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Essai BMW 230i Coupé : le plaisir de conduire, sans artifice

À l’heure où le marché automobile se convertit à l’électrification à marche forcée, les amateurs de belles mécaniques voient leur choix se réduire à vue d’œil. Pourtant, il existe encore quelques bastions de résistance. Quelques modèles qui persistent à défendre une certaine idée de l’automobile. Des voitures pensées pour ceux qui aiment conduire, tout simplement. La BMW 230i Coupé en fait partie. Coupé à l’ancienne, 100% thermique, propulsion, moteur à l’avant, répartition des masses parfaite, et surtout une vraie personnalité. C’est un peu le dernier des Mohicans. Et si son 4 cylindres turbo peut faire grincer des dents les nostalgiques des 6 en ligne, il ne manque pourtant ni de punch, ni de caractère.

BMW la propose comme une version plus raisonnable (et plus accessible) de la M240i. Sur le papier, cette 230i semble déjà avoir tout pour plaire. Alors, est-ce toujours une vraie « BMW de passionné » ? Essai BMW 230i Coupé : le plaisir de conduite, sans artifice.

Un coupé à l’ancienne qui a du chien

C’est un fait rare aujourd’hui : la BMW 230i Coupé est une voiture qui fait tourner les têtes. Ce n’est pas une hypercar, ni une voiture tape-à-l’œil. Mais elle a ce truc, ce mélange de proportions parfaites, de muscles bien dessinés et de détails racés.

Le long capot légèrement bombé, donne immédiatement le ton. À l’arrière, le porte-à-faux ultra court et les hanches bien marquées renforcent l’agressivité du profil. La signature lumineuse arrière, avec ses blocs LED à l’identité forte, signe la voiture au premier coup d’œil, de jour comme de nuit. La teinte Fire Red métallisé (option à 990 €) sublime les lignes tendues de la carrosserie. Au soleil, elle prend des reflets profonds, presque cuivrés. Cela changent radicalement la perception de l’auto selon la lumière. Une couleur qui donne à la voiture une vraie prestance.

Notre modèle d’essai est équipé du Pack M Sport Pro (2.250 €), qui accentue encore le caractère de la 230i. Suppression des chromes au profit d’éléments en noir brillant, ajout d’un discret becquet arrière, gros freins M Sport avec étriers rouges… le tout compose un ensemble homogène, sportif mais jamais outrancier. Le détail fait la différence, comme souvent chez BMW. Les jantes 19 pouces style 995 M (option à 850 €) parachèvent le look. Leur dessin travaillé et leur finition bicolore attirent l’œil sans en faire trop, tout en laissant apparaître les freins M. Une configuration très réussie, qui donne à cette version 230i une allure presque aussi intimidante que celle d’une M240i.

Sportivité assumée et finition impeccable

Si l’extérieur donne le ton, l’intérieur ne déçoit pas non plus. BMW reste fidèle à sa réputation : tout respire la qualité, l’ajustement est millimétré, et l’ambiance générale évoque immédiatement le plaisir de conduire. Mais sans jamais verser dans le bling-bling ou le superflu.

Dès l’ouverture de la porte, les sièges avant M Sport attirent le regard. Leur dessin baquets, la sellerie bicolore en cuir Vernasca noir et rouge (1.800 €), les surpiqûres contrastées… tout est fait pour donner envie de s’installer à bord. Une fois assis, la promesse est tenue : le confort est irréprochable. Ces sièges (option à 1.000 €) offrent un excellent maintien latéral, sans sacrifier le moelleux nécessaire à un usage quotidien. Un équilibre rare, qu’on apprécie d’autant plus que peu de constructeurs savent encore le proposer. Les rappels de l’univers M sont présents avec subtilité : un discret filet tricolore sur les ceintures, des surpiqûres rouges sur les sièges ou encore le rappel des couleurs M sur les panneaux de porte. C’est raffiné et bien intégré.

