Le Dacia Duster est un incontournable du marché automobile français au même titre qu’une Clio, qu’un Espace ou qu’une 208. Pourtant, le Duster n’en est qu’à sa troisième génération. Véritable best-seller, les deux premières générations ont été des gros succès avec plus de 3,7 millions d’exemplaires vendus. Le premier opus sorti en 2010 venait seconder la Logan et la Sandero et jouait encore beaucoup sur le côté rustique. La deuxième génération montait un peu en gamme tout en garantissant toujours un prix globalement très bas. Là aussi, le succès fut au rendez-vous de 2018 à 2024. La troisième génération suivra-t-elle la même trajectoire ? Essai Dacia Duster Hybrid : la révolution toujours en marche ?

Un look de baroudeur !
Le nouveau Duster millésime 2024, c’est un peu comme la Toyota Prius de la même année, tout le monde ou presque s’accorde sur la nette progression du look extérieur ! D’un point de vue personnel, je suis mitigé. Si je trouve l’avant plus sympa et plus agressif, je préfère cependant l’arrière de la génération précédente. Le trois quart avant du nouveau Dacia Duster confère au SUV un côté baroudeur semblant très assumé. Les lignes sont tendues, les arrêtes sont marquées. On retrouve presque tout ce qui fait une Jeep : capot sculpté, pare-brise plus redressé et comprenant une silhouette de Duster dans la sérigraphie, calandre verticale à cinq compartiments (au lieu de sept sur Jeep), etc. Le pare-chocs avant se sépare en deux parties distinctes : une première couleur carrosserie et une seconde en plastique noir qui semble incrustée dans la première. Cela confère une belle présence au SUV.

Je parlais du capot juste au-dessus mais il me semble intéressant de revenir dessus. En effet, le capot vient recouvrir la calandre et les optiques avant et lui donne un côté assez élégant. De plus, la largeur du capot ne dépasse pas des montants de pare-brise. Cela a permis au designers de donner des grosses ailes avant bien larges au Duster, sans vraiment l’élargir. En plus de ces ailes bien dessinées, on retrouve la panoplie complète du baroudeur bien large : élargisseurs d’aile, rail de toit, bas de caisse. On retrouve aussi un côté très Land Rover Defender avec ce panneau (toujours en plastique noir) ajouté sur la porte avant. Marqué du lettrage Duster, ça n’a aucune utilité, mais ça permet au SUV d’aller à fond dans le délire Off Road.

Le profil permet d’admirer les jolies jantes en 18 pouces bicolores. Elles donnent au Dacia Duster un côté franchisseur que rien n’arrêtera. Cependant on remarque aussi les pneus à flanc relativement bas qui devraient avoir un impact sur le confort. Les rétroviseurs de couleur bronze contrastent bien avec le vert cèdre de notre modèle d’essai en finition Extreme. C’est dommage qu’aucune autre pièce ne soit de cette couleur à l’extérieur. A l’arrière, l’ensemble fait plus plat. Les contraintes d’habitabilité et d’aérodynamique ne se mariant pas au mieux, le résultat manque de dynamisme. Les feux reprennent le Y déjà présent sur les phares. Pour le reste, c’est assez basique : les logos de dénomination sont en sticker, l’antenne semble sortie des années 90 et les flasques aérodynamiques autour de la lunette arrière lisse complètement le style. C’est assez étonnant tant tout le reste du Duster avait été bien traité.

D’un point de vue dimensions, le Duster mesure 4.34m de long (identique à la génération précédente). La largeur culmine à 1.81m (moins 1 cm) et la hauteur à 1.69m de haut (moins 1 cm). Cela le place à quelques millimètres seulement des deux générations précédentes. Quel plaisir de voir que toutes les voitures ne grossissent pas démesurément.
Intérieur en demie teinte pour le Dacia Duster
En entrant à bord du nouveau Dacia Duster, on retrouve instantanément le look baroudeur de l’extérieur. La planche de bord profite d’un dessin « boite » assez massif. Les écrans arrivent en nombre. On retrouve l’écran central, orienté vers le constructeur, mais également un nouveau combiné d’instrumentation désormais numérique également. Si il en est fini du compteurs à aiguilles, on ajoute une couche de complexité à la voiture. Le volant se modernise avec un dessin moins rond avec les parties inférieures et supérieures un peu « aplaties ». Les décors de branche du volant sont de couleur aluminium. Les commandes au volant restent simples et pratiques : un bouton unique par fonction. Si ce n’est pas le plus beau, c’est quand même super pratique !

