Avec ce second modèle au sein de la nouvelle gamme Smart, la marque compte bien s’implanter dans le paysage automobile actuel. Assez éloigné de la « Smart » telle qu’on la connaissait, la Smart #3 propose une touche de polyvalence avec un SUV coupé 5 places électrique au look moderne et légèrement sportif. Pour cette première dans l’univers Smart, nous prenons le volant d’une #3 Pro+ pour un essai de quelques jours afin de découvrir le quotidien en Smart 100% électrique. Essai Smart #3 Pro+ : hashtag réussite ?
Petite Smart devenue grande
Si on vous dit Smart, vous avez immédiatement en tête la petite citadine 2 places née dans les années 90. Bien qu’ayant proposé deux autres modèles, la Smart Fourfour et la Roadster, la marque a acquis sa renommée et sa clientèle grâce à la Fortwo. En 2019, Daimler et Geely s’associent pour développer et produire en Chine des véhicules électriques sous la marque Smart. Fini la micro citadine, Smart fait table rase du passé et prépare une toute nouvelle gamme électrique qui sort de l’ordinaire. En 2022, le premier modèle né de cette alliance est présenté. C’est la Smart #1. Puis l’année suivante, la Smart #3 voit le jour. Produite en Chine par Geely, les Smart #1 (prononcer hashtag one) et #3 sont fabriquées sur la même plateforme que les Volvo EX30, Lynk & Co Z20 et Zeekr X.

La Smart #3 de notre essai mesure 4,40m de long. On est donc bien loin des petites Smart d’antan. Nouvelle image de marque, nouvelle gamme, nouvelle cible de marché. Smart se focalise désormais sur le marché des véhicules 100% électriques et s’implante dans un contexte où la concurrence est rude. Sa force ? Sa conception mi allemande, mi chinoise. L’extérieur fait immédiatement penser à un Mercedes EQA moins haut sur pattes. On retrouve les mêmes rondeurs sur la carrosserie et la même finesse de dessin sur les optiques avant et arrière. C’est d’ailleurs assez troublant car de loin, sans avoir l’œil aiguisé, on pourrait totalement la prendre pour une Mercedes. La nouvelle Mercedes CLA présentée ces dernières heures est frappante de ressemblance, surtout la face avant !

Globalement le dessin est plutôt réussi. C’est sobre, élégant et cohérent peu importe l’angle sous lequel on la regarde. La Smart #3 offre une silhouette musclée avec ses rondeurs et des passages de roues marqués. La face avant détonne un peu avec cette grande bouche façon requin baleine. Elle est affublée de légers appendices sur la version Brabus. Le profil est marqué par l’emplacement des roues, au plus loin l’une de l’autre, favorisant une habitabilité accrue et une place plus importante pour les batteries. La ligne de toit très ramassée lui donne un air de coupé assez sportif. Les poignées de porte affleurantes et les vitres sans encadrement participent au caractère « premium » du véhicule. Un héritage du passé est tout de même présent avec le logo Smart apposé sur les ailes avant. Logo un peu grossier qui détonne désormais avec le style et l’image sobre et épurée de la marque et ses modèles.




Smart #3 : comme un air de Mercedes
Lorsque l’on monte à bord, là encore deux mondes se rencontrent. D’un côté, vous vous sentez immédiatement dans une Mercedes. De l’autre, vous retrouvez le style épuré de bon nombre de modèles chinois. Pour le côté traditionnel à la Mercedes, le plus frappant est cette immense et imposante console centrale. Pratique car proposant plein de rangements, elle détonne complètement avec la tendance d’augmenter l’espace à bord qu’ont certains autres constructeurs. Les aérateurs, pièces maitresse de la planche de bord, sont également un point commun avec Mercedes. Les sièges sont enveloppants et offrent un maintient très efficace. L’appui tête épais ferait presque office de coussin de première classe. Le volant est lui aussi confortable à prendre en main avec une jante plutôt épaisse.






Le choix des matériaux est également très Mercedes dans l’âme. Du plastique, beaucoup de plastique, aux teintes multiples. Brillant laqué, gris mat, argenté imitation aluminium, moussé sur une partie des portes et la console centrale. Il y a de quoi y perdre la tête. Même si au final l’ensemble reste cohérent, il y un air de déjà vu proche des Mercedes EQ. L’intérieur n’est pas très moderne à l’œil, ni très qualitatif. Comme dans beaucoup de Mercedes récentes, le mobilier bouge et craque à chaque dos d’âne. Certaines commandes, comme la poignée d’ouverture de porte ou le couvercle coulissant de la console centrale, manquent de me rester entre les doigts. On pourrait même reprocher à l’intérieur de la Smart d’être « bling bling », notamment avec les poinçons du logo Smart sur les sièges où encore le simili aluminium disposé un peu partout.