Face au conducteur, le BMW Curved Display trône au sommet de la planche de bord. Cet écran incurvé, qui regroupe instrumentation numérique et interface multimédia, est une réussite. La définition est superbe, la réactivité parfaite, et l’ergonomie reste intuitive, fidèle à ce que la marque propose depuis plusieurs années. On retrouve sans peine les menus habituels, les réglages sont clairs, et la compatibilité avec Apple CarPlay/Android Auto est totale. À l’usage, c’est simple, fluide, sans prise de tête.

L’ambiance est rehaussée par des inserts décoratifs en carbone véritable (option à 600 €), positionnés sur la console centrale et la planche de bord. Ce matériau noble, bien mis en valeur, apporte une touche sportive et élégante à l’ensemble. Là encore, BMW fait preuve de bon goût.

Seule ombre au tableau : l’habitabilité arrière, proche du néant. On s’en doutait vu le format de la voiture, mais mieux vaut le dire clairement. A l’arrière, seuls des enfants ou des sacs de sport y trouveront leur compte. Quant au coffre, il offre un volume correct, mais l’absence de hayon électrique peut surprendre à ce niveau de gamme. On s’y habitue, mais sur une voiture facturée plus de 70.000 € avec options, c’est le genre de détail que l’on remarque.

Un 4 cylindres qui fait le job

Oubliez les 6 en ligne. Sous le capot de la BMW 230i Coupé, c’est le désormais bien connu 4 cylindres 2.0 turbo qui officie. Nommé B48 en interne, ce bloc 100 % thermique développe 245 chevaux et 400 Nm de couple. Des chiffres respectables, bien en phase avec le positionnement de la voiture. On ne parle pas ici de performances démesurées, mais d’un moteur sobre, efficace, et capable de belles choses quand on le sollicite.

La cavalerie est transmise aux roues arrière via la boîte automatique Steptronic à 8 rapports. Un duo bien rôdé, et ici parfaitement calibré. Le 0 à 100 km/h est abattu en 5,9 secondes, un chiffre flatteur qui reflète surtout la réactivité de la boîte et la motricité saine de l’ensemble. Ce n’est pas brutal, mais c’est toujours présent, surtout dans les relances à mi-régime.

Le moteur se montre coupleux dès les bas régimes, et reste volontaire jusqu’à 6.000 tr/min. Sa sonorité est discrète en conduite coulée, et se fait un peu plus présente en mode Sport, notamment grâce à une amplification artificielle dans les haut-parleurs. Cela ajoute une touche de sportivité à l’ambiance, mais les puristes n’y trouveront pas la noblesse d’un six-en-ligne atmosphérique. Pas grave : ici, le plaisir vient davantage de la cohérence globale que de la puissance brute.

Côté consommation, le bilan est excellent. Sur l’ensemble de notre essai, couvrant environ 330 kilomètres mêlant ville, route et autoroute, l’ordinateur de bord a affiché 8 l/100 km de moyenne. Et sur un trajet quotidien maison-travail, en conduite détendue, la 230i peut descendre à 6,5 l/100 km. Un score remarquable pour une propulsion essence de 245 ch, et un argument de poids pour ceux qui cherchent une voiture plaisir… sans sacrifier leur budget carburant.

Sur autoroute, la sobriété reste au rendez-vous, avec une consommation qui peut aisément descendre sous les 7 l/100 km à vitesse stabilisée. C’est aussi là qu’on mesure tout l’intérêt de cette mécanique : polyvalente, douce quand il le faut, et capable d’un vrai dynamisme quand on la sollicite.

La juste dose de plaisir au quotidien

Dès les premiers tours de roues, la BMW 230i Coupé vous met dans le bon état d’esprit. Position de conduite basse, jambes presque tendues, volant vertical bien calé entre les mains : tout rappelle qu’on est à bord d’une vraie propulsion, pensée pour le conducteur. La voiture vous enveloppe, sans jamais vous enfermer. Les commandes tombent naturellement sous la main, et la lisibilité de l’instrumentation est impeccable.