La climatisation dispose de commandes physiques positionnées sous les aérateurs centraux (eux aussi sous l’écran central). Une nouvelle fois, praticité et facilité d’usage ressortent gagnantes. Les aérateurs de climatisation récupèrent la forme en Y des phares avant et arrière, ici de couleur bronze comme pour les rétroviseurs extérieurs. La forme en Y se retrouve également reprise dans les contre portes. Des éléments clipsables sont proposés. Il devient alors possible de clipser un porte téléphone, un crochet pour un sac ou encore un porte gobelet additionnel sur les endroits prévus à cet effet. On retrouve un point d’accroche à gauche de l’écran, un à droite de la console centrale et un à l’arrière.

Les sièges sont très fins et font un peu plats, un peu simplistes. Ils ne font vraiment pas des plus accueillants et la multitude de matériaux utilisés n’aide pas. Pour autant, les sièges se montrent plutôt confortables (pour la catégorie). Les sièges avant sont réglables mécaniquement en hauteur et en largeur. A l’arrière, la banquette un tiers deux tiers est un peu juste niveau confort / angle d’assise. La place aux jambes est satisfaisante mais ce n’est pas immense. Il faudra faire attention pour les adultes de ne pas taper la poignée du toit fixe et rigide. Le coffre est correct avec 478 L (+35L par rapport à la génération précédente). Attention cependant au seuil de chargement un peu haut.

Le Dacia Duster rejoint la modernité niveau écran et connectivité. On retrouve donc un écran tactile de 10.1 pouces au centre de la voiture. Il permet de contrôler la navigation, le partage d’écran et les réglages de la voiture. Le style de l’interface est un peu vieillot par contre. L’écran se montre un peu lent mais rien de vraiment dérangeant. On retrouve la connectivité sans fil Android Auto / Apple Car Play, deux ports USB C à l’avant et deux à l’arrière. Le chargeur à induction est le premier que j’essaye qui n’a pas bugué une seule fois lors de l’essai. Enfin, on retrouve des grands rangements partout, que ce soit dans les portes, la console centrale ou la boite à gants.

Bon, si le Duster s’est amélioré sur beaucoup de point, il y a des « mais ». Tout d’abord l’ensemble manque de fun. Que ce soit la couleur des matériaux ou les matériaux eux même, le Duster se montre sombre et triste. On ne retrouve pas de cohérence entre les plastiques utilisés dans leur grain comme dans leur teinte. Ce sera peut-être facile à nettoyer (un coup d’éponge) mais ce sera aussi facile à marquer ou à griffer (un coup d’ongle peut suffire).
Première motorisation hybride pour le Duster !
Si la deuxième génération de Dacia Duster introduisait la motorisation GPL, la troisième génération introduit l’hybridation. Il ne s’agit pas d’une hybride rechargeable lourde et couteuse, mais d’une hybridation légère, dite MHEV. Comme sur la Clio V il y a quelques mois de cela, nous avons ici le moteur atmosphérique 1.6 L de 94 ch et 148 Nm accompagné de deux moteurs électriques (un de 49 ch pour entrainer la voiture et l’autre de 20 ch pour servir d’alterno-démarreur).

L’ensemble est accouplé à une boîte de vitesses automatique à quatre rapports. La puissance cumulée est de 140 ch et 160 Nm de couple. Une batterie de 1.2 kWh permet de rouler en tout électrique sur de courtes distances et un mode Brake (frein) est disponible à la demande, pour favoriser la recharge (ou la roue libre) au lever de pied. Les performances annoncées sont très correctes pour ce SUV de 1.455 kg, avec un 0 à 100 km/h en 10.1 secondes.

Dans les faits, cela veut dire que vous démarrerez en mode électrique à quasiment tous les coups. Cela permet un démarrage relaxant. Le moteur thermique ne va pas se rallumer en permanence dès que vous effleurerez la pédale de droite. En effet, en ville, il est possible de quasiment tout faire en électrique, sous réserve d’anticiper un peu les ralentissements. On se retrouve vite surpris au démarrage du moteur thermique que ce soit par son côté bruyant, ou le fait qu’on ait pas réussi à le garder éteint. Sur un trajet d’une dizaine de kilomètres en ville, le moteur s’est allumé moins de 3 minutes en cumulé. Plutôt pas mal ! Evidemment si vous restez sur un axe roulant à 50 ou 70 km/h, la batterie se videra plus vite et le moteur se rallumera plus vite aussi.

Il en résulte une auto très agréable à conduire en ville. Le silence de déplacement est accompagné par l’excellent rayon de braquage. On a presque l’impression que le Duster pivote autour de ses roues arrière. La direction est un peu trop légère (ou trop assistée) et manque un peu de précision à mon goût. Les suspensions en ville se révèlent plutôt raides et le confort un peu mis à rude épreuve si vous avez beaucoup de ralentisseurs sur votre trajet. Lorsque le moteur thermique se rallume, on retrouve plusieurs points assez embêtants.