Un cockpit du 21ème siècle
Pour le saut dans la modernité, on se retrouve face à un petit écran devant soi et un immense à notre droite. Le petit écran devant soi fait office de combiné d’instrumentation numérique et affiche le strict minimum des informations nécessaires en conduite. Pas de fioritures, pas d’animations gratuites, pas de cartographie de navigation. C’est minimaliste, comme le reste de la voiture. La contrainte d’avoir un petit écran implique d’afficher certaines informations parfois de manière trop discrète. La restitution de la lecture de panneaux, les alertes de désactivation de fonctions ou même les clignotants sont parfois inaudibles et trop discrets visuellement. Je me suis retrouvé plusieurs fois avec un message d’alerte que je n’avais pas vu car trop discret et une alerte sonore inaudible avec les bruits environnants ou la musique.

L’écran au centre de la planche de bord est lui beaucoup plus imposant. Il mesure 12,8 pouces et trône au centre de l’habitacle. Comme c’est désormais le cas partout ailleurs, il regroupe l’intégralité des fonctions et menus du véhicule. C’est via cet écran que l’on règle par exemple la position des rétroviseurs extérieurs. C’est technologique et cela permet d’enlever des boutons sur les panneaux de portes. On peut également ouvrir ou fermer le hayon de coffre et plus précisément choisir l’angle d’ouverture du hayon. Pratique si vous vous garez dans un parking bas de plafond. On peut évidement personnaliser les aides à la conduite que l’on veut actives et également choisir la force du freinage régénératif parmi 4 niveaux.

Le tout est disponible dans un système embarqué plutôt réactif et dont la structure ressemble beaucoup à celle d’un iPad. Tout le monde saura s’y retrouver. La cerise sur le gâteau est la présence d’un petit renard (ou d’un léopard selon l’animal choisi lors de la personnalisation) qui vous accompagne dans certaines pages du système et qui fait office d’assistant vocal. Un choix graphique fort de la part de Smart qui ravira les enfants à coup sûr. Un choix qui semble néanmoins dans l’ère du temps, à en croire Mini et Spike, un bouledogue qui fait également office d’assistant embarqué. Et entre nous, c’est plus sympa que le trombone Reno proposé par Renault…



Smart #3 : la Smart familiale ?
Pour continuer le tour du propriétaire, on retrouve des commandes au volant très simples et ergonomiques. Celles-ci sont accompagnées de seulement deux commodos, celui de gauche pour les clignotants et essuie glace et celui de droite pour changer la sélecteur avant/arrière. C’est simple et facile à utiliser. La Smart #3 semble être une voiture à vivre. La console centrale offre beaucoup de rangements comme évoqué précédemment. Dedans mais aussi dessous avec un grand espace ouvert.

L’espace à bord est un peu étriqué si quatre personnes montent à bord. Heureusement le grand toit panoramique offre un peu d’espace, surtout à l’arrière où la hauteur est un peu limite à cause de la ligne de toit fuyante. Le rang 2 est donc idéal pour les enfants et à considérer pour les adultes sur des trajets idéalement pas trop longs. L’espace aux genoux est raisonnable sans pour autant laisser la possibilité d’étendre ou croiser les jambes. A noter que la visibilité arrière n’est clairement pas idéale. Mettez trois personnes et vous ne voyez clairement plus rien.



Pour finir sur cette Smart qui se veut la plus familiale de la gamme en attendant l’arrivée de la #5, le coffre. Avec un volume de 370 litres, c’est dans la moyenne des SUV compacts. C’est un peu juste pour les grandes vacances mais c’est suffisant pour partir en weekend avec des petites valises. Le coffre comprend un double fond assez pratique. Un tout petit coffre avant est également présent, pratique pour ranger un câble de recharge lorsque le coffre principal est plein. La banquette arrière peut être rabattue afin d’offrir une capacité de charge totale de 1160 litres.



Une électrique simple pour le quotidien
Le démarrage de la Smart #3 se fait tout naturellement, juste en pressant la commande D sur le commodo de droite. La direction peut paraitre lourde mais la sensibilité de la direction assistée est réglable dans le menu véhicule du système. Vous pouvez choisir entre Auto, qui ajuste selon le mode de conduite engagé, Léger, Normal ou Lourd. Léger sera mon choix pour manœuvrer avec le plus d’aisance possible. Manœuvrer est d’ailleurs un jeu d’enfant avec les caméras panoramiques 360° de très bonnes qualités qui permettent de voir la voiture littéralement sous tous les angles.

