Best seller de la marque Nissan, le Qashqai s’est renouvelé en 2021 pour une 3ème génération. Celle-ci a été restylée en 2024, une belle occasion de le prendre en main. La publicité vantant les mérites d’une motorisation hybride réinventée avec la technologie e-POWER, nous avons voulu vérifier cela par nous même sur un essai principalement autoroutier. Essai Nissan Qashqai e-POWER : entre louanges et réalité.
Nissan Qashqai, un style dans la continuité

Notre version d’essai est un modèle N-Connecta, coeur de gamme disponible à partir de 41.800 € avec sa motorisation e-POWER. Présentée dans une livrée Bleu Magnétique (900€), elle dispose de jantes 18 » qui allient style et confort.
Si ce Nissan Qashqai n’est pas totalement nouveau, le style est bien dans la continuité des autres modèles de la marque. Il reprend beaucoup d’éléments de la version avant restylage mais fait principalement évoluer toute la face avant.


La calandre s’élargie fortement. Les phares ne sont plus connectés entre eux et changent de forme pour ceux du bas, mais on retrouve toujours l’architecture en V. Avec ces modifications, c’est toute la face avant qui est métamorphosée et propose un style entièrement nouveau. On remarquera aussi l’adoption du logo Nissan de nouvelle génération, celui-ci ayant cédé à la mode du flat design. Avec cette évolution, c’est une façon rapide de le différencier de son petit frère Juke.

Pour la partie arrière, les modifications sont bien moindres. Le bas de pare-chocs évolue pour supprimer le faux sabot en plastique gris par une pièce plus simple et moins tape à l’œil. Mais la partie qui permettra de le reconnaitre rapidement est, une nouvelle fois, les feux. Si ceux-ci étaient de couleur rouge sur la phase une, Nissan a décidé de les passer dans un translucide gris sur la phase 2 de notre essai. Un choix original mais qui permettra au japonais de se différencier.
Un intérieur qui ne change pas

A l’intérieur, peu de changement sur ce restylage. On notera tout de même quelques modifications du système multimédia ou des garnissages revisités. Pour notre version, les sièges se parent de tissu plutôt agréables que ce soit au visuel ou en confort. Au niveau de la planche de bord, le plastique est moussé et de plutôt bonne qualité. Un aspect qualitatif plutôt flatteur bien que l’on ne soit pas sur la version haut de gamme. Le Nissan Qasqhai se positionne donc plutôt très bien sur ce point là.
La planche de bord possède une ergonomie « classique » avec un écran posé sur le dessus de la planche qui surplombe un bloc climatisation complet. Ici les ingénieurs n’ont pas essayé de retirer des boutons au profit de commandes tactiles. Les commandes sont physiques et c’est un bon point pour les personnes qui ne veulent pas trop se perdre dans les méandres des tablettes tactiles. On est bien loin de l’aspect futuriste d’un Peugeot 3008 nouvelle génération par exemple.



Dans les points dérangeants, je regrette la position de l’accoudoir central. Ce dernier est bien trop reculé et n’a pour le coup que peu d’intérêt, à moins de conduire très loin du volant. De même, l’écran central de 12,3 pouces offre une belle dimension mais manque clairement de réactivité, malgré sa mise à jour.



Si les sièges avant sont confortables, la banquette arrière manque elle clairement de confort. Les mousses sont très dures et ne sauront transporter confortablement des adultes sans faire de pause. Dommage car la place aux jambes est, elle, dans la moyenne haute. Enfin, pour vos virées en familles, vous pouvez compter sur un coffre de 455 litres, dans la moyenne de la concurrence. Même amputé par la présence des batteries, il garde tout de même un bon volume.
Technologie e-POWER, késako ?

