Avec la sixième génération de son modèle coiffant la gamme par ses dimensions, Renault révolutionne une nouvelle fois le patronyme. Ici, la marque au losange tente de faire passer un cap à la grande familiale. Il en est définitivement fini du monospace ou de la silhouette qui se cherche. Le nouveau Renault Espace E-Tech assume désormais le fait d’être un grand SUV, et laisse complètement tomber le côté monovolume. Après avoir vécu avec les 5 précédentes générations, nous prenons le volant de la sixième avec quelques a priori, il en va s’en dire. Essai Renault Espace E-Tech : Le luxe, est-ce toujours l’Espace ?

Les Espace et nous, longue histoire
Une fois ne sera clairement pas coutume, c’est avez ma femme que je vais écrire cet essai. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à nous deux, nous avons connu 11 modèles issus de la famille Espace. Nous avons grandi avec les Espace, nous avons vécu dedans, à base de voyages en famille nombreuses. Ainsi, elle a connu un Espace 1, quatre Espace 2 et un Espace 3 dans sa famille. De mon côté, j’ai grandi dans les Espace 2 et IV. D’ailleurs, j’ai appris à conduire sur le Renault Espace IV familial qui aussi fut ma première voiture par la suite. Mes essais pour un autre site internet m’ont poussé à essayer le cinquième opus. Il m’a suffisamment plu pour que je pousse mes parents à en prendre un. De mon côté, j’ai craqué sur un Avantime V6 BVA, puis sur un V6 boîte mécanique…
Vous l’aurez compris, le Renault Espace et nous, c’est une longue histoire (d’amour dirons certains). Les voitures spacieuses, grandes, pratiques, facile à vivre, on s’y fait. Evidemment, l’Espace a perdu son côté pratique petit à petit tout au long de sa vie, mais qu’importe, il a tenté de suivre une philosophie. Alors que vaut l’Espace VI et est-il toujours dans la lignée quarantenaire lancée par le duo Renault et Matra ? C’est ce que nous avons voulu savoir, évidemment.
L’Espace est mort, vive l’Espace !
Nous le disions plus haut, la sixième génération s’éloigne encore plus de la silhouette iconique des Espace d’antan. En effet, le Renault Espace VI est avant tout un Renault Austral allongé. Quelque part, le SUV « long » remplace d’ailleurs plus le Koleos, le grand SUV de Renault depuis deux générations. Ainsi, le nouvel opus vient boxer dans la catégorie déménageur du trio Austral / Rafale / Espace. La face avant reprend presque intégralement celle de l’Austral. Seule la calandre passe d’un motif « croisé » à un motif purement vertical.

Comme sur l’Austral, les capteurs nécessaires aux aides à la conduite sont superbement intégrés derrière le logo. Seules les caméras restent visibles pour des questions évidentes d’optique. Cependant, il faudra composer avec un logo avant de taille conséquente. Pour le reste, le Renault Espace est plutôt à l’image de l’Austral. On retrouve la « lame » dans le bouclier inaugurée sur la Mégane Electrique, ici tout de noir vêtu. Cela rend bien plus discret le véhicule.

Globalement, l’Espace est une voiture assez simple, allant à l’essentiel et évitant les arrêtes inutiles. Peut-être que la couleur « Rouge Flamme » de notre véhicule d’essai n’est pas celle qui met le plus en avant le travail des designers. Il y a un côté « jouet » qui n’apparait pas sur les modèles que nous avons vus en gris ou bleu foncé. Les belles jantes en 20 pouces remplissent bien les arches de roues grâce aux pneumatiques à flancs hauts.
Renault Espace E-Tech : montée en gamme !
Une nouvelle fois, peu de surprises à l’intérieur. La présentation générale est reprise des Mégane E-Tech et des Austral. L’ensemble présente un double écran en forme de L avec le combiné en format paysage et l’écran central en format portrait. Le premier propose l’ensemble des informations de conduite. Il est également secondé par un affichage tête haute proposant une très belle qualité d’image. L’écran portrait utilise le système Google natif, ce qui permet de profiter directement des applications Google compatibles.

