Nous prenons enfin le volant du petit coupé le plus « polémique » de ces derniers mois : la Toyota GR 86. Polémique, ce n’est pas vraiment la voiture elle-même mais l’environnement dans lequel elle évolue. En effet, désormais en 2024, le malus n’est plus limité en fonction du prix de la voiture, mais se contente d’être une somme forfaitaire sans accord avec la voiture vendue. Une sacrée gifle qui va fortement impacter les ventes d’une telle voiture en France, alors même que ces mêmes ventes étaient limitées. Essai Toyota GR 86 : le départ d’une incroyable auto.

Toyota GR 86 : la simplicité avant tout
La GR 86 ressemble à s’y méprendre à la GT86. La silhouette générale est la même. Les proportions sont les mêmes. Pourtant, la nouvelle mouture se veut plus élégante, plus moderne et un peu moins caricaturale. Certains diront que c’est une perte et que cela faisait le charme du coupé. D’autres comme moi préfèreront cette sagesse. Cette voiture plutôt jolie se targue d’argument de style venus des grandes autos de ce monde : long capot, habitacle reculé, porte à faux plutôt courts. Tout est présent. Les jantes en 18 pouces jurent un petit peu. On y remarque des pneus à caractère sportif en lieu et place des pneus de Prius sur la génération précédente. A l’arrière, on retrouve des airs de grosses GT avec des ailes gonflées, deux grosses canules d’échappement et un petit béquet. Vous l’aurez compris, c’est dans l’ensemble simple et c’est réussi, sans artifice inutile.

A l’intérieur, la GR 86 s’est bien moins modernisée. On n’y retrouve que peu d’évolution et l’ensemble fait globalement assez vieux. Ce n’est pas très grave finalement, ce n’est pas ce que l’on lui demande. Notons tout de même les deux baquets, visuellement très réussis. La fermeté les caractérise mais ils ne sont pas inconfortables. Ils disposent d’ailleurs d’un très bon maintien latéral, fort appréciable. Le petit volant et le levier de vitesse idéalement situé promettent une belle expérience de conduite. Les deux petites places arrière sont limitées mais dépanneront pour les petits gabarits. Concernant le coffre, il est largement suffisant pour une escapade d’une semaine.

La modernité apportée par l’écran central et l’apparition d’Android Auto et Appel CarPlay est appréciable. Niveau confort, notons la présence de siège chauffants, d’un régulateur de vitesses, de feux à LED très appréciés. Le système de son est un peu à la ramasse, très couvert par le bruit du moteur.
Un essai sous la neige : la fausse mauvaise idée ?
Disons le dès le début, notre essai s’est déroulé dans des conditions assez exceptionnelles pour l’Ile de France avec la présence de neige. Non pas que cela me dérange en temps normal, les souvenirs de glisse en GT86 se font très présents dans ma tête et l’appréhension prend forcément un peu le dessus. Imaginez bien : petite propulsion, voiture qui ne m’appartient pas et que je ne connais pas, confiance dans les conducteurs franciliens inexistante. Le parfait combo. Pression sur le bouton de démarrage, le flat 4 se met à grogner et fait profiter vos voisins d’un cold start au son rauque et puissant. Passage en première, démarrage en douceur, et nous voilà partis.

Deux choses me sautent aux yeux sur les premiers kilomètres : la voiture vous communique tout à basse vitesse, et le moteur semble disposer d’un système de maintien de tours minutes lors du passage de rapports entre les 1 et 2 et 2 et 3. C’est assez étonnant et plutôt désagréable en usage quotidien. Cela devient difficile d’être doux alors même que la boîte de vitesses ultra précise le permet. La position de conduite se révèle quasiment parfaite : basse, les jambes bien allongées, et un volant tombant juste où il faut. Evidemment cela détone dans la circulation actuelle mais c’est très plaisant d’enfin remettre les mains dans une voiture typée « plaisir de conduite » plutôt que « passe partout ».

Raccords de goudron, rainure, changement d’élévation, toute la route est retranscrite. Il en va de même pour la vitesse de la voiture : chaque changement de pression sur l’accélérateur se ressent, la voiture communique et vit. Très vite, on oublie l’appréhension de la GT 86 et ses pneus de Prius tant la GR 86 et ses Pilot Sport 4 semblent ne jamais manquer de grip. Tout est dans ce dernier verbe : sembler.
Toyota GR 86 : provocante, mais à la demande
En effet, la Toyota GR 86 n’est pas devenue une voiture chiante sans aucune âme. Elle prend la suite d’une GT 86 qui représentait l’école de pilotage par excellence, à l’image d’une Mazda MX-5. Et de ce fait, la GR 86 vous demande d’hausser le rythme pour vraiment la comprendre. Le moteur flat 4 se veut plus sonore que précédemment. Délivrant 235 ch à 6.200 tr/min et 250 Nm dès 3.700 tr/min, ce moteur linéaire est à la fois perturbant et extrêmement plaisant.
On a l’impression que le moteur est paresseux dans le bas des tours alors que la montée en régime semble infinie. Pourtant, la plage de couple du moteur a été réglée beaucoup plus basse que précédemment, pour éviter le creux dans le milieu du compte tour. Par rapport à la GT 86, cela reste le jour et la nuit. Pour ce qui est de la puissance, il est préférable de jouer du levier de vitesses pour toujours être dans la meilleure plage de fonctionnement de ce moteur 2,4L. La puissance est suffisante, bien accompagnée par un ensemble léger et une bande son plus rauque.

