une commande ferme et précise. Cela donne le sourire immédiatement. L’embrayage se montre ferme également mais pas inutilement dur ! Il est en plus très facile à doser en conduite en ville. Voilà qui n’augure que du bon pour les prochains 30 kilomètres en région parisienne, couverte de rouge et de noir sur les applications de trafic. Le moteur 3,0 L de 340 ch est strictement identique à celui des versions en boîte automatiques. Et il se montre suffisamment doux pour que l’on puisse reprendre sur un filet de gaz sans à-coups dès le ralenti, et ce sur les trois premiers rapports. On est pas obligé de jouer du levier en permanence.
Les routes de campagne, son terrain de jeu préféré ?
Une fois sur les routes plus roulantes, c’est une révélation. Le moteur dispose d’une allonge assez dingue. Coupleux dans le bas du compte tour, il monte en puissance progressivement en en donnant toujours un peu plus. On sent les turbos souffler en grand dès 3000 tr/min, et ne pas s’arrêter jusque dans la zone rouge située à 7.000 tr/min. On joue finalement assez peu du levier de vitesses. La troisième suffit à ressortir d’une grande majorité de virages, alors qu’elle poussera suffisamment pour perdre votre permis à chaque petit bout de ligne droite.
Après, il est tellement plaisant de changer les rapports qu’on finit par jouer entre la deuxième et la quatrième. Et ce même si on pourrait s’en passer. On ne fait plus qu’un avec la voiture et ça, c’est très satisfaisant ! D’ailleurs, le talon pointe automatique, inauguré sur la Nissan 370Z, vous donne l’impression d’être un super pilote faisant des rétrogradages parfait. Le problème d’écartement des pédales n’est plus un problème.
Le Toyota Supra manuelle se transforme littéralement en mini GT, à la manière de la MX 5 2.0 litres. Le moteur coupleux, la boîte de vitesses, la position de conduite très basse et l’impression d’être assis sur les roues arrière participent à cet effet. La voiture peut être maltraitée, mais ce n’est pas ce qu’elle préfère. Il faut plutôt voir la Toyota Supra à boîte de vitesses mécanique comme une grosse GT. Elle va vite, mais pas le couteau entre les dents. Le 0 à 100 km/h prend 4.6 secondes, soit 0.3 secondes de plus que la version automatique. Ça ne se ressent pas. Par rapport aux versions essayées, la Toyota Supra manuelle a été légèrement revue. Les freins ont été légèrement majorés, les silent blocs rigidifiés et le pilotage des amortisseurs légèrement revu. La boite mécanique et les améliorations permettent de gagner 21.5 kg.
De plus, la boîte manuelle a un autre avantage. Vous passez les rapports, vous êtes beaucoup plus impliqués, et vous vous rendez un peu mieux compte de la vitesse à laquelle vous roulez ! Et ça fait un bien fou par rapports aux voitures où on ne fait plus que tenir le volant …
Le passage de la boîte de vitesses automatique à mécanique rend le coupé japonais beaucoup plus prévisible. Là où la version à deux pédales vous surprend à chaque sortie de virages, la version à trois pédales ne le fait pas. En effet, vous avez choisi votre rapport, et la voiture ne peut en aucun cas rétrograder, même si vous mettez pied au plancher. Cela rend l’exercice beaucoup plus sûr, beaucoup plus agréable. Après pas loin d’une semaine à bord de ce petit coupé, j’ai retrouvé un peu de … BMW. Pas les récentes, non. Mais les E46 et E39, oui ! Le comportement est très similaire, et si vous avez conduit une de ses autos, vous savez pourquoi j’ai eu le sourire avec cette Supra.
Toyota Supra manuelle : prix et concurrence
La Toyota Supra à boîte mécanique impose de prendre la version Premium. La version manuelle commence à 69.300 €. Ajoutez à cela la peinture bleue (950 €) et vous arriverez à un total de 70.250 €. Et c’est tout, il n’y a aucune option à ajouter. Bon, à ce prix-là ce serait vraiment une affaire, donc l’état français a décrété qu’il faudrait ajouter 20.396 € pour un total de 89.696 €. Et oui, avec 15 grammes de plus de CO2 par km, la version mécanique culmine à 198 gr de CO2, et double ainsi le malus de la version boîte automatique…
Pour ce qui est de la concurrence, nous pouvons écarter la Mazda MX-5 car beaucoup moins puissante et grande. La Toyota Supra va chercher les Porsche Cayman et les Nissan 400 Z. Si vous voulez un cabriolet, évidemment la version décapotable de la Supra sera à prendre en compte : la BMW Z4. La Porsche Cayman S voit son prix de départ avant les options fixé à 79.017 € pour une version quattre cylindres 350 ch. Pour obtenir un six cylindres il faudra regarder du côté du Cayman GTS, avec 93.070 € en prix de départ (hors option et hors malus dans les deux cas).
La BMW Z4, bien que très proche de la Supra n’est pas disponible en boîte mécanique. Ce modèle s’offre à vous à partir de 70.300 € hors malus. Enfin, la Nissan 400 Z n’est malheureusement pas proposée en France. De là à dire que la Toyota Supra manuelle n’a pas vraiment de concurrence…. il n’y a qu’un pas que j’ai bien envie de franchir.
Notre avis après une semaine
Vous l’aurez compris à la lecture de l’essai, j’ai été agréablement surpris de cette Toyota Supra manuelle tout au long de l’essai. J’avais peur que le passage à la boîte de vitesses mécanique ne transforme la Supra en quelque chose d’inutilisable en ville et de peu efficace sur route de campagne. C’est finalement l’inverse. Elle est plus lente, certes, mais pas de beaucoup. Par contre elle inspire tellement plus confiance que l’on se met à plus en profiter. Le stress de voir l’arrière partir d’un coup disparaît. On ne voyait déjà pas beaucoup de Toyota Supra et on verra probablement encore moins de version à boîte mécanique à cause d’un malus toujours plus assassin. Cependant, pour qui oserait passer le cap, ce serait là l’opportunité d’avoir une voiture différente, et très plaisante à conduire.
Retrouvez ci-dessous le tableau récapitulatif de l’essai et la traditionnelle galerie de photos réalisées pendant l’essai :
Les + | Les – |
Voiture transformée par sa boite de vitesses | Echappement peu démonstratif |
GT affirmée | Le système audio |
Le caractère du 6 cylindres | Le malus assassin |
Texte et photos : Antoine
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