Mais ce qui est le plus impressionnant à bord ce Renault Espace, c’est la qualité perçue. C’est très clairement en hausse. Il y a une vraie montée en gamme sur le choix des matériaux, malgré quelques petites incohérences. Ainsi, le cuir gris clair des sièges et des contre portes est très joli et très bien travaillé. Cependant il est très salissant et semble plus que fragile. Le tissu gris foncé pour le ciel de toit et les montants est vraiment agréable et élégant.
On retrouve également du bois, sur la planche de bord. C’est le seul endroit où il y en a et c’est un peu dommage. On se demande vraiment pourquoi il n’y en a que là, et pas sur les portes par exemple. En contrepartie, un gros placage plastique effet chrome se situe sur les portes. Peu flatteur. Dans le rayon des incohérences esthétiques, notons quelques boutons peints en noir mat positionnés au milieu d’une pièce en plastique noir brillant.

Pour le reste, le premier rang est vraiment très sympathique. Les sièges sont réglables électriquement dans tous les sens, et l’option de dégagement d’espace via les mouvements du siège à l’ouverture de la porte pour le conducteur comme le passager est très appréciable. En plus de reculer le siège pour faciliter le passage, l’assise descend légèrement. Vous êtes ainsi à parfaite hauteur pour entrer ou sortir dans l’espace. En tout cas, pour nos respectifs 1,8 m et 1,65m, c’était parfait. Les sièges sont évidemment chauffant, comme le volant. Cependant, seul le siège conducteur est massant et offre un réglage des lombaires.
La console centrale est très pratique avec trois zones de rangement. Une première se trouve sous les accoudoirs, classique. Une seconde se situe en zone avant de console, avec les porte gobelets. Enfin, la troisième se cache sous la partie coulissante, entre les deux précédentes zones. La partie coulissante se compose d’une zone de chargeur à induction pour votre téléphone et d’une poignée fort pratique pour reposer son poignet pour écrire sur le clavier de l’écran. C’est d’ailleurs un des rares reproches que nous avions sur la Mégane V. Devant cette poignée se trouve également un range téléphone (ou range carte électronique du véhicule).

Des places arrières à vivre !
Ah le Renault Espace et ses places arrières. 5 sièges passagers fixés au plancher mais amovibles au besoin pour charger le contenu d’un appartement. Et bien ce n’est plus ça l’Espace. La cinquième génération commençait déjà à battre de l’aile sur ce côté-là. La sixième enfonce le clou. Alors attention, ce n’est pas la pire proposition que nous ayons vu face à la concurrence, mais ce n’est plus autant la fête que dans les précédents.

Le deuxième rang est désormais composé d’une banquette 2/3 1/3. La place du milieu rétrécit et perd de son confort, mais se transforme en bel accoudoir central au besoin. Cette banquette coulisse indépendamment et ce sur un peu plus de 20 cm. Les dossiers de chaque partie de banquette se règlent également. On retrouve ainsi 7 positions de réglages avant de rabattre complètement les dossiers. Les passagers de ce deuxième rang profiteront de deux ports USB-C et de deux lampes de lecture. La place aux jambes est très appréciable. L’immense toit panoramique en option apporte une luminosité à bord qui est bienvenue. L’impression d’espace à bord n’en n’est qu’agrandie.

