La Renault Mégane IV R.S. Trophy, nous ne vous ferons pas l’affront de vous la représenter. Cependant, il nous paraissait important, à quelques mois de sa disparition, de vous en refaire l’essai. Nous reprenons donc le volant de la Mégane R.S. pour lui faire un petit adieu. Il s’agit d’une version Trophy, équipée de la boîte de vitesses EDC, encore jamais essayée sur le site. Simple essai de courtoisie ou véritable dernier essai avant le passage au tout électrique ? La question n’attend pas de réponse, vous le savez, et vous le redoutez. La suite sera définitivement plus chiante. Essai Renault Mégane R.S. Trophy : un dernier tour, c’est tout.

La Mégane R.S et moi, cette longue histoire…
Je ne vais pas vous le cacher, j’ai toujours été un grand fan de la Mégane R.S, et ce, qu’importe le modèle. J’ai découvert la lignée magique de Renault Sport il y a près de 15 ans, avec la Mégane II R.S. R26 du père d’une amie. Elle était un peu vidée et préparée. C’était un vrai monstre. Une belle auto Jaune Sirius, capot en carbone, une sorte de R26 R qui n’en avait pas le nom. J’ai par la suite profité d’une Mégane II R.S. lors d’un roadtrip en Afrique du Sud, plus de 10 ans plus tard. C’était un véritable retour aux bases de la conduite plaisir, avec le mythique F4RT aux commandes.

Ensuite, j’ai découvert la Mégane III R.S. encore une fois, via des amis. J’ai alors découvert une des autos les plus incroyables que je n’ai jamais conduite. Le châssis était prévenant et précis. Le train avant était rivé au sol et il était possible de corriger la trajectoire lorsque l’on sentait l’arrière gigoter. Chose que je vous déconseille de faire en Golf GTI par exemple, croyez en mon expérience… Le train avant de cette voiture était absolument dingue, digne des plus grandes sportives de Stuttgart à mes yeux.
J’emmènerais d’ailleurs une Mégane III R.S. Trophy sur la célèbre boucle nord du Nürburgring. Si il est évident que je n’y ai pas mis un record, il est certain que c’est mon tour le plus rapide et le plus efficace à ce jour. C’est la seule voiture que j’ai senti aussi seine sur le tracé, mais surtout aussi prévoyante ! J’en garde un souvenir incroyable, et probablement mon meilleur souvenir en Mégane R.S..

Par la suite, j’ai découvert la Renault Mégane IV R.S. sur le circuit de La Ferté Gaucher. Je n’en garde pas forcément un super souvenir puisqu’il neigeait. La voiture glissait à ne plus savoir qu’en faire et ce qui devait arriver arriva. J’ai fini à haute vitesse dans un dégagement rempli de boue, après une belle frayeur. Je suis donc dans un sentiment partageant excitation et timidité en récupérant les clefs de la Mégane R.S. Trophy de cet article, pour une semaine.
Renault Mégane IV R.S Trophy : bête de circuit ?
Sa teinte Jaune Sirius la rend très visible. J’aime beaucoup le fait que la couleur la vieillisse moins qu’un simple blanc. En effet, même si il s’agit d’une Mégane restylée, le style général n’assume pas moins de 5 ans déjà. Et si ce n’est pas vraiment vieux, on commence à connaître ce style inspiré des concepts Désir (2010), Initiale Paris et même TreZor (2016, en même temps que la Mégane). Les éléments Renault Sport caractéristiques musclent la Mégane sans la rendre vulgaire. On retrouve ainsi la belle lame avant dans la calandre, les trois optiques en forme de damier, les belles jantes cachant les gros freins, les écopes de sortie d’air sur les ailes avant. A l’arrière, on retrouve un diffuseur assez monstrueux , un bouclier massif flanqué de deux écopes, une sortie d’échappement centrale et un béquet plus prononcé.

En s’installant à bord, on repère immédiatement les deux sièges Recaro du plus bel effet, et le volant en Alcantara. La jante épaisse transpire la conduite sportive et la promesse d’une direction aux petits oignons. Pour le reste, on retrouve une Mégane classique. Vous pouvez compter sur l’écran portrait, le R Link, les pièces d’accastillage en effet carbone, et l’ensemble des plastiques un peu durs (mais léger, ce qui importe plus dans notre cas). Notre version conserve sa banquette arrière, et jouit d’un coffre à la taille somme toute honorable.

Installation à bord
Une fois installé au fond de mon siège, je me rend compte d’une chose assez déroutante. J’adore être assis au plus bas dans une voiture pour mieux ressentir la voiture et les sensations. Cependant, c’est la seconde fois seulement que je ne descends pas le siège au plus bas de ce qui est possible. La première fois étant le petit tour à la Ferté Gaucher, déjà dans une Mégane IV RS donc. C’est une petite preuve de plus, si n’en fallait, que Renault Sport fait tout pour que le plaisir de conduite et les sensations soient au rendez-vous.

