Si on m’avait dit qu’un jour j’aurais l’opportunité de prendre le volant de la mythique Datsun 240Z, je ne l’aurais pas cru. Pourtant, nous avons saisi l’opportunité de remonter l’histoire et de tester quelques anciennes gloires de Nissan. C’est ainsi que je me suis retrouvé, le temps d’un week-end, avec les clefs de l’une des plus célèbres sportive des années 70. 6 cylindres en ligne, 150 ch, propulsion, tout est dit. Essai Datsun 240Z : retour aux sources.
Un peu d’histoire
Avant de commencer, petite remise en situation. Datsun est un constructeur japonais né en 1913 et racheté par Nissan en 1933. Datsun, bien que populaire au pays du soleil levant, ne connaît un véritable succès que dans les années 60 en exportant son roadster Fairlady aux Etats-Unis. Le succès est immédiat et Nissan décide de décliner son roadster gentillet en une version plus sportive. La Datsun 240Z est née. Pour plus d’informations, je vous renvoie vers cet article sur l’Histoire de Datsun.
Produite de 1969 à 1973, la Datsun 240Z, également appelée Nissan Fairlady Z au Japon, est un coupé 3 portes en configuration FR (Front engine & Rear-wheel-drive / moteur avant et roues motrices arrières). Commercialisée à partir de 1970 aux Etats-Unis, la Datsun conquiert immédiatement le pays de l’Oncle Sam. En même temps, le petit coupé japonais a de quoi séduire. La taille est contenue, le style est agressif sans être trop décalé et le prix est ultra compétitif. A moins de 5.000 $ (environ 20.000 € au taux de change actuel), il était dur de résister !
Datsun 240Z : véritable allumeuse
Le style extérieur est très agressif, surtout une fois remis dans son époque. Les lignes sont étirées, le capot est immense et la silhouette fend l’air. Le design, bien que réussi, n’est pourtant pas si original que ça. En effet, la silhouette allongée rappelle presque celle d’une Jaguar Type E, le bosselage sur le capot celui d’une Pontiac TransAm et la coupe fastback est quant à elle contemporaine des autos de l’époque. Beaucoup comparée au design de sa rivale la Toyota 2000GT, la Datsun 240Z possède cependant quelques éléments originaux qui la font sortir du lot.
Les optiques avant, enfoncées sur les côtés de la calandre, font surgir et plonger cette dernière vers l’avant. La lame avant, discrète, rajoute une touche d’agressivité. Le bosselage sur le capot symbolise indirectement une grosse motorisation. A l’arrière, le pan coupé ainsi que le béquet donnent le ton. Enfin, les touches de chrome sur les pare-chocs et les enjoliveurs ajoutent un côté chic et pérennise cette auto dans la transition années 60 et 70.
En rouge et noir !
A l’intérieur, le spectacle se magnifie. L’intérieur de notre Datsun d’essai est dans un état proche de la perfection. Le rouge, omniprésent, contraste à merveille avec le blanc de la carrosserie. On est assis très bas dans cette auto, mais qu’est ce que c’est confortable ! Les sièges, même si ils sont très fins et peu réglables, sont moelleux et la position de conduite est idéale. Même si l’habitacle de la Datsun 240Z est assez contraint, on se sent immédiatement à l’aise. C’est très spacieux. Les panneaux de portes sont fins, le tableau de bord épuré et la visibilité extérieure conséquente.
Le simili cuir rouge des sièges et des garniture de portes est du plus bel effet. Associé au plastique noir du tableau de bord, l’ensemble est plutôt harmonieux. Pour rester dans l’esprit sportif de cette auto, les compteurs engoncés trônent au milieu de l’habitacle. Ces derniers remontent des informations comme la jauge d’essence, la température d’eau, la pression d’huile ou encore l’ampérage. Le volant tulipé est magnifique mais offre une jante en bois légèrement trop fine à mon goût. Le même bois se retrouve d’ailleurs sur le pommeau du levier de vitesse, lui aussi un peu petit.
Le reste de l’habitacle est dans l’ère du temps (de l’époque). L’allume cigare est très proche du conducteur et l’imposant cendrier dans la console centrale rappellent que fumer était quotidien, même en voiture. Les commandes de clignotant sont à l’image des informations du compteurs, floues. En effet, on ne sait jamais ce qui est enclenché ou non, ni même quelle est la valeur actuellement affichée, comme la vitesse. Une habitude qu’il va falloir prendre pour conduite cette auto du siècle dernier.
Branle-bas de combat !