Les premiers tours de roues en ville sont plutôt convaincants. La direction est souple et plutôt précise, permettant de se faufiler aisément dans le trafic. Le freinage régénératif est lui aussi personnalisable, selon si vous voulez tout gérer d’une pédale ou si vous préférez garder le réflexe de freiner manuellement. Pour ma part je sélectionne immédiatement le mode s-Pedal qui offre le freinage le plus fort. Cela favorise l’accumulation d’énergie au freinage afin d’optimiser au mieux la consommation.

En parlant d’optimiser la consommation, Smart propose différents modes dans son système embarqué. Certains sont valables en conduite, d’autres seulement à l’arrêt. Vous avez par exemple un mode ECO+ qui permet de réduire au maximum la consommation électrique en coupant toutes les sources énergivores comme la climatisation par exemple. A l’inverse vous avez un mode Energie, qui lui va activer la climatisation et l’éclairage d’ambiance intérieur pour dynamiser les occupants. Il y a également un mode Voiturier qui limite les fonctionnalités du véhicule dans le cadre où vous le laissez à quelqu’un. Ces modes sont un peu difficiles à trouver dans les menus mais peuvent se révéler utiles dans certaines situations.
Smart #3 : routière mais pas trop
La conduite à faible vitesse est impressionnante de souplesse. Le confort de l’amortissement permet de bien filtrer les aspérités de la route, accompagné par les sièges qui eux aussi offrent un grand confort. Ils sont d’ailleurs chauffants et ventilés. La conduite en ville est plutôt sereine avec une bonne insonorisation de l’extérieur, un système audio puissant et un gabarit général du véhicule assez contenu. Comme évoqué plus haut, les alertes de franchissements, survitesse, détection d’obstacles etc sont relativement discrètes. Si elles sont bien présentes, elles ne sont pas invasives et ne distraient pas de la conduite.

A plus haute vitesse, c’est là que ça se complique. Les vitres sans cadres n’offrent plus la même insonorisation qu’à faible vitesse. Les bruits d’air se font nombreux tout comme les bruits de roulements, surtout sur les routes mouillées de ce début d’année. On entend tout ce qui vient toucher le dessous du véhicule. La direction change et devient étonnamment plus flou, rendant la conduite moins fluide et précise. Heureusement les aides à la conduite permettent de rester bien concentré et dans sa voie. Si certains y sont réfractaires, les amateurs aimeront leur activation ultra simple d’un seul clic au volant. En un appui sur le bouton dédié Smart Pilot Assist, régulateur adaptatif et maintient dans la voie s’activent. Si ces aides à la conduite ne sont pas parfaites, avec quelques lectures de panneaux erronées, elles ont le mérite d’être claires pour le conducteur. La vue 3D qui défile dans le combiné numérique est très graphique et permet de comprendre facilement ce qui est activé ou non.

Pour conduire de manière raisonnable
Côté motorisation, la Smart #3 Pro+ de notre essai est équipée d’un moteur synchrone à aimants permanents situé sur l’essieu arrière. Il développe 200 kW et 343 Nm de couple. Cette version permet d’accomplir le 0 à 100 km/h en 5,8 s. La batterie de 66 kWh permet une autonomie théorique WLTP de 435 km. Les modes de conduite ECO et Confort permettent de profiter d’une puissance raisonnable et d’une accélération maitrisée. Ils permettent également de gommer le poids d’1,8 t qui ne se ressent pas dans la conduite. La consommation moyenne mesurée durant l’essai est de 16,9 kWh/100 km. Elle est identique à celle homologuée par la marque. Enfin un constructeur honnête ?

Un mode Sport existe également. L’accélération est plus réactive et la Smart #3 y délivre toute sa puissance. Comme sur bon nombre d’électriques, c’est On/Off. La moindre pression sur l’accélérateur vous envoie au fond de votre siège sans que vous ayez eu le temps de comprendre ce qui se passe. Malheureusement les routes grasses de ce mois de février n’ont pas permis d’exploiter tout son potentiel. La tenue de route s’est révélée hasardeuse, avec beaucoup de sous virage. La puissance délivrée par le mode Sport semble trop importante pour la monte de pneus Dunlop qui peine à trouver l’adhérence. L’arrière patine tandis que l’avant est handicapé par le poids. Le centre de gravité bas permet toutefois de ne pas prendre trop de roulis. Si le châssis n’est clairement pas dans son meilleur jour, la Smart #3 possède quelques atouts. La Smart #3 Brabus, développant 428 ch (315 kW) en transmission intégrale grâce à deux moteurs électriques est sûrement beaucoup plus efficace et conviendra aux amateurs de performances.