Bref, le volant tombe bien sous la main, réglé assez haut comme je l’aime bien. Une pression sur le bouton de démarrage, et un son rauque se fait sentir. Quel plaisir de ne pas avoir un faux son de haut-parleur. Notre modèle est équipé de l’échappement Akrapovic qui rend le 4 cylindres très sonore. Trop peut-être, diront ma femme ou mes voisins… Pour sortir de Boulogne, où se trouve le parc presse, et rejoindre mes petites routes de l’ouest favorites, je me heurte à la traditionnelle traversée des ralentisseurs. Les suspensions de la Trophy sont un peu raides pour ça. Ce n’est pas insupportable, mais ça rendrait l’usage quotidien fort peu agréable. Pour le reste, c’est plutôt agréable et la direction sort du lot en se montrant précise sans être ni trop lourde, ni trop légère.

La conduite dynamique, ce qu’elle préfère !
Après un usage quotidien me rappelant donc sans rupture la Mégane III R.S., il est temps de pousser un peu. Le 1,8L TCE de 300 ch souffle de manière agréable. Le couple naturel suffisant à pousser correctement le temps que le turbo se déclenche, et charge le train avant de manière significative. Si certains détesteront, j’apprécie plus cette sensation que celle des biturbo modernes soufflant de la même façon quoi qu’il arrive. Si l’accélération n’est pas la plus sensationnelle, elle en reste largement suffisante !

Lorsque les premières courbes arrivent, si les souvenirs de la Ferté Gaucher se rappellent à moi, je profite du grip procuré par la route et les pneus chauds pour enchaîner les changements d’appuis. Cela se fait tout en douceur et précision. Pas de changement brutal que ce soit sur le cap tenu ou les mouvements de caisse. La voiture profite d’une belle allonge et d’une direction digne d’un scalpel. En conduite sportive, la boîte de vitesses ne révèlent pas de défaut particulier. L’usage des palettes se montre agréable et addictif, profitant d’une belle réactivité.

Renault Mégane IV R.S Trophy : la mitraillette en travers
Au moment où je me dis que la Mégane IV R.S. a perdu en fun ce qu’elle a gagné en efficacité, les 4 roues directrices entrent en jeu et annoncent le contraire. L’empattement étant virtuellement rétrécit lorsque les roues arrières braquent dans le sens inverse des roues avant, le transfert de masses se fait plus rapidement. Ainsi, on peut vite se retrouver, à l’entrée d’une petite épingle ou d’un rond-point, avec une voiture en travers. Et alors quel plaisir de faire glisser une traction ! Attention tout de même, cela peut vous surprendre assez vite, même avec ESP. Vous serez prévenus !
Autre point de fun qui pourra en agacer plus d’un (je vous ai parlé de mes voisins ?), l’effet mitraillette dans l’échappement. L’échappement Akrapovic rend le son à la fois plus volumineux, et plus communicatif. Là où la même entreprise avait, à mes yeux, un peu failli avec la Giulia QV essayée quelques jours avant, c’en est magnifié ici. Chaque lever de pied entre 3 et 5000 tr/min se traduira par quelques « Pap pap » alors qu’un lever de pied vers 5500 voire 6000 tr/min se traduira par un « papapapapapapapapapapap » assez démonstratif. Les tunnels deviennent vos meilleurs amis.

Conclusion : Goodbye old friend
Vous l’aurez compris, je partais avec un avis complètement biaisé. Cependant, la Renault Mégane IV R.S. Trophy m’a réellement convaincu. Convaincu que c’était une excellente auto qui arrive encore à se différencier face à une concurrence toujours plus aseptisée. Elle m’a aussi convaincu que le futur serait forcément plus chiant. Si j’adore la Zoé de ma belle maman, je ne me vois pas m’amuser comme je l’ai fait avec la Mégane. Ce vieux dinosaure qui fait du bruit, qui est tape cul, qui n’est pas discret, qui glisse, c’est l’automobile qui nous plaît à tous ! Un peu comme la Giulia QV récemment, la C63 S Estate ou le Jeep Grand Cherokee Trackhawk : inutiles, mais absolument indispensables ! Alors si leur avenir est incertain, on va se faire un malin plaisir à tous aller les essayer avant qu’ils ne disparaissent définitivement.
Chère Mégane R.S. Trophy, Renault Sport, un grand merci pour les 15 ans de plaisir qui viennent de passer, et au revoir !
Retrouvez ci dessous la galerie complète réalisée pendant l’essai :
Texte et photos : Antoine
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