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Essai Jaguar F-Type SVR : le meilleur du grand tourisme ?

Il y a des voitures dans votre vie d’essayeur automobile passionné, qui vous marquent. La Jaguar F-Type en fait partie, pour plusieurs raisons et nous reviendrons dessus. Mais sachez que les motorisations et le caractère rageur en font partie, entre autres. Dans un avenir rempli d’incertitude pour la marque de Coventry, nous avons voulu reprendre, encore, le volant du beau coupé anglais. Un petit coup de téléphone et nous voici en présence d’un très bel exemplaire pour illustrer cet article. Essai Jaguar F-Type SVR : le meilleur du grand tourisme ?

Petite histoire de la Jaguar F-Type

Lorsque la F-Type apparaît pour la première fois en public au salon de Francfort 2011, elle prend le nom de C-X16. Son design signé Ian Callum, montre des lignes dynamiques, des proportions quasi parfaites, un modernisme fou pour la marque… et une certaine agressivité. C’est un fait assez rare de la part du papa des Aston Martin DB7, Vanquish, DB9 et V8 Vantage, mais également des coupés XK. La gamme se compose à ce moment-là des sublimes mais toutes en rondeurs XK ainsi que des deux berlines XF et XJ qui laissent quelque peu indifférents les acheteurs de l’époque. Et vous savez quoi ? Le concept C-X16 fait sensation auprès de tous. Ses dimensions marquent aussi les spécialistes : c’est la plus petite Jaguar depuis les XK120…

La Jaguar F-Type arrive sur le marché deux plus tard et à la surprise générale, c’est un roadster ! Les références à la mythique Type E mais également les XK120 sont nombreuses. L’accueil est très favorable malgré le manque de place et de rangement que propose ce roadster. La version coupé arrive sur le marché presque un an plus tard, fin 2013. Elle reprend exactement la ligne du concept et propose de ce fait un vrai coffre. Quatre motorisations équipent la voiture au lancement. On retrouve un nouveau V6 3.0 L développant 340 ch dans la F-Type d’entrée de gamme et 380 ch dans la V6-S. Il y a également le V8 5.0 L qui propose 495 ch en V8-S et 550 en V8-R.

Clairement, la polyvalence recherchée cible la gamme 911 chez Porsche, et la Jaguar F-Type s’en sort plutôt bien face à l’allemande. Elle offre elle aussi un modèle aux attentes de chaque client, elle se veut tout aussi facile à emmener, et elle propose en plus ce petit côté rageur. A sa sortie, le félin britannique proposera même de mettre une boite de vitesses mécanique, pour qui ne voudrait pas de l’incroyable boite automatique à 8 rapports.

La Jaguar F-Type recevra plusieurs restylages de plus ou moindre grande envergure. On retrouvera un premier restylage en 2016 avec l’arrivée de la déclinaison SVR qui nous intéresse aujourd’hui. On retrouve un nouveau pare chocs et des optiques légèrement retravaillées pour l’ensemble de la gamme. En 2017 sort la version 400 Sport. Le V6 passe de 380 à 400 ch, de gros freins sont installés dessus et des réglages de boite et de réponse à l’accélérateur sont disponibles. Un petit moteur de 300 ch fait son apparition à peu près en même temps avec l’introduction d’un moteur 4 cylindres. Enfin une encore plus rare version sortira en 2017 à 250 exemplaires : la Project 7 ! Véritable pièce de collection rappelant les Jaguar Type-D et leur glorieux passé en compétition. Elle reprend alors le châssis de la SVR, avec quelques réglages spécifiques. 

Après le magnifique Roadster limité, l’évolution de la gamme ira vers une perte de caractère. Le restylage de 2019 amène une face avant un peu plus plate, qui est certes plus en adéquation avec les F-Pace et autre XE, mais perd complètement le trait qui la rendait si attrayante. La face arrière, elle, n’évolue pas. La gamme de moteurs évoluera, allant désormais du 4 cylindres de 300 ch au V8 de 575 ch en passant par le V6 de 380 ch et le V8 de 450 ch ou 500 ch. La boite de vitesses mécanique disparait. Les ventes ne décollent guère et le modèle finira sa carrière très discrètement.

