Sur Virages Auto, on aime bien tester pour vous les nouvelles marques qui arrivent sur le marché. Après MG, le renouveau de Smart et Xpeng, place maintenant à un petit nouveau venu du Vietnam : VinFast. Deux modèles sont commercialisés chez nous, le VF 6, taillé pour la ville et le gros VF 8, plus familial, que nous essayons aujourd’hui. La fiche technique est alléchante avec 408 ch, une transmission intégrale et un 0 à 100 annoncé en 5,5 secondes. Qu’en est il vraiment de ce nouveau concurrent ? Essai VinFast VF 8 : le Vietnam à la conquête du monde ?
VinFast qu’est-ce que c’est ?
VinFast est une nouvelle marque sur le marché français. Bien que présentés en grandes pompes au salon de Paris en 2018, les premiers modèles n’ont été commercialisés qu’en 2024. Mais VinFast n’en n’est pas à son premier coup d’essai. La marque est relativement jeune (2017) mais est très bien implantée dans son marché national, le Vietnam. Voitures thermiques et électriques, scooters électriques et même bus électriques, tout est produit en local et distribué sur le marché Vietnamien. Depuis la marque s’est étendue aux marchés européen (Allemagne, France, Pays-Bas), nord américain, australien et s’implante actuellement en Inde et au Moyen-Orient.

Pour la découverte de cette nouvelle marque, nous prenons le volant du VinFast VF 8. Il représente le haut de gamme disponible chez nous. A noter qu’un VF 9 existe sur d’autres marchés mais pas (encore ?) en France. Le VinFast VF 8, comme le reste de la gamme, est un SUV électrique. Le VF 8 mesure 4,75 m de long, ce qui le place dans la catégorie des SUV familiaux. On doit son design au studio Pininfarina sous la supervision de David Lyon, actuellement directeur du design VinFast. Il officia avant chez General Motors jusqu’au début des années 2010. Si c’est moins flagrant sur le VF 8, d’autres modèles VinFast peuvent clairement être affiliés à des Chevrolet ou Buick.

Un style discret et moderne
Bien que plutôt imposant, le VinFast VF 8 présente un dessin tout en rondeur. Le style est moderne avec des touches de chrome un peu partout. La hauteur de caisse est assez basse, ce qui lui confère un look tassé et sportif. La face avant se construit autour du V central. Les phares suivent les lignes chromées qui plongent ensuite au centre de la calandre. On pourrait, sans y prêter plus attention que ça, le confondre avec un SUV Nissan ou un Alfa Romeo. En partie inférieure, le capteur des aides à la conduite mériterait d’être dissimulé plutôt que visible comme ça. Surtout que le regard se pose tout de suite sur cette zone à cause des deux optiques additionnels situés tout en bas.

De profil, on regrette l’absence de poignées affleurantes, équipement quasi systématique sur un véhicule électrique. Les touches de chrome s’associent bien avec la teinte de carrosserie Vert Ocean de notre modèle d’essai. Les jantes 20 pouces ont un dessin plutôt classique mais terminent le look premium avec une dernière touche de chrome. A l’arrière, la coupe façon Sportback permet d’affiner la silhouette et de renforcer son côté premium. Comme à l’avant, la face arrière se construit autour du V qui sépare le bandeau lumineux des feux arrières. Le style global est épuré, surtout avec l’essui glace arrière dissimulé sous le haut du hayon.

Globalement l’extérieur est dans l’ère du temps. Son style légèrement premium permet au VinFast VF 8 de se fondre dans le trafic tout en se démarquant auprès des regards connaisseurs.
VinFast VF 8 : un intérieur accueillant
A l’intérieur, la construction de la planche de bord se veut moderne en reprenant le concept de mono écran comme chez Tesla ou Mini. L’espace à bord se perçoit plus grand et l’on profite des matériaux qui ont l’air, à l’œil, qualitatifs. Le poste de conduite bénéficie d’un grand volant chauffant, accompagné de nombreuses commandes. Si l’on compare avec le minimaliste de Xpeng, c’est le jour et la nuit. Bien que la vitesse et les informations de conduite soient affichées dans l’écran à droite, le conducteur bénéficie d’un affichage tête haute. D’une taille assez grande, il est simple mais permet de garder la vitesse face à soit, directement sur la route. Il permet également d’avoir le retour sur l’activation des clignotants. Le commodo impulsionnel étant plutôt capricieux, il arrive parfois (souvent) que le clignotant reste engagé même après avoir tourné.