En ville, la 230i se montre surprenante de douceur. La direction est légère à basse vitesse, la boîte automatique parfaitement étagée. La voiture se faufile avec aisance, malgré son long capot, et reste facile à manœuvrer. C’est l’un de ses points forts : elle ne fait jamais « trop », même dans un environnement contraint. Mais c’est une fois sortie des centres urbains qu’elle dévoile son vrai tempérament. Sur les routes secondaires sinueuses, la 230i enchaîne les virages avec assurance. Le châssis reste sain en toute circonstance, le train avant précis, et l’arrière prévisible, même lorsqu’on le titille un peu. Pas besoin de rouler vite pour ressentir ce plaisir mécanique typique des propulsions bien nées.

Les Pirelli P Zéro assurent un grip efficace, et les mouvements de caisse sont très bien contenus. Le compromis confort/efficacité est ici particulièrement bien trouvé. On peut hausser le rythme avec confiance, sans que la voiture donne l’impression d’en faire trop. Elle garde cette forme d’élégance dynamique qui caractérise les bonnes BMW.

La boîte Steptronic joue un rôle clé dans cette homogénéité. En mode Confort, elle est fluide, presque imperceptible. En mode Sport, elle devient plus directe, rétrograde au bon moment, et donne même quelques petits à-coups qui ajoutent du caractère. Pas de brutalité gratuite, mais un vrai ressenti mécanique, suffisamment engageant pour donner le sourire sans mettre en danger son permis.

Côté freinage, les gros étriers M Sport rouges offrent une puissance rassurante et une bonne endurance, même en conduite dynamique. Le mordant est là, et la pédale reste facile à doser. Un bon point pour les amateurs de conduite dynamique. Le système de personnalisation des modes de conduite permet d’agir sur plusieurs paramètres comme la réponse moteur, la fermeté de la direction ou la gestion de la boîte. Le mode « Sport Individual » permet par exemple de garder la direction ferme tout en conservant une cartographie moteur plus douce. Pratique pour s’adapter aux envies du moment.

Le revers de la médaille ? Le frein moteur quasi inexistant, notamment en conduite coulée. Ceux qui passent régulièrement de l’électrique à l’essence pourront être surpris. En descente ou à l’approche d’un rond-point, il faut souvent aller chercher la pédale de frein plus tôt que prévu. Un détail, mais qui demande un temps d’adaptation. À haute vitesse, l’insonorisation est bonne, à l’exception du toit ouvrant (option à 1.250 €), qui génère un léger bruit d’air au-delà de 80 km/h bien que fermé. Rien de dramatique, mais perceptible sur longs trajets. Heureusement, le système audio Harman Kardon permet de couvrir cela sans difficulté. Le son est clair, bien équilibré, sans basses envahissantes. Un bon allié pour les trajets du quotidien.

Mention spéciale aussi pour les phares Matrix LED, inclus dans le Pack Premium (1.100 €). Leur éclairage est puissant, intelligent, et offre une visibilité nocturne remarquable sans jamais éblouir les autres usagers. Un vrai plus en conditions difficiles. Enfin, la vision tête haute, elle aussi complète et bien placée, permet de garder les yeux sur la route tout en ayant les infos essentielles (vitesse, navigation, aides à la conduite). Un détail qu’on adopte très vite.

Et le poids dans tout ça ? Avec 1.600 kg sur la balance, la 230i n’est pas une ballerine, mais elle cache bien sa masse. Même en appui, elle garde un équilibre rassurant. On ne ressent ni lourdeur excessive, ni roulis gênant. Tout semble à sa place. C’est ce qui la rend si agréable : elle inspire confiance sans chercher à impressionner.

Une proposition sans équivalent direct

Il faut bien le dire : la BMW 230i Coupé évolue dans un segment quasiment déserté. Coupé deux portes, propulsion, 100 % thermique, gabarit raisonnable, bonnes performances et finition haut de gamme… L’équation devient rare, presque exotique, sur le marché actuel.

Aujourd’hui, la plupart des constructeurs ont tourné le dos à ce format. Les coupés thermiques disparaissent, les SUV envahissent les catalogues, et les berlines sportives sont presque toutes électrifiées. Même les marques premium allemandes, pourtant habituées à proposer des gammes complètes, n’ont plus d’offre équivalente à la 230i. Résultat : elle se retrouve sans concurrente directe.