Au début de l’article, je vous ai parlé de la technologie e-POWER. Mais au final à quoi cela correspond ? Les néophytes connaissent sûrement, de même que nos lecteurs assidus qui ont déjà pu en entendre parler dans l’essai du Nissan X-Trail. Mais il est important de ré-expliquer le système.
e-POWER est une technologie hybride qui utilise une petite batterie électrique (plus légère donc) rechargée par un moteur thermique servant de générateur d’électricité pour remplir la dite batterie. C’est ainsi dans le même esprit que ce que l’on pouvait trouver à l’époque sur les Opel Ampera ou BMW i3 avec le Range Extender. C’est un système que peu de constructeurs adoptent de nos jours. Aujourd’hui seul Mazda le propose sur son MX 30 R-EV, et Nissan évidemment avec l’e-POWER. Leapmotor devrait bientôt aussi le proposer sur son C10 REEV.

Dans le cas du Nissan Qashqai, le bloc 3 cylindres 1,5l turbo essence de 158 ch ne sert qu’à recharger en continue une batterie de 2,1 kWh. Cette batterie alimente un moteur électrique qui lui entraine les roues. Ce moteur fournit 140 kW (190 ch) et 330 Nm de couple. L’avantage théorique est que la voiture promet de récupérer l’énergie au lever de pied, plutôt que de perdre l’énergie au freinage. Une belle usine à gaz pour faire une voiture faussement électrique mais réellement hybride. Sur le papier cela reste prometteur, surtout que Nissan communique avec la phrase « une technologie d’électrification unique, idéale pour la conduite urbaine. Plus réactive, plus silencieuse, et sans recharge ». On découvrira dans la suite de l’article ce qu’il en est de la réalité.
Nissan Qashqai : deux salles, deux ambiances

Dans sa publicité, Nissan vante principalement les louanges de son moteur pour des trajets urbains. Sur les trajets quotidiens effectués comprenant ville et campagne, la consommation moyenne a été de 5,4 L/100 km. C’est plutôt proche de la valeur homologuée sur le cycle WLTP (5,1 L/100 km). Dans ces conditions, la conduite est très agréable et le moteur thermique se fait discret. La batterie de 2,1 kWh ne permettant de rouler en 100% électrique que pendant quelques kilomètres, il se démarre régulièrement mais sa fonction de générateur ne provoque pas d’à-coup comme on pourrais l’avoir sur une voiture hybride classique. Les bruits de roulements sont contenus et l’isolation est plutôt correcte.
Sur autoroute par contre, c’est une autre histoire. Si le confort (suspensions comme bruits d’air et de roulement) est satisfaisant, il n’en va pas de même du bruit du moteur thermique qui devient incessant et perturbant. De ce fait, sur un trajet Yvelines / Bretagne, je n’ai pas pu faire le trajet d’une seule traite à cause du mal de crâne. En effet, 3 possibilités s’offrent à vous si comme moi vous ne supportez pas le bruit généré :
Dans un premier temps vous pouvez rouler de manière classique (130 km/h au régulateur) mais le bruit du moteur risque vite de vous donner mal au crâne avec son régime constant assez haut. La seconde option est alors de mettre la musique plus forte histoire de couvrir le bruit de moteur. Mais encore une fois, le mal de crâne est à prévoir, puisque plus de bruit encore. Ultime solution, quitter l’autoroute et rejoindre les grands axes pour rouler à 110 km/h et ainsi avoir un bruit beaucoup plus contenu.

C’est bien dommage pour une voiture familiale sur ce segment et cela nuit aux qualités réelles de la voiture (amorti, tenue de route, prise de roulis, etc) . Ajoutez à cela une consommation très élevée pour cette typologie de trajet avec 8,5 l/100 km et vous commencez à avoir deux défauts assez impactants pour les gros rouleurs.
Le Nissan Qashqai face à la concurrence