Les sièges avants sont réglables électriquement et sont chauffants et ventilés. L’assise est un peu dure et vous obligera à faire une pause en cours de route pour vous détendre et étirer le dos. Pour agrémenter vos trajets, le système embarqué offre une connectivité à Amazon Alexa ainsi que Carplay / Android Auto sans fil. Quelques jeux et un navigateur internet sont également embarqués permettant d’occuper le temps pendant les arrêts de charge. Le système embarqué est globalement simple à utiliser mais n’est pas très fluide. L’ergonomie des pages est également à revoir, surtout que le tiers gauche de l’écran est tout le temps dédié aux informations de conduite, même à l’arrêt.



Le reste des équipements est dans l’ère du temps sans être trop technologique. Le système audio ne permet pas de simuler des ambiances ou des scènes sonores mais offre une qualité d’écoute acceptable. Les aides à la conduite, bien que pas les plus abouties, permettent de conduire et manœuvrer en toute sérénité. Le confort des occupants semble être la priorité principale, avec les sièges arrières eux aussi chauffants et ventilés. L’assise des places arrières est également assez dure. Les passagers se consoleront en ayant une place aux jambe très importante. La luminosité est également de mise avec un large toit ouvrant panoramique qui se contrôle depuis l’écran tactile. Pour finir, le coffre de 376 L est un peu juste, surtout si vous voulez partir à plusieurs. Un coffre avant de 70 L permet de combler le manque en y rangeant les câbles de recharge ainsi que de petites affaires.




Une conduite qui ne plaira pas à tout le monde
Sur la route, les premiers tours de roues sont assez fastidieux. Conduire en devant systématiquement tourner la tête pour vérifier la vitesse est très vite dérangeant voire dangereux. Heureusement, comme évoqué plus haut, le VinFast VF 8 propose un affichage tête haute qui va se révéler être votre meilleur ami pendant la conduite. Il évite ainsi de détourner le regard de la route pour chaque prise d’information. Le gabarit du VF 8 étant un peu imposant, la vue du véhicule avec les radars périphériques devient vite votre repère. Le long capot cache la visibilité avant et il est vite possible de rayer une jante en stationnant.

Le comportement de conduite du VinFast VF 8 est assez particulier et ne conviendra pas à tout le monde. La direction est très lourde, sans moyen d’ajuster la souplesse comme sur la Smart #3 par exemple. La suspension est également très raide et ce peu importe le mode de conduite sélectionné. Chaque aspérité de la route se ressent, surtout avec l’assise des sièges plutôt dure et qui manque de maintient. Toute la voiture est très rigide. Le mobilier vibre et craque à chaque dos d’âne et nid de poule. La qualité d’assemblage des matériaux est aussi mauvaise que sur les dernières Mercedes.

Pour rouler en VinFast VF 8, il ne faut pas être pressé. Déjà parce que pour changer le sens de marche, VinFast a choisit 4 boutons pour chacune des positions P, R, N et D au lieu d’un simple toggle ou d’une commande sur la colonne de direction. Si cette solution existe déjà, chez Fiat, Jeep ou Alpine par exemple, elle est loin d’être la plus pratique à utiliser. Sa mise en valeur sur la console centrale est en revanche plutôt agréable à l’oeil.
VinFast VF 8 : l’agilité n’est pas son fort
En conduite de tous les jours, le VinFast VF 8 s’en sort plutôt bien si on exclue la fermeté de la suspension évoquée plus haut. Il ne faut en revanche pas avoir le pied lourd, car le VF 8 n’est pas très réactif. L’accélération, bien qu’électrique, manque de vivacité. Il y a un léger délai entre le moment où l’on enfonce la pédale et où la voiture répond et commence à accélérer. Le freinage n’est pas meilleur non plus avec avec une pédale très ferme et un freinage à la peine, même sans rouler vite. Et comme il faut vraiment appuyer fort sur la pédale pour que le véhicule freine un tantinet efficacement, le système prend cela pour un freinage d’urgence et active automatiquement les warning.

Autant vous dire que la conduite sportive est inexistante. Il faut tout anticiper, les accélérations, les freinages. La voiture sautille sur la route et perd de l’adhérence au moindre changement de revêtement malgré la transmission intégrale. Le VinFast VF 8 accuse clairement son poids à vide de 2,5 t. Malgré les 408 ch qu’il a théoriquement à offrir, le VinFast VF 8 ne procure aucune sensation. La puissance ne semble pas être là et taper dedans ne fera que vous faire peur tant la voiture ne semble pas être faite pour. On ne retrouve aucune agilité, le châssis n’étant clairement pas conçu pour encaisser une telle puissance et un tel poids (2,5 t rappelons le). Et à lire les essais du petit frère VF 6, cela semble être une marque de fabrique.


