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Essai Jeep Avenger e-Hybrid : petit mais pas ridicule

Le Jeep Avenger, c’est le petit dernier de la famille Jeep. La marque américaine, qui nous a habitués à de gros SUV, présente ici un petit crossover urbain de tout juste 4 mètres de long. Jeep, qui jusqu’ici traine une image américaine un peu rustre, tente de se renouveler avec un produit dans l’ère du temps, recentré sur les usages des consommateurs à la recherche de véhicules compacts et hybride. Mais c’est sans pour autant oublier ce qui fait l’ADN de Jeep. Alors pari gagné avec ce nouvel Avenger ? Essai Jeep Avenger e-Hybrid : petit mais pas ridicule.

Un de plus dans la famille Stellantis

Le Jeep Avenger a fait pour la première fois son apparition en 2022 au salon de l’auto de Paris. Avec sa bouille musclée et sa teinte criarde jaune Sun, il n’est passé inaperçu pour personne. Si vous me connaissez bien, vous savez que j’adore Jeep. Et ce nouveau venu m’a tout de suite tapé dans l’oeil. Le Jeep Avenger fait désormais office d’entrée de gamme, devant le Renegade. Un modèle plus compact, plus urbain, plus économique et écologique aussi, mais nous y reviendrons.

Le Jeep Avenger utilise la même base que ces nouveaux cousins du groupe Stellantis. Il repose sur la plateforme CMP/eCMP partagée entre autres avec le Peugeot 2008, la DS 3, l’Opel Mokka, la Citroën C4, la Fiat 600, l’Alfa Romeo Junior et la Lancia Ypsilon. Mais le contraste avec ses homologues est saisissant. Le Jeep Avenger est radicalement différent. Au premier coup d’œil, on pourrait lui trouver des traits similaires avec l’Opel Mokka. La silhouette est ramassée, très musclée avec ces élargisseurs d’ailes, et l’arrière tombe net, juste après le train arrière. Le Jeep Avenger semble posé au sol, presque sportif avec de larges passages de roues, une face avant agressive et des portières arrières presque invisibles. Dernier petit détail, la découpe de carrosserie façon aileron de requin que l’on retrouve à l’arrière et qui remonte jusqu’au toit. On pourrait l’assimiler à celle présente sur la DS 3, bien qu’elle soit ici beaucoup plus esthétique et réussie.

L’Avenger reste une vraie Jeep

Pourtant le Jeep Avenger ne boude pas son caractère de franchisseur. Avec une garde au sol de 20 cm, c’est plus que la majorité des modèles de ce segment. Jeep oblige, les angles d’attaque et de fuite sont élevés avec respectivement de 20 et 34°. Cela permet au petit Avenger d’affronter des terrains escarpés. Pour finir sur ce qui fait l’ADN Jeep, comme sur les autres modèles, l’Avenger n’est pas exempt de petits easter eggs qui font notre bonheur lorsque nous nous mettons à les chercher. Et sur l’Avenger, ils sont nombreux !

A l’extérieur, on retrouve le célèbre masque des Willys, dissimulée dans l’une des alvéole de la grille du bouclier avant. On le retrouve également sur chacune des jantes, sur la circonférence entre les rayons. Le cache du capteur du radar est gravé d’une boussole/radar qui révèle des coordonnées GPS qui, lorsqu’on les déchiffre, redirigent vers la ville de Turin, ville où a été imaginé le Jeep Avenger. A l’intérieur, on retrouve une nouvelle fois le masque du Willys au niveau du haut parleur central sur le haut de la planche de bord. On découvre également un petit explorateur, gravé en bas à gauche du pare brise. Ce dernier regarde un ciel étoilé avec son télescope. Si l’on suit sa direction, on retrouve quelques étoiles gravées dans le coin supérieur droit du pare brise. La lunette arrière a aussi le droit à son dessin avec cette fois-ci un décor montagneux au niveau de l’essuie-glace. Ceci fait évidemment écho aux capacités de franchissement connues des Jeep.