Pour ce qui est du troisième rang situé dans le coffre au-dessus des roues arrière, c’est une autre histoire. Premièrement, il s’agit désormais de places d’appoints, peu accessibles. En effet, l’ouverture via la porte arrière est ridiculement petite. De plus, il faudra réserver ces places aux personnes de moins d’1,6m sous réserve d’avoir la tête « pliée » sous le pavillon. Par contre, les sièges du deuxième rang qui avancent permettent d’avoir de la place aux jambes. Comme au deuxième rang, les passagers profiteront de deux ports USB-C, et de deux lampes de lecture. Ce troisième rang ne dispose pas de crochet ISOFIX.
Le coffre maintenant. Nous avons tous les deux des souvenirs de chargements de meubles et de vélos sans prise de tête avec nos précédents Espace. Evidemment, ce n’était déjà plus le cas avec l’Espace V, et c’est encore moins le cas avec la sixième génération. L’ouverture est ridiculement petite et peu pratique avec un seuil de coffre très haut. Le coffre est d’une taille correcte en configuration cinq places (477 L) mais manque cruellement de profondeur en configuration sept places. On y mettra à peine un sac à dos. Une fois tous les sièges rabattus, le volume de coffre passe à 1.714 L, mais le plancher n’est plus parfaitement plat. Dommage.

Renault Espace E-Tech : il a tout compris
Sur la route, deux constats viennent très rapidement. L’Espace se comporte comme une Twingo en ville, et je ne me fais toujours pas au volant à 6 niveaux de commandes ! On retrouve comme sur la Mégane et l’Austral la commande de boîte, les essuie-glaces, la palette de changement de rapport, la commande de radio derrière le volant. Puis les commandes de navigation et le multi sens sur le volant, le tout à droite. Le côté gauche est plus simple avec seulement 3 niveau au total. Pour la maniabilité, le SUV profite des 4 roues directrices et d’une grande souplesse de direction. C’est très agréable en ville et on remercie le rayon de braquage de seulement 10.4m. Les passages sur les ralentisseurs nécessitent de vraiment ralentir puisque le SUV peut se montrer un peu raide à l’attaque de ces derniers.

Une fois sur la route, c’est la souplesse qui l’emporte encore une fois, avec un comportement et des mouvements de caisse maitrisés. Le Renault Espace E-Tech ne surfe pas sur la route, mais s’en sort avec les honneurs, en reprenant le travail déjà entrevu, en ce qui me concerne, sur les Mégane et Austral. Cependant, on retrouve encore un petit côté mou dans certaines courbes où l’Espace aura tendance à prendre un peu de roulis. Globalement, le confort de roulement est là. La voiture est bien isolée mais quelques bruits d’air font leur apparition autour de 90 km/h.
Côté motorisation, bien que nous retrouvons la même synthèse que dans l’Austral, je ne retrouve pas la même sensation qu’avait eu Anthony. Le moteur trois cylindres de 1.2 L est accompagné par un moteur électrique pour un total de 200 ch et 205 Nm de couple. Le moteur électrique est alimenté par une petite batterie de 2 kWh qui se recharge lors des freinages et levers de pied. Le tout passe aux roues avant via une boîte automatique très discrète. D’ailleurs, la boîte de vitesses de l’Espace est beaucoup plus douce que celle de l’Austral. La différence vient très probablement du rodage de la voiture. Notre modèle avait plusieurs milliers de kilomètres au compteur alors que l’Austral était flambant neuf. Les performances sont correctes avec un 0 à 100 km/h en 8.8 secondes.

Le tout est donné pour une consommation théorique moyenne de 4.9 L / 100 km. Mais qu’en est-il dans la vraie vie ? Avec seulement 300 km effectués, nous n’avons pas pu être représentatifs de toutes les situations de vie. Nous avons oscillé entre ville et route de campagne, avec quelques rares portions d’autoroute. La consommation moyenne s’établit à 5.6 L / 100 km. Un chiffre très acceptable, et bien aidé par l’efficacité du système hybride. De plus, cela évite l’énorme hérésie d’une version hybride rechargeable qui consomme certes peu lorsqu’elle est chargée, mais surconsomme une fois vide.
Et que dit la concurrence ?
Le Renault Espace E-Tech démarre à 44.500 € en finition Techno. Notre exemplaire en finition Iconic démarre à 49.500 € et ajoute de série les sièges en cuir gris clair, les jantes 20 pouces, les sièges électrique à mémoire, les aides à la conduite, la caméra 360° 3D ou encore les 4 roues directrices. De plus, la couleur rouge Flamme de notre modèle est également de série. En option, il n’y aura pas grand-chose à ajouter. Le très recommandable pack Harman Kardon (1000 €), le pack Advanced Driving Assist (400 €), le toit en verre panoramique (1000 €), l’affichage tête haute (800 €) ainsi que les feux Matrix LED (1000 €). Le tout nous amène à 53.700 € pour « notre » Espace E-Tech Iconic. Il n’y a aucun malus pour l’Espace.