Sur autoroute, le VinFast VF 8 s’en sort un peu mieux une fois lancé. Les aides à la conduite, si elles ne sont pas au niveau des concurrents premium, restent efficaces. La vue routière sur le tiers gauche de l’écran central permet de superviser quelles aides sont actives et si la voiture « voit » et gère tout. L’autonomie semble correcte avec 457 km annoncés à pleine charge. La consommation mesurée sur l’entièreté de l’essai était de 22 kWh / 100 km, équivalente à celle homologuée par le constructeur. La prise de charge se situe sur l’aile avant gauche du véhicule. Le VF 8 accepte 7,4 kW de puissance de charge en AC et jusqu’à 210 kW en DC. Il faut compter 31 minutes pour charger la batterie de 10 à 70%.
Une concurrence plus connue
Le VinFast existe en deux versions, Eco et Plus. La version Eco se distingue par un moteur de 260 kW (353 ch) tandis que la version Plus offre 300 kW (408 ch) de puissance. La même batterie de 87,7 kWh équipe les deux versions. La version Eco offre une autonomie supérieure avec 471 km WLTP annoncés contre 457 km pour la version Plus. A noter qu’il n’y a aucune option possible sur les deux versions. La version Plus offre des jantes 20 pouces (contre 19 pour la version Eco), le toit ouvrant panoramique, un système audio premium et une finition cuir premium. Le VinFast VF 8 Eco est disponible en France à partir de 46 490 € et le Plus à partir de 51 490 €.

A gabarit équivalent, ses principales concurrents sont les Kia EV4, BMW iX3, BYD Seal U ou encore le Tesla Model Y. La Kia EV4 a été tout récemment présentée. On ne connait pas encore les tarifications exactes mais on peut espérer une gamme entre 40 et 45 000 €. L’autonomie annoncée varie entre 410 km et 630 km selon la silhouette et la batterie équipée. La BMW iX3 n’est plus disponible à la configuration neuve mais est encore disponible dans le réseau BMW. Avec 286 ch et 471 km d’autonomie, la BMW iX3 est malheureusement plus chère à équipements équivalents mais offrira un vrai châssis.
La BYD Seal U possède une fiche technique similaire et annonce jusqu’à 500 km d’autonomie grâce à sa batterie de 87 kWh. La BYD Seal U est disponible à partir de 41 990 €. Enfin la Tesla Model Y s’échange à partir de 44 990 € et offre entre 500 km et 622 km d’autonomie.
Notre avis sur le Vinfast VF 8
Si la marque avait piquée notre curiosité, cet essai du VinFast VF 8 l’a achevée. Sur le papier, le VF 8 présente bien avec une fiche technique correcte et une présentation extérieure originale. Malheureusement la conduite fait dégringoler l’enthousiasme que l’on peut avoir. L’habitacle est bien conçu et n’est pas aussi déroutant que les concurrents chinois, mais la qualité des matériaux et l’assemblage est clairement à revoir. Les prestations routières sont très décevantes avec un ressenti bien loin de ce qu’annonce la fiche technique. Le poids excessif pénalise le Vinfast et les 408 ch sont aux abonnés absents. Le tarif est également légèrement au dessus de la concurrence pour des prestations qui n’apportent pas grand chose de mieux.

La marque souffre également d’un manque de visibilité. Elle est inconnue du grand public et le réseau est quasi inexistant. Sa notoriété internationale peine à prendre et il semblerait même que VinFast soit en train de faire machine arrière. Le marché nord américain ne va pas bon train, avec peu de modèles commercialisés par rapports aux prévisions, un projet d’usine aux Etats Unis à l’arrêt et beaucoup de problèmes sur les modèles déjà en circulation. Le marché local semble est le seul espoir si la marque veut survivre. En tous cas il faudra mieux faire pour espérer se faire une place en Europe.
Retrouvez ci-dessous la galerie photo habituelle ainsi que le tableau récapitulatif des points les plus marquants.
Les + | Les – |
Style extérieur signé Pininfarina | Assise trop ferme et sans maintient |
Espace aux places arrières | Suspension très rigide |
Gamme complète toutes options | Absence de dynamisme / poids élevé |







































Texte et photos : Anthony
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