Jaguar F-Type SVR : plus excentrique que ces sœurs

Notre modèle d’essai et d’illustration est donc une Jaguar F-Type SVR, dans la teinte de présentation Ultra Blue. La ligne trapue du coupé est reprise, mais modifiée en subtilité pour répondre aux contraintes de différenciation, de refroidissement et d’aérodynamisme. Le pare-chocs avant récupère ainsi deux grosses entrées d’air plus imposantes, gonflant le caractère du félin. Une lame avant en carbone permet d’ajouter un peu d’appui au train avant à haute vitesse. L’aile avant est spécifique à la SVR, avec une sortie d’air pour laisser l’air chaud des freins s’évacuer. Enfin à l’arrière, le coupé propose un petit becquet spécifique, permettant là aussi d’ajouter un peu d’appui. Le toit en carbone était en option à l’époque, mais vous pouviez opter pour le toit de couleur carrosserie. Il en va de même pour les jupes latérales et les rétroviseurs.

Si esthétiquement les modifications sont plutôt légères à l’exception du pare-chocs avant, la mécanique et le châssis ont, eux aussi, été revus. Ainsi le V8 5.0 l passe de 550 à 575 ch. Le couple de ce moteur est gargantuesque avec 700 Nm de couple disponibles entre 3.500 et 5.000 tr/min. Autant vous dire que les reprises seront fulgurantes quelques soit le rapport engagé. Toute cette puissance passe au sol via le système à quatre roues motrices de Jaguar. Le 0 à 100 km/h s’expédie en 3.5 secondes, alors que la vitesse maximale atteint 322 km/h, soit la mythique barre de 200 mph. De son côté, la Jaguar F-Type SVR cabriolet s’arrêtera un peu avant, à 312 km/h.

Une ligne en titane et inconel rend la sonorité de la voiture particulièrement caverneuse et addictive ! Chaque pression sur la pédale de droite vous greffera un immense sourire sur le visage ! Et à chaque lever de pied, ce sera une symphonie de pétarades et feu d’artifices. Pour la discrétion, on repassera…

A l’intérieur, la SVR se différenciait par sa sellerie. Cette dernière se composait de cuir matelassé en forme de losange grâce à un minutieux travail avec les surpiqures. La planche de bord côté conducteur recevait un coiffage en Alcantara. A posteriori plusieurs années après, il est dommage que le volant n’ait pas reçu d’Alcantara lui aussi. En effet, cet élément semble avoir plus mal vieilli que le reste de l’ensemble. Pour ce qui est de l’habitacle sinon, il n’y a pas d’autres changements. Ici Jaguar n’a pas succombé à la mode des arceaux, des baquets en carbones ou des harnais. Non. La voiture reste une vraie GT, avec tout le confort et l’espace nécessaire pour partir le temps d’un voyage.

Un vrai comportement de GT

La Jaguar F-Type SVR reste avant tout une Jaguar. Confortable, raffinée, élégante, discrète et donc facile à utiliser. Ici il n’y a pas de système de lift pour lever la voiture à chaque dos d’âne, la voiture est assez haute. Il n’y a pas cinquante modes de conduite, la voiture se veut simple à prendre en main. Ainsi on s’installe à bord, on appuie sur le bon Start et on y va. Malgré la cavalerie de 575 ch et le couple gargantuesque, le coupé britannique se conduit assez aisément. Il faudra prendre en compte les dimensions et le fait d’être assis très bas mais sinon, c’est étonnant de facilité.

La voiture peut évoluer à basse vitesse sans laisser paraître le monstre qui est sous le capot. Les relances sont évidemment expédiées quelque soit le rapport enclenché, mais tout en douceur. Le flegme britannique reprend toujours le dessus en conduite coulée. La Jag’ surfe au-dessus des aspérités de la route tout en gardant un touché de route et une précision dans le volant impeccables.

En la provoquant un peu, la Jaguar F-Type SVR se dévoile. C’est d’autant plus vrai avec le mode Sport enclenché (plus de réactivité dans la direction et l’accélérateur). L’échappement ouvre les valves et se libèrent. Le doux feulement du V8 se transforme et devient beaucoup plus caverneux. Le gentil chat devient un véritable félin, bondissant de virages en virages comme un Jaguar sur sa proie. Chaque accélération vous plongera dans le fond du siège et verra les aiguilles du compteur s’envoler vers le politiquement incorrect. Les quatre roues motrices permettent de soulager le train arrière et de gagner la confiance de la voiture. En effet, pour avoir rouler plusieurs fois en F-Type R (550 ch) propulsion, le train arrière se veut ici plus rassurant. Moins débordé en quelques sortes.

