Je ne vous le cacherai pas : j’aime beaucoup l’Alfa Romeo Giulia. C’est la quatrième que j’essaye. Vous pouvez retrouver deux des trois premiers essais ici ou là. J’ai déjà été voir plusieurs fois mon concessionnaire, sans jamais craquer et chaque occasion est bonne pour en reconduire une. Et, je ne vais pas vous le cacher non plus, j’ai toujours rêvé devant la Giulia Quadrifoglio, imaginant une voiture fantastiquement communicante, sympa à conduire, au son divin et au comportement exagérément tape cul. Voilà, ça, c’est le point de départ de mon essai. Comme vous allez le découvrir, je n’avais pas vraiment raison sur tous les points… Et puis, comme pour l’essai d’une certaine Mercedes Classe C V8 récemment, les essais de tels véhicules vont se faire de plus en plus rares. Il fallait que nous puissions y goûter. Essai Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio : Ode à la joie !
Baroque et musclée !
Je ne vous ferai pas l’affront de vous la présenter encore. La Giulia n’a globalement pas changé depuis sa première présentation en 2015. Et la Quadrifoglio n’a pas changé non plus. Par contre, elle a mieux vieilli, étant un peu moins baroque que ses petites sœurs non « sportives ». Les besoins mécaniques et aérodynamiques ont creusé et sculpté la Giulia Quadrifoglio, la rendant plus agressive à sa sortie et lui faisant mieux traverser les âges. Le bouclier est légèrement plus ouvert, profitant de deux petites ouïes supplémentaires sur les côtés. Une lame aérodynamique s’abaisse également, sous le pare choc, selon la vitesse. Le capot, tout en carbone, se montre lui aussi ajouré.
Sur les côtés, on retrouve le désormais traditionnel trèfle à quatre feuilles, emblème signifiant la puissance et le dynamisme de notre auto. Une ouïe permettant d’évacuer l’air chaud des passages de roues est également présente. Avant de continuer, je dois m’arrêter sur le fait que toutes ces ouïes dessinées sur la voiture sont fonctionnelles. Contrairement à beaucoup d’autos modernes (comme la Toyota Supra par exemple), elles sont d’abord utiles avant d’être esthétiques. Et pas l’inverse. On découvre également sur les côtés de la voiture ces bas de caisse spécifiques, sculptés afin d’améliorer l’aérodynamisme.
En parlant d’aérodynamisme, comment ne pas évoquer l’arrière de la l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio ? C’est, à mes yeux, le plus beau de cette voiture. On note les ailes larges d’abord, musclées, qui se posent sur les sublimes jantes en 19 pouces ! Ensuite, notons ces 4 sorties d’échappement qui entourent le diffuseur, prolongeant le demi fond plat de l’italienne ! C’est agressif à souhait, et personnellement, j’adore ! Le petit becquet sur le coffre, en carbone, permet de finir, en subtilité, cet arrière qui semble taillé pour la piste !
Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio : Alcantara et carbone !
A l’intérieur, la voiture respire le sérieux. On perd le bel intérieur marron de l’autre Giulia Bleu Misano que l’on avait essayé, pour retrouver un intérieur plus sombre. Il se pare de cuir et d’Alcantara noir, avec comme simple touche de couleur des surpiqures… grises. Le carbone fait son apparition sur le volant, la console, les contre portes et la planche de bord. Les sièges semblent agréables au premier abord, bien qu’on les imagine un peu dur sur les longs trajets. En réalité, il n’en sera rien, ils sont juste fantastiques. Bien que des dossiers avec coque en carbone auraient été du plus bel effet, on aurait probablement perdu en confort.
Pour le reste, la Giulia Quadrifoglio n’est pas moins ou mieux lotie que ses sœurs à plus petites motorisations. Le système multimédia ainsi que les aides à la conduite ont été revues avec le « restylage » de fin 2019. L’espace à bord est lui suffisant, tant à l’avant qu’à l’arrière. Le coffre, plutôt spacieux, permettra de voyager à 4 sans soucis. Par contre attention, il est indispensable de ne pas mettre vos produits frais dans le coffre. L’échappement qui passe juste en dessous maintien le coffre à une bonne température.