La motricité manque un peu à l’appel lors de notre essai sous la neige, forcément. Cependant les pneus offrent véritablement un vrai plus par rapport à la GT 86 précédente. Si vous ne provoquez pas la voiture, elle ne glissera pas et ne vous piègera pas. D’ailleurs si l’adhérence vient à manquer mais que vous ne le cherchiez pas, c’est dans la majorité des cas le train avant qui rendra les armes en premier. Si par contre vous cherchez à déséquilibrer la Toyota GR 86, alors elle glissera à la demande du train arrière. C’est finalement comme une Alpine A110 : ça ne glisse que si vous le voulez. On aime ou on n’aime pas, mais cela fait du petit coupé japonais une voiture utilisable au quotidien.

La position de conduite et la direction procurent une remontée d’informations très précise. On a l’impression de savoir tout ce que fait la voiture, à chaque moment. Pour vraiment profiter de ce comportement, il faudra quitter les axes trop grands. Une route de montagne ou quelques petites routes de campagne un peu techniques seront vraiment son terrain de jeu favoris. Comme pour beaucoup de voitures réussies, il n’y a pas besoin de rouler vite pour se faire plaisir. Ici le plaisir vient par la remontée d’information et la faculté à ne faire qu’un avec la voiture.
Chaque action que vous réalisez à un impact. Ajoutez à cela un son à l’échappement qui ne va pas dans l’excès et les pseudos retours de gaz, et vous comprendrez toute la pureté de la Toyota GR 86. Alors non, ce n’est pas sur le papier la voiture la plus excitante ni la plus rapide. Mais niveau plaisir, elle se positionne bien !
Le Malus m’a tuer

Evidemment, le point que tout le monde attend est celui du prix. Avec un prix de 33.000 €, le coupé Toyota GR 86 apparait comme une bonne affaire. Véritable voiture plaisir d’entrée de gamme, il est d’ailleurs presque seul sur le marché. On ne retrouve en face que la Mazda MX-5, déjà un peu plus chère, avant de multiplier le tarif par deux avec la Toyota Supra ou la BMW Z4. Cependant, nos lois actuelles étant ce qu’elles sont, le malus 2024 est venu doucher les espoirs de ventes de Toyota.
En effet, depuis le premier janvier, le malus n’est plus bloqué à la moitié du prix de la voiture comme précédemment. Ainsi entre le 31 décembre 2023 et le 1er janvier 2024, la Toyota GR 86 a vu son prix grimper de 50.500 € à 93.000 €. Sacrée augmentation grâce à un malus qui représente désormais 182% du prix de vente… A ce rythme-là, l’addition devient plus salée qu’avec une Toyota Supra de 340 ch…
Notre avis sur la Toyota GR 86

Voiture passion par excellence, la Toyota GR 86 s’est transformée en une espère en voie d’extinction. Un véritable dinosaure qui ne semble pas à sa place sur le marché actuel. Pourtant, c’est probablement la voiture neuve la plus passionnante que j’ai essayé depuis bien longtemps. Une voiture que l’on n’a pas peur de brusquer, même sur la neige. Alors oui, ce n’est pas la plus à jour d’un point de vue technologie. Ce n’est pas non plus la plus aboutie sur le design intérieur. Oui, peut-être, mais ce n’était pas non plus le but recherché.
La GR 86 prend le relais d’une longue lignée de petits coupés très plaisants chez Toyota, et on sait qu’elle sera, du moins en Europe, la dernière du genre. La suite sera très probablement faite d’électrification complète ou partielle. Est-ce que la Toyota GR 86 vaut 93.000 €, certainement pas. Mais vaut elle les 33.000 € demandés par Toyota ? Absolument, et jusqu’au dernier centime.
Les + | Les – |
Remontées d’informations précises | L’intérieur un peu vieillot |
Stabilité par rapport à la GT 86 | Le malus assassin |
Le sourire qu’elle procure à chaque trajet | Le maintien de régime moteur sur certains rapports |






























Texte et photos : Antoine
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