Les concurrents de la Smart #3
Comme évoqué dans l’introduction, Smart, avec les #1 et #3, quitte le monde des micro citadines pour celui des SUV 100% électrique. Un marché déjà bien saturé par les marques traditionnelles et qui accueille de nouveaux concurrents venus de Chine. Pour rappel, la Smart #3 Pro+ de cet essai dispose d’un seul moteur électrique, d’une puissance de 200 kW – 272 ch. La batterie d’une capacité de 66 kWh permet une autonomie de 435 km en cycle mixte. La Smart #3 Pro+ est disponible à partir de 44 315 €.

L’un des premiers concurrents de la Smart #3 est le Volvo EC40. La version coupé du Volvo EX40 est le modèle qui se rapproche plus de l’esprit SUV compact coupé qu’est la Smart #3. Même si le Volvo EC40 joue plus la carte SUV que la Smart #3, tous deux sont très proches en dimensions. Si la Smart est plus puissante que le Volvo EC40 (175 kW – 238 ch) en version Single, le Volvo s’en tire mieux en terme d’autonomie avec une batterie de 70 kWh et 488 km en cycle mixte. Son coffre est également plus spacieux avec un volume d’un peu plus de 400 litres. Le Volvo EC40 est malheureusement plus chère avec un tarif de départ de 50 500 € en finition Start.

Autre concurrent déjà bien implanté sur le marché, le Kia Niro EV. Dérivé 100% électrique du Niro, il a l’avantage d’être disponible en plusieurs motorisations. Lui aussi est très proche en dimensions de la Smart #3. Le Kia Niro EV est disponible à partir de 45 690 € en finition Motion de 150 kW – 204 ch offrant une autonomie de 460 km via une batterie de 64,8 kWh.

Autre concurrent moins connu, le Honda e:Ny1. Légèrement plus long, il offre un look intérieur et extérieur plus commun, moins minimaliste et technologique que la Smart #3. Son coffre est en revanche moins spacieux avec seulement 361 litres. Le Honda e:Ny1 est disponible à partir de 45 700 € en finition Executive. Sa batterie de 68,8 kWh et son moteur de 150 kW – 204 ch ne lui offrent que 412 km d’autonomie.

Si Zeekr n’est pas encore présent sur le marché français, son arrivée est imminente. Prévue pour ce début d’année 2025, Zeekr compte bien conquérir la France avec la Zeekr X. Disponible à partir de 42 490 € (selon les tarifs appliqués aux Pays-Bas) en version Long Range RWD, la Zeekr X dispose du même moteur de 200 kW que la Smart #3. Sa batterie de 69 kWh lui confère une autonomie légèrement supérieure de 446 km.

Autre nouvelle venue, également dans la famille Geely, la Lynk & Co 02. C’est la plus grande de toutes, davantage typée berline compacte haute sur pattes que véritable SUV. Elle dispose de plus d’espace à bord et d’un coffre généreux de 466 litres. La Lynk & Co 02 est avantageuse avec son prix d’appel de seulement 35 995 € en finition Core. Niveau performances, la fiche technique est la même que celle de la Smart : moteur de 200 kW et batterie de 66 kWh pour une autonomie de 435 km.

D’autres concurrentes peuvent également compter dans la balance mais sortent un peu du cadre du SUV coupé de 4,40m que sont la Smart #3 et ses concurrentes. On peut penser au Renault Scenic E-Tech, plus long de 7cm. Le Mini Countryman légèrement plus long mais aussi plus typé SUV est également à prendre en compte. Enfin, le Mercedes EQA est également un concurrent à la Smart #3.
Conclusion
Smart a opéré un virage à 180 degrés avec ses deux premiers modèles 100% électriques. Deux modèles dans l’ère du temps, embarquant de nombreuses technologies tout en gardant un style conventionnel et minimaliste. La Smart #3 n’est pas parfaite il faut le dire. L’insonorisation est clairement un point noir, tout comme l’habitabilité qui est en retrait par rapport à la concurrence. Mais la Smart #3 joue la carte d’un véhicule électrique plus conventionnel que certains concurrents. Malgré une finition lambda déjà vue, elle fait nettement plus qualitative qu’une Tesla par exemple. Les matériaux sont plus cossus et durables et la Smart #3 se rapproche beaucoup de Mercedes sur l’expérience à bord.

La Smart #3 fut donc une bonne surprise. La cerise sur le gâteau étant sa consommation très raisonnable malgré l’utilisation de la climatisation et des éléments chauffants durant l’essai. La Smart #3 est une nouvelle venue que vous devrez sérieusement considérer si vous décidez d’acheter un véhicule électrique.

Retrouvez ci-dessous la galerie photo habituelle ainsi que le tableau récapitulatif des points les plus marquants.
Les + | Les – |
Présentation moderne et conventionnelle | Espace à bord et coffre |
Performances et consommation | Insonorisation |
Technologies maitrisées | Tenue de route sur route humide |
















































Texte et photos : Anthony
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