Jeep Avenger : globalement pratique et ingénieux

Pour la planche de bord, et c’est bien dommage, c’est là que le Jeep Avenger se démarque le moins. Le poste de conduite est, à quelques détails près, le même que celui de la Fiat 600. Le volant est bien entendu différent et reprend les commandes et boutons de ses cousins de chez ex-PSA. Heureusement, car la synthèse essayée sur le Jeep Compass (conçu à l’ère FCA) est beaucoup trop complexe. Le combiné numérique est de bonne taille et a été là aussi largement simplifié. On y retrouve au choix de grands visuels pour afficher les aides à la conduite, la navigation, les médias, l’ordinateur de bord ou la gestion de l’énergie dans le cas d’une motorisation hybride ou électrique.

Au centre, l’écran tactile 10,25 pouces utilise le système d’infodivertissement commun à tous les modèles Stellantis. S’il n’est pas le plus intuitif ni le plus réactif, il a le mérite d’être complet et suffisamment personnalisable pour ne pas avoir à ouvrir 50 menus avant de trouver ce que l’on cherche. L’écran est flottant sur le haut de la planche de bord, ce qui est idéal. Pas besoin de détourner et baisser le regard pour consulter les infos. C’est bien plus confortable que dans l’Alfa Romeo Junior, pourtant conçu sur la même plateforme. Sous l’écran se trouvent quatre boutons ; deux permettant de naviguer dans le système, les deux autres sont le verrouillage centralisé et les feux de détresse. Ce bloc de boutons s’inscrit dans un long bandeau dissimulant les aérateurs qui parcourt toute la demie planche de bord jusque devant le passager.

Cette construction permet d’avoir une planche de bord épurée qui donne une impression de robustesse. La praticité est aussi au rendez vous avec sous ce bandeau d’aérateurs un grand espace de rangement. Idéal pour y laisser du bazar bien qu’il soit visible aux yeux de tous. Autre rangement, celui dissimulant la connectivité USB-C et la recharge sans fil. Il se ferme avec un ingénieux couvercle à volets que l’on peut laisser entrouvert ou fermé, au choix. Original et pratique. On apprécie également les éclairages d’ambiance personnalisable coté passager et de chaque coté de la planche de bord.

Dernier élément et gros point noir de ce Jeep Avenger, la commande de boîte de vitesses. Il s’agit de quatre boutons individuels situé en bas de la planche de bord, juste au dessus de ce rangement, repris de la Fiat 500e. Leur emplacement ne permet pas de les utiliser sans détourner le regard, extrêmement gênant lorsque l’on veut juste passer de la marche avant à la marche arrière en manœuvre. Le fait d’appuyer sur un bouton pour changer le sens de marche n’est pas non plus intuitif. Dommage que le sélecteur façon poussoir présent sur les autres modèles partageant la même plateforme n’ait pas été reprit. Parlons aussi de la climatisation. Jeep a certes eu la bonne idée de laisser des commandes physiques, mais l’alignement façon piano des touches ne facilite pas l’utilisation et il faudra obligatoirement détourner la route des yeux pour trouver la fonction souhaitée.

Une habitabilité limitée

Sur un registre plus positif, le confort d’assise est plutôt bon. Ayant eu un Peugeot 2008 pendant quelques années, le Jeep Avenger offre une assise plus moelleuse. On est aussi assis légèrement plus bas, ce qui limite l’effet suspendu et les mouvements latéraux dans le siège en conduite. Le confort acoustique n’est pas en reste avec une bonne insonorisation à basse vitesse. A plus haute vitesse, les bruits de roulement se font plus présents et le système audio JBL peine à les couvrir. Pour les passagers avant, le Jeep Avenger offre un petit accoudoir central. Coulissant, il est malheureusement positionné trop en arrière pour vraiment être confortable, à moins de conduire très reculé.