Tour de clef – je n’avais pas fait ce geste depuis une éternité – et le moteur se met en branle. A froid, il faut tout de même plusieurs tentatives avant que ce dernier ne démarre. C’est qu’il est un peu capricieux. Mais tout de suite l’émotion apparaît. Chaque effleurement sur l’accélérateur fait trembler toute la voiture. La sonorité au ralenti, bien que sans charme particulier, a le mérite de rappeler qu’une bonne vieille cylindrée essence est présente sous ce long capot que j’ai devant les yeux. Les premiers tours de roues sont… physiques. C’est la première fois pour moi que je prends le volant d’une voiture sans direction assistée. Il me faut donc quelques kilomètres avant de bien prendre en main la voiture, son maniement, son comportement à basse vitesse et ses réactions.
Notre Datsun 240Z d’essai est sortie des chaînes de fabrication en 1973. Elle est équipée d’un 6 cylindres en ligne de 2.393 cm³ développant 151 ch SAE, soit environ 130 ch DIN. Avec la boîte de vitesses manuelle à 5 rapports, la Datsun 240Z offre de belles sensations. L’étagement des rapports est tel que les second et troisième sont ceux principalement utilisés. Ils permettent notamment d’atteindre les 100 km/h en moins de 10 secondes. Belle performance pour l’époque ! Le moteur monte avec plaisir dans les tours et là, la sonorité se transforme. Le son se fait plus métallique et le moteur exprime tout son caractère.
Cependant, pas besoin de rouler vite dans cette merveille. Rouler entre 60 et 80 km/h sur les célèbres routes sinueuses de la Vallée de Chevreuse permet de faire le plein de sensations. Attention tout de même au freinage, car avec son système hydraulique d’une autre époque, le maître mot est anticipation.
Datsun 240Z : le 6ème sens
L’expérience se veut véritablement corporelle. En effet, chaque aspérité de la route, chaque changement de revêtement, se ressent. Le moteur remonte également beaucoup d’informations puisque chaque vibration traverse tout le corps. Concernant la boîte de vitesses, disons que le passage des rapports nécessite d’être très précis. Ici, pas de place à l’approximatif sous peine de ne pas rentrer les rapports ou de les voir se désengager. Concernant la première, il faudra bien penser qu’elle n’est pas synchronisée et qu’elle se passe donc à l’arrêt, avec un petit coup de gaz. L’expérience devient également olfactive dès que l’on sollicite de manière répétée l’accélérateur. Les afflues d’essence engorgent les carburateurs et baignent l’habitacle d’une douce odeur si particulière.
De part sa conception et son héritage, la Datsun 240Z est une véritable référence en terme de comportement routier. Son poids juste au dessus de la tonne et son moteur à l’avant lui confèrent les attributs qui ont fait son succès. Elle est plutôt facile à conduire, maniable et la tenue de route plutôt bonne, une fois la voiture inscrite dans les courbes. Pourtant, ce n’est pas la performance que j’ai aimé à son volant. Le plaisir de conduire en 240Z ne signifie pas enchaîner les courbes et les accélérations. C’est le plaisir pur et simple de rouler au gré des routes et de croiser le chemin d’autres adeptes de Datsun. Le plaisir presque enfantin de profiter d’un jouet que l’on a entre les mains.
Cette Datsun sait d’ailleurs se faire remarquer et je dois dire que parader à son volant n’est pas déplaisant. De nombreux signes de la main m’ont accompagné tout au long de cet essai, renforçant le côté iconique de la 240Z. Un essai tout en émotions donc, que je suis bien content de clôturer. Certes cette Datsun 240Z est un mythe, et je remercie Nissan de m’avoir permis d’y accéder, mais elle n’est clairement plus faite pour nos conditions de circulation actuelles. Les embouteillages, feux rouges, ralentisseurs, tant d’éléments qui transformeront le moindre trajet en un véritable stress. Ou alors, il faut quitter la région parisienne, et en profiter loin, très loin, à la campagne !
La suite de l’aventure
Quoi qu’il en soit, cette Datsun reste et restera toujours une de mes autos favorites. Elle, ainsi que ses descendantes, a accompagné ma passion de l’automobile et celle des sportives japonaises en général. En effet, suite au succès de la 240Z, Nissan continua le développement de sa branche sportive avec les 260Z, 280Z, 280ZX, 300ZX, 350Z et l’actuelle 370Z. Mais ça nous allons y venir dans la suite de notre saga Z !
Comme d’habitude, retrouvez ci-dessous la galerie photo de cet essai :
Texte et photos : Anthony
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