L’Alfa de tous les jours !
Dans mes notes écrites directement pendant l’essai, j’avais écrit : « Meilleure des Giulia pour tous les jours ». Force est de constater qu’avec un V6 ne demandant qu’à chanter, (on y reviendra) et donc qu’à boire (on y reviendra aussi), la logique laisse un peu à désirer… Cependant, je suis toujours d’accord avec ce que j’avais écrit. La voiture se montre comme la plus confortable des 4 Giulia que j’ai essayé. En effet, en mode A et N du sélecteur DNA, les suspensions se montre étonnamment très douces. Ce n’est pas une Mercedes Classe S, évidemment, mais je préfère largement à une Giulia classique.
Le rayon de braquage n’est pas idéal en ville, mais malgré tout, la voiture se montre douce. Le moteur peut être mené sans à-coups, la boite est très douce également. Seul le bourdonnement du V6 trahira le bloc motopropulseur. Je parle bien de bourdonnement, pas de sonorité, sur ce mode normal. Sur les grands axes, la berline se montrera toute confortable. Seules les petites routes très bosselées et accidentées viendront à bout du confort, comme n’importe quelle voiture. Je remercie donc les « petites » jantes en 19 pouces. Les aides à la conduite se montrent à la hauteur des standards. On retrouve ainsi un régulateur adaptatif, et une aide au maintien dans la voie. En soit, pas besoin de plus.
Notons tout de même, un petit défaut typique des voitures de sport (et de notre météo toute dégueulasse actuellement). Nous avons retrouvé le diffuseur et les espaces sous la ligne d’échappement remplis de cailloux. C’est pas dérangeant pour rouler, mais c’est très chiant à enlever ! Deuxième petit défaut, les freins. Notre modèle est équipé des disques en carbone céramique, et il faut reconnaître que l’attaque des freins est excessivement mordante. Pas dérangeant en conduisant sportivement, il est difficile de doser en ville et sur route en usage « classique ».
Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio : son gros défaut, le son
On passe d’abord en mode Dynamic, qui modifie un peu le comportement sans rendre la voiture complètement différente. La plus triste des conséquences, le son ne change pas. On en voulait déjà un peu plus avant, et on en aimerait beaucoup plus maintenant. Enfin, l’échappement Akrapovic (en option à 4.000 € tout de même) est présent, mais le moteur ne chante pas plus que ça. Cependant, le comportement devient plus avenant. Les suspensions sont tarées différemment et le comportement conservateur de la voiture devient plus équilibré. On ne sent plus le train avant sous virer, mais plutôt le train arrière voulant jouer. Les 510 ch de notre V6 propulse la voiture avec une bonne célérité ! Pas d’inquiétude à avoir, les aides à la conduite seront présentes pour vous sauver la vie. La vôtre ou celle de votre voiture d’ailleurs. Après, sous les pluies diluviennes que nous avons eu, sachez que ça glisse quand même.
Mais si vous voulez glisser, il y a le mode Race. Une action prolongée sur le sélecteur de mode de conduite vous permettra de passer de Dynamic à Race. À la première activation, deux éléments vous envahissent. Le plus évident, c’est la sonorité. Elle se montre beaucoup plus puissante, beaucoup plus rauque. Ça y est, le V6 grogne vraiment ! On est loin d’un V8 biturbo de Maserati 3200, mais c’est déjà mieux ! Mais le deuxième élément se montre plus difficile à cerner, c’est la peur. La peur de tout ce qui va se passer. Est-ce que la voiture va devenir très instable, trop joueuse, difficile ? Est-ce que le train arrière ne va pas se dérober à chaque pression sur l’accélérateur ? Clairement, je ne suis pas des plus rassurés. Mais bon, il faut bien se dévouer alors je me lance, pour vous !