Voici néanmoins quelques alternatives qui méritent d’être mentionnées, même si aucune ne réunit vraiment tous les ingrédients offerts par cette Série 2.

Toyota avec sa GR Supra 2.0, c’est sans doute la rivale la plus crédible sur le plan mécanique. Propulsion, moteur 4 cylindres turbo de 258 ch, boîte automatique ZF à 8 rapports : la Toyota GR Supra 2.0 reprend la base technique du roadster Z4 dans une robe plus radicale et plus exclusive. Strictement deux places, châssis plus ferme, philosophie plus orientée sur le dynamisme, elle est moins polyvalente, mais bien plus démonstrative dans son approche. Proposée à 64.100 € sans options (seule la couleur est personnalisable), c’est une vraie voiture de passion, mais qui ne conviendra pas à tous les usages.

Chez Mercedes-Benz on propose la CLA 250 e Hybrid EQ Coupé AMG Line (la génération sortante). Si la CLA garde l’appellation « Coupé », il s’agit en réalité d’une berline quatre portes au profil fuyant, bien éloignée du format trois volumes classique. Dans sa version actuelle, elle n’est proposée qu’en hybride rechargeable, avec une puissance combinée de 218 ch. Si l’on retrouve une présentation flatteuse et une dotation technologique généreuse, la conduite est bien moins engageante que dans la BMW. Avec un tarif d’appel à 58.650 €, une fois bien équipée, le tarif grimpe à environ 72.000 €, soit très proche de notre 230i d’essai, mais sans offrir les mêmes sensations ni la même architecture technique.

Petite surprise du comparatif, l’Alfa Romeo Giulia 2.0 Turbo Veloce. Ce n’est pas un coupé, mais la Giulia Veloce partage avec la Série 2 plusieurs fondamentaux : propulsion, moteur thermique de caractère, direction directe et boîte automatique à 8 rapports. Avec 280 ch, elle se positionne juste au-dessus de la BMW en termes de puissance. Elle mise sur une conduite plus latine, plus instinctive, avec un compromis sport/confort très réussi. Proposée à partir de 63.000 €, une fois configurée avec quelques options, elle atteint environ 69.100 €, ce qui la place pile dans le viseur tarifaire de notre modèle d’essai. Moins exclusive dans sa forme, elle reste une excellente alternative pour ceux qui veulent un plaisir de conduite similaire… mais avec quatre portes.

La GT accessible à ceux qui savent encore ce qu’ils veulent

À l’heure où tout ou presque bascule vers l’électrification et les SUV, la BMW 230i Coupé fait figure de résistante. Une propulsion élégante, 100 % thermique, bien motorisée, dotée d’un comportement affûté mais jamais caricatural. Une voiture qui ne cherche pas à tout faire, mais qui fait très bien ce qu’elle promet : procurer du plaisir au volant au quotidien, avec un soupçon d’élégance en plus.

Elle n’est pas parfaite. Son tarif est élevé avec options, une habitabilité arrière symbolique, et quelques absences d’équipements de confort (coffre électrique par exemple) pourront faire tiquer. Mais face à une offre de plus en plus formatée, la BMW 230i assume son positionnement d’initiée, pour ceux qui savent encore ce qu’ils veulent : du plaisir, un vrai volant, et une ligne qui ne se démodera pas dans six mois.

Elle s’adresse donc à un public restreint, mais exigeant. Et pour ceux-là, elle constitue une alternative très crédible à la puissante (et bien plus chère) M240i. Une GT légère, raffinée, connectée, mais encore capable de transmettre un sourire sincère à chaque virage.

Retrouvez juste après notre tableau récapitulatif ainsi que notre traditionnelle galerie photos regroupant l’intégralité des clichés réalisés pendant l’essai :

Les +Les –
Equilibre chassis/performanceTarif salé avec les options
Consommation faibleHabitabilité arrière
Look inter/exter

Texte et photos : Julien HUET pour Virages Auto
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