Il est l’heure de faire le point sur la concurrence. Chez Nissan comme chez beaucoup de marques asiatiques, il n’y que très peu d’options au catalogue. C’est clairement la finition choisie qui va engendrer la présence des différents équipements. Dans notre version N-Connecta représente le cœur de gamme, et hormis des garnissages un peu plus luxueux il ne manque pas grand chose. Avec les quelques équipements optionnels présents, notre version d’essai coute 44.200 €.
En face, commençons chez Ford avec une offre inédite. Le Ford Kuga cumule hybridation et motorisation fonctionnant à l’E85 pour réduire au maximum le cout d’utilisation. Si la présentation extérieure n’est pas des plus modernes, elle présente également un équipement complet à l’intérieur. En finition Active et équipée du moteur 2.5 Duratec Hybrid FlexiFuel 180 ch le Ford Kuga début à 40.990 €. Une fois rajouté le toit panoramique et le pack hiver pour combler les quelques lacunes face à notre modèle d’essai, on se retrouve avec un prix très similaire de 43.940 €.
Côté Français on éliminera de prime abord le Peugeot 3008 qui ne propose que 136 ch. Mais après étude du catalogue et en se basant uniquement sur le prix il en deviens un sérieux concurrent. En effet, dans la même fourchette tarifaire que le Qashqai, chez Peugeot c’est un PHEV que vous pouvez vous offrir avec le 3008 Allure Plug-in Hybrid 195 ch qui une fois configuré coute 44.340 € !

Chez Renault, on retrouve l’Austral. Proposé avec une motorisation E-Tech Full Hybrid 200 ch, c’est du côté de la finition Techno que nous nous sommes tournés pour la comparaison. Proposé à partir de 42.500 € dans cette configuration, il propose une approche plus technologique et moderne que ce soit en look ou au niveau multimédia. La configuration finale s’élève à 45.800 € mais fera l’impasse sur le toit panoramique.

Concurrente méconnue, nous l’avons eue récemment à l’essai sur le site, il s’agit de la Honda ZR-V. Avec ses 184 ch, la fiche technique est très similaire au Qashqai. J’avais d’ailleurs relevé sur les trajets urbains des valeurs de consommation très proches. Sur autoroute c’était par contre bien plus raisonnable. Dans sa finition Executive, la Honda ZR-V ne dispose pas d’option à rajouter et s’échange contre 43.950 €. Comme pour le Renault Austral il faudra également faire l’impasse sur le toit panoramique, proposé sur les finitions supérieures avec de l’équipement complémentaire qui fausse le comparatif.

Pour finir, Kia propose le Sportage dans une finition 30 Years équipée du moteur 1.6 T-GDi Hybride 210 ch à partir de 42.790 €. Finition spécifique pour les 30 ans du modèle, elle se base sur la finition Active et propose un équipement enrichi. Vous aurez donc ici la présence de sièges électriques à l’avant ou encore de sièges chauffants à l’arrière. Après configuration, le tarif est de 44.390 €. Très proche du Nissan Qashqai une nouvelle fois, avec une puissance supérieure et ses 7 ans de garantie. Il est très probablement son plus gros concurrent.
Familiale mais pas trop

Vous l’aurez compris, ce Nissan Qashqai possède des qualités qu’on ne peut renier. Pour autant, je suis encore un peu sur ma faim, notamment à cause de la motorisation. Nissan argue tout son discours sur l’hybride réinventé dans la publicité, pour autant la promesse est-elle tenue ?
Faussement électrique, faussement thermique mais également pas totalement hybride, on ne sait trop dans quelle case ranger cette technologie e-POWER. Si son confort de roulage en ville ne fait aucun doute, je ne suis pas convaincu par l’installation de ce moteur dans un véhicule familial qui est prévu pour avaler les kilomètres. D’autres véhicules feront aussi bien niveau consommation sur les axes ou la techno e-Power est la plus efficace, et feront bien mieux une fois sur les longs trajets autoroutiers. Et ce que ce soit en thermique pur, ou en hybride non rechargeable…
Retrouvez juste après notre tableau récapitulatif ainsi que notre traditionnelle galerie photos regroupant l’intégralité des clichés réalisés pendant l’essai :
Les + | Les – |
Rapport qualité/prix | Consommation élevée |
Bonne finition | Bruit du moteur sur autoroute |
Véhicule confortable | Système multimédia lent |
































Texte et photos : Julien HUET pour Virages Auto
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