Mode RACE : révélation et perfection
La voiture se transforme ! Les passages de rapports deviennent brutaux et immédiatement ça me rappelle le Stelvio Quadrifoglio essayé il y a déjà 2 ans… L’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio me catapulte de virages en virages. La puissance passe au sol malgré nos routes encore un peu humide et très vite, on gagne en confiance. Les suspensions restent « souples », mais pas molles, dans ce mode Race. Ainsi, la puissance semble passer plus facilement au sol, sans se faire peur, comme avec l’AMG C63 S et ses suspensions plus rigides. Je finis par trouver une route avec quelques épingles.
A la première épingle, la voiture me téléphone. Elle m’annonce qu’elle va glisser, je corrige de suite, et finalement la voiture sors de l’épingle telle une catapulte sans bavure. A la suivante, je me surprends à la laisser glisser. Le mouvement est véritablement naturel. La voiture semble être faite pour ça. Le mode Race libère la voiture de toutes ses béquilles, mais elle est tellement équilibrée que finalement, c’est là qu’elle se révèle le plus. C’est d’une simplicité incroyable tant qu’on ne la provoque pas exagérément. Les épingles s’enchainent, au rythme des sorties catapultées et des freinages puissants ! L’endurance des freins n’a pas été mise en cause au long de notre essai, malgré le poids de 1.620 kg !
Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio : prix et concurrence
L’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio n’est pas à la portée de toutes les bourses (et c’est réellement dommage, il m’en faudrait une). Avec un prix de départ fixé à 88.900 €, c’est clairement un budget. Mais si vous rajouter les freins en carbone céramique (7.350 €), la ligne Akrapovic (4.000€), la peinture bleu Misano (950 €), le toit en carbone (2.400 €), le pack hifi Harman Kardon (1.200€), le pack d’aides à la conduite, indispensable (1.000€), et quelques broutilles en carbone ici et là sur l’extérieur, vous arrivez à 109.000 € tout rond. Vous ajouterez encore le malus de 30.000 € en 2021, et vous finirez ainsi à 139.000 € ! Alors, bien trop chère ?
Une BMW M3 Compétition aussi optionée coûtera 153.560 € (123.560 € + 30.000 € de malus) alors qu’une Mercedes AMG C63 S Coupé (la berline n’étant plus disponible) vous demandera 161.400 € (131.400 € + 30.000 € de malus). Une bonne affaire donc, l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio ? Et bien peut être. Aucun des des pré-citées ne procure autant de fun. Elles offriront plus d’efficacité, plus de confort peut être, des vrais modes de conduite distinct. Oui, OK. Mais aucune autre que la Giulia de communiquera ce qu’il se passe aussi simplement qu’une Mazda MX-5 ou qu’une A110…
Ode à la joie !
J’en attendais beaucoup, je n’ai pas été déçu. Cette voiture se pose, pour moi, et pour mon usage, au sommet de la pyramide. De toutes les voitures essayées avec le temps, elle est en haut. Pas sur la première marche, il faut tout de même laisser à la Lexus LC 500 V8 et l’Alpine A110 la place qu’elles ont. Mais l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio s’est montrée comme une berline aussi fun qu’une Mazda MX-5, aussi rapide qu’une 911, et aussi spacieuse qu’attendue. Non, ce n’est pas la plus rapide. Non, ce n’est pas la plus fun. Et non, ce n’est pas non plus la plus mélodieuse (j’y tiens). Non, ce n’est pas non plus la plus aboutie.
Mais alors quel plaisir ! Quel bonheur ! J’aurais voulu que cet essai jamais ne s’arrête. Enfin une voiture qui mise tout sur le plaisir et le ressenti, plus que sur les performances. Et pourtant, ces dernières ne sont pas en reste. Dépêchez-vous d’aller essayer cette voiture avant qu’elle ne disparaisse, car elle appartient à un monde que nos enfants ne connaîtront pas !
Retrouvez ci-dessous l’ensemble des photos réalisées pendant l’essai :
Texte : Antoine
Photos : Antoine et Clément Simon pour Virages Auto
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