Chaque freinage ou lever de pied vous gratifiera d’une belle pétarade. D’ailleurs, bien que la GT soit lourde, le freinage n’est jamais vraiment un problème (sur route du moins). Les énormes disques et plaquettes permettent de bien arrêter la bête. Les Jaguar F-Type SVR étaient d’ailleurs proposées avec deux systèmes de freinage. Soit avec un système de freinage en acier, soit avec un système de freinages en carbone céramique. Le réglage des suspensions est plutôt très bon. Le compromis entre confort et dynamisme n’est pas loin de la perfection. Bien qu’il y ait un peu de roulis pour conserver le confort, il n’y en a pas trop. Cela permet d’envoyer la voiture dans les virages sans trop d’arrières pensées. Les informations qui remontent par le volant, les pédales ou les sièges sont vraiment bonnes.

C’est un véritable plaisir que de rouler avec ce coupé, et de ne pas penser réellement à la destination, mais plutôt à quelle route sinueuse l’on va prendre pour y arriver. Les autos ‘modernes’ qui procurent cette sensation sont rares, mais sont absolument toutes géniales. De notre côté, on met la Jaguar F-Type (et donc également SVR) dans la même catégorie que les Alpine A110 Pure, Lexus LC 500, Alfa Romeo Giulia QV ou tout simplement une Mazda MX-5 ND. Des autos passions, plaisantes, incroyables, mais jamais dans la surenchère.

Jaguar F-Type SVR : budget et concurrence

D’ailleurs, qu’en est il de ces autos passions lorsqu’il s’agit de passer à l’achat ? La Jaguar F-Type se trouve à partir de 35.000 € en V6, mais une belle SVR comme nous avons aujourd’hui se situera plutôt entre 90 et 100.000 €. C’est un sacré budget, il est vrai, mais c’est à comparer avec ce qui existe aujourd’hui. Un simple SUV approche les 100.000 €, une super GT moderne dépasse les 200.000 € haut la main avec les malus pharaoniques. En face de la F-Type SVR, on retrouvait deux typologies de voitures : la Porsche 911 991 GTS, et l’Aston Martin V12 Vantage S.

Bien que les deux n’aient pas grand-chose à voir, elles résument bien la philosophie de ces GT : élégance, puissance, confort. Aujourd’hui une belle Porsche 991 GTS s’affiche à partir de 120.000 € alors que la V12 Vantage S sera plutôt à partir de 140.000 €. Le choix se fera par la ligne, ou le coup d’entretien. Si la Jaguar et la Porsche conserve un entretien relativement correct et facile, l’Aston fera payer le prix de son blason et de son réseau (concession comme spécialiste) quasi inexistant.

La meilleure des Jaguar ?

La Jaguar F-Type aura signé le renouveau de Jaguar et le rajeunissement de sa clientèle. Enfin une Jaguar intéressait les jeunes, et enfin une Jaguar se voulait vraiment dynamique. Belle à tomber par terre comme beaucoup de Jag (et d’anglaises), le coup de crayon du merveilleux Ian Callum, le compromis confort/dynamisme et le large choix de motorisations ont propulsé la vieillissante marque de Coventry au niveau de celle de Zuffenhausen, le temps de quelques années. Tout semblait parti pour redresser Jaguar une bonne fois pour toute… Si il n’y avait pas ce revirement de situation récent…

La F-Type est à mes yeux l’une des meilleures Jaguar fabriquées. Magnifique, compacte, dynamique mais encore analogique, c’est presque la voiture parfaite (si vous n’avez pas besoin de place arrière). La Jaguar F-Type SVR est probablement la plus aboutie de la gamme, à l’image d’une 400 Sport. Non parce qu’elles sont plus rapides ou plus puissantes, mais parce que le compromis trouvé sur le dynamisme et le confort semble parfait. Les propriétaires de V6, V6S et autre R m’en voudront surement d’aller titiller sur des détails, mais c’est bien là mon avis personnel. Après, si l’un d’entre vous a une des rares version en boite mécanique, je veux bien que vous nous laissiez un email, je pourrais encore changer d’avis…

Je vous laisse profiter de la large galerie de photos.

Texte et photos : Antoine
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