La Toyota GR Yaris est probablement la petite voiture la plus attendue de cette fin d’année 2020 ! Quel plaisir de voir, en ces temps complètement insipides, un constructeur nous sortir une bombe comme ça. Imaginez bien : citadines 3 portes, 260 ch, quatre roues motrices et une boîte de vitesses mécanique. Ne serions-nous pas là en face d’un dinosaure automobile ? Toyota Gazoo Racing a développé la Yaris de WRC et cette GR Yaris se veut la version routière. Petite pépite dynamique ou coup de communication bien rodé ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui puisque nous prenons le volant d’une version Pack Premium (voir différence plus bas). Essai Toyota GR Yaris : celle que l’on n’attendait plus !
Toyota GR Yaris : plus large, c’est possible ?
Bon, commençons par le plus impressionnant. Cette Toyota GR Yaris est la seule Toyota Yaris de 4ème génération à être disponible en 3 portes. Enfin seule, avec la version de WRC. A l’heure où ces silhouettes ont complètement disparu, c’est une sacrée bonne nouvelle ! La voiture est large. Mais alors vraiment très large. Elle profite d’une calandre immense, encore plus grande que la version classique. Cette calandre n’est pas bardée de caches plastiques pour plaire aux designers et aux aérodynamiciens. Non, cette calandre est ouverte sur un non moins immense échangeur.
Les ailes avant sont larges, et se retrouvent visuellement encore plus larges avec les rajouts latéraux, de forme un peu carrées, directement issues de la voiture de WRC. Le profil tombe, notamment sur la partie arrière. Il faudra imputer cela à la carrosserie 3 portes, mais cela implique une structure de caisse spécifique à cette GR Yaris ! Nouvelles arches latérales, nouveau toit (recouvert de faux carbone), nouveaux montants B et C, nouvelle lunette arrière. Globalement, Toyota s’est donné à fond pour offrir quelque chose de vraiment différent !
Un black pack esthétique équipe notre voiture. Cela offre une calandre, des rétroviseurs et des baguettes de portes peints en noir. Des jantes en 18 pouces noires complètent le pack esthétique. Ces jantes sont littéralement situées aux quatre coins de la voiture, et renferment des disques de freins énormes. Enfin à l’arrière, la voiture fait vraiment trapue et n’est pas forcément la plus belle. Cependant, elle montre à quel point elle est large (encore) avec ses ailes arrière galbées et bien rebondies ! Deux grosses sorties d’échappement sont logées dans le bouclier, prometteuse d’une sonorité enivrante.
A l’intérieur, c’est moins visible
Pour l’intérieur, les changements principaux consistent en ces deux gros baquets. Ces derniers disposent de tous les réglages (hauteur longueur et angle) de façon manuelle. Les appuis tête sont intégrés, comme un baquet classique, mais réglables. Une plaque faisant le lien avec le WRC trône à côté du frein à main. Oui, la Toyota GR Yaris est équipée d’un vrai frein à main manuel, ainsi que d’une bonne vieille boîte de vitesses, elle aussi manuelle. Cela rappelle un petit peu le coupé GT 86, et rien que de repenser au fun procuré par le petit coupé, cela donne le sourire. Espérons que la GR Yaris sera de la même veine.
Les contre portes sont composés d’Alcantara ou de suédine. C’est très élégant, mais je regrette de ne pas en trouver ailleurs. J’aurais bien ajouté le volant, le levier de commande de boîte, et probablement d’autres éléments. On trouve encore pas mal de plastiques un peu durs. Ce n’est pas des plus agréable au toucher comme à la vue mais en soit, je reconnais que je m’en fous un peu. Je lui pardonne ces écarts de qualités parce que sans ces pièces en plastiques, la voiture serait plus chère, beaucoup plus chère. Bref, j’aborderai le prix en fin d’article. Quel dommage cependant de voir de si cheap compteurs à aiguilles, alors même qu’un immense écran trône en milieu de planche, et que la voiture s’équipe d’un affichage tête haute…
Concernant les places arrière, il faudra y accéder en priorité via la place passager. En effet, le siège conducteur avant n’avance pas lorsque vous rabattez le dossier, laissant ainsi seulement quelques centimètres pour passer derrière le siège. Dans tous les cas, le siège passager comme conducteur ne reprendra pas son angle de dossier d’origine, faisant de l’accès aux places arrière une épreuve que vous voudrez éviter, tant en tant que passager avant ou arrière ! Une fois assis, il ne faudra pas être trop grand, que cela concerne les jambes ou le buste.
Toyota GR Yaris : que vaut-elle sur route ?
Une fois installé à bord, je me rends compte que la position de conduite va vite me déplaire. Je suis réglé au plus bas, et pourtant, je me sens beaucoup trop haut. Ce n’est pas au niveau d’une Abarth 595 mais c’est assez dérangeant. Une pression sur le bouton de démarrage et le trois cylindres démarre. Oui, vous avez bien lu. Cette voiture est d’un autre temps mais reste connectée au présent via sa motorisation plus petite. Enfin, il y a tout de même 261 ch qui se cachent dans ce petit 1.6L. Si on revient sur ce moteur plus tard, sachez qu’il ne fait pas de bruit au démarrage.