Premièrement on s’était habité au silence et l’insonorisation n’est pas le fort du Duster. Deuxièmement, et pour accentuer encore ce point, la boîte à 4 rapports ne semble pas adaptée à un usage en ville. Bien que nous sachons pas dans quel rapport se situe la voiture (aucune information communiquée à part compter dans sa tête), on a l’impression qu’en ville le Duster reste en première. Et il est impossible de passer manuellement le rapport…
Dès que l’on part sur les axes plus roulants à la campagne, le Duster change de comportement. La boîte de vitesses semble mieux étagée pour ces phases de roulages à 70/80/110 km/h et le confort de suspension s’améliore. Si les bruits d’air n’apparaissent qu’autour de 120 km/h, les bruits de roulements eux apparaissent bien plus tôt. En fait dès que vous êtes au-delà de 50 km/h, les bruits de la route et des pneus remontent dans l’habitacle, et résonnent sur cet intérieur très typé plastique.

Question châssis, je suis partagé. Bien que la voiture ne soit pas typée dynamisme (bien au contraire), je ne peux pas m’empêcher de la trouver quand même trop molle. Le roulis est trop présent même sans chercher à aller vite. Cela impliquera un confort en baisse dès lors que la route tourne. Côte consommation, le Dacia Duster hybride tient ses promesses. Avec 5.0 L/100 km annoncés, la moyenne de l’essai se situe à 5.1 L/100 km, mêlant autoroute, ville et campagne. Un trajet purement autoroutier vous amènera à plus de 7 L/100 km.
Dacia Duster, toujours le roi du marché ?
Le Dacia Duster de troisième génération démarre à 19.890 € en finition Essential. En finition Extreme comme notre modèle d’essai, le prix d’appel remonte à 23.300 €, qui se transformera en 28.100 € une fois la motorisation hybride sélectionnée. Plusieurs motorisations sont proposées sur le Duster. On retrouve en entrée de gamme la motorisation ECO-G 100 fonctionnant au GPL ou au SP95, en deux roues motrices. La motorisation TCe 130 viendra ensuite, en deux ou quatre roues motrices. Enfin la motorisation HYBRID 140 en deux roues motrices clôturera l’offre. Comme vous pouvez le remarquer, le Duster Diesel n’existe plus.

Notre modèle d’essai démarre donc à 28.100 €. On y ajoutera la couleur vert cèdre à 600 €, les jantes Tagasan à 250 €, le système multimédia à 600 € et le Pack City (avec les capteurs et caméra 360°) à 490 €. La facture totale grimpe donc à 30.040 € !
Le premier concurrent sera le nouveau Citroën C3 Aircross. Le petit SUV familial des chevrons vient définitivement sur les plates-bandes du Dacia. Disponible en 5 ou 7 places, il offrira un petit plus par rapport au Duster. A partir de 19.700 € en essence, il vous demandera 25.500 € dans une configuration You Pack PLUS hybride (136 ch) équivalente. En finition MAX à la présentation intérieure plus qualitative que le Duster, il vous demandera 27.600 €. On pourrait presque parler de bonne affaire. L’Opel Frontera étant le jumeau du Citroën C3 Aircross, il est proposé à options équivalents à 29.050 € également avec la motorisation 136 ch.



Pour le reste des constructeurs, le lowcost n’est pas vraiment une priorité (surtout quand le lowcost tutoie les 30.000 €). Ainsi Peugeot 2008, Renault Captur / Symbioz, Kia Niro, Hyundai Kona, Toyota CH-R et autres Honda ZR-V ne jouent pas dans la même cour…
Notre avis après quelques jours
Le Duster de troisième génération a-t-il rempli le contrat ? Je pense sincèrement que oui. La recette fonctionne toujours bien et le gabarit qui ne grossit pas indéfiniment rend la voiture très pertinente. Si le prix augmente fortement, la concurrence ne fait pour le moment pas mieux, et augmente aussi. Le Dacia Duster conserve ses aspects pratiques et robustes (au moins visuellement), tout en rentrant jusque comme il faut dans la modernité. Ici, il n’y a pas d’overdose de technologies, juste le nécessaire et le réglementaire. Après, le prix est clairement loin du lowcost.

La motorisation hybride fait entrer le Duster dans un monde qui n’est pas vraiment le sien niveau tarif. Si l’hybride permet de passer tout juste sous la case malus (112 gr de C02 par km contre un déclenchement du malus à 113 gr de C02 par km en 2025) par rapport à la motorisation TCe 130 (190 € de malus en 2024 et 280 € en 2025), le surcout induit est plutôt élevé avec 3.200 € d’écart. Il faudra donc comparer à l’achat les différents couts en fonction de votre usage… Et comme la concurrence pointe (enfin) le bout de son nez, rien n’est gagné pour cette déclinaison hybride…
Les + | Les – |
Le look | Le prix, plus tellement lowcost |
La grande capacité à rouler en électrique | Les bruits d’air et de moteur |
La consommation mixte | Baisse d’homogénéité dans la présentation |











































Texte et photos : Antoine
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