Mais que propose la concurrence ? Commençons par le Peugeot 5008. Arrivé en fin de carrière, le SUV familial est uniquement disponible en 7 places. Il démarre à 44.820 € en finition GT mais une fois optionné de façon équivalente, il reviendra à 50.790 €. Seul le petit moteur essence micro-hybridé de 136 ch est disponible pour les motorisations hybrides. Le petit malus sera de 190 € en 2023 et 280 € en 2024. Son cousin le Citroën C5 Aircross Ë-Series est uniquement disponible en version 5 places. Pour 44.150 €, il proposera plus de confort que l’Espace E-Tech, mais sera bien moins moderne. Le C5 Aircross partage le même moteur et le même malus que le 5008…



Kia propose un Sorento 7 place en hybride. Le SUV coréen est proposé à 57.090 e en finition Premium, auxquels vous ajouterez 650 € pour la peinture. Comme aucune autre option n’est disponible, cela fera un total de 57.740 € hors malus. Avec 153gr/CO2/km, ce dernier sera de 1.901 € en 2023 et 2.726 € en 2024.
Le Volkswagen Tiguan AllSpace R-Line propose 7 places et démarre à 55.900 €. Dans une configuration au plus proche de l’Espace E-Tech, il culmine à 60.435 € € auxquelles vous ajouterez 2.726 € de malus en 2023 et 3.784 € en 2024. Son seul moteur essence est le 1.5L de 150 ch qui consommera également plus que les 5.6L de notre essai. De son côté le Skoda Kodiaq Sportline démarre à 47.540 € avec le même moteur. Equipé de façon similaire, la facture s’arrêtera à 54.500 €, auxquels vous ajouterez 3.784 € de malus en 2023 et 5105 € de malus en 2024.



Pour une montée en gamme de blason, il restera le Mercedes GLB. Disposant d’un peu plus d’aide à la conduite et de suspensions pilotées, un modèle 200 AMG Line équivalent à l’Espace E-Tech dépassera les 67.000 € auxquels il faudra ajouter un gros malus faisant tutoyer les 74.000 €…
Notre avis sur le Renault Espace E-Tech
Que penser de cette nouvelle génération d’Espace. Après avoir connu des Espace au volume de déménageur, je suis un peu déçu forcément, de la perte de volume de chargement. Cependant, le Renault Espace E-Tech propose une très belle synthèse et un bon compromis pour un usage à cinq. Les sept places seront définitivement dédiée à des situations exceptionnelles. Par contre, nous avons bien senti la prise en compte des différents éléments qui ont fait le succès et l’attachement aux précédentes générations. Ainsi, la vie à bord reste une priorité, et ce quelle que soit la place. Si précédemment le luxe, c’était l’espace, désormais l’Espace, c’est le luxe. La qualité perçue est en hausse, l’expérience à bord facilitée et le plaisir d’aller faire un tour à bord bien réel. Pour nous, c’est validé !
Retrouvez ci-dessous la galerie photos habituelle ainsi que le tableau récapitulatif des points les plus marquants.
Les + | Les – |
Vie à bord | Qualité des matériaux utilisés |
Confort de conduite | Taille du coffre |
Consommation | Son blason |














































Texte et photos : Antoine
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