Et, si ça peut vous réconforter, il ne fait pas de bruit non plus lorsque vous roulez normalement. En roulant dans le flux de circulation, la voiture se montre raide, très raide. On n’est pas dans une Abarth 695 Biposto mais on s’en rapproche. Rapidement, un énorme défaut fait son apparition. Il y a d’énormes angles morts … vers l’avant. Je suis, je le rappelle, assis au plus bas. Cependant, le champs de vision est coupé par l’énorme et surdimensionné rétroviseur intérieur. Il vient du reste de la gamme, mais la lunettes arrière tient dans moins de la moitié de ce rétroviseur. J’avoue que me voir et voir en même temps mon passager n’aide pas à la rétrovision. Il y a également cet énorme écran flottant, réduisant lui aussi le champs de vision sur la route. Ensuite, on ajoutera les montants de pare-brise, assez proéminents…
Je vous ai parlé de rouler normalement mais très clairement, la voiture n’est pas faite pour, et elle vous le fait comprendre très, mais alors très rapidement !
Le sport, sa vraie nature
Premièrement, il y a la réponse à l’accélérateur. Très précise, elle fait parvenir chaque variation de votre pied au moteur et propulse la voiture en avant. Il est impossible de ne pas avoir envie « d’attaquer ». Pour revenir sur l’accélérateur, cela met en avant le son du moteur. Le son en bas des tours est amplifié via les hauts parleurs, quel que soit votre régime moteur. Ensuite, le son du moteur, le vrai. Au-dessus de 5000 tr/min, le turbo souffle vraiment fort et l’échappement émet un râle assez important. Ecouté de l’extérieur, c’est encore plus impressionnant. C’est un vrai grognement caverneux jusqu’au rupteur, avant de passer le rapport et d’entendre le sifflement de décharge du turbo.
La direction est bien précise, mais la remontée d’informations peut, parfois, se montrer imprécise. C’est notamment lié au gabarit même de la voiture. Elle est très courte, avec seulement 4 m, et très large avec 1,8 m. Mais plus impressionnant, les voies représente 61% de l’empattement, lui donnant vraiment le comportement d’un karting. Globalement, ça la rend un peu difficile à cerner dans les grandes courbes, et je m’en remets au système 4 roues motrices pour au pire, rattraper…
Mais dans les enchaînements de petits virages, c’est un régal, quelque chose de vraiment impressionnant. La Toyota GR Yaris pousse fort sur les 4 premiers rapports. Elle saute de virages en virages avec une aisance incroyable. A l’approche de chaque épingle, les énormes freins de 356 mm à 4 pistons à l’avant (et 297 mm 2 pistons à l’arrière) stoppent la voiture avec une force de freinage rarement vues sur ce gabarit de voiture. La voiture se place dans le virage à la perfection et ressort, soit en ligne droite, soit avec une légère glisse des 4 roues. Qu’est-ce que ça doit être avec une version Track, équipée d’un différentiel mécanique à glissement limité… En effet, notre voiture est une version Premium, équipée d’un différentiel électronique.
Toyota GR Yaris : notre avis !
Vous l’aurez compris, cette voiture est incroyable, surtout en 2020. Elle n’a absolument aucune concurrence, même lointaine. Toyota est le seul constructeur engagé en WRC à réaliser une voiture équivalente pour la route. Encore mieux, ils refont la même chose pour le WEC, catégorie Hypercars. La Toyota GR Yaris s’offre pour 35.000 € hors malus, et c’est donné pour le rapport prix performance. En face, vous aurez une Clio hybride ou une e208 de moins de 140 ch chacune… Elle est addictive, fun, et complètement pousse au crime. C’est d’ailleurs de là que viennent tous les problèmes que je lui trouve.
Dans une voiture où il est impossible ou presque de respecter les limitations de vitesses et d’adopter une conduite écologique, pourquoi avoir mis tant de superflu et n’avoir pas travaillé certains points ? La position de conduite mériterait d’être plus basse, comme la voiture mériterait d’être plus radicale. La banquette arrière inaccessible ? On enlève. L’écran central ? On enlève (en plus il ajoutera de la visibilité). Le rétroviseur ? Plus petit. Le toit carbone ? En vrai carbone. Je serai tenté de faire aussi disparaître un silencieux ou deux. Vous l’aurez compris, la Toyota GR Yaris a été pensée radicale, avant d’être transformée pour plaire au marketing. Il y a cependant un boulevard tracé pour une telle version plus radicale, qui viendrait ainsi se positionner à la façon d’une Mégane R.S. Trophy-R. Ça tombe bien, certains prototypes allégés ont été vus sur le Nürburgring…
Retrouvez l’ensemble des photos réalisées pendant l’essai ci-dessous :
Texte et photos : Antoine
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