À l’arrière et sans surprise, c’est assez étriqué et il ne faut pas être claustrophobe. L’espace aux genoux est juste bon mais l’assise est très inclinée, ce qui fait que l’on a les jambes très hautes. Le Jeep Avenger semble donc plus adapté pour des clients seuls ou avec enfants plutôt qu’avec des ados. Le volume du coffre est compris entre 325 L et 380 L selon la motorisation, il conviendra à la plupart des cas de vie sauf pour les longs parcours avec de grosses valises.

Jeep Avenger : le plus large choix de motorisations de la marque

Avant de passer à la conduite, petit point sur la fiche technique. Le Jeep Avenger profite de la sur-optimisation permise par Stellantis au niveau des motorisations sur cette plateforme. Ainsi, ce ne sont pas moins de 4 motorisations disponibles pour ce modèle. C’est d’ailleurs le modèle Jeep qui en possède le plus. Premièrement vous pouvez choisir l’Avenger avec un moteur essence. Disposant d’une boîte de vitesses manuelle et de 100 ch, c’est la motorisation d’entrée de gamme et elle n’est d’ailleurs disponible que sur les premiers niveaux de finition. Ensuite vient la motorisation e-Hybrid 48 V essayée aujourd’hui. Elle reprend le 3 cylindres de 100 ch couplé à un petit moteur électrique de 21 kW situé sur le train avant. Une boîte de vitesses robotisée à double embrayage 6 rapports complète le tout. Cette motorisation e-Hybrid est également disponible uniquement sur les premiers niveaux de finition.

Puis vient le tour de la motorisation hybride 4xe. C’est ici à nouveau une hybridation légère 48 V contrairement aux autres modèles Jeep où 4xe rime avec hybride rechargeable. Le moteur 3 cylindres développe ici 136 ch et deux moteurs électriques, un à l’avant et l’autre à l’arrière, complètent le tout. C’est la seule motorisation offrant une transmission intégrale et elle n’est disponible que sur les deux plus hauts niveaux de finition. Pour finir, le Jeep Avenger 100% électrique dispose d’un moteur électrique de 115 kW et d’une batterie d’une capacité de 54 kWh. L’autonomie est quant à elle d’environ 380 km WLTP et c’est la même motorisation que sur la Lancia Ypsilon.

Pour revenir sur les finitions, elles sont au nombre de 5 actuellement. Longitude, Altitude, Summit, Upland ainsi qu’une édition spéciale The North Face. Les trois premières sont disponibles avec toutes les motorisations tandis que les deux dernières sont exclusives à l’Avenger 4xe.

Entre confort et polyvalence

Malgré un premier démarrage qui se fera toujours en thermique, les premiers tours de roue se font en tout électrique. C’est assez rare pour le signaler, mais l’hybridation légère 48 V permet de faire une petite distance en tout électrique à condition que la batterie soit rechargée. Pour recharger la batterie d’ailleurs, le freinage régénératif est d’une efficacité redoutable. La conduite se fait presque exclusivement sans toucher les freins et cela permet d’allier efficacité et confort de conduite. Les 100 ch du moteur thermique suffisent amplement pour les trajets du quotidien. Le Jeep Avenger réussi le défi de ne réveiller le moteur essence qu’en cas d’extrême nécessité. Ainsi en ville, son terrain de jeu favori, le silence de conduite est maître mot. Et quand le moteur thermique se met en marche, seule un légère vibration se fait sentir, contrairement au Dacia Duster équipé de la même technologie… Le gros bémol vient de la boîte de vitesses, sifflante, pas toujours réactive et qui n’est pas aidée par la lenteur des commandes lorsqu’il faut jongler entre les marches avant et arrière.

Sur un terrain plus roulant, le moteur thermique devient plus présent une fois sollicité. La boîte à double embrayage lisse plutôt bien les passages de rapports, là encore dans un objectif de confort. A plus haute vitesse, la discrétion se transforme en surenchère de bruits d’air. Comme beaucoup de ces petits véhicules, l’autoroute n’est clairement pas son terrain de jeu préféré. Sur un registre plus dynamique, la petite Jeep conserve un train avant précis. L’Avenger souffre en revanche d’une direction bien trop floue ce qui peut la rendre délicate dans certaines conditions. Dommage car son empattement court et son look musclé en ferait un parfait petit crossover sportif… A quand une version Trackhawk ?

Enfin, une Jeep ça s’essaye aussi hors des sentiers battus. Evidemment l’Avenger n’a pas la prétention de ses grandes sœurs, mais le petit poucet n’a pas dit son dernier mot. Equipé des modes de traction spécifiques (boue, sable et neige), l’antipatinage est optimisé afin de préserver la motricité sur les seules roues avant. Son gabarit compact, la garde au sol de 20 cm et l’assistance en descente très efficace en font l’un des SUV urbain les plus polyvalent.

Quelle concurrence pour le Jeep Avenger ?

Avec un gabarit rikiki et un poids raisonnable de 1355 kg en ordre de marche, le Jeep Avenger e-Hybrid a sur le papier de quoi battre des records de consommations. Il est homologué pour une consommation de 5 L/100km WLTP en cycle mixte. Lors de cet essai, cette moyenne a été atteinte sans problème en mix urbain/périurbain. Sur voie rapide, la consommation est forcément supérieure mais se limite à une moyenne raisonnable autour des 6 L/100km.

Aujourd’hui le Jeep Avenger e-Hybrid est accessible sous la barre des 30.000€. Son prix débute à 26.750€ en finition Longitude. Pour 2.000€ de plus vous accédez à la finition Altitude. Enfin, la finition Summit de notre modèle d’essai s’échange elle contre 30.750€. Grâce à la micro hybridation, le Jeep Avenger e-Hybrid profite d’émissions de CO2 contenues ce qui ne lui impute aucun malus supplémentaire.

Côté concurrence, le Jeep Avenger est un peu dur à placer. Bien évidemment on pense à ses cousins de chez Stellantis, Peugeot 2008 et Opel Mokka en tête. Bien que légèrement plus grands, ils disposent également du large choix de motorisations. Son gabarit de tout juste 4m le met aussi en concurrence des petits crossover comme le Hyundai Inster et le Mini Aceman. Cependant ces deux modèles sont uniquement disponibles en motorisation 100% électrique. Un Volkswagen T-Cross pourrait aussi s’ajouter à la liste, avec un prix de départ similaire à celui de l’Avenger. En revanche les tarifs flambent dès que le jeux des options entre en marche. Pas facile donc de lui trouver une concurrence sur tous les tableaux. Surtout qu’avec son look musclé et sa polyvalence, il finit vite par faire course à part.

Verdict

Au final, le Jeep Avenger e-Hybrid offre un bon compromis. A l’aise sur tous les terrains, il bénéficie en prime d’une motorisation efficiente permettant une consommation contenue tout en étant exempt de malus. L’hybridation lui procure également un bon confort de roulage, surtout pour les trajets du quotidien, son véritable terrain de prédilection. L’intérieur est bien conçu avec d’astucieux rangements. Cependant des matériaux peu qualitatifs et une habitabilité arrière limitée viennent entacher le tour du propriétaire. La tarification de cette version e-Hybrid est cohérente et offre un équipement de série convenable pour ce niveau de finition. L’atout majeur de ce Jeep Avenger, c’est finalement sa bouille qui nous fera toujours craquer.

Retrouvez ci-dessous la galerie photo habituelle ainsi que le tableau récapitulatif des points les plus marquants.

Les +Les –
Look de baroudeur muscléSélecteur de boîte de vitesses
Confort de conduite en villeHabitabilité aux places arrières
4 motorisations au choixInsonorisation à haute vitesse

Texte et photos : Anthony
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